53 ~ J'étais avec Kate

- Kath ? Je peux entrer ?
Cette fois c'est Antoine à la porte et non Hugo. Ils viennent me chercher pour le petit déjeuner pour que je prenne mes meds. Je ne peux plus y échapper.
- Oui, répondis-je du fond de mon lit.
Je me suis réveillée il y a un peu plus d'une heure et demie, sachant que lui, ou Hugo, allait passer j'avais déverrouillé la porte avant de retourner dans mon lit. Il actionna la poignée et me rejoins dans mon lit. Il passe son bras sous ma tête et je me cale contre lui.
- T'as bien dormis ?
- Oui, mentis-je. C'était plutôt calme.
Ce qui n'était pas faux, j'ai juste eu une superbe insomnie avant de finir par m'endormir. Pour me réveiller trois heures après.
- Et toi ? détournais-je avant qu'il ne pose trop de questions.
- C'était reposant. J'étais crevé hier soir.
Il caresse mes cheveux. C'est une sensation agréable. J'ai pas besoin de plus à ce moment.

On finit par descendre. Je me prépare un chocolat chaud puis prends ma place habituelle. Hugo me tendit mes deux cachets et je les avala d'une traite. Débarrassée.

Après le petit déjeuné, je remonte à ma chambre, j'allume mon ordinateur pour appeler Octave. Ce fut bref, il avait peu de temps, et c'était surtout pour un contrôle médicaments.
- Tu les prends bien tous les jours ?
- Oui. Tous les matins, sous couvert d'Hugo.
- Super. Et au niveau des side effects, ça va ?
- Mouais...
Ni vraiment vrai, ni totalement faux. J'ai toujours eu un rythme de sommeil qui faisait que soit je dormais beaucoup, soit très peu, et ça m'allait. Mais là c'est poussé plus en extrême et combiné à des insomnies, ce qui ne m'arrive pas même quand je dors peu, c'est compliqué à gérer.
- Tu as remarqué si tu étais plus à cran depuis que tu le prends, ou autre changement émotionnel ?
- Non, je crois que ça va.
En vrai, j'en sais rien. J'arrive pas à savoir.
- Vraiment si tu remarques quelque chose qui te déranges, par pitié Katherine, appelle-moi directement, ou passe en urgence à l'hôpital. D'accord ?
- Mm.
- Parmi la liste des effets secondaires de ces deux médicaments, on sait jamais à l'avance qui peut avoir lesquels, mais certains peuvent nécessiter une intervention médicale et un changement de posologie ou directement de traitement.
- Okay.

Vers l'heure du repas, je pars rapidement chercher le k-way que Clairefontaine me prête. Il est bleu marine avec écrit STAFF en gros dans le dos et devant un petit écusson. Je récupère mon téléphone, le passe en silencieux pour être tranquille et m'échappe en évitant de croiser quiconque.

Raté, je me retrouve face à Olivier.
- Bon appétit ! lui lançais-je directement.
- Tu vas où ?
- Je sors, répondis-je simplement, c'est la vérité en plus.
- A toute !
Ouf, il n'a pas insisté.

Je marche sous la fine pluie et quitte Clairefontaine. J'ai envie d'aller me balader dans les alentours du domaine. Il y a une rivière pas loin. Je marche donc jusqu'à l'atteindre.
Elle est peu profonde, je pourrais la traverser comme ça, je ne me mouillerai qu'à peine jusqu'à mi-mollet. Mais il pleut déjà assez, la pluie s'est intensifiée, et je n'ai qu'une paire de baskets au pieds. L'eau est transparente et laisse apparaitre, malgré les ondes se répandant et se croisant sur la surface dues aux gouttes, les galets de différentes teintes de marrons et de gris. Pas de poissons ou de canards, il n'y a pas assez d'eau. Mais le bruit que la pluie fait autour de moi, tombant dans l'eau, dans l'herbe, sur la petite plage de galets sur laquelle je me suis assise, tous ces différents sons m'apaisent.

Je décide ensuite de revenir sur le domaine de Clairefontaine. Je traverse les terrains pour rejoindre la forêt et m'y balader. Je suis un peu plus à l'abris de la pluie qui commence à devenir assez violente. Mais je n'ai pas envie de rentrer. Je suis bien ici.

Je me balade un long moment, arpentant au hasard entre les arbres. Puis sans le faire exprès, je reviens près des terrains. Je reste donc à la lisière, et continue de me promener.

- Kath ?
Je me retourne surprise par la voix. C'est Clément. Avec un parapluie.
- Je t'ai vue depuis la salle commune, toute mouillée... Ça va ?
Il est vrai que malgré le k-way, je suis bien trempée. L'humidité commence à avoir raison de la fine veste et mes longs cheveux me collent à la peau en dégoulinant.
- Oui ! Et toi, tout va bien ?
- Oui, oui. Tu... tu fais quoi toute seule sous la pluie ?
- J'aime bien me balader par temps gris ou pluvieux.
- Okay. Euh... je voulais te proposer : puisqu'il pleut pas mal cette aprèm, on va s'entrainer dedans. Un peu de renforcement musculaire pour s'échauffer et des petits matchs. Tu veux venir avec nous ?
- Ce serait super cool, merci !
- Aller viens !
Il place le parapluie au dessus de nos têtes et on entame le chemin retour vers le petit château de Clairefontaine.

Prise d'un petit vertige, je m'arrête brusquement pour essayer de me stabiliser à grand peine. Clément s'arrête précipitamment et m'attrape par le bras pour m'aider à rétablir mon équilibre vacillant. Je m'accroche de toutes mes forces à son bras pour ne pas tomber et il me rattrape dans le dos avant que ça n'arrive. Il me fait assoir au sol.
- Katherine ça va ?! s'inquiète-t-il.
Après quelques secondes je peux enfin lui répondre.
- Oui, oui ça va.
Je ferme les yeux un instant puis les rouvre, prête à me relever. Il m'aide et on reprend la direction du château. Arrivés devant la porte, je l'arrête avant qu'il ne l'ouvre.
- Clément ?
- Oui ?
- Pas un mot sur ce qu'il vient de se passer, à personne. D'accord ?
- D'accord.
- Je gère. Vous n'avez pas à vous inquiéter de ça en plus de la compétition qui approche. D'accord ?
Il hoche la tête.
- Pas besoin de vous stresser avec ça, occupez-vous du ballon, je m'occupe de moi.
- Okay, répète-t-il.
- Merci Clément.

Trempée jusqu'à l'os, je monte me changer et arranger rapidement mes cheveux pour l'entraînement de l'après-midi. Je parviens à les sécher suffisamment pour que ça passe sans qu'on ne se pose trop de questions. J'attrape une tenue de sport, un legging noir et une brassière noire aussi. En me changeant je remarque un bleu juste à côté de l'un de mes tibias... Curieux. J'ai sûrement du me cogner dans mon sommeil... Bref ! Je finis de me préparer et descends aux salles de renforcement musculaire, en attendant les premiers.

Retrouver les sensations de l'entraînement après quelques semaines de pause est super agréable. Hugo préférait que j'évite de continuer de m'entraîner pour qu'il y ait une plus grande différence entre mon travail et la 'convalescence' ainsi qu'en mettant plus de distance entre les deux ça m'éviterait de trop repenser à la dernière mission. Lorsqu'il est arrivé et qu'il m'a vue prête à attendre que les autres arrivent, il a simplement sourit.

On commence les petits matchs. On est étalés sur trois salles différentes. Comme une montante-descendante. Je joue avec Clément. Mais cette fois ce n'est pas un vertige qui me prit, mais ma vue se troubla et lorsque je tente d'arrêter le ballon m'arrivant droit dessus, je le rate complètement... Je ferme les yeux et secoue la tête pour me remettre les idées en place et me reconcentrer. Heureusement quand je rouvre les yeux ma vue est de nouveau nette. Notre équipe se démène et réussi à récupérer le ballon. Mais sans que je ne comprenne, Kylian est devant moi. Comme si j'avais cligné des yeux et que tout avait basculé. Je me jette pour intercepter le ballon et je réussi tout juste ! Mais je suis prise d'une sensation d'étourdissement, ma tête tourne et j'ai de mal à me relever, mes bras sont faibles et mes jambes tremblotent. Je vais mettre tout ça sur le compte des repas du midi que je saute depuis quelques jours. Je mangerai ce soir, ça peut attendre, je n'ai même pas faim en plus ! Je relance le ballon et c'est le pire tire que j'ai jamais fait. Directement un gars de l'équipe adverse le récupère.
- Okay les gars ? Je suis vraiment désolée, je fais de la merde...
- Ça va ?
- Ouais, t'inquiètes pas ! Ça doit être un contre-coup de fatigue.
Je quitte l'entraînement et remonte à ma chambre m'étirer et me doucher.

Ce matin, le terrain est encore humide. Je le vois par ma fenêtre. Je m'habille et descends courir. Ça me fait du bien dans l'air encore frais. Il est tôt, il n'y a peut-être que les joueurs les plus matinaux qui sont tout juste en train de se réveiller.

Une demi-heure plus tard, je reviens dans ma chambre pour une rapide douche puis pour me préparer pour le petit déjeuner puisqu'Hugo ou Antoine ne va pas tarder à se présenter à ma porte.
Hugo frappa et entra directement. J'étais assise sur mon bureau, le nez dans mon téléphone.
- Ça va ? T'as bien dormis ?
- Mouais, et toi ?
- Ouais aussi. Et, j'ai croisé Raphaël, il m'a dit qu'il t'avait vu courir dans le parc ce matin.
- Ouais, je sors tout juste de la douche.
- Ça t'as fais du bien ?
- Oui.

J'allais ajouté quelque chose, mais j'ai une sensation étrange dans la narine gauche. Je me retourne pour ne plus faire face à mon frère, je ne veux en aucun cas qu'il s'inquiète, et porte ma main à ma narine.
C'est pas vrai ! Je saigne du nez ! Et pas qu'un peu ! Je lâche mon téléphone sur mon bureau et fonce m'enfermer dans la salle de bain.
Hugo toque à la porte.
- Kathy ? Tout va bien ?
- Oui, oui. Un détail technique ! Je te rejoins en bas.
- T'es sûre ?
- Absolument.

J'attrape du papier toilette pour éponger. Mais rapidement les quelques feuilles sont tellement gorgées de sang qu'elles même gouttent.
- Merde, merde, merde, merde.
Je me bouche le nez et me penche en avant, en restant au dessus du lavabo. Ça continue de couler et ça goutte dans le lavabo. Raaah il ne me manquait plus que ça. Ça me goutte entre les doigts, j'en ai partout ! Le sang à l'extérieur commence à sécher, mais ça coule toujours.

Après un bon quart d'heure, ça commença à se calmer. Et au bout de vingt minutes c'est enfin fini. Je me nettoie le visage et les mains, vérifie qu'il n'y a vraiment plus rien et que ça ne va pas reprendre avant de descendre.

Vers midi, je sors pour quitter Clairefontaine.

Lorsque je reviens, je croise malencontreusement Hugo qui m'arrêta dans le hall d'entrée.
- Katherine Lloris ! Où étais-tu ? lance-t-il, une pointe d'agacement dans la voix.
- J'étais avec Kate.
- Depuis combien de temps tu nous mens ?
- Hein ?
- Je suis au courant. Tu n'as jamais mangé avec Kate.
Oh.
- Je l'ai appelé après le repas pour savoir comment ça s'était passé, et si tu n'avais pas agit étrangement comme ces derniers jours...
- Je... bafouillais-je.
- Je ne veux même pas d'excuse ! Katherine ! On te fait confiance merde ! Tu faisais quoi quand tu me disais que tu mangeais avec Kate ?
- Je me baladais ailleurs.
- Tu mangeais quelque part au moins ?
- Non. Si je n'avais pas prétexté ça, tu aurais remarqué.
- Mais Katherine ! Tu sais à quel point c'est important de manger ! Surtout que tu es toujours en convalescence ! dit-il en appuyant bien le dernier mot.
- Je te promet que je n'ai pas faim ! Je me force déjà le soir !
- T'as clairement abusé de notre confiance là Katherine. A tous. Tu t'en rends compte ? On va être obligé de te surveiller comme une gosse ? Que tu suives ton traitement, que tu prennes bien tous tes repas... Je te croyais responsable Katherine ! Je croyais qu'on pouvait te faire confiance ! J'avais confiance en toi.
Une violente envie de pleurer me saisit. Mais je retiens l'éclat.
- Et pour ce matin, c'était quoi ?
- J'en sais rien, j'ai saigné du nez, ça ne s'arrêtait pas. Je ne voulais pas t'inquiéter !
- Le résultat en est pire, répliqua-t-il glacialement.
Comme un poignard en plein cœur. Une balle dans la tempe. Le même effet.

Il tourna les talons et je reste planté là.
Hugo se met jamais en colère comme ça. C'est vraiment très rare qu'il explose comme ça.
Après un long moment, je finis par prendre les escaliers rapidement, pour regagner la solitude de ma chambre.
Je croise Antoine dans les escaliers. Il ne m'adressa à peine un regard plein de déception. Je finis presqu'en courant de grimper les marches et m'enferme, à clefs, dans ma chambre. Désirant juste être seule.

HELLO MON P'TIT POTE !
Désolée du retard, semaine pleine d'imprévus... mais bon.. j'espère que ce chapitre t'aura plu quand même et j'essaie d'être à l'heure Lundi 🤍
L.

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