163 ~ Sous le coup de l'émotion
- Bonsoir Katherine ! me salut Didier. Tu as fais bon voyage ?
- Tranquillement. Comment va l'équipe ?
- Ils n'ont pas le moral au plus haut, mais il n'est pas dans les chaussettes pour autant.
- C'est au moins ça, je lui souris faiblement tentant de transmettre un peu de courage.
- Et puis, tu te doutes bien du moral miné de ton frère. Il ne le montre pas aux autres, il porte son masque de capitaine comme je l'appelle. Il garde la face pour féliciter ou encourager les autres, les recadrer même quand il le faut. Mais j'ai appris à lire au travers de ce masque avec le temps et je vois bien qu'il est déçu de lui.
- Je le connais bien le bestiau. Il a toujours été très exigent avec lui-même. Déjà petit, même, avant d'entrer en pro.
- On essaie de l'accompagner au mieux, mais c'est pas facile.
- Ouais, c'est difficile.
- J'ai remis Mike Maignan au goal ce soir. Je pense qu'il faut qu'il se repose autant physiquement que mentalement maintenant.
- Je pense que tu as bien fais. J'ai vu que tu n'avais pas mit Antoine non plus en titulaire.
- Non, il est vraiment fatigué, il a beaucoup de mal à récupérer. Heureusement, niveau moral ça va. Le pire, c'est vraiment ton frère.
- C'est bientôt la pause estivale. Ça va leur faire du bien.
- Tu veux venir sur le banc de touche avec eux ?
- C'est très gentil Didier, mais je suis venue avec Kate ce soir, pour, tu sais, pour demain.
- Oh, oui. Ça va être sympa ! approuve-t-il. Sinon, tu veux passer faire coucou là avant le match ?
- Pourquoi pas. J'ai pas prévenu que je venais au match ce soir en plus.
- Vous n'avez qu'à dormir à Clairefontaine ce soir avec Kate ! Je vais demander qu'on vous prépare une chambre. Ça ira une chambre pour toutes les deux ?
- Oui, c'est vraiment très gentil Didier, merci beaucoup !
Il m'accompagne vers les vestiaires pendant que j'envoie un message à Kate pour la prévenir.
- Bonsoir les gars ! je lance en entrant derrière leur coach.
- Kath ? s'étonne Antoine avant de courir vers moi.
- Aïe !
- Pardon ! s'exclame-t-il aussitôt. Qu'est-ce qu'il y a ?
- Tu m'as marché sur le pied avec tes crampons.
- Excuse-moi Kath !
- T'inquiète pas, c'est passé.
- Je savais pas que vous deviez venir ! Arman est en tribune ?
- Non, tu sais, l'école... Il dort chez Lison ce soir, avec Graffitis. Ils m'ont promis de se coucher immédiatement après le match !
- Oh, tu es venue juste pour moi alors. Mais... Tu as vu que je suis pas titulaire ?
- Oui, et alors ? J'ai pas le droit de venir soutenir l'équipe parce que MONSIEUR GRIEZMANN n'est pas titulaire ? je le charrie un peu.
- Si, si, bien-sûr que si.
- Hey ! Antoine ! J'te charrie ! dis-je ne lui donnant un coup d'épaule. Aller ! Affiche moi un grand sourire ! Ah ! Je préfère ça !
Antoine finit par sourire. Je salue les joueurs en leur souhaitant bon courage pour le match retour contre la Croatie. Le match aller s'étant soldé sur une égalité, rien n'est techniquement joué, mais les bleus n'ont pas réellement brillé lors des matchs du mois de Juin. Chaque joueur a plus ou moins enchainé les derniers matchs de la saison avec leurs clubs respectifs avec la sélection française, sans vraiment de pause, les nombreux matchs, la fatigue de la saison. Ils sont tous fatigués, mais il faut tenir encore un peu.
- Aller les gars ! Vous pouvez le faire ! Vous devez le faire ! Ne les laissez pas marquer et aller les bousculer et faites trembler leur filet ! Vous êtes au stade de France, chez vous, les français sont là, derrière vous ! je conclue.
- J'espère que Kath vous a regonflé à bloc pour ce match ! J'ajouterai à ceci...
Je laisse Didier parler à ses garçons.
Les garçons s'apprêtent à rejoindre le terrain.
- Check ? me demande Théo sa main suspendue en l'air.
- Hein ? Ouais pardon. Oui, check ! je souris après un instant de surprise.
Je me glisse derrière Guy Stéphan et check les gars à tour de rôle.
- Aller les gars !
Puis je les laisse pour rejoindre Kate en tribune.
Les hymnes retentissent et le coup d'envoi est lancé.
Dès la 3' un penalty est accordé pour la Croatie. Et Modric marque malgré que Mike ait plongé du bon côté, il n'a pas réussi à arrêter le ballon. Ça commence mal.
- Laisse ta main ! me lance Kate en lui tapant dessus.
Je ne m'étais pas rendue compte que j'avais commencé à ronger mes ongles.
- Il ne faut pas qu'ils se laissent abattre, je dis.
- Je sais. Et je suis persuadée qu'ils le savent aussi. Mais c'est pas facile. Tu le sais aussi bien que moi. Aller, on y croit ! Ils vont se ressaisir ! répond Kate.
- Gardons espoir ! ajoute Marine.
Et juste après, comme pour renflammer l'espoir Lucas centre, Nkunku est trop court mais Kylian bien démarqué le reprend du pied droit. Malheureusement Ivusic ne se laisse pas avoir.
A la 11' Kylian repart mais il est stoppé irrégulièrement par Kovacic. Et l'arbitre ne siffle aucune faute ! Etant non loin de nous, je l'entends s'énerver.
- Nan mais il a rien vu ? peste Kate. Vraiment ?
La 14' est un nouveau scénario pour Kylian, il tente par deux fois, la première il est bloqué et la seconde il est contré.
Deux minutes après Maignan repousse le ballon mais fait une faute en dehors de sa surface sur Brekalo. Heureusement qu'il arrête parfaitement le coup franc levé par Modric.
Une minute après, un carton jaune est levé pour Guendouzi pour un premier avertissement pour un coup de coude au visage de Brekalo. Ni Guendouzi ni Deschamps ne comprennent, et nous non plus.
Et le match continue.
Kamara essaie de capter Karim Benzema mais ça rate. Un peu après, Brozovic déstabilise Nkunku sur le flanc droit.
- Eh bien, à l'approche de la demi-heure de match les bleus sont toujours menés dans ce match retour à domicile contre la Croatie, annonce un des commentateurs.
Nkunku tente sa chance contre Kovacic : il arme son pied droit aux 25m mais sa tentative est propulsée à deux mètres trop à gauche de la cage croate.
33', un peu plus proche, à 20m, Adrien tente du pied gauche, mais il est contré.
Mbappé veut échanger avec Karim mais Madric intervient derrière ce dernier et lui vole le ballon. Et on entend d'ici Didier qui les reprend.
Brekalo rejoint la défense croate dès que la France a le ballon, renforçant encore leur défense.
- Hé les filles, nous interpelle Zoé la compagne de Théo Hernandez.
- Qu'est-ce qu'il y a ? s'enquit Marine ayant senti elle aussi la tension dans la voix de Zoé.
- Un tweet vient d'être posté par un journaliste espagnol...
- Qui ça ? je demande sur le qui-vive.
- Andrés Onrubia Ramos. Il a écrit, je vous traduis, "Je ne sais pas comment définir le jeu de la France face à la Croatie. C'est effrayant. Avec et sans ballon. Zéro attitude."
- Rah ça craint, dit Kate.
- Faut pas qu'Antoine lise ça, j'ajoute. Aucun des gars. Ça va les achever.
- Où les faire repartir ? dit doucement la mère de Jules Koundé.
- Il faudrait, mais avec leur fatigue, les trois derniers matchs... J'ai bien peur que ça ne les enterre. Antoine ça lui redonnerai une rage de se battre mais il est trop fatigué pour répondre correctement.
Kimpembe contre Juranovic et il y a un nouveau corner pour la Croatie. Heureusement ils perdent le ballon grâce à Konaté.
Un peu après, Konaté tente de lancer sur Digne d'une longue ouverture aérienne, mais ça échoue en touche.
Nkunku est sanctionné par l'arbitre suite au retard sur Modric.
Lors des deux minutes additionnelles, Nkunku frappe un corner à droite, que Lucas Digne récupère du pied gauche. Sauf que contré par Sutalo, son tir dévie. Nkunku rentente mais le ballon passe bien au dessus des cages.
- Oh la la, j'ai pas envie d'être à la place des garçons, se plaint Tiziri Digne.
- Ça va puer l'ambiance en vestiaires, confirme Marine.
- Ils enchainent là, ce serait bien qu'ils gagnent ce soir quand même ! j'ajoute. Ça leur ferait du bien après ces trois derniers matchs.
- Ils font un peu tourner le ballon quand ils l'ont.
- T'as vu la défense croate aussi ? Avec Brekalo là en renfort c'est chaud ! dit Lucas Hernandez, sur la rangée au dessus de nous.
- J'espère que la pause va leur faire du bien et que Deschamps va trouver les mots pour les faire revenir là.
- Je vais aller faire un tour à la buvette, des commandes ?
Lorsque les français reviennent sur le terrain, la Marseillaise résonne pour les encourager. Et dès la reprise le coach français effectue deux changements, Koundé contre Pavard et Kamara contre Tchouaméni. Mais Pavard commet une faute sur Brozovic alors que la minute d'après Aurélien tente sa chance aux vingt mètres mais le goalkeeper croate l'arrête parfaitement.
Budimir tir, Maignan dévie, mais c'est signalé hors-jeu.
A la 50' Brozovic prend un carton jaune pour faute sur Nkunku.
- Oh, oh, oh ! s'exclame Marine. Regardez !
Elle pointe les deux concernés de la main qui sont sur le point d'en venir aux mains. Heureusement, très vite, les maillots blancs et les maillots noir et gris accourent pour les séparer et les éloigner pour qu'ils se calment.
La minute d'après, Nkunku est servit sur la gauche de la surface croate et place un tir croisé cadré dans un angle fermé, mais Ivusic bloque sans trembler.
- Putaaain ! je m'exclame. Pardon ! je m'excuse immédiatement.
- T'inquiète pas, on l'a toutes pensé très fort aussi, me rassure ma belle-sœur.
54' Karim veut trop préparer son coup, tarde à tirer, et se fait faucher le ballon.
58' Aurélien effectue une intervention salvatrice devant Pasalic qui s'apprête à reprendre le ballon dans la surface de réparation française. Au départ Lucas avait raté sa tête en retrait.
Trois minutes plus tard, Nkunku sert à ras de terre Mbappé qui tire de son pied droit, mais Ivusic le repousse. Et la minute suivante délivre un carton jaune pour Benjamin Pavard.
- Mais c'est pas vrai... se plaint Kleofina la petite-amie du défenseur.
L'instant d'après, c'est Kylian qui reste au sol avec une grimace de douleur suite à la défense de Juranovic sur sa cheville gauche. Il reste de côté avec le staff médical et Didier ne semble pas le faire remplacer. Pendant ce temps, la Croatie effectue son premier changement.
Nouveau carton jaune, cette fois-ci il s'abat sur Adrien pour contestation. Il estime que Lucas a été victime d'une faute de Majer. S'ensuit une sanction contre Aurélien pour une intervnetion illicite dans le dos de Modric. Karim et Kylian échangent dans la surface croate mais Karim rate sa reprise et le ballon sort en faveur de la Croatie. Deux minutes plus tard Maignan repousse des deux poings le ballon de Majer.
Didier rechange, Nkunku sort au profit de Kingsley Coman. Les croates ont à leur tour deux changements.
- Regarde, Antoine est parti à l'échauffement, me signale Zoé.
En effet Antoine, toujours sous le chasuble est sorti du banc de touche pour effectuer le petit parcours placé à côté, sous le regard attentif de Guy.
Le dernier français entré sur le terrain se charge d'un corner, Tchouaméni prolonge de la tête vers les buts mais c'est intercepté et le gardien récupère le ballon non sans difficultés. Mbappé tire son coup franc lointain, aux environs des 35m. Mais c'est bien trop haut.
80' Antoine entre ! Mattéo Guendouzi sort.
Le temps continue de filer et il ne reste que quelques petites minutes pour tenter de ne pas concéder une seconde défaite dans la Ligue des Nations.
Deux minutes avant la fin, Vlasic s'ouvre une occasion que Maignan referme solidement.
Puis quatre minutes de temps additionnel. Et à la dernière minute additionnelle, Coman à l'affut, lève un ballon direction Karim Benzema vers la surface, mais Sutalo le devance avec sa tête. Malheureusement pour nous, heureusement pour eux, leur gardien l'empêche de marquer contre son camps.
Et c'est ainsi qu'on quitte la compétition et qu'on perd la Ligue des Nations. On ne pourra accéder au Final Four. On était pas aidé avec Varane, l'ainé Hernandez et Kanté en forfait, la fatigue accumulée des nombreux matchs... Mais on a quand même pas sû faire ce qu'il fallait pour gagner. Et on perd pour la première fois contre la Croatie.
- L'ambiance va être pourrie ce soir, je dis à Kate. On dort là-bas.
- Ah ? C'est nouveau ça.
- Oui, Didier m'a proposé pour demain.
- Okay, cool. Mais pas cool.
- Ouais ça va être... mouais.
- Bon courage les filles, dit Marine. On se voit demain de toute façon.
- Oui. J'espère qu'ils auront le sourire au moins.
- Ça devrait je pense, dit Kleofina. J'espère.
Lorsque les gars quittent les griffes des journalistes, je parviens à rejoindre Antoine qui pleure.
- Oh non Antoine !
Je me précipite pour le prendre dans mes bras. Il niche sa tête dans mon cou. Je caresse doucement ses cheveux.
- Antoine, Antoine... je murmure.
- J'ai tout raté. Avec l'Atlé j'ai pas été assez bon, avec la France j'ai été nul.
Je réagis du tac au tac avec une petite claque derrière la tête.
- Hé ! Je t'interdis de dire ça Antoine !
Il ouvre la bouche pour rétorquer.
- Je ne veux plus rien entendre de ce genre de ta part, je le coupe presque sèchement. Arrête, je reprends beaucoup plus doucement. Antoine. Ne soit pas si dur avec toi-même s'il-te-plaît.
- Elle a raison, lui dit Marine qui était juste derrière nous.
- Tout à fait, ajoute Didier. Antoine, mon garçon, ce n'était pas facile aujourd'hui. Et tu es fatigué, tu as réellement besoin de repos. Vois le bon côté de la chose, maintenant tu es en césure estivale tu vas pouvoir récupérer.
- Stop ! J'en ai marre qu'on excuse mon jeu par la fatigue et autres ! s'exclame brutalement Antoine en se dégageant de mon étreinte. Arrêtez ! Tous ! Et laissez moi.
Hébétée, je reste sur place et regarde Antoine repartir vers un couloir.
- Je vais m'en charger Kath, me dit un des kinés, devançant le sélectionneur qui avait déjà fait un pas en avant pour rattraper son joueur.
- Oh, merci, lui lance le sélectionneur tandis que le kiné poursuit Antoine. Désolé Katherine, parfois il réagit sous le coup de l'émotion et il envoie tout bouler. Ce n'est pas contre toi. Antoine c'est un sentimental avec un petit cœur sensible au fond, même s'il s'est forgé une carapace pour se protéger, m'apaise Didier.
Marine me prend dans ses bras.
- Ça va aller, il est sous le coup de l'émotion avec la défaite, tente-elle de me rassurer.
Mon frère nous rattrape après avoir échanger avec d'autres gars et leurs copines.
- Où est Antoine ?
- Il vient de piquer une crise, explique Marine.
- Oh. Désolée Kath, s'excuse Hugo.
- Ce n'est pas toi.
Un bon quart d'heure plus tard, il réapparait, accompagné du kiné.
- Excuse-moi Kath. J'aurai pas du m'emporter comme ça.
- Ne t'en fais pas, je lui réponds. Ici tu peux exprimer toutes tes émotions, quelles qu'elles soient, aussi brutes qu'elles soient, en toute confiance et en toute sécurité.
- Merci Kath, dit-il en passant ses bras autour de mon buste, les larmes aux yeux. Merci, murmure-t-il lentement.
- Est-ce que Didier t'a dit, ou le kiné peut-être, qu'on dort à Clairefontaine avec Kate ce soir ?
- Hein ? Non. Comment ça se fait ?
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