Une drôle de cybernétisation (page 2)

Ætyon se devait d'être cybernétisé désormais ; il lui fallait des organes centraux plus performants pour pallier ses problèmes cardiaques et respiratoires. Dès qu'il avait su que s'il ne se faisait pas rapidement implanter dans un corps artificiel il pourrait mourir d'ici peu, oui dès lors, lui et sa petite-amie avaient passé des semaines, si ce n'est pas des mois, à chercher un centre d'opération performant, où il pourrait être pris en charge par des roboticiens performants, et duquel il ressortirait avec un organisme performant. Cela faisait peut-être quarante jours désormais qu'il discutait de cela avec ce centre-là ! Aujourd'hui même il le prenait enfin en charge après avoir longuement analysé son cas et détaillé la meilleure opération possible pour lui, alors comment pourrait-il ne pas lui faire confiance ?

Mais à ce moment-là, à partir de cet instant précis où le jeune adulte songeait sans pouvoir ouvrir les yeux à comment il avait purement réussi à en arriver là, une drôle de sensation le parcourut. En fait, il crut être effleuré par quelque-chose qui ne ressemblait pas à une machine autonome, mais plus à un tube qu'un homme lui-même serait en train de promener le long de son ventre. Il était toujours persuadé de sentir la plate-forme et les cordes sur lui, mais il sentit aussi un autre de ces cylindres venir s'introduire dans son fessier. Cela lui fit une drôle de sensation. Il sentit même quelque-chose en sortir.

« Un liquide spécial pour décomposer votre corps sans toucher à votre cerveau », expliqua le roboticien au poste de contrôle, au cas où son patient entendrait toujours et se serait inquiété.

Effectivement, Ætyon fut soulagé.

Les bouts de plusieurs petites machines se mirent de nouveau à fourmiller le long de son corps ; il semblait tout-de-même y en avoir des dizaines. Le roboticien directeur d'opération annonça l'arrivée proche d'un nouveau canal libérateur de liquide qui « décomposait le corps sans toucher au cerveau », et alors le jeune adulte senti l'annoncé arriver et s'incruster sous le masque d'endormissement pour venir faire effet dans sa bouche. L'annonce d'arrivée de plusieurs autres objets de ce genre fut faite par le roboticien. Un gros tube vint en effet entourer son bras gauche, puis son jumeau arriva immédiatement après pour le droit. Les deux suivants se chargèrent de ses jambes, et l'homme sursauta à nouveau quand il en sentit carrément un venir entourer son pénis.

« Hum, déclara le directeur de la cybernétisation, l'air légèrement perplexe, excusez-moi, mais il nous semblait que votre entre-jambe bougeait un peu trop au gré des vibrations produites par l'eau et les machines, alors nous le bloquons comme vos bras et vos jambes pour que la suite de l'opération se passe au mieux. J'espère que ça ne vous dérangera plus dès lors. »

Quelque-chose semblait échapper au supposé futur cyborg. Il ne savait pas où les scientifiques en était avec sa cybernétisation ; il avait comme l'impression qu'ils n'avaient même pas encore enlevé son cerveau de sa boîte crânienne. Cette conscience-là qu'avait le jeune homme était bizarre. Il aurait au mieux préféré qu'il n'y ait pas eu le supposé bug et qu'il se soit endormi correctement. Mais il allait devoir continuer de supporter cet intermédiaire peu rassurant entre l'intérieur et l'extérieur. Il ne pouvait certainement pas parler, et lancer aux roboticiens qu'ils ne l'avaient pas endormi correctement, il ne pouvait pas faire comme bon lui semblait !

Autre-chose néanmoins lui semblait bizarre : lui qui aurait pensé que les roboticiens auraient directement ouvert son crâne sans prendre le temps d'analyser son corps humain qui ne lui serait par la suite d'aucune utilité, il s'avérait qu'il s'était trompé... Depuis un long moment déjà les cyberchirurgiens en étaient à trifouiller son corps à un peu tous les endroits. Le liquide censé lentement affaiblir son corps avant de s'emparer enfin de son cerveau avait cessé de couler des tubes, et pourtant ceux-ci restaient exactement aux endroits où ils étaient allés se terrer. Ætyon recommença à paniquer en sentant certains canaux bouger activement sans pour autant se décrocher de son corps.

Et puis, il y eut le vide. La fatigue qui avait commencé à s'emparer de lui comme s'il allait enfin et longuement s'assoupir pour de bon fit effet. L'inconscient, le néant, l'étrange torpeur. Comme si tout cela quine semblait être que la phase préparatoire allait enfin cesser pour laisser place à la véritable et grande opération. La dernière chose que le jeune patient put souhaiter, du haut de ses vingt ans, avant que le sommeil ne l'emporte, fut de se retrouver à son réveil dans un corps de cyborg, neuf et sain, qui lui permettrait désormais d'omettre de lutter quotidiennement contre ses problèmes cardiaques et respiratoires, dus à une malformation de ses organes naturels. Mais cela ne se passa pas exactement de cette manière lorsqu'Ætyon put reprendre conscience et ouvrir les yeux.


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