Une drôle de cybernétisation (page 1)
Ætyon adressa un dernier signe de main à sa petite-amie avant de devoir se séparer d'elle momentanément. Momentanément, oui. Mais pour lui, ce « momentanément » allait paraître long, pénible et hautement douloureux.
L'équipe de roboticiens qui était avec lui dans la pièce et allait désormais s'occuper de son cas fut au complet pour le rassurer et lui dire qu'ils allaient l'endormir, et que cela n'allait à aucun moment faire mal. Le jeune adulte qui était sur le point de se transformer en cyborg, d'un sourire et d'un haussement d'épaules, plaça alors sa confiance entre les mains de chacun. Deux des roboticiens, qui étaient d'ailleurs en train d'accompagner l'homme de vingt ans tout au plus jusqu'à une plate-forme à laquelle ils devaient l'attacher pour débuter l'opération, échangèrent entre eux un regard confiant dans lequel autre-chose d'indéfinissable se devinait cependant ; « un truc de roboticiens, sûrement » se dit le jeune homme.
Un autre des scientifiques, depuis son poste de dirigeant d'opération et ses machines de contrôle, complexifiées à souhait et offrant parmi les meilleures options pour garantir le meilleur résultat possible, lança à Ætyon dans son micro qu'il allait devoir se déshabiller entièrement pour que commence vraiment la cybernétisation. L'homme qui était déjà torse-nu hésita encore quelques instants qui parurent durer des siècles avant qu'enfin, son caleçon ne glisse le long de ses jambes et ne finisse par tomber au sol. L'homme depuis son poste de contrôle appela un nom dans son micro :
« Lyajia ? »
Près de cinq secondes pesantes passèrent avant qu'une nouvelle personne ne rentre dans l'espace. Alors, une femme se fit remarquer au milieu d'une salle d'hommes. Elle avait déjà un masque médical d'un blanc pur sur la bouche, essentiel pour travailler dans ce contexte ; contrairement aux autres roboticiens (ils ne l'avaient pas encore mis). Elle tenait également dans sa main droite quelque-chose qu'Ætyon reconnut immédiatement et regarda, discrètement, d'un œil perplexe : plusieurs mètres, approximativement, de corde noire. Elle prit la suite de l'opération en main, tandis que les deux hommes qui s'étaient jusqu'alors chargés d'accompagner le supposé futur cyborg jusqu'à la plate-forme reculaient ; elle demanda à l'homme de bien vouloir se plaquer purement et simplement contre ladite plate-forme, en formant avec ses deux bras un angle droit, ce qui lui permit d'attacher ceux-ci plus haut, à un autre endroit sur la plate-forme, là où deux grosses attaches en fer étaient prévues à cet effet.
Une fois que ses poignets furent bloqués, Ætyon vit la roboticienne rousse défaire les quelques nœuds qui avaient malgré tout eu le temps de se former sur la corde avant de passer cette dernière autour de la matière contre laquelle il allait se retrouver prisonnier le temps d'une opération de cybernétisation. Le ligoter entièrement fut rapide ; le garçon simple qu'était le patient n'osa pas questionner au juste pourquoi il avait fallu de la corde pour le bloquer, et pourquoi il n'y avait pas directement d'attache prévue pour son corps comme il y en avait pourtant pour ses poignets.
Désormais, il était trop tard pour poser la moindre question. Plusieurs tubes se collèrent automatiquement, grâce à une ventouse, aux bras et aux jambes du jeune-homme, et un notamment vint se placer sur sa bouche. Celui-ci libéra alors un gaz d'endormissement ; Ætyon se retrouva privé du choix de garder ou non les yeux ouverts. Ses paupières camouflèrent l'environnement qui l'entourait à ses yeux dans les secondes qui arrivèrent. Une capsule en verre tomba et confina dans une zone réduite le patient, plus encore que ce qu'il n'était déjà lorsqu'il était plaqué contre ce matelas dur et vertical où on l'avait aussi soigneusement ligoté. Un profond volume d'eau se versa dans la capsule, toujours régi par les ordres que donnaient les machines du roboticien au poste de direction.
Ætyon, censé être endormi complètement pour sa cybernétisation, était toujours conscient. Il y avait eu un bug, supposé involontaire, dans l'instruction transmise au tube d'endormissement par la machine du directeur d'opération. L'homme ne pouvait ouvrir les yeux ; néanmoins il ne lui semblait pas difficile d'entendre l'eau bouillonner (bien qu'elle ne soit pas chaude, elle faisait des bulles quand-même) dans ses oreilles, et encore moins de sentir toutes les machines finement taillées lui parcourir le corps. En fait, le supposé futur cyborg n'avait même pas l'impression d'être encore dans une capsule. C'était comme si, le temps d'un réel assoupissement de quelques secondes seulement, on avait pu le changer de place et le connecter à une réalité virtuelle qui lui donnait l'illusion, et uniquement l'illusion, qu'il était entouré d'eau et trifouillé par des machines spécifiques. Mais il faisait confiance aux roboticiens ; il se dit qu'ils étaient vraisemblablement en train de faire leur travail, et que jamais ils n'auraient osé stopper le processus et l'emmener dans un autre endroit pour l'envoyer dans une RV (NB : Bien sûr, RV = réalité virtuelle). Et puis, de toute évidence, dans quel but auraient-ils fait ça ? C'est un opération cyber qu'il leur avait demandé, et rien d'autre.
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