Hayley

J'accours la rue histoire de faire un peu de sport et de me sentir bien. Il fait doux et le soleil n'est pas encore tout à fait présent. J'entre dans le parc et cours encore quelques kilomètres jusqu'à atteindre la sortie de l'autre côté et donc arrivé sur la rue. Je m'arrête un court instant. Je me baisse posant mes mains sur mes genoux pour souffler et reprendre mes esprits quand un klaxon me fait aussitôt relever la tête. Je n'aperçois pas très bien qui est le conducteur jusqu'à ce que la voiture s'approche enfin de moi et que la vitre s'abaisse.

— C'est pas possible, chuchote-je.

— Tiens, Hayley ! Quelle surprise.

Je souris poliment.

— Je ne m'attendais pas à te voir ici, dis-je calmement les yeux rivés sur son visage qui autrefois me faisait rougir.

— Tu veux monter ?

Si je refuse, il me poursuivrait.

— Si ça ne te déranges pas. Je suis fatiguée.

Il ouvre la porte et me fait signe de grimper. Bien sûr ce n'est qu'un mensonge, je ne suis pas fatiguée du tout. Mais le conseil que m'avait donné Amy la veille était revenu. Donc, je jouerai avec lui aujourd'hui. Peut-être quand il sera blessé il laissera enfin.

— Où tu veux que je t'accompagne ? Il me questionne le regard fixé sur la route.

— Chez-moi.

Il tourne dans la rue et se gare sur le trottoir où se tient ma maison.

— Je t'attends ?

— Je veux bien. Si tu veux tu peux entrer.

Je ne sais même plus ce que je fais mais pour tenir le jeu jusqu'au bout il faut bien que je mette des chances de mon côté.

Il éteint la voiture et descend derrière moi.

— Tes parents sont ici ? Ça fait longtemps que je ne les ai plus vu.

— Depuis qu'on est plus ensemble quoi. Dis-je en haussant les épaules. Et non ils ne sont pas là.

J'ouvre la porte et nous entrons.

— Tu m'attends dans le salon le temps que je me change ?

— Bien sûr, sourit-il.

Il part vers le salon tandis que je monte dans ma chambre où je sors un short et un débardeur. Je file ensuite en vitesse dans la salle de bain et en pas plus de dix minutes je suis prête. Je descends et trouve Arejay en train de regarder les quelques photos posées sur le meuble de l'entrée.

— Je regardais... juste bredouille-t-il.

— Tant que tu voles rien.

Il rit.

— On y va ? Me demande-t-il.

— Aller. Tu veux venir chez moi ?

— Pourquoi pas.

Nous entrons dans sa voiture direction chez lui. Le plan fonctionne à merveille.

*

— Bon appétit. Dit-il en finissant de me servir une part de poulet.

— Merci.

Je prends une bouchée puis le regarde.

— Tu sais Hayley, j'ai changé.

— Je veux bien essayer de te croire.

Une lueur d'espoir frappe son visage.

— Tu veux bien que l'on réessaie ?

— Je ne sais pas trop quoi te répondre...

— Je t'en prie.

— Ce que tu as fait, c'est horrible Arejay.

— Je sais, c'est pour ça que je veux te montrais que j'ai changé.

Au fond je ne suis pas sûre que ce plan est vraiment une bonne chose.

Il se lève de table est débarrasse tout. Lorsqu'il fini il l'entraîne dans sa chambre où il me récite encore le même discours, celui du « j'ai changé ». Je ne veux pas m'embarquer de nouveau dans une relation chaotique comme j'en ai eu droit avec lui.

— Hayley...

Il s'approche de moi et m'embrasse. Je fais semblant de l'embrasse aussi mais je ne ressens rien.

— Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée. Je sais que tu n'as pas changé.

— Comment peux-tu dire ça, tu ne me laisses aucune chance !

— J'ai fait exprès de passer l'après-midi avec toi pour me prouver le contraire, mais c'est impossible. Pour moi tu restes le mec qui trompes et qui se noie dans les problèmes. Et je ne veux pas d'un gars comme toi !

Son regard se durcit alors.

— Tu t'es amusé Hayley ?

— Comme tu l'as fait pour moi ! J'ai dix-sept ans et je ne veux pas de problèmes, encore moins avec quelqu'un comme toi !

Il ne dit rien puis je détourne le regard, reprends mes affaires et commence à descendre les marches pour me retrouver dans la rue, quand j'entends loin derrière-moi ;

— Ne t'en fais pas. Je ne te lâcherai pas. Tu vas me le payer.

Un nœud se forme dans ma gorge. Sans y prêter attention je claque la porte et pars à toute vitesse chez-moi. Ce que j'ai envie à cet instant c'est de partir loin d'ici et loin de ce fou.

« Alors Hayley ? »

« C'est horrible Amy. Il me lâchera pas d'aussi tôt. »

« Merde... »

« Même si je n'aurai pas fait ce plan il aurait continué à me poursuivre en quelque sorte. C'est un prétexte là. »

« Tu vas réussir à le semer t'en fais pas. Penses à tes vacances et plus à lui, s'il faut j'irai lui parler. »

« Merci Amy. »

Sans attendre, je supprime le numéro de Arejay. J'ai joué à un jeu dangereux finalement ça le durcit plus et ainsi il voudra me récupérer de plus bel. Je ne veux pas et ne veux plus de lui... la seule chose à faire est de l'ignorer, mais ce ne sera pas aussi facile que ça en a l'air... avec lui il faut être prêt à tour même au pire. La seule chose qui me préoccupe à cet instant c'est ce qu'il pourrait être capable de mettre en œuvre, fou comme il est.

J'ouvre un brin ma fenêtre pour que l'air passe et essaie de m'endormir tant bien que mal, même si ce soir sera la plus longue et pensive soirée avant que mes yeux ne se ferment jusqu'au petit matin...