Chapitre 23 : Libération et séparation


Le lendemain en début de soirée Gradguer passa sous la grande porte de Daret. Il eut un étrange sentiment en passant sous la voute de pierre fortifiée. Il se convainquit que c'était dû à la fatigue d'une journée d'éreintante chevauchée et à ses blessures. Mais en réalité c'était plus dû au fait que la dernière fois qu'il était passé dessous il y a cela de cela plusieurs semaines il l'avait fait en sens inverse pour échapper à ses poursuivant.

Il avança dans la cité accompagné par le bruit des sabots ferrés frappant les pavés. Il se rendit en premier lieu à une échoppe d'herboriste. Il comptait au départ prendre plusieurs potions de soin pour se soigner mais la gérante de la boutique insista au vue de ses blessures pour le garder la nuit. Etant donné qu'il rechignait et exigeait qu'elle lui vende ses produits sans autres obligations elle fut contrainte de lui injecter un puissant relaxant. Ainsi il dormit et fut soigné par cette aimable herboriste qu'il paya et remercia finalement le lendemain. Il se rendit ensuite chez un tanneur et lui donna son manteau afin qu'il le répare. Il confia après son cheval à la taverne du « Repos mérité » qui possédait également une écurie.

Puis il jeta sur ses épaules une longue cape à capuche qu'il revêtit. Puis il avança dans les rues en espérant se fondre dans la masse des citadins. Les rues de la ville étaient plongées dans une atmosphère grise et lourde, un ciel nuageux masquant les rares rayons de soleil. L'air était frais, presque froid, et une légère brume s'accrochait aux pavés, rendant l'ambiance encore plus sombre. Il avançait d'un pas décidé, son manteau à capuche noir le protégeant du froid et des regards curieux.

Les maisons de pierre et de bois s'alignaient de chaque côté de la rue, leurs façades austères reflétant l'austérité grisâtre du temps. Quelques passants se pressaient, emmitouflés dans leurs capes, leurs visages fermés et méfiants. Gradguer, avec son allure imposante et son regard déterminé, ne passait pas inaperçu, mais personne n'osait l'interpeller. En passant près d'une forge, le bruit métallique du marteau frappant l'enclume résonnait dans l'air, ajoutant une note discordante à l'ambiance pesante. Le forgeron leva un instant les yeux et hocha la tête en signe de reconnaissance, mais Gradguer ne ralentit pas.

Il croisa un groupe de gardes en patrouille, leurs cottes de mailles et casques luisant faiblement sous la lumière diffuse. L'un d'eux, un homme robuste avec une cicatrice traversant son visage, s'avança vers lui. - Halte ! Que fais-tu ici à une heure si matinale, étranger ? demanda le garde, sa voix rauque trahissant une nuit sans sommeil.

- Je suis ici car c'est mes affaires. Répondit-il d'une voix grave. Je dois passer par les égouts.

Le garde fronça les sourcils, hésitant un instant.

- Pourquoi voudrais-tu t'y aventurer ?

Gradguer soutint le regard du garde, ses yeux brillant d'une détermination froide.

- Ce n'est pas de tes affaires, garde. Mais sache que ce que je cherche, je le trouverai.

Le garde resta silencieux un moment, évaluant l'homme devant lui. Il n'aimait gere son air et sa voix mais il n'avait pas de vraie raison pour agir. En plus l'homme l'impressionnait un peu. Puis, avec un soupir résigné, il fit signe à ses camarades de laisser passer Gradguer.

- Très bien, mais sois prudent. Et si tu ne reviens pas, ne dis pas qu'on ne t'avait pas prévenu.

Gradguer ne prit même pas la peine d'hocher la tête et poursuivit son chemin bousculant presque l'un des hommes. La foule s'épaississait légèrement à mesure qu'il approchait du centre de la ville. Des marchands commençaient à installer leurs étals, et l'odeur de pain frais apparaissait progressivement.

Il atteignit finalement une grille de fer forgé, partiellement dissimulée par des caisses en bois et des débris. Un homme en haillons, visiblement un vagabond, se tenait non loin, surveillant les environs avec des yeux furtifs. Gradguer s'approcha de lui, sortant quelques pièces de sa poche.

- La grille. Ouvre-la.

L'homme hocha vigoureusement la tête, prenant les pièces avec gratitude. Il marmonna quelques mots en se courbant.

- Bien sûr, monsieur. Faites attention là-dedans. Des gens bizarres rôdent par ici.

- Je sais ce que je fais, répondit Gradguer, un éclat de défi dans les yeux.

Le vagabond s'empressa de déverrouiller la grille, et le veilleur s'y engouffra, disparaissant dans l'obscurité humide des égouts. Ses yeux devinrent sombres afin de lui donner le don de nyctalopie. L'air y était encore plus froid et saturé d'une odeur de moisissure et de décomposition. Mais il ne s'attarda pas sur ces détails. Les ténèbres semblaient se refermer sur lui, mais il avançait sans hésitation, chaque pas résonnant faiblement sur les parois de pierre. Il tâtonna, avançant au hasard. Plus les minutes devenait des heures plus son humeur se dégradait. Suspicieux il aurait cru que les gardes ou le vagabond faisaient partie de ceux qu'il cherchait et les aurait donc prévenus, mais manifestement non. Il continua donc laissant la providence le guider dans les méandres tortueux des égouts.

Il fut finalement guidé par quelques voix arriva là où il voulait probablement se rendre. Il s'accroupie dans une intersection et profita que les lumières des lanternes devant lui ne l'éclairait pas. Devant lui une petite barricade de bois ainsi qu'une porte dans celle-ci était gardé par deux hommes qui étaient assis. Leur tenue noire lui assurait avec une quasi-certitude qu'il était au bon endroit. Il inspira profondément et entreprit de rendre à ses yeux leur aspect d'origine, puis avança.

Lorsque ses pas le trahirent et qu'il avança les gardes se mirent en position.

- Halte ! Retourne d'où tu viens ou tu vas mourir !

La voix calme du veilleur donna des sueurs froides aux deux gardes.

- Calme-toi mon gars, le maitre m'a donné autorisation de venir ici. Je dois récupérer la dame.

Le veilleur s'approcha et jeta au garde qui parlait une pièce sur laquelle avait été frappée la tête du magicien.

- Il me l'a donné pour que je récupère la barde alors pousse toi et laisse-moi passer ou tu en répondras.

Saisissant la pièce le garde blanchit, bien que dans la noirceur du tunnel ce ne fut pas très visible. Gradguer passa à côté de lui sans s'arrêter et sans l'être. Il rentra donc avec un soupire puis quand il vit que l'homme ne le suivait pas il lui lança un ordre par-dessus l'épaule.

- Alors ? Je ne suis pas venu depuis un moment alors guide moi !

Il crut qu'il avait dépassé les bornes pourtant le garde échangea un regard avec son camarade puis vint le guider. Ils marchèrent durant plusieurs minutes dans un petit réseau de salle et de couloir. Il fit à un moment une découverte macabre en passant près d'une salle ouverte. Une sorte de laboratoire emplissait la totalité de la pièce. Des tubes de verres contenaient des ingrédients magique ainsi qu'un corps, unique, un homme baignant dans un liquide violacé. Dans un des coins de la pièce se trouvait également un établie d'outils de tortures près duquel se trouvait le cadavre d'un griffon au centre d'une sorte de pentacle. Le magicien devait ici faire ses expériences pour créer des démons. Il n'était pas venu pour ça, cela lui importait peu en réalité.

Il fut donc guider jusqu'à une pièce fermée.

- Voilà c'est là, tu vas lui faire quoi ?

Gradguer se tourna vers le garde qui abordait un sourire graveleux. Gradguer en fut répugné et ne put se contenir, après tout il n'y avait que le garde de la pièce et celui qui l'accompagnait dans les environs.

Son épée s'enfonça rudement dans le corps de l'homme perforant son foie et lui brisant une cote. La lame fut prestement retiré avant même que l'homme comprenne qu'il ne lui restait que quelques minutes de vie. Elle siffla et la tête du second roula au sol dans une giclé de sang carmin.

Gradguer essuya sa lame sur la cape du décapité.

- Vous avez pris pour tous les autres, je ne suis pas désolé.

Il se pencha et récupéra les clés poisseuse du sang du garde et déverrouilla la porte. Il rentra et alors qu'Annaria se recula dans un coin par peur il la prit dans ses bras. L'étreinte lui annonça qu'il s'agissait de son homme avant même qu'elle ne distingue son visage. Elle sera son visage dans ses mains.

- Grad ! Oh comme je t'aime !

- Moi aussi Anna, mais nous devons faire vite, je t'expliquerais plus tard.

Il se recula et mit fin à toute démonstration d'amour. Annaria comprit immédiatement et se reprocha cette effusion d'amour. D'un signe de tête déterminé elle lui fit comprendre qu'elle le suivrait. Il sortit donc en prenant la main de la barde pour la guider.

- Fais attention aux endroits où tu poses les pieds. Vient, dépêche-toi.

Il la tira à travers les tunnels, il savait en réalité bien ou il allait, il avait retenu le chemin de l'allé et n'avait pas croisé grand monde. Ils coururent tout en restant discret. Les rares fois où il croisa des hommes il les esquiva en rentrant dans une salle. La seule fois où la situation fut tendue il s'en sortit en expliquant que le magicien lui avait laissé le droit de la récupérer. Ils sortirent donc et repassèrent par l'entrée ou un autre garde était en faction, il ne pausa donc aucune question sur un potentiel collègue disparu.

Dès qu'ils furent sortis ils coururent pour sortir des égouts le plus rapidement possible. Lorsqu'ils y arrivèrent enfin dehors ils étaient essoufflés mais Annaria était enfin libre. Gradguer lui fait signe.

- Je t'expliquerais tout je te le promets, je dois récupérer mon manteau, va à l'auberge du « Repos mérité », tu le connais ? Parfait. Va s'y, je t'y retrouve dans un instant et nous partirons tout, je t'expliquerais tout, je te le promets.

Et il partit en courant sans lui laisser le temps de répondre. Fort heureusement il ne lui arriva rien, il récupéra ses affaires, il rejoignit Anna et ils partirent à cheval durant toute la journée, ne s'arrêtant dans un petit bosquet qu'une fois la nuit tombée.

La nuit était noire et les étoiles brillantes. Les lueurs d'or des astres étaient les seules sources de lumière qui éclairaient le petit camp du veilleur et de la barde qui étaient en pleine conversation.

- J'ai donc ramassé la pièce d'argent qu'Ivan avait. Il m'avait dit avant la... fin de notre conversation que tu étais là-bas dans ces égouts. Je savais que cette pièce avait une importance et un impact, mais j'ai réellement eut de la chance que ce soit aussi important. J'ai bluffé tout du long. Ces crétins doivent avoir si peur de lui et de sa magie qu'il les dirige sans aucune loyauté mais par peur.

Annaria acquiesça. Il lui avait tout raconté depuis qu'elle avait été enlevée et ne savait pas trop quoi dire. Il enchaina donc.

- Je dois donc aller trouver Léna. Je n'ai pas le choix. Par contre, et cette fois je serais intransigeant, tu ne viendras pas avec moi. Demain je retournerais à l'auberge d'Argrir et je trouverais leurs traces. Toi tu prends le cheval et tu vas te mettre à l'abri, loin, va à Cithri dans les collines d'Altrouilles ou alors va à Dumn.

- Mais...

Il la coupa d'un geste.

- Je te retrouverais, ou que tu sois je te reviendrais. Je t'aime. Nous allons nous retrouver quand j'aurais fini tout cela. Mais je refuse que tu m'accompagnes, tous cela nous dépasse, tu as déjà trop été mise en danger. Tu ne dois plus être mise en danger, je refuse ! Je ne veux pas te perdre.

Sa voix était lourde, serrée à nouveau par l'émotion. Annaria lui sourit tristement et se coucha a côté de lui en l'enlaçant avec chaleur.

- D'accord. Je me mettrai en sécurité.

Il souffla, heureux qu'elle ait entendu raison et qu'elle accepte tous cela. Il retrouverait Léna, puis il vivrait avec elle, il n'aspirait à rien d'autre. Toute cette histoire les dépassait.

Le lendemain il la quitta tôt dans la matinée pour éviter d'autres larmes...





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Eh eh eh on sait toujours pas tout XDDD, il n'a toujours pas explicitement dit ce que Gradguer avait choisit XD
j'espère que ça vous plait toujours.

Good end ?

Bad end ? 

Quelle est votre envie ?

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