Chapitre 22 : Révélations, mystères et un choix déchirant


- Qui es-tu enfoiré ? Qu'est-ce que tu veux !

Gradguer grognait de colère. Ses yeux étaient plantés dans ceux de cet homme dont il désirait ardemment la mort. Il fit quelques moulinets avec son arme. Son but n'était pas du tout de les impressionner, si la vue d'une vingtaine des leurs étendus mort sur le sol n'y parvenait pas c'est qu'il ne pourrait pas leur faire peur. Le but était de relancer les muscles de son bras qui tremblaient de fatigue et de douleur.

Le magicien semblait particulièrement satisfait et abordait un visage suffisant.

- Je m'appel Ivan. Ce que je veux c'est te parler un peu. Marchander nous dirons...

Gradguer jetait régulièrement des regards derrière lui ou aux deux gardes lourdement armés qui le protégeaient.

- Parle, dis-moi qui tu es, dis-moi ce que tu veux. Avant que je ne te tue.

- Tu n'en feras rien veilleur... Je n'ai qu'un ordre mental à donner par magie et mes hommes tueront ta chère Annaria.

Il sursauta une première fois lorsqu'il vit que le magicien savait qu'il était un « veilleur d'éclats ». Puis à la mention d'Annaria il dut se retenir de toutes ses forces pour ne pas se jeter sur lui. Voyant sa réaction le sourire sadique du sorcier s'agrandit.

- Tu réagis trop. Tu ne maitrises plus tes émotions hein ? Tu sais que si tu écoutes tes émotions tu seras à nouveau déçu et tu perdras encore une partie de toi.

- Ta gueule connard, laisse la en dehors de ça et parle !

- La ? Ou les ?

Encore une fois il semblait jubiler en regardant Gradguer réagir ainsi. Il fit un petit signe à ses hommes afin qu'ils l'entourent. Puis il se mit à marcher en rond en lui parlant.

- Vois-tu, je sais beaucoup de choses. Et je sais que tu as recueillie aussi notre chère princesse de Daret. C'est elle que je veux, non pas ta pauvre barde. Même toi je n'ai rien contre toi, tu es simplement gênant pour mes affaires comme tu es intéressant car tu es comme moi.

- Je ne suis pas comme toi !

Les muscles tendus, le regard crispé et les jambes fléchies le guerrier semblait prêt à bondir et se battre, Avec son regard sombre et sa posture on aurait dit un prédateur, seul la crainte d'être en réalité la proie l'empêchait de se ruer pour tuer ce magicien. Ce dernier s'arrêta d'ailleurs et vint se poster en face de lui. Leurs visage étaient à seulement quelques centimètres et Gradguer distinguait chaque aspects, chaque détails du visage de son adversaire. Lorsqu'il détailla ses yeux un souffle de crainte passa dans son dos, ce qui n'échappa à personne.

- Et oui... Tout comme toi je suis un ancien veilleur. A ma connaissance nous sommes les deux seuls chercheurs du savoir absolue à s'être émancipé de ce groupe corrompu.

Gradguer n'avait que faire que ce soit un « confrère ». Il se redressa et le toisa, reprenant consistance.

- Que tu sois un veilleur explique que tu sois bien renseigné mais je n'en ai que faire. Pourquoi veux-tu la princesse de Daret ?

Il reprit sa marche en cercle avant de répondre finalement.

« Vois-tu, je pense que les veilleurs se trompent sur la manière d'atteindre le savoir absolu. Il y a un dieu, au-delà de notre plan, dans les mondes chaotiques, qui pourrait nous le donner facilement. Il m'a promis de répondre à toutes mes questions et pour toujours si j'accomplissais sa demande. Celle-ci est d'implanter la conscience d'un démon directement dans le corps d'un héritier humain noble et important afin, à terme, d'en contrôler le royaume. J'ai récupéré plusieurs ingrédients, comme une ancienne relique il y a peu, pour parvenir à mettre en place le rituel ; il ne me manque plus qu'un corps. Et vois-tu, il n'y a pas de grands royaumes dans ce coin du monde. Je ne voulais pas essayer de faire cela sur les grandes familles royales du centre ou de l'ouest. La mort d'un jeune prince Eredorien ou de l'héritier impérial causerait des troubles terribles, alors que si la princesse d'une cité-état perdue à l'est du monde, au hasard Daret, venait à mourir, cela ne troublerait personne. Ta chère Léna est un test, rien de plus ; tu es mal tombé.

Gradguer ne blêmit pas, il avait repris le contrôle de lui-même et était suffisamment courageux pour ne pas craindre cela. Néanmoins, cela lui fit froid dans le dos. Il ne pouvait décemment pas être sain d'esprit et tenir ce genre de discours. Il plissa les yeux à la fin de son discours, quelque chose clochait.

- Tu es complètement fou, cela n'a rien à voir avec Léna. Le simple fait de servir le chaos prouve que le monde ne se portera que mieux débarrassé de ta présence !

Il fit un pas en avant. Néanmoins, le magicien, qui arborait toujours son sourire exaspérant, l'arrêta en levant une main.

- Arrête ! Tu as oublié ? Tu me touches, Anna meurt. De toute façon des hommes à moi la suivent déjà Léna et ton ami nain, je ne suis simplement pas sûr qu'ils réussiront.

- Que veux-tu, bon sang ! Pourquoi tu me racontes tout cela !

Il bouillonnait, la rage et la peur qu'il avait pour la mort d'Anna se mélangeaient. Il aimerait passer ce bâtard dégénéré au fil de son épée, mais fatigué comme il l'était, il risquerait d'y laisser la vie et alors Léna et Annaria en pâtiraient.

- Ce que je veux est très simple en réalité : retrouve Léna, apporte-la-moi à Daret, dans les égouts, et alors je te rendrai ta barde bien-aimée.

Gradguer planta son épée dans le sol et s'approcha de son adversaire. Il fit signe à ses gardes de ne pas intervenir quand le guerrier le prit par le col de sa veste, allant jusqu'à faire sauter un bouton de celle-ci.

- Tu me demandes de choisir entre Anna et Léna !

- Exactement. Réfléchis. Ta barde t'aime et tu l'aimes aussi. J'aimerais t'avoir à mon service, mais ce n'est pas nécessaire. Je n'ai rien contre toi ou ta femme, je vous laisserai en paix si tu répares ce que tu as fait et que tu me ramènes Léna. De toute façon, elle est déjà infectée...

- Infectée ?

Pour la première fois depuis le début de leur discussion, le magicien sembla agacé et perdit de sa bonne humeur de façade. Il utilisa d'ailleurs sa magie pour la première fois pour repousser le guerrier et le faire lâcher prise. Une fois fait, il lissa ses vêtements froissés et sa voix était plus froide et pressante.

- Le rituel a déjà été commencé. L'odeur magique du démon reste présente en elle ; elle attirera bientôt les démons à elle et toute mon œuvre sera gâchée !

- C'est faux ! Léna est pure et dépourvue de toute corruption.

L'orbe électrique dans sa main tonna et de petits éclairs en sortirent.

- Ça suffit ! Donne ta réponse, veilleur, et ne t'avise pas de mentir ! Ou tu refuses et je vous tue tous et je trouverai la petite moi-même. Ou tu acceptes et tu as un cycle, un mois, pour la retrouver et l'amener, ou je tuerai Annaria et viendrai te chercher moi-même. Pour toi qui te dis pragmatique et contrôlant parfaitement tes émotions, le choix devrait être simple.

Le veilleur recula lentement en boitant, ses blessures l'handicapait. Ses yeux lançaient eux aussi des éclairs, néanmoins plus métaphoriques. Ses pupilles oscillaient entre le rouge et leur couleur normale tant il était en colère. Il baissa la tête, regardant ses chaussures, perdu dans ses pensées. Le mage avait raison sur le fait qu'il se laissait à nouveau guider par ses émotions. Sa rencontre avec Léna et Annaria l'avait changé irréversiblement. Cet imbécile voulait faire venir le chaos dans le monde ; dire qu'il avait anciennement été un veilleur. Sa quête de savoir et l'étude d'objets magiques avaient dû être ses principales occupations dans la confrérie et elles l'avaient probablement rendu fou. Ses hommes traquaient Léna et Agrir, ils étaient en danger. Mais si Léna était en effet réellement infectée, il serait plus logique de la trouver et la tuer. Il secoua la tête, pragmatiquement le choix était simple, évident même : trouver Léna, la ramener, retrouver son amour, puis tuer le mage et la fille corrompue par le chaos. Il ne fallait pas laisser un vecteur de corruption chaotique en liberté. Si c'était vrai qu'elle était infectée... En même temps... C'était sa fille. Elle pourrait devenir quelqu'un de bien. Il l'aimait.

Le magicien le fixait et s'approcha.

- Ton choix, Gradguer !

Il releva justement la tête et lui répondit.


Gradguer sortit de la taverne en boitant toujours. Son épée rangée dans son fourreau. Il enjamba les corps qui gisaient encore dehors. Il alla jusqu'à un des chevaux qui se nourrissaient un peu plus loin. Le regard sombre, il se mit en selle rapidement avec une certaine difficulté, puis talonna sa monture qui s'élança alors que derrière lui les dernières lueurs du jour étaient happées par la nuit.




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Alors ? Il a choisit quoi ? :D
la y a des théories XDDd

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