Chapitre 17 : Une pluie et du sang


Ils avançaient depuis longtemps et la nuit était tombée maintenant. Tout trois étaient trempés par la pluie mais n'avaient nul endroit où s'abriter, Gradguer avait prêté sa cape aux deux femmes pour qu'elles puissent se protéger légèrement.

Dans l'obscurité de la pluie battante, un chevalier solitaire émergea soudainement, revêtu d'une armure mixte de cuir et de fer, les sangles fatiguées témoignant des nombreuses batailles qu'il avait endurées. Son heaume fermé dissimulait ses yeux derrière une épaisseur de métal, ajoutant à son aura de mystère. Les gouttes de pluie ruisselaient sur son armure, créant un éclat sombre et lugubre autour de lui.

Un tableau triste et énigmatique se dessinait autour du chevalier, qui semblait porter le poids des siècles sur ses épaules. Malgré cela, une détermination farouche brillait dans ses yeux invisibles derrière le heaume fermé.

Alors qu'il avançait dans la pluie battante, ils se rencontrèrent et alors le chevalier se plaça devant Gradguer, lui coupant la route. Ce dernier, regarda le chevalier avec un mélange de méfiance et de défi.

- Qui ose me défier ? demanda Gradguer d'un ton glacial, ses yeux bleuté perçant à travers l'obscurité.

Le chevalier ne vacilla pas, sa voix résonnant avec une détermination inébranlable.

- C'est moi, un simple chevalier solitaire, et je te défie au combat.

Gradguer arqua un sourcil, ce n'était pas une réponse, il le regarda, évaluant son adversaire avec un regard acéré.

- Tu es courageux, chevalier, mais es-tu assez fou pour défier un guerrier comme moi ? Qu'as-tu contre moi ? Si tu me défies c'est que tu me connais alors écarte toi, je ne cherche pas le combat.

Le chevalier ne fléchit pas. Il s'avança même, son armure grinçant tel une porte restée fermée trop longtemps.

- Peut-être suis-je fou, car non, je ne te connais pas, mais je ne reculerai pas devant un défi.

Gradguer soupira, son expression demeurant imperturbable. Il se retourna un instant vers ses amies.

- Très bien. Je ne vais pas refuser un combat.

Ainsi, dans la tourmente de la pluie battante, les deux guerriers se préparèrent. Le duel entre le chevalier solitaire et Gradguer commença. Le chevalier, habile et fort, se mouvait avec une certaine lourdeur, comme s'il portait le poids du monde sur ses épaules. Ses coups étaient puissants, mais leur exécution semblait quelque peu traînante, donnant à Gradguer l'occasion de parer et d'esquiver avec une agilité déconcertante.

Gradguer, lui, était une force de la nature. Ses mouvements étaient fluides et rapides, sa lame semblait danser dans l'air avec une grâce mortelle. Il était magiquement doué d'une vitesse et d'une agilité supérieure, rendant chaque attaque du chevalier presque prévisible à ses yeux.

Malgré la détermination du chevalier, Gradguer prit rapidement le dessus. Ses coups fusaient comme des éclairs, contournant la défense du chevalier avec une facilité déconcertante. Leurs épées s'entrechoquaient dans un ballet mortel, mais à chaque passe, Gradguer gagnait du terrain.

Finalement, dans un éclair de mouvement, Gradguer trouva une ouverture et porta un coup dévastateur. Le fer de son épée trancha à travers l'air, coupant le bras du chevalier dans un geste rapide et précis. Le chevalier poussa un cri de douleur alors que son sang se mêlait à la pluie qui continuait de tomber sans relâche.

Tombant à genoux, le chevalier sentit la faiblesse l'envahir alors que Gradguer se tenait devant lui, imperturbable. Le duel était terminé, et le chevalier avait été vaincu par la maîtrise de Gradguer.

Le chevalier, à genoux sous la pluie battante, sentait le poids de sa défaite peser sur lui. Gradguer, même sans voir ses yeux derrière le heaume fermé, ressentait la tristesse qui émanait de lui. Une simple lueur perçait la fente pour ses yeux, révélant la profondeur de son chagrin. Appuyé sur son épée avec sa dernière main, le chevalier fixait le sol, ses pensées tournées vers le vide de son existence.

Gradguer s'approcha lentement, sa froideur initiale s'atténuant devant la détresse de son adversaire. Il se sentait coupable, presque responsable de cette fin tragique. Il murmura, sa voix empreinte de remords.

- Je... je suis désolé.

Le chevalier leva lentement la tête, rencontrant le regard de Gradguer à travers la fente de son heaume.

- Merci... de m'avoir libéré de cette souffrance. Sa voit était faible mais résolue. Ne... ne pose pas trop de question, il est des choses pour lesquelles il n'y a... il n'y a pas d'intérêt à trouver une réponse.

Il tomba à terre s'appuyant sur son derniers bras.

Gradguer se perdit un court instant dans ses pensées, qui était-il ? Pourquoi voulait-il dormir ?

Le veilleur sentit son cœur se serrer devant la résignation du chevalier. Il voulait l'aider, trouver un moyen de lui offrir une autre chance, mais il savait que c'était trop tard. Le chevalier lui demanda alors de mettre fin à sa vie. Avec un regret profond, Gradguer acquiesça, prenant l'épée du chevalier entre ses mains. Une larme coula sur sa joue, témoin silencieux de sa peine. D'un geste doux mais ferme, Gradguer acheva le chevalier, mettant fin à sa souffrance mais laissant derrière lui une aura de tristesse et de regret dans le sillage de leur duel tragique sous la pluie battante.

C'était la première fois que son amour, Annaria, le voyait ainsi, dévoilant une part de lui-même qu'il avait longtemps dissimulée.

La petite fille observait la scène avec des yeux écarquillés, son visage exprimant un mélange d'incompréhension et de tristesse. Elle s'était attachée à Gradguer depuis qu'ils l'avaient pris sous leur aile, et voir son mentor dans un état aussi précaire la bouleversait profondément. Elle s'approcha timidement, ses petites mains agrippant le bas de la veste de Gradguer.

- Pourquoi es-tu triste ?

Gradguer baissa les yeux vers la petite fille, son expression se radoucissant légèrement malgré la douleur qui lui nouait le cœur.

- Parfois, il y a des choses dans la vie qui nous rendent tristes, même si nous ne comprenons pas toujours pourquoi, expliqua-t-il avec douceur. Mais nous devons être forts et continuer à avancer, même lorsque c'est difficile.

Annaria observa la scène avec une intensité palpable, son cœur se serrant devant la tragédie qui s'était déroulée sous ses yeux. Une fois que Gradguer eut achevé le chevalier et que la petite fille les entoura de son innocence réconfortante, Annaria s'approcha de Gradguer avec précaution. Elle posa une main douce sur son épaule, sentant la tension qui pesait sur lui.

- Gradguer... murmura-t-elle doucement, cherchant ses yeux. Je ne savais pas que tu étais capable de verser une larme.

Gradguer détourna le regard, hésitant un instant avant de répondre d'une voix calme mais empreinte de vulnérabilité.

- Certains moments... nous montrent des facettes de nous-mêmes que nous préférerions garder cachées.

Il l'avoua, avec sa voix marquée par une émotion qu'il avait longtemps refoulée.

Annaria resserra sa prise sur son épaule, sentant sa propre tristesse se mêler à celle de Gradguer. Elle lui répondit avec douceur et tendresse.

- Tu as un cœur plus grand que tu ne veux bien l'admettre, Gradguer. Ne laisse pas cette compassion te faire souffrir, mais plutôt te guider vers la lumière.

Gradguer baissa la tête, absorbant les paroles réconfortantes d'Annaria. Il savait qu'elle avait raison, même si cela remettait en question les fondements de son être. Submergé par l'intensité du moment, ressentit le besoin irrépressible de serrer Annaria et la petite fille contre lui. Profitant du fait que la fillette ne les observait pas, il captura doucement les lèvres d'Annaria dans un baiser tendre, exprimant ainsi toute la profondeur de ses sentiments pour elle.

Annaria, surprise mais émue par ce geste inattendu, répondit avec douceur à son baiser, laissant ses émotions prendre le dessus. La petite fille, plongée dans ses propres pensées, ne remarqua pas le moment d'intimité entre Gradguer et Annaria.

Gradguer ensuite s'éloigna, reprenant sa froideur.

Après ce moment fugace mais chargé de significations, Gradguer retrouva peu à peu son calme apparent, mais une lueur de réflexion brillait dans ses yeux. Il semblait absorbé par ses pensées, comme s'il méditait sur la tournure des événements et sur les sentiments qui l'avaient submergé.

Léna se tourna vers la barde.

- Je ne l'ai jamais vu ainsi, qui était ce chevalier ?

- Je ne sais pas. Je pense que même lui ne le connaissait pas...

Elles marchèrent un peu en silence avant que Léna ne le coupe à nouveau.

- Merci de m'accompagner.

La barde lui sourit. Pourtant elle ne put s'empêcher de penser qu'elle et Gradguer ne pouvaient pas lui dire qu'ils n'iraient pas ensemble à Daret...

Cette rencontre énigmatique mit fin à leur trajet, ils montèrent le camp rapidement après cela ayant trouvé un petit bosquet, la nuit fut morose et silencieuse mais le lendemain ils descendirent enfin les pentes de ce maudit massif, cette étape de leur voyage était maintenant derrière eux.

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