8 mois avant

Je suis entrain de danser dans la neige. Mon tutu. Mes pointes. La musique. Et moi. L'équilibre parfait. Je fais abstraction des caméras, des regards, des appareils photos tous braqués sur moi. Je tourne un clip. Je connais ma danse. Je sais ce que j'ai à faire et je le ferai jusqu'à l'obtention de la perfection. Je le ferai jusqu'à ce que je sois fière de ce que j'ai accompli. Je le ferai jusqu'à ce qu'elle me regarde avec fierté. En un mois j'ai décroché deux pubs, une dizaine de figuration dans des clips et une audition pour le ballet national de Paris. Comme on dit il faut toujours croire en ses rêves. Mon géniteur continue de me frapper et parfois ma génitrice s'interpose mais il la viole, la fait tomber des escaliers, l'enferme dans la cave, la drogue, la brûle alors je lui est demandé de ne plus s'interposer. Avant chaque cours de danse je me suis habituée à travailler mon maquillage. La moindre petite trace est recouverte par des couches et des couches de fond de teint, comme je le fais pour mes tatouages. Leyah m'a accompagné m'en faire un nouveau. "Leyah". Derrière l'oreille gauche. Parfois caché. Parfois découvert. Chaque soir après les coups qu'il m'inflige elles viennent toutes les deux dans mon lit, l'une haute comme trois pommes invente des histoires remplies de magie et de princesse, l'autre m'embrasse, me câline, me rassure, me promet une vie meilleure, un jour. Une vie remplie de beaux moments, de famille heureuse, de bataille de nourriture et de vrai fou rire. Une vie remplie d'amour. Une vie remplie de nous. Elle passe une couverture sur mes épaules et je la regarde ne comprenant pas. Elle me chuchote que j'ai dansé comme jamais je n'avais du le faire et qu'il n'y a besoin d'aucunes autres prise. Elle dépose un baiser sur mon front alors que la pression retombe.