9 mois avant 

Je prends mon appareil photo, mes bombes de peinture, mes planches de dessin, mes paillettes, une lame de rasoir, une tondeuse, des affaires de toilette, des vêtements et sous vêtements de rechange et je fourre tout ça dans un sac. J'escalade le rebord de ma fenêtre et mon ombre disparaît dans l'obscurité pour rejoindre notre havre de paix. Elle est là. Elle me sourit. Elle m'attend. Elle me serre contre son cœur. Il bat vite. Ses lèvres rejoignent les miennes. Le mien rejoint son allure. Ils battent sur le même rythme. Ils se rejoignent pour ne former qu'un. Comme lié. Lié par on ne sait quel force. Lié par on ne sait quel connexion. Comme simplement apaisé par la présence de l'autre. Les flammes des bougies dansent sur les murs de la pièce. Le lit est rempli de pétale de fleur. L'odeur de chocolat est enivrante. Je sors mon appareil photo et je capture ce magnifique moment. Les tags remplissent les murs. Preuves de notre passage. Preuves de notre existence sur cette foutue planète. Preuves de notre passage. Elle fouille dans mon sac. Elle enlève son pull. Dévoilant des abdos tracés à la perfection. Dévoilant des dizaines de cicatrices. Dévoilant un binder. Dévoilant ce qu'elle déteste le plus chez elle. J'empoigne la tondeuse qu'elle me tend. Son carré cours devient un rasé sur les côtés et un un peu plus long sur le dessus. Elle s'observe dans le miroir et me remercie. Des dizaines de fois. Des centaines de fois. Je la prends en photo. Je nous prends en photo. Elle m'embrasse. Ses mains partent à la découverte de mon corps. Elle a beau me toucher souvent chaque fois j'ai l'impression de revivre ma première fois. Tantôt violent, fort, brusque tantôt doux, calme, paisible pourtant toujours enivrant, passionné, aimant. Elle finit par graffer mon corps emmêlé dans les draps.