Chapitre 35

Ça y est...
J'y suis, la maison de mon enfance, de ma peur, de ma souffrance et de ma douleur.
Grande bâtisse en pierre. Froide et sans vie, elle trône au milieux d'un terrain, autrefois impeccablement tondu et repiqué par mon oncle mais, l'âge venant, il n'a plus le temps ni la force nécessaire pour entretenir tout cet espace.
Sueur froide sur sueurs froides, j'avance vers la porte, sort ma clé et , tremblotant, je l'introduit dans la serrure. J'hésite à la tourner, lorsque je l'aurais fait, aucun retour en arrière ne sera possible.
Je pense très fort à Ethel et tourne enfin cette clé. La maison est encore plus sinistre et silencieuse que d'habitude. Tout est éteint, je remarque quand même une faible lumière qui filtre par dessous la porte de la cuisine. Je sais absolument qui s'y trouve, c'est pour ça que je pense passer en faisant le moins de bruit possible. Mais pris d'un élan étrange, vengeur et malsain, je m'approche de la porte et l'ouvre d'un coup sec.
Le spectacle qui s'offre à mes yeux est effarant. Ma tante est allongée sur la table, des bouteilles vides éparpillés sur le sol, dans sa main, elle tient un tesson de verre et le reste de la bouteille repose dans une flaque de sang qui continue de couler d'une plaie ouverte dans sa paume.
Je tente de la réveiller mais elle ne bouge pas. Je la secoue mais elle ne réagit pas. Affolé, je la porte sur le canapé de velours du salon, prend un bout de ma veste pour éponger le sang et le vin qui tâche sa figure. Bien que je croyais la détester, la voire dans cet état me fait oublier ma haine et je ne pense plus à tout ce que cette femme m'a fait subir.
Je panse sa blessure et m'assieds en attendant qu'elle se réveille.
Mais soudain je prend conscience que je n'ai pas vérifier son pouls. J'attrape son poignet et compte. L'espace entre les pulsations est très long, trop long!
La panique s'empare de moi. J'attrape le combiné et appelle le SAMU. Ils m'indiquent la démarche à suivre avant leur arrivée.
Lorsque j'entends la sirène retentir dans l'allée, je me calme un peu et me dit que le pire est passé. Ils emportent ma tante et me laissent là, seul avec mes questions. Celles-ci tambourinent dans mon crâne, mais le pire est cette horrible sensation de déjà vu.

Je monte les marchés en tremblant, me jette sur mon lit et reste comme ça longtemps... Très longtemps.

Ethel:

J'entends la voiture de Chris sur le gravier du parking. Je me précipite à sa rencontre pour l'aider à porter ses affaires.
Il reste debout. Plus je m'approche, plus j'ai le sentiment que quelque chose cloche. Il regarde dans le vide, des larmes coulent sur ses joues et il serre les poings.

-Tout vas bien?

Il ne répond pas.

-Chris?

Il s'effondre sur le dos.

-Chriiiis!!! Criais-je.

Je m'agenouille devant lui.

-Dis-moi. Qu'est-ce qui ne vas pas?
-Ma tante.
-Qu'as t'elle? Il s'est passé quelque chose?

Il ne me répond pas. Je m'allonge avec lui. Soudain il se met à tout raconter. Sa tante dans la cuisine, le sang, les bouteilles, le canapé, le pouls, le SAMU...
Mais ce qui me glace le sang c'est qu'il m'avoue avoir rêver plusieurs fois de cette scène. Quand je lui demande qui était me femme dans ce rêve, il me répond qu'elle était floue.
Un étrange pressentiment me vient. J'essaye de ne pas y penser et je me blottis contre Chris.

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