Chapitre 9
— On révise chez toi ce soir ? Me demande Pye.
Je lui réponds positivement et attrape mes affaires pour sortir de la salle. Cela fait déjà trois semaines que l'on est rentrés en cours, donc trois semaines que j'ai rencontré Pye, et presque trois semaines aussi qu'il ne s'est plus rien passé avec Arthur. Depuis l'après-midi film chez moi, en fait. Quant à Pye, je ne l'ai vu pour réviser que quatre fois depuis la dernière fois chez lui. Et les rôles se sont d'ailleurs inversés : ce n'est plus moi qui l'aide à rattraper les cours, mais lui qui m'aide à réviser. Et on peut dire que ça me réussit puisque ma moyenne à augmenter de presque deux points ! Il n'y a pas que ça qui a augmenté, en effet mon attirance pour lui a doublé. Et à chaque fois qu'on se voit c'est la même chose, plus j'en apprend sur lui, plus j'ai envie de le connaître encore plus. Quand je suis avec lui j'ai l'impression de me voir moi, mais en garçon.
Je me fais interrompre dans mes pensées par Arthur qui vient d'arriver devant moi. Il se met à rougir quand il voit que je suis accompagné par Pye. Je m'étonne de le voir autant gêné devant lui alors que d'habitude il le prend de haut.
— Eli, je ... Je peux te parler une minute ?
Il continue après avoir jeté un regard a Pye :
— En privé... ?
Il a l'air vraiment gêné, ou timide, ce qui est étonnant quand on sait que d’habitude il est toujours enjoué, en toutes circonstances.
— Euh, bien sûr, Pye, attend moi ici je reviens.
Il acquiesce et je suis Arthur un peu plus loin. Je me demande vraiment ce qu'il peut me vouloir pour que l'on parle en privé éloignés des autres. J'ai soudain l'espoir qu'il me demande d'être sa petite amie, mais ça serait trop beau pour être vrai. Pourtant je ne vois pas ce qu'il peut me demander d'autre.
— Voilà, je ... commence t'il.
Il n'ose pas me regarder dans les yeux et détourne le regard vers le sol.
— Je voudrais savoir si tu accepterais de...
Ça y est-il allé me demander de sortir avec lui ! Je sens l'excitation monter et je me mets à rougir moi aussi. Je commence à avoir chaud.
— Si tu accepterais de venir avec moi au restaurant demain soir.
Tout retombe d'un coup. J'avoue que je ne m'y attendais pas. Mais bon, si c'est remis à demain... La perspective qu'il m'invite au restaurant me ravie d'un coup. Je lui souris franchement.
— Avec plaisir.
Il semble se détendre et se passe une main dans les cheveux.
—Super, alors, a demain ! Je passerai te prendre à 20h devant chez toi !
Il me fait un signe de main et s'en va, presque en courant. Je souffle, avant de rejoindre Pye. Ce dernier regarde Arthur s'en aller, l'air pensif.
— Qu'est-ce qu'il te voulait ? Demande-t-il d'un ton froid.
Son ton me surprend un peu. Je l'ai toujours doux et là, il est froid. Même son regard n'est pas comme d'habitude. Il ferait presque peur.
— Je…Euh... M'inviter au restaurant, demain soir.
Mon ton est hésitant, et il doit s'en rendre compte car il tourne son regard vers moi et je vois ses yeux changer de couleur pour redevenir verts comme avant.
— Excuse-moi si je t'ai brusquée, me dit-il alors que son regard redevient le regard doux que j'apprécie. On y va ?
Je le regarde pendant qu'il s'éloigne. Moi, je reste là à le regarder s'éloigner. Il s'en aperçoit et se retourne vers moi pour me faire un grand, et vrai sourire.
— On y va ?
Je lui rends son sourire et le rejoins. Je suis amoureuse d'Arthur, alors pourquoi en cet instant, en regardant le garçon qui marche à mes côtés, je me sens mal d'avoir accepté son invitation au restaurant ?
— Il faut absolument que je révise pour le contrôle de lundi, où je vais me ratatiner, je connais pas du tout le chapitre !
Pye me regarde en riant pendant que je me plains du contrôle de Géo que le professeur a ajouté à la dernière minute.
— Non sérieux, je suis sûre qu'il l'a fait exprès en plus.
— Ne t'inquiète pas, c'est pour ça que je t'ai proposé de réviser ce soir. Et on peut aussi se voir demain après-midi.
— Tu penses vraiment à tout ! Je lui dis en riant avant de m'interrompre.
Je me fige. Parmi la foule, en face de moi de l'autre côté de la route, il est là et me regarde. Son regard d'un rouge feu me transperce. Il ne me regarde que moi. Je le vois me sourire et je retiens mon souffle.
—Elisabeth !
Je me sens projetée en avant, et mes yeux se détachent de ceux de l'homme. J'entends des gens crier, mais je ne comprends pas pourquoi. J'entends des pneus qui crissent. Et quand je réouvre les yeux, sans savoir que je les avais fermés, je suis collée contre le torse d'un homme. Je relève le regard, et je vois que cet homme n'est autre que Pye. Il me lâche et j'entends une portière s'ouvrir et des pas venir vers moi.
— Mademoiselle vous allez bien ? demande l'homme qui sort de la voiture.
Je vois Pye foncer sur lui et l'attraper par la chemise pour l'incendier. Je ne comprends pas ce qu’il se passe, mais en regardant la route et la voiture, je comprends soudainement. Cet homme a failli me renverser. Plus exactement, l'homme aux yeux rouges à tenter de me tuer. Je me retourne pour essayer de l'apercevoir, mais il a disparu. Des éclats de voix me parviennent et me ramène à la réalité. Je regarde Pye qui est sur le point de frapper le conducteur. Je me jette sur lui pour l'en empêcher.
—C'est bon, Pye, arrête, il en a eu assez.
— Tu rigoles ou quoi, il a essayé de te tuer !
—Je vous l'ai déjà dit, tente désespérément de se défendre l'homme. Je ne contrôlais plus la voiture !
— Et comme par hasard vous réussissez à l'arrêter après avoir manqué de la renverser !
Pye est vraiment énervé et maintenant une petite foule se forme autour de nous. J'essaye de le calmer.
—Pye, c'est bon, je vais bien.
— Tu serais morte si je n’avais pas été là !
Il me fixe en me hurlant dessus. De nouveau comme plus tôt dans l'après-midi, ses yeux sont noirs.
— Oui mais tu étais là et je suis en vie, alors calme toi !
Je hurle à mon tour, et ça a pour effet de le calmer d'un coup. Il ne dit plus rien, rougit et détourne les yeux comme pour cacher son gène. Je me tourne vers le conducteur qui arbore un air dépité.
—Vous pouvez partir Monsieur, excusez-moi j'aurais dû faire plus attention. Au revoir et bonne fin de journée.
Je m'éloigne, attendant que Pye me rejoigne, ce qu'il fait mais en me criant dessus.
—Tu es malade ou quoi tu aurais dû porter plainte !
Je me retourne vers lui et plante mon regard dans le siens.
—Pye, je suis en vie, et ce n'est pas de sa faute.
— Ce n'est pas de sa faute tu te fous de moi ?!
—Non ce n'est pas de sa faute, puisque c'est l'homme aux yeux rouges.
Son visage blêmit et il baisse les yeux.
— L'homme aux yeux rouges ?
Je sais qu’il va me dire que c'est le choc qui m'a fait avoir des hallucinations comme il l'a fait la dernière fois devant chez moi, mais ça ne prouverait qu'il sache et qu'il essaye de me cacher.
— De quoi tu parles Elisabeth ? Quel homme aux yeux rouges ?
— Tu sais de quoi je parle Pye tu l'a vu comme moi la dernière fois devant chez moi.
— Tu avais de la fièvre, c'était une hallucination ! Cette fois ça devais être dû au choc de l’accident !
J'en était sûre. Il sait. Et il me le cache, sauf que là il va devoir parler, car cet homme essaye de me tuer et ma vie est en jeu. Il me regarde, il n'est pas sûr de lui, comme à son habitude. Je saurais le faire le faire parler à un moment où un autre.
Le trajet se fait en silence, jusqu’à ce que je reprenne la parole une fois arrivés devant chez moi.
— Au fait, Pye ?
Je me retourne vers lui, gênée.
— Merci, de m’avoir... Sauvé la vie.
Son visage se radoucit et il me fait un sourire rassurant.
— Tu n'as pas à me remercier Eli.
Sur ces mots il se penche et pose ses lèvres sur mon front. Ce simple geste est anodin et pourtant il me donne du baume au cœur. Je lui souris et j'ouvre la porte et il me suit jusqu'au salon, où je remarque l'absence de mon père. Je vais donc être seule avec Pye dans ma chambre jusqu’à son arrivée. Cette pensée me fait rougir, et pour mon plus grand plaisir Pye ne semble pas s'en apercevoir. Il me suit donc et nous nous mettons au travail.
C'est seulement au bout d'une heure que j'entends la porte d'entrée s'ouvrir et nous nous levons pour aller voir mon père.
— Papa !
— Eli !
Il m'embrasse le front avant de se tourner vers Pye avec un grand sourire.
— Bonjour Pye.
Ils se serrent la main en souriant. Mon père à l'air d'apprécier beaucoup Pye et sans que je sache pourquoi cela me fait plutôt plaisir. Ils discutent un instant et mon rendez-vous de demain me revient en tête.
— Papa, je peux te parler une minute ? Je demande quand ils ont terminé leur conversation.
Il semble étonné et Pye se tourne vers moi.
— Je vais t'attendre dans la chambre.
Son ton est légèrement froid, mais je tente de ne pas en tenir compte lorsqu'il passe à côté de moi pour aller vers ma chambre. Je me tourne vers mon père.
— Ça tombe bien que tu engages la conversation parce que moi aussi j'ai à te parler.
J'ai soudain très chaud en me demandant de quoi il veut me parler.
— Euh, bien commence ! Je lance.
— Non vas-y, ma chérie.
— Je sors demain soir. J’ai... Un rendez-vous.
Un grand sourire se forme soudain sur son visage.
— C'est génial ça dis-moi ! Et avec qui tu y vas ?
— C'est Arthur. Il m'a invité au restaurant.
Son sourire disparait aussi soudainement qu'il est apparu, et cela me donne des vertiges. A ce que je vois, ce n'est pas ce qu'il attendait.
— Ah.
Effectivement, il semble déçu. Mais comme pour me prouver le contraire, il me sourit à nouveau.
— Oui, donc je rentrerai probablement un peu tard.
— Du moment que tu rentres, ça me va.
Je le regarde sans trop comprendre. J'ai déjà dormi de nombreuses fois chez Arthur, mais c'est le fait que cette fois l'on sorte autrement qu'en amis lui fait peut-être peur.
— Et toi, tu voulais me dire quoi ?
Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai comme une envie pressante de changer de sujet. Quant à mon père, il semble hésiter un moment.
— Eh bien, commence t'il. Moi aussi je sors demain soir.
Je me fige et fronce les sourcils. J'ouvre la bouche pour dire quelque chose mais il m’interrompt.
— Avant que tu ne me dises quoi que ce soit, c'est une amie. Je t'avoue qu'elle me plait et que j'ai longtemps hésité avant de l'inviter à sortir. Par rapport à toi principalement, parce que je ne sais pas comment tu l'aurais pris. Mais même si ta mère restera pour toujours la femme de ma vie, je vais bientôt avoir 55 ans, et tu ne seras pas toujours à mes côtés. Et puis je veux être de nouveau heureux, connaitre une nouvelle fois l'amour. Cela fait bientôt 4 ans que ta mère nous a quittés, et je sais qu’elle aurait voulu que je refasse ma vie.
Je le regarde sans répondre, sachant pertinemment qu’il a raison. Je relève les yeux vers lui tandis qu’il continue.
— J’aurais aimé t’en parler plus tôt mais je ne savais pas comment tu allais réagir et j’ai pensé que c’était le bon moment-là.
— Ça fait combien de temps que tu la côtoies ?
Son visage pâlit sous mon ton froid.
— A peu près deux mois. C’est une collègue, une nouvelle dans mon service. Elle s’appelle Sarah.
Puis il continue après un dernier regard vers moi.
— J’espère que tu ne m’en veux pas trop.
— Bien sûr que si que je t’en veux !
Je vois son visage se décomposer et mon cœur se serre de le voir comme ça. Je fais un pas vers lui et lui prend les mains.
— Je t’en veux de ne pas me l’avoir dit avant.
Je vois son visage s’éclairer d’un coup et il me sourit avant de me prendre dans ses bras. Après lui avoir fait un bisou, je le laisse pour retourner auprès de Pye, toute sourire. Lorsque je rentre dans la pièce, je le vois allongé sur mon lit, Olympe couché sur lui, profitant des caresses que mon ami lui fait. Je m’assieds à côté de lui et le petit animal se lève avant de s’enfuir du lit pour se cacher sous un meuble.
—Il a l’air de beaucoup t’apprécier, je lui lance pendant qu’il se relève.
—Oui, c’est vrai, j’avoue que je l’aime bien aussi.
Il me regarde en souriant et que lui rend son sourire. Alors que je le regarde dans les yeux, je me rends compte qu’on est très proches l’un de l’autre. Je sens soudain sa main se poser sur la mienne, et je n’ose pas la retirer. On reste dans cette position pendant quelques secondes, et cet instant semble me durer une éternité. Il relève la main pour la poser sur ma mâchoire, caressant ma lèvre inférieure de son pouce. J’entrouvre les lèvres et laisse échapper un soupire. Soudain mon portable se met à vibrer, me tirant de mon emprise pour ses magnifiques yeux verts.
— Excuse-moi.
Je me lève, attrape mon téléphone sur le bureau et regarde le message que je viens de recevoir. Il est de Chloé. Elle me prévient qu’elle viendra chez moi demain pour m’aider à trouver ma robe vers 18h. Je lui réponds et me retourne vers Pye pour lui dire de venir au bureau pour se remettre à travailler, mais je me fige. Je le regarde, et me repasse la scène qui viens de se passer. Je me rends soudainement compte qu’il vient de se passer la même chose avec Pye qu’avec Arthur. Si mon téléphone ne nous avez pas interrompus, on se serait probablement embrassés.
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