Chapitre 7
— Et c'est pour cette raison que mes parents ont décidé de m'emmener avec eux pour leur déménagement.
Pye repose son verre en terminant sa phrase. Nous sommes en train de manger et mon père ne fais que de l'interroger. Je suis un peu mal à l'aise même si je vois bien que Pye à l'air très heureux qu'on s'intéresse à lui. Comme si déjà toutes les filles ne s'intéressaient pas à lui !
— C'est incroyable tout ce qui t'es déjà arrivé, s'exclame mon père après une énième histoire de la vie du garçon, alors que tu es si jeune !
— Oh, vous savez, commença Pye en jouant avec son verre, quand vos parents sont riches, tout ça vous semble normal.
Je le regarde en coin. Il fixe son verre, et son regard est vide de toute expression, et cela me fait de la peine. Dans la bouche de n'importe qui cette phrase aurait semblé prétentieuse, mais pas de la sienne. Lui, il semble s'en vouloir d'avoir vécu tout ce qu'il nous à raconter. Le voir comme ça me fait de la peine, et inconsciemment, je viens poser ma main sur la sienne. Il relève la tête vers moi, surpris et rouge de gène, et je lui souris, -sourire qu'il me rend.
Mais quand je me rends compte que j'ai ma main sur la sienne, je la retire rapidement en rougissant de honte.
— Bon, je vais chercher le dessert, s'exclame mon père en se levant, nous laissant ainsi seuls tous les deux.
— Je suis désolée, je dis.
— Ce n’est pas grave, me répond -il en évitant mon regard, en me coupant presque la parole.
Je me sens soudain bête, très bête. Mais qu'est-ce qu'il m'a pris, il va me prendre pour une folle maintenant, à tenter de le draguer, comme toutes les autres filles du lycée, aargh.
Pendant que ma conscience me reproche mon inconvenance, mon père reviens avec une tarte aux framboises.
— Pye, j'espère que tu aimes les framboises, dit-il sans se douter une seconde de l'ambiance tendue qu'il y a entre lui et moi.
— Oh, euh oui j'adore les fruits rouges !
Mon père pose la table avant de se rendre compte qu'il n'a pas pris de quoi couper la tarte, et retourne dans la cuisine, nous laissant une seconde fois seuls.
Mais cette fois c'est Pye qui prend la parole.
— Désolé, d'avoir réagis comme ça tout a l’heure...
— Oh ce n'est pas grave, c'est moi, je n’aurais pas dû faire ça...
— Au contraire, ça m'a fait du bien, de voir que tu comprends ce que je ressens.
Je lui souris et mon père reviens. Nous dégustons la tarte en silence, tant elle est délicieuse, ce que Pye tiens à faire remarquer à mon père.
À la fin du repas, mon père propose au garçon de le ramener, qui accepte au bout de plusieurs minutes. Je décide de les accompagner, et nous partons après avoir récupéré ses affaires. Dans la voiture, il continue de nous raconter tout ce qu'il a accompli malgré son jeune âge, ne qui ne cesse d'étonner mon père. Puis au moment de le déposer, je vois qu'il habite réellement à quelques rues seulement de chez moi. Il me fait un dernier signe et nous redémarrons. Mon père me jette un regard en coin.
— Il est quand même mignon. Et puis tu as vu ses manières ! Même s’il n’a pas vu beaucoup ses parents, il est super bien élevé.
—Papa, t'essayes de faire quoi là au juste ?
— Rien du tout, je te dis juste que ce garçon est très gentil, bien élevé, et que si tu devais avoir un petit ami, il serait le gendre idéal !
— Papa je t'arrête immédiatement, je le connais à peine, et je suis déjà amoureuse d'Arthur.
—Pourtant, je ne t’ai jamais vu regarder Arthur de la même façon que tu as regardé Pye ce soir.
— Papa...
— Je te dis ça de père à fille, Eli. Tu sais que j'apprécie énormément Arthur, mais ça fait combien de temps que tu le connais ?
— Un peu plus de 13 ans ...
— Voilà, c'est un ami d'enfance, et même si tu dis être amoureuse de lui, ce n’est pas la même chose que de rencontrer un garçon et d'en tomber amoureuse.
— Je ne le connais même pas.
Il se gare devant la maison, coupe le moteur et se tourne vers moi.
— Je t'ai entendu tout a l'heure, lui raconter, par rapport à ta mère. Je ne t'ai jamais entendu parler à qui ce soit. À part Chloé, qui le sais ?
— Pye, c'est tout.
— Tu vois, qu'est-ce que je te disais ? Tu le connais à peine, et tu lui fais déjà assez confiance pour lui raconter ce genre de chose.
Je ne réponds pas et descend de la voiture. J'ai besoin de prendre l'air, de réfléchir. Je regarde le ciel. C'est la pleine lune. Je trouve ce spectacle magnifique. J'ai toujours aimé la pleine lune. Je m'y suis toujours sentie mieux. Mais je me décide enfin à rentrer lorsque le froid se met à mordre ma peau.
Cette nuit je n'ai pas fait de cauchemar. En, fait je n'ai pas rêvé du tout. Et j'avoue que cela me convient. Je viens de finir de m'habiller lorsque mon père rentre dans ma chambre pour me prévenir qu'il part au travail. Je l'embrasse sur la joue et il s'en va en me laissant les clés parce qu'il risque de rentrer tard ce soir. Je fini de me préparer, attrape mon sac à dos et part pour rejoindre Chloé qui m'attend devant la porte. Nous faisons ensemble le trajet jusqu'au bus où l'ont rejoint Arthur. Dans l'autobus, il agit de la même manière que la veille, pour mon plus grand désespoir, mais cela ne semble pas déranger Chloé plus que ça puisqu'elle me raconte sa soirée avec Timothé.
— Et il a commandé des Pizzas et on a mangé ensemble devant un film ! C'était tellement bien !
— Vous n’étiez pas censés réviser ?
— On a travaillé pendant une heure et demi avant de se mettre d'accord sur le fait que je lui passerai mes cours et qu'il les photocopierait. Mais seulement quand on sera ensemble, comme ça on pourra passer plus de temps ensemble à s'amuser et apprendre à se connaitre !
—Alors que tu le connais depuis deux jours.
Nous relevons la tête, toutes les deux étonnés d'entendre la voix d'Arthur alors que depuis que nous sommes partis il ne nous a pas adressé la parole.
—Euh, oui, dit Chloé, plus trop sûre d'elle. C'est comme ça que l'on apprend à connaitre les gens.
— Tu es beaucoup trop naïve, continue Arthur toujours les yeux fixés sur son téléphone. À faire confiance aux gens trop facilement.
Il relève les yeux et les fixe dans les miens.
— Tu finiras par te faire avoir.
Il s'adresse à Chloé et pourtant j'ai la sensation que c'est à moi qu'il s'adresse et je ne peux m'empêcher de repenser à Pye hier. Il replonge sur son téléphone et Chloé se penche vers moi :
— Il est bizarre, je ne comprends pas pourquoi il me dit ça...
Je ne réponds pas. Moi non plus, je ne sais pas pourquoi il nous dit ça, tout d’un coup.
À la pause du midi on se retrouve tous les trois, mais lorsque nous allons vers la cantine, Arthur se fait apostropher par une fille. Je suis étonnée de voir qu'il s'agit de Léa Clerf, une fille de la classe.
— Arthur !
Elle arrive vers lui tout sourire et instinctivement je me tourne vers lui. Il rougit, gêné, et nous jette des coups d'œil furtifs à Chloé et à moi. Elle et moi nous regardons, étonnées.
— Léa, qu'est-ce qu'il y a ?
— J'avais juste envie de te faire un coucou. Comment tu vas ?
Arthur n'a jamais été proche de Léa, ni Chloé, ni moi d'ailleurs. C'est une fille très mignonne qui fait un peu gamine, châtain aux yeux verts. Elle plait aux garçons mais n'est pas souvent assez jolie pour les convaincre de sortir avec. C'est une fille un peu sensible je dois dire. Comment je sais tout ça alors que je ne suis pas proche d'elle ? C'est simple. C'est un petit lycée. Tout le monde connaît tout le monde. Même de nom et de réputation.
Pendant que les deux parlent, Chloé et moi nous interrogeons du regard. Depuis quand se connaissent-ils aux points de se dire bonjour ? Je ressens une pointe de jalousie en pensant que c'est peut-être à elle qu'il parle tous les matins dans le bus sur son téléphone. Je les regarde et je ne peux m'empêcher de détester ce sentiment qui me prend le cœur.
Pendant le premier cours de l'après-midi, j'essaye d'oublier ce qui s'est passé ce midi. Je n'arrive malgré mes efforts à sortir l'image d'Arthur et Léa dans ma tête. Je soupire.
— Mon cours vous ennuie-t ‘il, mademoiselle Miller ?
Je relève la tête vers le professeur, qui m'a interrompu dans mes pensées.
— Non, non pas du tout monsieur…. Je réponds avec un certain manque de détermination, et cela se sent.
— Très bien, alors pouvez-vous répétez ce que je viens de dire ?
Et voilà, je m'y attendais à celle-là. Je le regarde, incapable de répondre. Bien évidement il faut que ça tombe sur ce professeur-là, qui ne m'apprécie pas et que c'est réciproque.
J'entends des rires derrière moi et je sais que c'est Amandine et ses copines populaires, mais je ne tourne même pas la tête vers elles.
—Je vois que vous n'écoutez pas pendant mon cours, continue l'homme qui se tiens droit devant moi. Déjà que vous n'avez pas de notes convenables, si en plus vous rêvassez vous n'aurez jamais votre bac.
Puis il se tourne vers Amandine. Qui ne se gêne pas pour répéter bien fort la phrase que j'étais incapable de dire. Je baisse la tête et écrit sur mon cahier les grandes lignes de ce qu'elle raconte. Même si cela ne m'intéresse absolument pas. J'ai toujours détesté les cours de Géographie de toute façon.
Quelques minutes après la sonnerie se fait entendre. Pendant que je range mes affaires, je vois Amandine passer devant moi en me regardant en riant. Je l'ignore superbement, ce qui ne lui plait pas, et d'un geste de la main gracieux, elle fait tomber ma trousse encore ouverte, et tout son contenu s'éparpille sur le sol, à quelques centimètres de ses chaussures de marque.
— Oups, me chuchote-t-elle en riant. Ce que je peux être maladroite.
Sur ces mots, elle s'en va, sans manquer de donner un coup de pied dans quelques-uns de mes stylos. Je grogne intérieurement, et sans répliquer, je me baisse pour ramasser mes affaires, quand je sens une présence à côté de moi. Cette personne se baisse et commence à m'aider à ramasser mes affaires. Je me tourne vers elle et je m’aperçois que c'est Pye. Il me sourit et attrape ma trousse pour y ranger mes stylos. Je me lève et le remercie.
— C'est normal. Je ne savais pas que tu n’étais pas sérieuse en cours et que tu n’écoutais pas.
— D'habitude je le suis, je dis en rougissant. C'est juste que je pensais à autre chose.
— Je pourrais t'aider à rattraper le cours si tu veux. On révise ce soir ?
— Je ne peux pas ce soir, mon père rentre tard et...
Je m'interromps soudain, la bouche grande ouverte, tandis qu'un flash-back se met en marche dans ma tête : Je me revois ce matin, quand mon père m'a souhaité une bonne journée, les clés qu'il a posé sur la table à côté de moi, moi qui attrape mon sac et m'en va, et surtout, les clés que j'ai oubliées.
Je mets mes mains devant ma bouche, comme si j'étais choquée. J'ai vraiment un problème. Pye me regarde sans comprendre.
— Et je suis à la rue pour ce soir, je continue.
Il ne comprend toujours pas, ce qui est normal, et je lui explique mes péripéties pendant qu'on sort de la classe.
— C'est embêtant effectivement. Sinon je peux te proposer de venir travailler chez moi jusqu'à ce que ton père rentre et je te raccompagnerai après.
—Je ne voudrais pas abuser de ton hospitalité.
— Ça ne me dérange pas, et puis mes parents ne sont pas là, et comme ça je ne serai pas tout seul, et toi tu ne seras pas à la rue.
J’hésite. Après tout, je ne le connais que depuis quelques jours à peine. Et puis il y à cette attirance que je ressens pour lui. Est-ce que lui aussi il la ressent ? Je secoue la tête. Je ne dois pas y penser. C’est d’Arthur dont je suis amoureuse. Même si depuis que j’ai rencontré Pye, je ne pense plus autant à lui qu’avant. On était pourtant si proche il y a encore de cela quatre jours… Je décide d’accepter l’invitation de Pye. Nous nous dirigeons ensemble vers notre prochain cours, où je retrouve mes deux meilleurs amis. Dans cette salle, toutes les tables fortement un U, ce qui nous permet de nous mettre tous les trois l’un à côté de l’autre. C’est pour cela que je leur propose à tous les deux de venir le lendemain après-midi de façon à ce que l’on puisse regarder un film, comme on le faisait avant. Pour mon plus grand plaisir, ils acceptent tous les deux.
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