Chapitre 5


Lorsque je me lève le lendemain matin, je sors de ma chambre au moment où Graham allait s'en aller. Il doit retourner à sa base pour partir en mission en Lybie. Je lui fais un gros câlin et le laisse partir. Je déjeune rapidement et retourne dans ma chambre m'affaler sur mon lit. Cette nuit a été sans cauchemar. Autant dire, j'ai bien dormi, pour mon plus grand plaisir.
Je prends un livre et lis pendant une heure ou deux. Olympe cours dans ma chambre en dérapant sur mon parquet. Il finit par sauter sur mon lit et se blottit contre moi. Je pose mon livre pour le caresser. Il s'endort contre mes côtes et je fonds. Il est tellement mignon ! Je reste dans cette position jusqu'à ce que mon téléphone sonne. Je me relève soudainement, ce qui ne plait pas à Olympe, qui se réveille en sursaut et s'en va. J'attrape mon appareil et sourit en voyant un message d'Arthur. Il me dit qu'il a passé une bonne après-midi avec moi et hier et qu'il était désolé pour m'avoir ignorée. Le reste de ma journée se termine comme elle a commencé, c'est à dire dans mon lit, à ne rien faire.

Le lendemain matin, le réveil est difficile. Devoir me lever à 6 heures du matin alors que l'heure la plus tardive à laquelle je me suis levée lors de ces deux dernières semaines c'est 9 heures, ça fait un peu mal au cœur. Mais j'ai quand même envie de retourner au lycée, alors je me lève, prend ma douche, m'habille et déjeune, comme je le fais tous les matins, puis attrape mon sac à main qui me sert de sac de cours, enfile mes converses basses grises et sort de chez moi avant de me mettre à courir pour avoir mon bus de 7 heures. Je monte de justesse dedans et j'entends le conducteur râler. Je m'excuse rapidement en passant à côté de lui et rejoint Chloé et Arthur qui sont assis sur les sièges près dans le fond.

—Bah alors, commence à me crier ma meilleure amie. Tu faisais quoi ?
— J'ai pris trop de temps à me préparer, désolée.

Je m'installe sur les sièges devant eux et pose mon sac sur le siège près de la fenêtre, avant de me retourner vers eux. Plus précisément vers Arthur, qui ne m'a pas adressé un seul regard depuis que je suis montée dans le bus. Et cela me fais de la peine. Je le vois sur son téléphone, un léger sourire aux lèvres, sans me prêter une seule attention. Une pointe au cœur, je l'interpelle. Il relève la tête vers moi et son sourire s'évanoui, avant de laisser place sur ses lèvres un autre sourire.

— Ah, salut Eli.

Je vois qu'il détourne les yeux et cherche à esquiver mon regard. Mon cœur se serre quand je repense à la proximité que l’on avait vendredi soir après ma soirée. Je me tourne vers Chloé, qui hausse les épaules, signe qu'elle ne sait pas non plus ce qu'il a.  Le reste du trajet se font en silence radio de la part du garçon dont je suis amoureuse. Nous arrivons près du lycée et nous marchons quelques minutes pour arriver devant l'établissement. À l'heure où nous arrivons le matin, les portes viennent juste d'ouvrir et il y a encore très peu de personnes en dehors de certains professeurs. Nous nous dirigeons directement vers notre salle où doit se dérouler notre premier cours : Littérature Anglaise. J'adore la langue anglaise. Je trouve que l'accent fait très sophistiqué et un peu sexy. Je suis presque bilingue car je travaille beaucoup sur l'apprentissage de cette langue. Je ne peux pas en dire autant sur l'Allemand, ma seconde langue vivante.

La salle est vide, nous nous installons à nos places habituelles, c'est à dire au deuxième rang. Arthur ne m'a toujours pas adressé la parole et resté concentré sur son téléphone, toujours ce même sourire sur le visage. Ce sourire m'énerve car il signifie qu'il nous cache quelque chose, à Chloé et à moi. On se connait depuis que nous sommes en dernière année de maternelle, lui et moi, et Chloé depuis la sixième. Cela nous a permis de pouvoir tout apprendre les uns sur les autres et c'est cela qui fais que nous sommes inséparables aujourd'hui. Et ça commence vraiment à m’énerver qu'il ne nous dise pas pourquoi il ne peut s'empêcher de lancer des petits rires depuis près de trois quarts d'heures. Après une énième question laissée sans réponse de sa part, Chloé s'énerve.

— Bon Arthur, tu t’ennuies avec nous ?! Lui lance-t-elle.

Immédiatement, il a le réflexe de cacher le téléphone sous la table pour nous empêcher de le voir. J'échange un regard avec Chloé. J'en ai la certitude, il nous cache quelque chose, et cela me tue de ne pas savoir ce que c'est. Je n'arrive pas à oublier la proximité de nos lèvres il y a deux jours de cela alors qu'en cet instant il semble à des années-lumière de moi et de tout ce qui nous entoure.

—Hein, euh, non ... Répond-t-il simplement.

Quelques personnes entrent à ce moment dans la classe. Ils nous saluent et s'installent au fond de la salle. Je sais alors que la conversation est close. Je soupire. D'autres personnes arrivent, et la cloche retentit, me faisant sursauter au passage. 8 h est arrivé plus vite que je ne le pensais. Chloé se tourne vers moi.

—Je vais me mettre à côté d'Arthur pour essayer de lui sortir les vers du nez, me chuchote-t-elle.

J'acquiesce et je me pousse pour qu'elle puisse passer derrière moi pour le rejoindre, lui qui s'était éloigné vers la fenêtre quand la sonnerie s'est fait entendre.
Malgré le fait que la salle se remplisse, personne ne daigne s'assoir à côté de moi. Ils doivent avoir peur de moi, il faut croire ! La place à ma gauche reste donc vacante lorsque notre professeur d'anglais Mme Ménis entre dans la pièce. J'adore cette prof. Non seulement parce que j'apprécie beaucoup la langue qu'elle enseigne, mais de plus c'est une jeune professeure, qui malgré le fait qu'elle soit sévère, elle reste une femme souriante, et qui à la joie de vivre.

Tout le monde se lève pour l'accueillir, puis nous nous asseyons, sortons nos affaires et commençons le cours. A cette période de l'année, nous étudions " Orgueil et Préjugés" de Jane Austen. J'adore ce livre. J'adore cette histoire d'amour qui semble impossible et qui, pourtant, est l'une des plus belles que je n'ai jamais vue, que ce soit dans la vraie vie, dans un livre ou un film. En plus, le personnage principal s'appelle comme moi, c'est comme si nous avions des points en communs. Nous sommes en train de lire un extrait, celui où Elisabeth Bennet apprend que Darcy, son futur amant, a empêché le mariage de son meilleur ami, Charles Bingley et de Jane, la sœur d'Elisabeth, lorsque la porte s'ouvre sur notre professeur principal Mr Nolan, suivit d'un élève. Nous nous levons tous et lorsque je croise le regard du garçon derrière Mr Nolan, ma respiration se coupe.

Et je pense que celle des autres filles de la classe aussi.

Pye me sourit de toutes ses dents, sourire que je lui rends malgré moi.

—Asseyez-vous, nous demande Mr Nolan de sa voix grave.

Il reprend une fois que les bruits de chaises qui crissent sur le sol aient cesser.

— Je vous présente votre nouveau camarade, Pye Howen. A partir d'aujourd'hui, il sera avec vous en classe, et ce jusqu'à la fin de l'années et les épreuves du baccalauréat. Mme Ménis, je vous confie ce jeune homme. Et travaillez bien, on se voit tout à l'heure.

Sur ces dernières paroles, il s'en va en fermant la porte soigneusement derrière lui. Je reste bouche-bée et sans voix. Comment ça nouveau camarade ?
Je jette un œil à Chloé en me retournant. Elle est aussi bouche-bée que moi. Et je vois que la plupart des autres filles de la classe aussi. Cela ne m'étonne pas. Un aussi beau mec que Pye ne restera pas longtemps célibataire dans une classe constituée principalement de filles. Quant à Arthur, je vois qu'il lui lance un regard noir et serre les poings. Je ne peux m'empêcher de sourire discrètement avant de me retourner vers le tableau.

—Alors, Pye, présente-toi, l'invite Mme Ménis.
— Et bien il n'y a pas grand-chose à savoir sur moi. Je m'appelle Pye Howen, comme vous l'a dit Mr. Nolan, j'ai presque 19 ans et je viens des Etats Unis, où je vivais avec mes parents. Je les ais suivis lorsqu’ils ont déménagé ici pour leurs affaires.

Pendant qu'il parle, je ne peux m'empêcher de le regarder entièrement. Il est habillé très sobrement, avec un t-shirt à manches longues style joueur de base-ball blanc et rouge qui tombe parfaitement sur ses épaules et son torse, accompagné d'une veste noire, d'un jean bleu foncé et de converses noires. Il tient son sac à dos noir rayé de blanc sur une seule épaule, et pourtant il se tiens très droit, comme si son sac ne pesait rien. Ou alors, il est très musclé. Je me mets à imaginer ses biceps, bien moulés par son t-shirt.
Je secoue la tête. Je ne peux pas me permettre ce genre de pensées, sinon je ne me mettrais jamais au travail quand il sera dans les parages. Et apparemment il est là pour quelques mois. Je relève la tête pour voir ce qu'il se passe et je le vois rire avec notre professeur. Son rire est vraiment magnifique : il dévoile une dentition parfaite, pas de dents de travers, blanches comme de la niege immaculée. Ses joues se relèvent en petites fossettes et ses yeux se plissent. Ses cheveux noirs comme l'ébène et légèrement longs lui tombent sur le front et les yeux. Il se recoiffe d'un mouvement habile, toujours en souriant. En ce moment même, je dois être en train de l'observer comme une lionne observerait une gazelle en période de chasse : avec envie. Je secoue une nouvelle fois la tête.

Elisabeth, reprend toi enfin ! me crie ma conscience.

Je n'ai pas envie de l'écouter. Je me prends à apprécier de le regarder, parce que, c'est vrai, qu'est-ce qu'il est beau. Je ne peux pas le nier, il m'attire. Et puis, cela fait quatre jours que je l'ai vu pour la première fois, je l'ai vu trois jours sur quatre et j'ai même rêvé de lui. C'est tout de même étrange. Je me dirais bien qu'il me suit, mais c'est impossible. Et puis pourquoi il me suivrait ?

—Tu n'as qu'à t'assoir à côté d'Elisabeth et suivre avec elle.
Je relève la tête une nouvelle fois et plonge mon regard dans celui de ma prof. Elle veut me torturer ou quoi ?! Pye, lui, me regarde en souriant, un regard bienveillant. Je sens le regard noir de toutes les filles de la classe dans ma nuque lorsqu'il s'assoit à côté de moi sans me lâcher du regard.

—Salut Elisabeth, me chuchote-t-il avec un clin d'œil.
— Salut, je lui réponds dans un murmure.
— Tu vas bien ?
— Oui et toi ?
—Evitez de faire connaissance pendant mon cours, vous deux, nous interromps Mme Menis. Sinon je te changerais de place, Pye.
— Sinon il peut se mettre à côté de moi, propose alors Amandine, quelques tables derrière moi. A côté de quelqu'un de plus... Sérieux qu'Elisabeth.

Je serre les dents. Je déteste cette fille. C'est la fille parfaite sur tous les points de vue. Joli visage, beaux cheveux bruns, 1,69 m pour 52 kilos et un beau 90C. Amandine est la capitaine de son équipe de danse, et aussi une des premières de la classe. Tous les vêtements lui vont, et elle en profite pour mettre son corps en valeur, alors que du haut de mes 1,61 m, 55 kilos et une taille de soutien-gorge comparable à celle d'une gamine de 15 ans, je ne peux pas rivaliser avec " la Reine Amandine". Et elle n'hésite pas à me le faire remarquer à chaque fois qu'elle en a l'occasion.
Je ne réponds pas, elle n'en vaut pas la peine de toute façon. Et l'espace d'un instant, je suis persuadée qu'il va se lever pour la rejoindre. Pye se retourne, la fixe l'espace de quelques secondes en haussant un sourcil, puis se tourne vers le prof.

— Non c'est bon je vais rester là. Veuillez excusez le dérangement madame, c'est moi qui dérangeais mademoiselle Miller.

Je me fige. Comment connais t'il mon nom de famille ? Je ne me rappelle pas lui avoir dit. J'essaye de me détendre en me disant qu'il a dû le voir quelque part sur une de mes feuilles étalées sur le bureau, mais après vérification rapide, mon nom n'est écrit nulle part. Je décide de ne pas y prêter attention pour le moment.
Je vois le visage de ma prof rosir légèrement sous le regard profond du garçon à côté de moi. C'est fou, il intimide même une jeune femme.

Nous reprenons le cours, et pour être sûr que nous ne discuterons pas, Pye et moi, elle décide de nous faire lire le passage. Je commence, et à la fin de ma partie, Pye me reprend. Lorsqu'il se met à parler en anglais, je tourne ma tête vers lui. Je n'ai jamais entendu une personne avec un accent anglais aussi sexy. Il m'impressionne. Et pas que moi. Lorsqu'il termine de parler et relève la tête de mon livre, Mme Menis le regarde en souriant. Elle secoue la tête positivement, et passe à la personne suivante. Lorsqu'il tourne la tête pour revenir au livre, il voit que je le fixe, interloqué. Il émet un léger rire avant de me faire un clin d'œil et de pousser le livre un peu plus vers moi pour que je puisse lire en même temps que lui.
Je me rapproche instinctivement de lui et nos épaules se frôlent. Un frisson me parcourt alors, et je le sens du sommet de mon crâne, redescendre rapidement jusqu'à mes orteils. Mais qu'est-ce que ce gars est en train de me faire ?

A la fin de l'heure, alors que je m'apprête à rejoindre mes amis, la prof m'interpelle, ainsi que Pye. Je fais signe à Chloé de m'attendre dehors alors que je rejoins Pye devant le bureau. La salle se vide et nous nous retrouvons que tous les trois. Mme Ménis nous regarde à tour de rôle.

— Bon, j'ai eu comme l'impression que vous vous connaissez déjà, alors ça va être plus simple. Elisabeth, je voudrais que tu aides Pye à rattraper tous les cours importants dont il aura besoin pour le bac. Je sais que tu pourras y arriver, ajoute-t-elle en voyant que j'écarquille les yeux.
— Mais madame, j'ai déjà des difficultés, comment voulez-vous que je puisse l'aider ?
— C'est Monsieur Nolan qui m'a demandé de lui trouver quelqu'un et vu que vous connaissez déjà, ce sera parfait pour Pye. De plus, d'après ton dossier, Pye, tu avais de très bons résultats dans ton précédent lycée. Donc comme ça tu pourras aider Elisabeth si jamais elle en a besoin.
— Bien sur madame, accepte Pye pour nous deux.

Je me tourne vers lui, la bouche ouverte prête à répondre, mais son regard m'empêche de le faire, alors je ferme la bouche et ne dit rien.

— Parfait alors, continue notre professeur, qui de toute évidence ne s'est aperçue de rien. Dans ce cas, je vous laisse sortir.

Nous obéissons et je retrouve Chloé et Arthur devant la porte. Ce dernier jette un regard noir à Pye juste derrière moi.

— Alors qu'est-ce qu'elle voulait ? me demande Chloé dès que j'ai mis un pied dehors.

Je n'ai pas le temps de répondre qu'Amandine et sa bande de copines abordent Pye, - sans oublier de me bousculer, qui me talonnait.

— Pyyyye ! S’écrit-elle en me jetant un regard en coin. Viens avec nous, on va te faire visiter.

Il n'a même pas répondu qu'elles l'emmènent déjà loin de moi. Amandine me jette un sourire mauvais lorsqu'elle l'attrape par le bras en s'éloignant. Je détourne le regard et répond à mon amie. Je lui explique tout ce qui s'est dit dans la salle. Arthur ne dit rien, malgré qu'il ne cache pas son agacement. La sonnerie se fait entendre, nous rappelant que nous sommes en retard pour notre prochain cours : Philosophie.

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