Chapitre 22
—Je sens qu’Elisabeth nous cache quelque chose ! lance Arthur en posant une bouteille d’Ice tea à côté de son lit, avant de s’allonger dessus à coté de Léa et Chloé.
—Hein ? Je demande en relevant la tête de mon téléphone.
— Je suis d’accord, dit Chloé en piochant dans le bol de chips posé sur le lit. Tu as la tête ailleurs depuis ce matin, et depuis qu’on est ici, tu passes ton temps devant ton téléphone.
— Excusez-moi…
Je pose mon téléphone sur le bureau et leur lance un sourire.
— Qu’est-ce qu’il y a ? Tu peux nous le dire, tu sais.
J’hésite un instant, puis me dis que je peux leur faire confiance, et qu’ils ne me jugeront pas.
—J’ai un rencard avec Harry vendredi soir.
Cholé me regarde avec de grands yeux tandis que Léa s’exclame :
—Mais c’est génial ! Il est super sympa, en plus.
—Mais, et Pye ?
— Je pense que c’est la bonne décision, lance Arthur.
—Tu dis ça parce que tu n’aimes pas Pye.
—Ça n’a rien à voir. Harry est un bon gars. Alors que Pye est une vraie girouette.
C’est un coup oui, un coup non. Un jour il ne te lâche pas, le lendemain il a Amandine dans les bras. Alors que quand on était au bar la dernière fois, Harry avait cette façon de te regarder… Je pense que tu lui plais vraiment. Alors tu devrais tenter ta chance.
—C’est vrai, ajoute Léa. On a discuté un petit peu avec lui, il était fort sympathique.
Après, je ne connais pas bien Pye, ni votre relation, mais j’ai vu plus d’une fois Amandine lui tourner autour, et il ne l’a pas souvent repoussé.
Chloé nous regarde sans dire un mot. Elle doit tenter d’assimiler la situation.
—Qu’est-ce que tu en penses, je lui demande.
Elle relève la tête vers moi, et je sens dans son regard qu’elle pense directement à sa relation avec Tim. Même si elle ne m’en parle jamais, je sais qu’elle tient vraiment à lui. Et je sais qu’elle a peur que Tim prenne le parti de son meilleur ami dans cette histoire.
—Chloé, Tim t’aime, tu n’as pas à t’inquiéter pour ta relation. Je suis sûre qu’il saura se détacher de cette histoire.
—Je sais, ce n’est pas ça qui m’inquiète. C’est Harry. J’ai discuté un peu avec Tim. Il m’a dit que Pye avait merdé, mais il n’a aucune confiance en Harry. Il n’a pas voulu me dire pourquoi, il m’a juste dit qu’il fallait se méfier de lui.
Je reste silencieuse un moment. Harry m’a l’air vraiment sincère, et l’histoire de Pye est complètement folle. Mais j’ai envie de faire confiance à ma meilleure amie.
—Au pire, un rencart n’officialise rien. Rien ne m’empêche d’y aller et je verrai bien comment ça se passe.
Chloé ne me répond pas, mais je sais qu’elle est d’accord avec moi.
—En tout cas, me lance Léa, on attend tous les détails !
— Vous savez que son père est agent dans une maison de disque ? je lance soudain en me rappelant de ce détail.
— Quoi ?! s’écrie Chloé. Pourquoi tu ne nous l’as pas dit plus tôt ?
— Je ne voyais pas l’utilité d’en parler avant.
— Tu devrais y aller, me dit-elle. Imagine tu deviens connue !
— N’abuse pas.
— En vrai, tu as des chances, ajoute Léa. Tu as vraiment du talent.
— Je vais y réfléchir.
Je lui souris et je retourne sur mon téléphone. J’ai reçu une notification un peu plus tôt dans l’après-midi, m’indiquant que Pye était en train d’écrire dans une de nos conversations. Mais je n’ai jamais reçu de message de sa part. Et comme une idiote, j’attends encore. Malgré mon rendez-vous avec Harry, j’ai toujours l’espoir que Pye se réveille et décide de se donner dans notre relation. Je soupire. Si j’attends qu’il fasse le premier pas, je pense que je vais attendre longtemps. Je retiens alors mon souffle une seconde, et décide de lui envoyer un message. La dernière fois où nous avons parlé, c’était avant-hier lorsqu’il m’a dit être le fils de Zeus. Je n’ai aucune idée de la façon dont je dois lui parler.
« Pye ? »
Simple. Efficace. Presque immédiatement, mon message est vu. Je vois qu’il commence à écrire, et les minutes passent. Rien ne vient, et je commence à m’impatienter.
« Eli. »
Wow. Tout ça, pour ça. L’espace d’un instant, je n’ai même pas envie de faire l’effort de lui parler. Mais au final, peut-être qu’il a juste peur ?
« Comment vas-tu ? »
« Ça va. Et toi ? »
« Ça va »
Cette discussion est bien trop idiote. Mes doigts dansent au-dessus de mon téléphone, et je n’ai aucune idée de ce que je peux envoyer. J’y réfléchis, mais rien ne vient. Je soupire en reposant mon téléphone. J’essaye d’écouter la conversation de mes amis, mais je n’arrive pas à me concentrer sur ce qu’ils disent. Mes yeux glissent à nouveau sur mon écran, et je m’étonne d’y trouver un nouveau message.
« Tu as réfléchi à ce que je t’ai dit ? »
Je me gratte l’arrière du crâne, cherchant mes mots. Ce qu’il m’a dit est presque complètement fou, et je ne sais pas quoi croire. Sa version des faits, ou ce que m’a dit Harry.
« Je ne sais pas quoi penser, Pye. J’ai besoin de réfléchir à tout ça. Tout ce que tu m’as dit est assez incroyable ».
« Je sais bien, je suis désolée de t’avoir autant troublée. Je te laisse le temps de te poser, pour réagir à tout ça. Il faut juste que tu saches que je tiens beaucoup à toi… Et que si tu as besoin de parler, si tu as des questions, ou quoi que ce soit, n’hésite pas à m’appeler… »
Je ne réponds pas et pose mon téléphone. C’est plus que des réponses dont j’ai besoin. Mais je ne suis pas prête à y réfléchir sérieusement. Je pense que je vais laisser passer le reste de la semaine, mon rendez-vous avec Harry, et j’en discuterai avec lui après tout ça. J’essaye à nouveau de me concentrer sur mes amis, même si au final, je n’y porte pas vraiment attention.
—Comment tu me trouves ? Je demande à mon père en arrivant dans le salon.
Mon père lève les yeux de son journal et glisse ses lunettes sur sa tête.
— Ma fille, tu es très en beauté, ce soir.
Je fais mine de lisser ma robe en velours noir et remet en place mon décolleté.
—Tu vas faire tourner les têtes ce soir. Pas juste celle de ton cavalier.
Je ris et me penche pour l’embrasser sur la joue.
—N’exagère pas, je lui dis.
—Tu feras bien attention à toi, je compte sur toi.
Je lui souris et jette un œil à mon téléphone lorsque celui-ci vibre. C’est Harry qui m’indique qu’il est en bas.
— Il est là, je dis.
Mon père se lève pour m’enlacer et je me laisse aller contre lui une seconde.
—Fait bien attention à toi ce soir, ma fille. Amuse- toi bien, et ne rentre pas trop tard, surtout.
Il m’embrasse le front, et me lâche. Je lui souris avant d’enfiler ma veste, d’embrasser sa joue une nouvelle fois et de sortir rejoindre mon ami. Celui-ci est assis sur le capot de sa voiture, les mains dans les poches. Il porte un jean noir ainsi qu’une chemise noire à manches longues. Il a coiffé ses cheveux en arrière, et une petite barbe apparait sur son menton et ses joues. Il faut le reconnaitre, il est très séduisant. Lorsqu’il me voit, son sourire se fait plus grand et il se redresse pour me faire face.
—Wow, sont les seuls mots qu’il prononce.
Je me mets à rougir instantanément lorsqu’il se penche vers moi pour m’embrasser la joue.
—C’est une véritable chance que j’ai ce soir de pouvoir m’afficher avec une si jolie femme que toi à mon bras.
—N’exagère pas, je réponds en riant.
— Ce n’est vraiment pas le cas !
Sur ces mots, il m’ouvre la portière côté passager, et me fait signe d’entrer. Je m’exécute et il fait rapidement le tour pour me rejoindre dans l’habitacle. Il démarre, et met de la musique ni trop fort ni trop faible, pour que l’on puisse tout de même discuter.
—Comment tu te sens ?
—Un peu stressée, je réponds. La dernière fois que j’ai eu un rendez-vous, il s’est assez mal terminé.
Je chasse rapidement le souvenir de mon rendez-vous au restaurant avec Arthur pour me concentrer sur la route.
— Alors j’espère te faire passer une super soirée.
Me jetant rapidement un regard, il me sourit, et le reste du trajet se passe calmement. J’essaye de lui soutirer des informations sur l’endroit où il m’emmène, mais il refuse de me dire quoi que ce soit.
Au bout de près d’une vingtaine de minutes, il se gare sur un parking éclairé par de nombreux lampadaires. Le parking est à moitié plein, et lorsque nous sortons, je remarque seulement maintenant le restaurant. Au bout du parking, le nom du restaurant est éclairé par des lanternes. Deux colonnes entourent la porte d’entrée, de chaque côté d’un long tapis rouge.
— C’est très beau.
—Il faut bien ça pour une fille aussi jolie que toi.
Il me fait un clin d’œil et m’invite à prendre son bras. Je l’accepte avec plaisir et nous marchons ensemble vers l’entrée du restaurant. Lorsque nous passons la porte, je reste impressionnée devant la beauté de l’intérieur. L’intérieur est éclairé de lanternes accrochées au plafond, et les tables sont délimitées par différents paravents en bois taillés avec des motifs de feuilles de vigne, et décorés de fausses lianes en plastiques qui font très réalistes. Un serveur nous mène jusqu’à notre table, et Harry tire ma chaise pour que je m’y installe. Pendant qu’il fait le tour pour s’assoir à son tour, j’observe la nappe blanche et les petits surplus rouges où sont posés deux bougies. Au plafond, au-dessus des lanternes, de milliers de petites lumières donnent l’impression d’un ciel étoilé.
— Je vous apporte la carte tout de suite.
Le serveur m’interrompt dans mes pensées et disparait derrière le paravent.
— Ça te plait ? Me demande Harry en posant sa serviette à côté de son verre.
— C’est incroyable.
Je le vois me sourire et le serveur revient. Nous restons silencieux le temps d’examiner la carte, et je retiens un rire lorsque je remarque que sur mon menu, les prix sont cachés. C’est qu’il est gentleman. Nous commandons tous les deux, et le serveur nous apporte une bouteille de vin blanc.
— Je vous sert ?
— Bien sûr, répond Harry avec un petit signe de bras. Tu en bois, Eli, n’est-ce pas ?
— Coteaux du Layon, année 2020, me précise le serveur en me jetant un regard.
— Euh, oui, merci.
Je n’ai pas l’habitude de boire du vin, mais il faut bien avoir des premières fois à tout. Je regarde le liquide jaunâtre avant de cogner légèrement mon verre à celui de mon partenaire pour la soirée.
— A toi, ma belle.
Je porte la coupe à ma bouche et y trempe mes lèvres. C’est très légèrement amer, mais ça reste doux. C’est bon.
— Tu aimes ? me demande t’il.
— C’est loin d’être mauvais.
Il me sourit et nos plats arrivent. Il n’y a pas à dire, ce restaurant et les plats qu’ils proposent sont délicieux.
— C’est super bon, je dis à Harry en avalant ce que j’ai dans la bouche.
— C’est vrai.
La soirée passe doucement, quoi que bien trop vite à mon goût. Harry est vraiment quelqu’un de super, et même si j’en était déjà persuadée, j’en ai maintenant la certitude. Et je suis maintenant encore plus perturbée que je ne l’étais avant. Est-ce que je dois le croire lui, ou croire Pye ?
A la fin de la soirée, il me raccompagne jusqu’à chez moi.
— Merci. Pour la soirée, me dit-il en me raccompagnant jusqu’à ma porte.
— Merci à toi de m’avoir invitée.
Nous restons immobiles une petite seconde, à se regarder dans le blanc des yeux, et l’espace d’un instant l’idée me traverse qu’il puisse m’embrasser. Mais je secoue la tête, m’ôtant l’image plus que l’idée. Je ne dois pas succomber. Même si Harry me plait, je ne vais pas mentir, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à Pye toute la soirée. J’ai envie de croire qu’il me dit la vérité, mais c’est tellement fou d’imaginer que tout ça soit possible. Harry doit percevoir mon trouble car il m’attrape la main.
— Je vais te laisser rentrer te coucher, me dit-il finalement.
Il se penche vers moi et m’embrasse aux bords des lèvres. Il me sourit, avant de s’éloigner, en me laissant là, pantelante. Je me dépêche de rentrer pour aller directement dans mon lit. Mais qu’est-ce qu’il se passe, encore ?
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