Chapitre 2

Il est presque 19h15 lorsqu' Arthur nous rejoint dans ma chambre. Chloé vient de sortir de la douche, et je suis devant ma glace en train de me coiffer, en short et débardeur. 

—Arthur ! Je m'écrie dès qu'il pousse la porte. 

Je le vois lorgner sur mes jambes l'espace de quelques secondes, ce qui me fait retenir un sourire. 

— Chloé vient de sortir, tu peux aller te préparer.
— D'accord, merci.
— Tu arrives pile au bon moment ! s'exclame Chloé en sortant de la salle de bain en sous-vêtements enroulée dans une serviette.
— Je vois ça, dit-il en riant. 

Puis il me jette un dernier regard avant de rentrer dans la salle de bain. Je retourne à ma coiffure pendant que Chloé enfile sa robe verte qui lui va merveilleusement bien et qui tombe parfaitement sur ses formes. Quant à moi, j'enfile la robe bleu électrique qu'elle m'a forcée à acheter sous prétexte qu'elle me va " parfaitement bien". C'est une robe moulante à partir du bassin qui m'arrive 10 cm au-dessus des genoux. Le haut est légèrement large et il me tombe sur les épaules pour tomber en dos nu jusqu'en bas du dos. Je me regarde dans la glace, et je m'étonne de me trouver aussi jolie. Ce qui est rare venant de moi. Mes cheveux blonds cendrés tombent sur mes épaules et le léger maquillage que Chloé m'a obligée à porter me fait paraitre plus mature que je ne le suis. Pour me vieillir un peu plus, j'enfile des escarpins noirs. Quelques minutes après, Arthur sort de la salle de bain en portant juste un jean noir, et se dirige vers mon lit où est posé une chemise blanche. Je le regarde du coin de l'œil passer torse-nu, en détournant innocemment la tête à chaque fois qu'il me regarde. Lorsqu'il se redresse pour fermer les boutons de sa chemise, il se tourne vers moi. 

—Aussi, avant d'aller en soirée, Chloé, ton père et moi avons un cadeau pour toi.

Je me retourne pour voir Chloé et la vois dans l'embrassure de la porte, en compagnie de mon père. Arthur se faufile derrière eux et reviens quelques minutes après avec un gros cadeau violet et vert. Je lui souris quand il le pose sur mon lit. Je sautille partout jusqu'à ce que je commence à l'ouvrir. 

Ainsi, je découvre une grande cage, ainsi qu'une petite boule de poil noir et blanche recroquevillée dans un coin. Je retiens un petit cri lorsque j'ouvre la cage pour pouvoir attraper le lapin. Il est tellement petit qu'il tient dans mes mains. Il s'y recroqueville encore plus tant il est effrayé. Je le repose délicatement dans sa cage et saute sur la première personne à côté de moi, qui s'avère être Arthur.
« Comme par hasard », je me dis. Je serre tellement fort mes bras autour de son cou, qu'il commence à étouffer. Je m'excuse en desserrant mon étreinte. Je ne le lâche cependant pas et enfonce ma tête dans son cou. Je sens ses bras entourer ma taille et sa tête se poser contre la mienne. Nous restons comme ça pendant un temps qui me semble durer des heures. J’hume son odeur. Il sent tellement bon... Nous sommes soudain interrompus par mon père qui toussa. 

—Excusez-moi de vous déranger tous les deux, mais on a aussi participé au cadeau, donc nous aussi on veut un câlin ! 

Je m'éloigne d'Arthur, rouge de honte, et saute cette fois-ci sur ma meilleure amie et mon père en les remerciant de tout mon cœur. Puis je retourne m'occuper de la petite créature qui attend dans sa cage. 

Une demi-heure plus tard, nous laissons mon père et le lapin, que j'ai choisi de nommer Olympe, et nous partons dans la voiture d'Arthur. Je ne sais pas où ils m'emmènent, car en montant dans la voiture, Chloé m'a passé un bandeau sur les yeux pour que je ne puisse pas voir le chemin que nous empruntons. De ce fait, lorsqu'il arrête la voiture, je suis étonnée de sentir un sol meuble sous mes pieds. J'ai un peu de mal à les suivre à cause de mes talons mais j'imagine que Chloé aussi a du mal à suivre. 

— Où est ce qu'on va ? Je demande au bout de 5 minutes de marche. Vous n’avez pas l'intention de me tuer ou de m'enterrer vivante j'espère. 

Pour toute réponse je reçois une claque derrière la tête et Cholé rigole.

— Tu verras bien.

Je me contente donc de suivre comme je peux mes deux amis jusqu'à ce que mes pieds touchent enfin quelque chose de dur. Le claquement de mes talons résonne sur ce qui semble être du ciment, et l'air se réchauffe autour de moi, signifiant que nous sommes entrés dans un bâtiment. Je sens une faible odeur de renfermé. Nous marchons encore quelques secondes et nous nous arrêtons. 

—Tu peux retirer ton bandeau, me dit Arthur. 

Je m'exécute et en premier lieu, je suis éblouie par la lumière qui me force à fermer les yeux. Puis, lorsque mes yeux s'adaptent à la lumière, j'aperçois des formes, qui s'avèrent être des personnes. Des personnes en tenue de soirée sous une grande banderole peinte en différentes couleur où les mots "JOYEUX ANNIVERSAIRE ELISABETH !!" sont écrits en grosses lettres. 

— Surprise ! s'écrient-il.  

Je porte mes mains à ma bouche dans l'espoir de masquer ma surprise et les larmes qui me montent aux yeux. J'aperçois dans l'assemblée Graham, mon grand frère, un bouquet de roses rouges à la main, que je n'ai pas vu depuis près de deux ans et que je ne pensais pas revoir pendant encore un petit moment. Je me précipite sur lui et lui saute dessus, en pleurs. Il se met à rire avant de me serrer dans ses bras. 

— Bon anniversaire ma chérie, me chuchote-il a l'oreille. 

Je le serre encore plus fort en enfouissant ma tête dans son cou. Graham et moi étions très proches lorsque l'on était enfants. Même maintenant nous le sommes encore, mais suite au décès de notre mère il y a 3 ans, sa relation avec notre père s’est transformée en catastrophe. Ils ne pouvaient même pas se dire bonjour sans que cela se termine par une dispute. Graham a donc pris la décision, à 21 ans, de partir s'engager dans l'armée. Ce qui explique que cela fait deux ans que je ne l'ai pas vu. 

—Tu m'as manqué ! Je m'écrie quand il me prend par les épaules pour me repousser et me regarder. 

J'ai grandi depuis la dernière fois que je l'ai vu et je lui arrive maintenant à hauteur des yeux. Mais même avec mes talons, je dois encore lever la tête pour pouvoir le regarder dans les yeux. 

— Toi aussi tu m'as manqué. Qu'est-ce que tu es belle ! 

Je lui souris et lui embrasse la joue. Il me tend mon bouquet que je prends dans mes deux mains. Je me tourne vers tous mes amis qui se sont déplacés et leur sourit. Puis je vais poser mon bouquet dans un vase préparé pour l’occasion sur une table où plusieurs cadeaux de pleins de couleurs et plusieurs tailles différentes sont posés. Les premières notes de "Don't Worry" de Madcon se font entendre. Mes amis se mettent à crier et certains se jettent sur la piste de danse alors que d'autres préfèrent aller grignoter les pizzas disposées sur une autre table à l'autre bout de la salle. 

Oh, we can own the night
Don’t worry ‘bout a thing
Don’t worry ‘bout a thing
Don’t worry ‘bout a thing

Let’s get down to business 

and show me what you got
just keep the record spinning
the music never stops
you wanna live forever
and reach above the stars
Let’s take it to next level
just light the space ship up

Them bright big lights are shining on us
That beat so tight it makes you wanna
get up get down like there’s no tomorrow
like there’s no tomorrow
like there’s no tomorrow

Oh, on peut posséder la nuit
Ne t’inquiète pas pour ça
Ne t’inquiète pas pour ça
Ne t’inquiète pas pour ça

Allons droit au but

Et montre-moi ce que t’as
La musique n’arrête pas
tu veux vivre éternellement
Et atteindre les étoiles
Emmenons ça au niveau supérieur
Allumons le vaisseau spatiale

Les grandes lumières brillent sur nous
Ce beat rapide te donne envie de
bouger comme s’il n’y avait pas de lendemain
comme s’il n’y avait pas de lendemain
comme s’il n’y avait pas de lendemain

Ils viennent tous me voir à tour de rôle, et je vois Arthur, Chloé et Graham discuter à quelques mètres de moi. Pendant ce temps-là, j'observe la salle. Elle est très bien décorée et plutôt grande. Sur ma droite, il y a un couloir qui longe une estrade et qui mène aux toilettes. Je jette un œil à la piste de danse et je me sens tirée vers celle-ci. Je regarde ma main qui est dans celle de Chloé, qui me sourit. Je lui rends et je la suis sur la piste de danse, sur laquelle je me déchaine pendant au moins une heure. 

Lorsque la personne chargée de s'occuper de la musique lance un slow, "Can you feel the love tonight" de Elton John, plusieurs personnes se mettent à soupirer et quittent la piste. Je m'apprête à faire pareil mais Arthur m'en empêche. 

— M'accorderiez-vous cette danse, mademoiselle ? 

Je rougis en souriant et m'incline en soulevant légèrement le pan de ma robe, comme le font les princesses dans les films. 

— Avec plaisir, monsieur. 

Ainsi je me colle à lui et pose mes bras autour de son cou tandis qu'il met ses mains sur ma taille. 

There's a calm surrender
To the rush of day
When the heat of the rolling world
Can be turned away
An enchanted moment

And it sees me through
It's enough for this restless warrior
Just to be with you

And can you feel the love tonight?
It is where we are
It's enough for this wide-eyed wanderer
That we've got this far
And can you feel the love tonight?
How it's laid to rest?
It's enough to make kings and vagabonds
Believe the very best

Il y a un abandon calme dans l'élan du jour
Quand la chaleur d'un vent houleux peut être détourné
Un moment enchanté, et il me comprend
C'en est assez pour ce guerrier agité d'être juste avec de toi

Et peux-tu sentir l'amour ce soir ?
Il est où nous sommes
C'est assez pour ce vagabond naïf
Que nous en soyons arrivés là
Et peux-tu sentir l'amour ce soir ?
Comment il se met pour le repos
S'en est assez pour les rois et les vagabonds
De croire au meilleur

—Ta surprise te plait ? me demande t’il alors que la musique résonne dans mes oreilles.

Sa voix raisonne comme celle d'Elton John, comme s’il avait pris un ton sensuel pour s'adresser à moi et je frissonne.

— Effectivement, tu ne pouvais pas faire mieux. Merci. 

Il rigole. 

— Ce n'est pas moi que tu dois remercier, c'est Graham qui en a eu l'idée.
—  Mais tu y as participé aussi non ?
— Oui bien sûr.
— Bah voilà, je réponds en rigolant. 

Puis je me serre plus fort contre lui en posant ma tête dans le creux de son cou. Il fait de même et je sens son souffle dans mon oreille. Son étreinte se resserre autour de ma taille.

— Qu'est-ce qu'il a de plus que moi ... ? 

J'ai un léger mouvement de recul dû à mon incompréhension, mais il m’empêche de m'en aller, comme s’il ne voulait pas que je le regarde. Sa voix est faible, comme un murmure, un son étouffé. 

— De quoi tu parles Arthur ?
— Le gars dans le café ce matin. 

Je frémis lorsque je repense à l'intensité de son regard, de ses yeux verts qui m'épiaient comme s'il me voulait, du léger sourire qui a fait remonter ses fossettes parfaites lorsque je chantais en le regardant. Je secoue la tête pour cesser de penser à cet inconnu que je ne reverrai plus jamais. 

C'est de Arthur dont je suis amoureuse, et je ne remettrai pas mon amour pour lui en doute pour un homme que j'ai vu une fois dans ma vie et à qui je n'ai même pas adressé la parole, où seulement quand je chantais... Non. Non c’est faux. Ces paroles étaient destinées à Arthur, et pas à cet homme ! 

— Il n'a rien de plus que toi, tu...
—Alors pourquoi tu ne me regardes jamais comme tu l'as regardé lui ? m’interrompt-il.

"Je te regarde comme ça, mais tu ne le vois jamais." je pense. Seulement je n'arrive pas à le lui dire. Les mots ne veulent pas passer ma bouche et ses paroles me troublent légèrement. 

— Parce que... Je commence à marmonner. Je le fais mais... 

Je parle tout bas, si bas que je ne suis pas sure qu'il m'entende. 

— De toute façon qu'est-ce que ça change, fini-je par dire. Je ne le reverrai jamais et c'est avec toi que je veux passer tout mon temps et pas avec quelqu'un que je ne connais même pas.  

Je le sens sourire contre mon oreille. J'espère qu'il a compris, que je l'aime, avec mon sous-entendu. La fin de la musique arrive et je m'éloigne de lui à contre-cœur. Puis la musique suivante s'avère être une des musiques sur laquelle Chloé danse, alors elle monte sur l'estrade et se met à danser, seule, mais nous nous réunissons tous autour d'elle pour l'encourager. Je suis juste devant elle. La salle derrière nous est sombre et elle est juste éclairée par la lumière provenant des toilettes.

Alors que tout le monde crie et chante, moi la première, pour l'acclamer, quelque chose attire mon attention derrière elle. Dans le couloir menant aux toilettes, il y a une forme, humaine, sombre. Il regarde dans ma direction, mais je ne vois pas son visage, vu qu'il est dos aux lampes. Soudain la lumière, ainsi que la musique, se coupe et tout deviens noir. Des gens crient sous l'effet de la surprise, mais ce qui m'interpelle c'est le courant d'air froid qui passe sur mon corps et qui fait s'envoler légèrement mes cheveux. Je n'entends plus les gens à côté de moi et je ne sens plus leur présence. J'essaye d'attraper la main d'Arthur qui était juste à côté de la mienne, mais celle que je touche est beaucoup trop froide pour elle la sienne. Je tourne la tête vers là où était censé se trouver mon ami et la lumière reviens avant de s'éteindre de nouveau, juste quelques secondes après. Je reste pétrifiée et je n'entends plus aucun bruit autour de moi. Puis mon sens de l'ouïe revint peu à peu et des bruits se font entendre, même si je ne comprends pas ce qu'il se dit autour de moi. 

—…beth ! 

Je tourne vivement la tête à ma gauche et je suis heureuse de voir Arthur, même s'il me regarde avec inquiétude. 

— Qu'est-ce qu'il y a tu es toute blanche, on dirait que tu as vu un fantôme ! 

Je ne réponds rien, car ce que j'ai vu lorsque la lumière s'est rallumée une seconde, n'avait rien d'un fantôme et était réel. L'homme qui se trouvait en face de moi et à qui je tenais la main, aussi froide qu'un cadavre, avait la peau aussi blanche qu'un linge et les cheveux mi long aussi noir qu'un corbeau. Il aurait été incroyablement beau, s'il n'avait pas eu ce regard aussi effrayant, d'un rouge profond, comme un mélange de feu et de sang, menaçant comme le regard porté à quelqu'un qu'on haïrait de tout notre être, de toute notre âme, même s'il ne semblait pas en posséder une.
Et puis, comment quelque chose de réel pourrait apparaitre et disparaitre de cette façon en si peu de temps ?
Je jette un regard vers le couloir : il est vide.

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