Chapitre 19
Ça fait trois heures que j'attends. Je n'ai eu aucune réponse aux cinq messages que je lui ai envoyé. Je suis habillée, mon manteau, mon écharpe, mon bonnet et mes chaussures sont posées sur ma chaise de bureau, prêts à être enfilés. J'ai attendu toute l'après-midi sur le qui-vive, et il ne m'a donné aucun signe de vie. Plusieurs fois, mon père est passé devant ma porte et m'a demandé quand je sortais, je n'ai pas su lui répondre.
Je soupire. Au point où j'en suis, je n'ai plus la patience d'attendre. Il semblerait que mes réflexions d'hier soient vraies : je n'étais qu'un objectif à attendre, et il n'en a plus rien à faire. Résignée, je me lève, attrape mon pyjama et me dirige vers la salle de bain. Je pose mon téléphone sur le rebord de l'évier et lance la musique en aléatoire. Je me déshabille et me glisse sous l'eau chaude. Je la laisse dégouliner sur mes cheveux, mon visage, et le reste de mon corps qui devient rapidement rouge sous la chaleur. La cabine de douche se remplit de buée tandis que la musique résonne dans la salle de bain.
And another one bites the dust
But why can I not conquer love ?
And I might have thought that we were one
Wanted to fight this war without weaponss
And I wanted it, I wanted it bad
But there were so many red flags
Now another one bites the dust
And let's be clear, I'll trust no one
You did not break me
I'm still fighting for peace
Et un autre mord la poussière
Mais pourquoi est-ce que je ne peux pas conquérir l'amour ?
Et j'ai probablement pu penser que nous ne faisions qu'un
Je voulais combattre cette guerre sans armes
Et je le veux et je le veux vraiment
Mais il y a tellement de drapeaux rouges
À présent un autre mord la poussière
Et soyons clair, je ne ferai confiance à aucun
Tu ne m'as pas brisée
Je combats encore pour la paix
Lorsqu'arrive le refrain de « Elastic Heart », « Cœur Elastique » de Sia, je m'époumone en chantant les paroles. Peu importe si les voisins m'entendent, je n'en ai rien à faire. J'ai besoin de me sortir Pye de la tête.
Les paroles résonnent dans ma tête, dans mon cœur. Je donne tout ce que j'ai comme si j'avais un public devant moi et que je me produisais sur une scène. Et mon angoisse s'évapore dans la fumée qui m'englobe. J'exorcise mes sentiments, chaque souvenir de lui disparait dans le flou de la buée, et même si cela ne dure qu'un instant. Je ne sais pas combien de temps je reste ici, sous l'eau brulante qui rougit ma peau, mais assez longtemps pour sentir l'eau refroidir.
— Et merde...
Je me dépêche de sortir de la cabine et de m'enrouler dans une serviette. J'espère que mon père a déjà pris sa douche, sinon il va me tuer d'avoir utilisé toute l'eau chaude. Je me sèche, et enfile mon pyjama, qui est composé d'un simple jogging avec un débardeur. J'enfile un gilet en pilou-pilou et des chaussettes bien chaudes et retourne dans ma chambre. Je manque de bousculer mon père en sortant de la salle de bain.
— Comment tu vas ? Me demande-t-il avec un air inquiet.
— Ça va, je lui réponds avec un sourire pour me donner une contenance. J'espère juste que tu as pris ta douche, parce que je crains qu'il n'y ait plus d'eau chaude.
Il lâche un petit rire avant de poser sa main sur mon épaule.
— Je voulais proposer à Sarah de venir dîner ce soir, mais si tu veux, je peux reporter.
— Non, ne t'en fais pas, dis-lui de venir, au contraire.
Ce n'est pas parce que je n'ai pas le moral que je dois gâcher la soirée de mon père. Et puis, ça fait un petit bout de temps que je n'ai pas vu Sarah. Mon père me sourit et se penche vers moi pour m'embrasser le front. Il fait ensuite demi-tour et retourne dans le salon pour appeler Sarah. Quant à moi, je retourne dans ma chambre. Soudain, mon téléphone sonne : c'est Chloé qui m'appelle.
« — Oui, Chloé ?
— Eli ! Tu as vu la publication d'Amandine ? »
Elle a une voix paniquée, et mon sang ne fait qu'un tour. Je mets le haut-parleur et ouvre mon application. Sa publication est la première de mon fil d'actualité. Je me fige et mon cœur se serre. Sur la photo, on aperçoit Pye assis sur un banc, avec Amandine assise sur ses genoux, en train de sourire à la caméra. A côté d'eux, il y a d'autres amis d'Amandine. Tout le monde semble heureux. Je comprends mieux pourquoi il n'a répondu à aucun de mes messages de toute l'après-midi. Il était bien trop occupé avec ses « amis ».
« — Eli ? » Me demande ma meilleure amie à l'autre bout du fil. « Tu vas bien ?
— Oui. Oui, ça va. »
Je ne sais pas quoi dire. Il s'est bien fichu de moi. J'entends que mon amie me parle, mais je n'entends rien. De l'autre côté de l'appartement, j'entends la porte qui claque. Sarah est là.
« — Je dois te laisser, Sarah vient d'arriver. »
Sans plus de politesses, je raccroche au nez de ma meilleure amie et me laisse tomber assise sur mon lit. J'ai presque envie de pleurer, mais je n'en ai pas la force. Je ne vais pas pleurer pour un homme. Pas encore. C'est fini. Je lâche mon téléphone sur la couverture à côté de moi et passe mes mains sur mon visage. Il s'est fichu de moi. En beauté. Et je suis tombée dans le panneau comme une bleue. Je me sens ridicule. Soudain, mon téléphone vibre. Je le prends sans grande conviction et regarde l'écran. C'est un message d'un numéro inconnu.
« Salut Elisabeth, comment vas-tu ? PS : C'est Harry. »
Harry ? Mais comment a-t-il eu mon numéro ? En le saluant à mon tour, je lui pose la question. Apparemment, ce serai Arthur qui lui aurait donné lorsque j'étais partie chanter lors de la soirée.
« Pour tout avouer » me dit-il dans un nouveau message, « Ça fait deux jours que j'hésite à t'envoyer un message. »
« Pourquoi tu ne l'as pas fait avant ? »
« Parce que j'avais cru comprendre que toi et Pye étaient relativement proches, mais après avoir vu la photo de lui sur les réseaux je me suis dit que j'aurai dû le faire avant. »
Son attention me touche, bien que mon cœur se serre à la lecture de son message. Même lui a vu la photo, et lui aussi doit me trouver ridicule. Je n'imagine même pas à quel point les autres doivent rire de moi entre eux, se moquer du fait que j'ai cru que Pye aurai pu s'intéresser à moi.
« Ah, tu l'as vue aussi... »
« Ecoute, tu ne dois pas te sentir mal pour ça. Mon cousin est un idiot, et toi tu es une fille géniale. Je ne sais pas ce qu'il se passait entre vous, mais tu mérites mieux. »
Je laisse échapper un sourire et mon cœur se réchauffe légèrement. Même si je ne connais pas Harry plus que ça, il sait trouver les mots justes.
« Comment tu peux savoir que je suis une fille géniale, tu ne me connais pas plus que ça »
« Il faudrait être aveugle pour ne pas s'en rendre compte. Où complètement idiot. »
Cette fois-ci, je ris de bon cœur. Harry arrive à me remonter le moral, et ça me fais du bien. De meilleure humeur, je me lève et rejoins le salon, où mon père et Sarah sont tous les deux installés dans les fauteuils en train de boire un verre. Je la salue et m'installe avec eux. Finalement, la soirée va peut-être se passer mieux que prévu.
Il est tard lorsque mon père raccompagne Sarah jusqu'à sa voiture. Pour ma part, je vais directement me coucher, parce qu'après tout, j'ai cours demain. J'ai discuté toute la soirée avec Harry, histoire de faire un peu plus connaissance. Ce type est génial, et j'ai dû me résigner à poser mon téléphone portable pour ne pas y passer la nuit. Il est déjà trois heures du matin et je me lève dans trois heures et demi, et vu comment j'appréhende la journée de demain, de croiser Pye, mais aussi Amandine, je ferai mieux de me reposer. J'ai envoyé un message d'excuse à Chloé pour lui avoir raccroché au nez, mais elle ne m'en veut pas. Elle comprend et aurai réagi de la même manière de moi. Cela me rassure, je n'avais vraiment pas envie de me disputer avec ma meilleure amie. C'est rassuré et un peu moins blessé que je m'endors cette nuit-là.
La journée du lendemain est assez difficile. Je passe plusieurs heures d'affilée à éviter Pye en redoutant la dernière heure de cours, en sachant parfaitement que je serai obligée de m'assoir à côté de lui en cours. Chloé essaye de me détendre tandis qu'Arthur s'est excusé de nombreuses fois pour avoir donné mon numéro à Harry, bien que je lui aie répondu tout autant de fois que ce n'était pas grave. Plusieurs fois j'ai entendu Amandine rire dans mon dos, et je l'ai royalement ignorée. Si elle croit m'atteindre, elle se fourre le doigt dans l'œil. Pye, lui, a essayé de me parler plusieurs fois, et je lui ai tourné le dos et planté là à chaque tentative d'approche.
Malheureusement, je sais que l'heure tourne et le cours d'histoire arrive. Dès la sonnerie, je m'installe à ma table en faisant un signe de tête à Chloé lui signifiant « Ne t'en fais pas, ça va aller » et sors toutes mes affaires de mon sac pour m'installer à table. Du coin de l'œil, je vois Pye hésiter une seconde avant de s'installer à côté de moi. Lorsqu'il ouvre la bouche pour me parler, la porte claque et la professeure commence à parler. Je me concentre sur le cours, —ou du moins j'essaye, ignorant comme je peux la présence de Pye à mes côtés. Au bout d'une quinzaine de minutes, un papier glisse sous mes yeux. Je tourne la tête vers lui, qui me fais signe de l'ouvrir. J'hésite une seconde, mais finit par l'ouvrir.
« On peut parler ? »
Ma conscience me conseille de ne pas y répondre, mais je ne peux m'en empêcher. J'attrape un stylo et écrit juste sous sa phrase à lui.
« Pourquoi faire ? Je crois que tout a été dit. »
« Ce n'est vraiment pas ce que tu crois, Eli. »
Il se fiche de moi ?! J'essaye de calmer la colère qui est en train de monter en moi, et passe rapidement mes mains sur mon visage. Je rédige rapidement une réponse froide et plaque le papier sur sa feuille, de manière à lui faire comprendre que la conversation est terminée. C'est vraiment l'excuse donnée quand on sait que l'on est en faute. Il essaye de me donner un nouveau papier, mais je lui rends sans même l'ouvrir, et je l'entends soupirer. Je me dis alors qu'il va abandonner, mais il ouvre le papier et le pose directement sur mon cahier.
« Tu dois vraiment arrêter de parler avec Harry. »
C'est une blague ? Mais pour qui se prend t-il ?
« Je ne crois pas avoir demandé ton avis, tu es mal placé pour parler. »
« Je ne te mens pas lorsque je te dis qu'il est dangereux. Il essaye de m'atteindre en passant par toi. Tu ne dois pas lui faire confiance. »
Je reste une seconde bloquée devant son message. Est-il en train d'insinuer que je ne peux pas plaire à Harry ? Je pose la question sur la feuille et la lui renvoie.
« Ça n'a rien à voir avec ça. Promets-moi juste de ne plus lui parler. »
Je sens mon sang bouillir dans mes veines et gribouille rapidement une réponse.
« Je n'ai rien à promettre au gars qui m'embrasse avant de me laisser complètement tombée pour aller avec une autre. En attendant, Harry s'intéresse à moi et il me plait. Ça s'arrête là. Bonne journée. »
Je lui jette le papier roulé en boule devant lui au moment où la sonnerie se fait entendre. Je me dépêche de ranger mes affaires dans mon sac et m'apprête à sortir de la salle, lorsque le professeur m'interpelle. Je le rejoins au bureau et il attend que tout le monde sorte de la salle pour m'adresser la parole.
— Elisabeth, me dit-il froidement. Je te convoque parce que je suis en train de corriger les copies du contrôle de vendredi, et le tiens ne va pas du tout. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, mais c'est très mauvais. Tu ne devais pas réviser avec Pye ?
Mon cœur se serre dans ma poitrine et ma colère se transforme en tristesse. Avec tous les évènements qui se sont passés ces derniers temps, j'ai un peu délaissé les études, et voilà le résultat.
— Si, mais je me suis un peu laissée dépassée par les évènements, il m'est arrivé plein de choses et...
— Je ne te demande pas de te justifier, me coupe-t-il. Je peux comprendre qu'il est facile à ton âge de t'intéresser à tout autre choses que les cours, mais tu dois te ressaisir. C'est bientôt les examens du bac, et c'est à ce moment là que tu vas prendre le tournant de ta vie. D'accord ?
J'acquiesce et il me libère. Dans le couloir, je vois Pye de loin, adossé à un mur, mais je me dépêche de m'éloigner de l'autre côté. Je rejoins Chloé, Arthur et Léa qui m'attendaient dehors. Chloé me demande ce qu'il se passe, mais je lui dis que je lui raconterai plus tard, que je dois aller travailler. Je l'embrasse sur la joue, fait un signe au couple et cours presque jusqu'à la sortie du lycée. Il est 17h35, et je commence à travailler au bar à 18heures. Je presse le pas sur le trottoir : je déteste être en retard.
J'arrive pile à l'heure pour enfiler ma tenue et me mettre au boulot.
—Ah, Eli, comment vas-tu ? Me demande mon patron.
— Je vais bien, merci.
Il se penche vers moi et me fait un signe de tête en m'indiquant un siège derrière le bar.
— Il y a quelqu'un qui t'attend depuis près de 20 minutes là-bas. Il a refusé de boire quoi que ce soit si ce n'était pas toi qui lui servais.
Mon cœur se serre. Ça ne peut pas être Pye, il n'aurait pas pu être là avant moi. Alors, qui est-ce ?
Je me penche sur le côté et je me sens soudain plus rassurée en apercevant Harry qui me fait un signe de main. Mon visage se fend d'un sourire et je lui rends son signe de main.
— Je m'en occupe de suite.
Je me dirige vers Harry, qui s'accoude au bar sans me lâcher d'un seul regard.
— La voilà enfin ! me dit-il en posant son menton dans sa main. Tu aimes à te faire attendre, à ce que je vois.
— Eh bien, désolée d'avoir cours. Qu'est-ce que tu fais ici ?
—Ce qu'on fait dans un bar, à ton avis ? J'attends qu'on me serve un verre voyons.
Il joint un clin d'œil à sa phrase tandis que je roule des yeux.
—Et qu'est-ce que je vous sers, Monsieur ?
— Qu'est-ce que vous pouvez me proposer ?
Je fais mine de réfléchir une seconde avant de lui proposer une simple bière comme s'il s'agissait d'un met onéreux.
— Je pense que cela me conviendrait amplement, merci bien.
Je souffle du nez en riant et lui tourne le dos pour lui servir une pression.
— Comment vas-tu, Elisabeth ? Me demande t'il soudain plus sérieusement.
Je perds mon sourire et hausse les épaules.
— Je vais bien, merci.
— Pourquoi tu me mens ?
Je me retourne vers lui et lui tends son verre.
— Je ne te mens pas. Je n'ai pas de raisons de te mentir.
— Tu es sûre ? Pas même à cause de lui ?
Il se tourne alors sur sa chaise et me désigne la porte par laquelle Pye vient de rentrer dans le bar. Je déglutis quand mon regard croise le sien avant qu'il ne pose sur Harry un regard noir.
—Mon cher cousin, lance Harry avec un air hautain. Comment vas-tu ?
— Qu'est-ce que tu fiches ici ? Aboie presque Pye en répondant au regard mauvais de son cousin.
— Vous comptez-tous me poser la question l'un après l'autre ? Lance mon ami en se remettant droit sur sa chaise face à moi.
Mon regard se pose sur Pye qui arbore un air gêné.
—On peut discuter ? me demande t'il.
— Je travaille, je réponds froidement en passant un coup de torchon sur le comptoir.
— C'est important.
—Mon travail aussi.
Il reste un instant silencieux, ne me quittant pas du regard, tandis que Harry se contente de rire à côté de lui.
—Tu quittes dans combien de temps ? finit-il par me demander.
Je jette un regard à l'horloge derrière moi :18h45.
— Dans un peu plus d'une heure.
—Alors je vais t'attendre, dit-il en s'asseyant sur le siège en face de moi, juste à côté de son cousin, qui hausse un sourcil avant se porter son verre à sa bouche.
Je le regarde une seconde, et malgré moi, mon cœur se serre.
— Et Amandine ne t'attends pas quelque part ?
— Tu sais très bien que ce n'est pas elle qui m'intéresse.
Je lâche un petit souffle et replonge mon regard dans le sien.
—Non, je n'en sais rien. Maintenant je travaille. Alors à moins que tu commandes une boisson, je t'invite à sortir.
— Très bien, dit-il en sortant son portefeuille. Je vais commander un café alors, s'il te plait.
Je claque ma langue à mon palais et je retourne pour lui préparer un café, que je lui sers sans un regard avant de sortir de derrière le bar pour prendre la commande à un couple qui vient de rentrer.
L'heure qui suit, j'effectue mon travail en tentant de ne pas lui porter d'attention. Je remarque du coin de l'œil que les deux cousins discutent assez froidement l'un avec l'autre, mais je n'entends pas leur conversation. Vers 19h30, mon patron vient me voir pour me dire que je peux partir plus tôt, vu qu'il n'y a plus grand monde dans le bar.
—Vous êtes sur ? Je demande, pas sûre d'avoir envie de quitter plus tôt.
— Bien- sûr. De plus, tu m'as l'air attendue, ajoute-t-il en m'indiquant Pye et Harry, toujours assis au bar.
Je le remercie et me rends au vestiaire pour me changer et rejoins les deux garçons au niveau du bar.
—Harry, on se verra plus tard, ça te va ?
— Ça me va, Princesse, me dit-il avec un clin d'œil. De toute façon tu as mon numéro, n'hésite pas à me contacter. Si tu as besoin, ou juste envie.
Il finit sa phrase en saisissant ma main avant d'y poser un baiser. Puis il disparait, et j'entends Pye pousser un grognement à côté de moi.
— Princesse ? Sérieusement ? Crache-t-il.
— Il y en a au moins un de vous deux qui me porte vraiment de l'importance. Je te laisse 10 minutes pour me dire ce que tu as a me dire. Et après je rentre chez moi.
— On peut aller quelque part ? Il y a un endroit que j'aimerai te montrer.
J'hausse les épaules et me contente de le suivre.
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