Chapitre 18.
J'ai encore l'esprit dans le vague lorsque je me réveille le lendemain matin. L'avantage de l'alcool, c'est qu'au moins, j'ai dormi comme un bébé, d'un sommeil vierge de tout rêves, ou cauchemars. J'attrape mon téléphone et regarde l'heure : 12h34. Oups. Mon père à au moins eu la bienveillance de ne pas me réveiller plus tôt. Je pense que ce soir je vais me coucher tôt : j'ai encore sommeil.
Je m'étire dans mon lit avant de balancer mes jambes en dehors du lit pour me lever. Ça tangue un instant et je finis par réussir à me lever en m'appuyant sur le mur. Je me déplace de cette façon jusqu'au salon, où je retrouve mon père. Il s'apprête à me faire une réflexion, mais lorsqu'il me voit, il éclate de rire.
— Tu peux rire moins fort ? Je bougonne en me tenant la tête de ma main libre. J'ai un de ces mal de crâne !
— L'alcool ne te réussit pas, ma fille. Je peux savoir ce que tu as bu au juste ?
— Un cocktail, il était délicieux.
Il se décale dans le canapé, et je me précipite à ses côtés. Je me glisse contre lui et pose ma tête sur son épaule.
— Tu as passé une bonne soirée au moins ?
— Oui. C’était super.
— Ah oui ? Et tu m’as dit que tu avais revu Arthur ? Tu me racontes ?
La tête toujours dans le vague, je lui raconte tout, même mon pseudo rencard avec Harry, ma discussion avec Arthur, ce que je pense de Léa, la décision que j'ai prise à son sujet.
— Et pour le moment où j'ai retrouvé Pye dans ta chambre ?
Je sens mes joues devenir incroyablement brulantes et je me cache la tête dans son épaule.
— Ça, c'est une autre histoire, je bredouille dans son épaule.
— Que tu vas aussi me raconter ?
— On s'était disputé plus tôt dans la journée, je finis par lâcher. Du coup il est venu pour que l'on s'explique.
— Et ça s'est arrangé ?
— Il faut croire.
— Et ce Harry alors ?
— Il est… gentil ?
Je lui parle rapidement de lui. De son physique, du fait que ce soit quelqu'un de très agréable, de ce que je sais sur lui, du bon moment que nous avons passé ensemble, du fait que ce soit le cousin de Pye, mais que j'aimerai bien le revoir, - en tant qu'ami.
— Méfie-toi ma fille, de ne pas te retrouver dans un conflit familial entre les deux garçons.
— Ne t'en fais pas, je gère.
Il se contente de m'embrasser le front et de se reconcentrer sur la télévision.
— Je peux inviter Arthur et Chloé cette après-midi ?
— Bien sûr.
— Je te remercie.
Je me lève et me dirige vers la salle de bain. Je laisse couler l'eau avant de m'assoir sous le jet, la tête sous l'eau. J'y reste quelques minutes, jusqu'à ce que ma peau devienne rouge. Je finis par me frotter document, et lorsque je commence à avoir froid, je sors de la douche et me sèche rapidement, les fesses collées contre le radiateur de la salle de bain. Une fois sèche, j'enfile rapidement un survêtement et un pull, des grosses chaussettes polaires et je retourne dans ma chambre pour m'emmitoufler dans ma couverture. J'attrape mon téléphone et envoie un message sur le groupe commun avec Chloé et Arthur, qui était resté inactif depuis mon rendez-vous loupé avec Arthur, pour les inviter tous les deux à me rejoindre chez moi d'ici deux heures. Presque immédiatement, je reçois un message de Chloé.
"Mais tu es folle, pourquoi inviter Arthur ?
— On s'est vus hier, on a discuté. Je me suis dit que c'était le moment de se revoir tous les trois.
— Comment ça tu l'as vu ?!"
C'est vrai que je ne lui avais pas dit que j'étais sortie avec Harry hier. Je lui envoie à nouveau un message pour l'inviter à venir plus tôt, histoire que je lui explique toutes les nouveautés. Elle me répond qu'elle se prépare et qu'elle arrive dans la foulée.
Je tcheck ma conversation avec Pye, mais depuis notre baiser d'hier, je n'ai plus aucune nouvelle de lui. Je soupire. Alors, ça ne voulait rien dire, pour lui ?
Une demi-heure plus tard, Chloé me rejoint. Elle me salue avant de s'assoir à côté de moi et me fixe un instant en silence.
— Quoi ? Je lui demande.
— Il y a un truc qui a changé chez toi.
Je rougis instantanément en repensant à ce qui a changé depuis la dernière fois que je l'ai vue. Elle le remarque immédiatement et me fais un grand sourire.
— Je veux touuut savoir !
— On va dire qu'on s'est embrassés avec Pye...
Elle lâche un petit cri de surprise et me saute dessus, m'enlaçant fort.
— Trop bien !
Puis, elle m'attrape par les épaules et me tient à bout de bras, me regardant d'un air interrogateur.
— Il n'était pas avec Amandine hier ?
— Alors justement, il faut que je te réexplique tout.
Je commence à lui expliquer que Harry, un client régulier du bar, m'a invité à boire un verre, vu comment j'étais bléssée par rapport à Pye, j'ai accepté.
— Il m'a emmenée en voiture dans un bar-karaoké que je ne connaissais pas. Il m'a offert un verre, un Cocktail. Je ne sais pas ce qu'il y avait dedans, mais il était super bon ! Il faudrait que je t'y emmène un jour !
— Passons, dit-elle en riant, Continue ton histoire !
— Donc, on discutait, on rigolait, et c'est là qu'Arthur est arrivé, avec Léa.
— Ah l'enfoir...
— Laisse-moi parler !
— Oui, pardon !
— Et du coup, j'ai voulu partir, mais il m'a retenue pour pouvoir m'expliquer. Déjà, il s'est excusé de son comportement et de m'avoir blessée, qu'il ne pensait pas que les choses se passerai comme ça. ll m'a dit m'avoir suivie lorsque je suis sortie du restaurant, mais qu'il m'a vue partir avec Pye. Il n'a pas cherché à me recontacter quand il a vu que tu l'avais envoyé bouler par message. Léa est arrivée près de lui et m'a expliqué qu'elle ne voulait pas que les choses se passent comme ça et qu'elle aimerait qu'on devienne amies. Et que notre groupe pourrait se reformer comme avant, qu'elle nous avait toujours enviée notre amitié.
Chloé semble perplexe une seconde.
— Au début, je reprends, je ne voulais pas les écouter, ni l'un ni l'autre, mais Harry m'a convaincue de lui laisser une chance de s'expliquer. Alors ils sont venus avec nous, et de fil en aiguille, on a laissé de côté nos différents. Léa est vraiment géniale comme fille. Alors je me suis dit, pourquoi pas lui donner une chance ?
Elle hausse les épaules.
— Je peux au moins lui laisser une chance de s'expliquer. En attendant, explique-moi.
Elle me fait les yeux doux :
— C'est qui ce Harry ? Et tu ne m'as pas expliqué ce qu'il s'est passé entre le moment au bar et le moment où vous vous êtes embrassés avec Pye.
Mes joues passent de nouveau au rouge et je chasse ma gêne d'un revers de la main.
— Comme je t'ai dit, c'est un client régulier du bar. Il est à peine plus âgé que nous, et on avait déjà discuté il y a quelques jours. Il a remarqué que je n'avais pas le moral et m'a proposé de sortir boire un verre pour faire connaissance. Je n'ai pas vu de raisons pour refuser, alors je l'ai suivi.
—Ouuuuuuh, tu aimes le danger à ce que je vois.
— N'importe quoi, je réponds en m'installant contre le mur. C'est juste que, je ne sais pas, je me sens vachement à l'aise avec lui. Il y a une sorte d'aura qui émane de lui qui me met en confiance.
— Il a l'air de beaucoup te plaire, me dit-elle en faisant les gros yeux et en faisant des vagues avec ses sourcils.
— Mais non, je te dis que je me sens en confiance avec lui, c'est tout. Et puis, c'est le cousin de Pye.
Elle ouvre en grand la bouche, sous le choc.
— Sérieusement ?! Tu avais une chance sur combien de tomber amoureuse de deux mecs en même temps, et en plus qu'ils soient de la même famille ?!
— Je ne suis pas amoureuse d'Harry, je réponds, excédée.
— On va dire ça. Et du coup...
Elle se penche vers moi, enlace mon coussin et plonge son regard dans le mien.
— Ce baiser ?
— Quel baiser ?
Nous nous tournons toutes les deux vers le nouvel arrivant. Arthur lance un sourire timide à Chloé avant de s'installer à coté de nous.
— Pye et Elisabeth se sont embrassés, répond mon amie, enthousiaste.
— Ah oui ?
— Mais après ça elle va encore nous dire qu'elle n'est pas amoureuse de lui. Sachant qu'en plus, maintenant il y a aussi Harry qui est apparu dans l'équation.
—Sachant qu'Harry est un gars super cool ! Franchement hier j'ai passé un super moment avec lui !
— Pourquoi je suis toujours la dernière au courant !
— Eh bien dis-donc, je lance à Chloé. Pour quelqu'un qui lui en voulait atrocement, tu discutes bien avec lui.
Je la vois se figer un moment, avant de fixer Arthur. Elle était tellement obnubilée par mon histoire avec Pye qu'elle n'a même pas fait attention.
— Euh, je... commence-t-elle.
J'éclate de rire et Arthur me suis, alors que Chloé tourne au rouge pivoine.
— Oui, oh, ça va.
— Bon, sinon, on n’en profitera pas pour s'expliquer ?
— Mouais.
Je vois qu’aucun d'entre eux n'ose parler, regardant chacun d'un côté de la chambre. Je soupire, comprenant qu'aucun des deux ne fera le premier pas.
— Bon, vous allez me saouler, je le sens, alors je vais vous laisser vous expliquer, et moi je vais aller chercher de quoi boire et grignoter.
Sur ces mots, je me lève et sors de la chambre en trombe. Je reste une seconde devant la porte close, n'entendant que le silence, avant de rejoindre mon père dans la cuisine.
— Tu n'as pas peur qu’ils s’entre-tuent ? me demande mon père, adossé au plan de travail, une tasse de café fumante dans les mains.
— Je pense qu'une fois dans leur vie ils sont capables l'un comme l'autre de se comporter en adultes et de régler leurs problèmes.
— Et toi, dans tout ça ?
— En un sens ça ne me concerne pas. J'ai réglé mon désaccord de mon côté, maintenant c'est à leur tour.
J'attrape un plateau sur lequel je pose des biscuits, trois verres et du soda. Soudain, je sens la présence de mon père dans mon dos. Il me prend dans ses bras.
— Je suis fière de voir que tu es devenue très mature, ma puce.
Je soupire de contentement et me laisse aller contre lui. Il m’embrasse le haut de la tête avant de me jeter un regard en coin.
— Au fait, ce baiser alors ?
Je sens immédiatement mes joues devenir brulantes et j’attrape mon plateau pour m’enfuir de la cuisine. J’entends mon père dans mon dos me crier « Cette discussion n’est pas terminée ! », mais je ne lui réponds pas et disparait derrière la porte de ma chambre. A l’intérieur de celle-ci, je retrouve mes deux amis en train de rire aux éclats.
— Eh bien dites-donc, ça à l’air d’aller mieux vous deux.
— Arthur était en train de me raconter que quand il a vu les parents de Léa pour officialiser, il s’est pris les pieds dans le tapis et il s’est ramassé.
Je lâche un petit rire avant de me poser avec eux. Même si je me dis que je suis passée à autre chose, que j’ai développé des sentiments forts pour Pye et que je ne ressens plus rien pour Arthur, apprendre que sa relation avec Léa est tellement forte qu’il a déjà officialiser avec ses parents. Je garde un soupir pour moi-même et me contente de sourire à mes amis.
Tout rentre finalement dans l’ordre, Chloé prend des nouvelles d’Arthur, accepte même de rencontrer Léa en tant que petite amie d’Arthur et non plus comme une camarade de classe. Nous passons la journée ensemble, et ils finissent par repartir ensemble vers 19 heures.
Je me retrouve alors seule, et ma petite chambre me semble soudain immense et silencieuse. Olympe secoue sa cage et je me décide à lui ouvrir la porte pour le laisser sortir. Je m’allonge ensuite sur mon lit et attrape mon téléphone. Je regarde une nouvelle fois si j’ai reçu un message de Pye, mais toujours rien. Je me dis qu’il doit probablement attendre que je fasse le premier pas et lui envoie le premier message. J’hésite une seconde. Est-ce que je lui envoie un message, où est-ce que j’attends ? Je soupire une nouvelle fois, laisse tomber ma tête sur l’oreiller et mon téléphone sur ce matelas.
Olympe me saute dessus et me regarde de ses yeux noirs globuleux.
— Tu as de la chance toi, je lui dis. Tu n’as pas à t’inquiéter à cause d’histoires de cœur.
Je le vois s’approcher du portable et commencer à le grignoter. Je me redresse pour l’empêcher de le casser ou de se faire mal. Il me regarde de façon insistante et je soupire d’abandon.
— Ok, très bien, je dis, comme s’il m’incitait à faire le premier pas.
En soupirant, je déverrouille mon téléphone et l’ouvre sur ma conversation avec Pye. Mes doigts dansent un instant au-dessus de l’écran, ne sachant quoi écrire. Les yeux noirs et globuleux du rongeur me fixent comme s’il tentait de me donner tout son courage. Après de longues secondes d’hésitation, je tape une phrase simple : « Eh salut, ça ne te dirait pas qu’on se voit demain pour discuter de …tout ça ?» et l’envoie avant de changer d’avis. Je sens mon cœur battre à tout rompre dans ma poitrine en attendant sa réponse, et je me laisse tomber à côté de la petite créature noire et blanche.
— J’ai peur, je lui glisse comme s’il pouvait me comprendre.
Comme seule réponse, il vient se blottir contre mon flan et s’étale de tout son long. Mon téléphone est posé sur mon ventre, et reste silencieux, bien trop silencieux.
Je ne sais pas combien de temps je passe dans cette position, à caresser du bout des doigts Olympe et fixant le plafond. Si bien que lorsque mon portable vibre, je sursaute. J’hésite une microseconde avant de regarder l’écran et la réponse de Pye. « Oui, pourquoi pas. »
— « Oui, pourquoi pas ? » Il se fiche de moi ! Il s’en fiche ?
Je soupire. Qu’est-ce qu’il lui prend ? Il avait l’air bien plus enthousiaste lorsqu’il m’a embrassée ! Est-ce qu’il n’en a plus rien à faire maintenant qu’il a réalisé son but ? Est-ce que je n’étais qu’un but, au final ? Cette réflexion me fait plus mal que ça ne devrait. Je décide d’en parler à Chloé, en espérant qu’elle m’apportera une solution moins douloureuse. Sans même envoyer un autre message à Pye, je m’empresse d’expliquer la situation par message à ma meilleure amie.
« — Je ne pense pas qu’il serait du genre à faire ce genre de choses, me dit-elle pour me rassurer. Il a l’air de beaucoup trop te courir après pour avoir juste comme but de t’embrasser.
— Et si c’était juste un pari ? Je dis, inquiète.
— Essaye de ne pas y penser. Je suis sûre que ça ira mieux demain. Fais-moi confiance ! »
J’essaye de me raisonner. Elle a forcément raison ! Demain on va parler, et tout sera expliqué ! Il est peut-être juste un peu timide ?
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