Chapitre 16
Je me retourne et blêmit instantanément. Devant moi me font face Arthur, accompagné de Léa.
"Comme si j'avais besoin de ça. "
— Qu'est-ce que tu fais là ? Je lâche en me levant soudainement, retirant vivement ma main de celle d'Harry, comme si j'étais prise en faute, alors que pas du tout.
—On est sortis, et comme Léa habite juste à côté...
Mon cœur se serre. Sans réfléchir, j'attrape la main d'Harry et le tire vers la sortie.
— On s'en va.
Il ne répond rien et me suis sans broncher.
— Attend !
Une masse se glisse devant moi et je relève la tête pour plonger mes yeux dans ceux de mon meilleur ami.
"Ex- meilleur ami"
—On peux parler, s'il te plait ?
— Je n'en ai pas l'envie, désolée. Tu peux nous laisser partir ?
Je le vois relever les yeux vers Harry, qui se dresse à côté de moi.
—Laisse-moi m'expliquer !
— Expliquer quoi ? Que tu t'es bien joué de moi et que tu m’as laissée repartir seule en pleine nuit, que j'ai failli me faire agresser si Pye n'était pas arrivé, et que tu as complètement laissé tomber notre amitié de près de 15 ans à moi et Chloé !
— Justement, je ne t'ai pas laissée repartir seule ! Dès que tu es sortie, je t'ai suivie pour te rattraper, mais je ne t'ai pas trouvée. Et quand j'ai voulu parler à Chloé, elle n'a pas voulu écouter ma version des choses, et ne m'a même pas laissé le temps de m'expliquer. Quant à toi, je savais que Pye avait dû profiter de l'occasion pour te mettre encore plus le grappin dessus, et que ça ne servait à rien que je t'envoie un message, que tu le supprimerais sans même le lire. Je me trompe sur le dernier point ?
Je me contente de secouer la tête. Je sais qu'il a raison, mais je refuse de l'admettre. Je ne savais pas qu'il m’avait suivie lorsque je m'étais enfuie du restaurant, et je sais pertinemment que Chloé ne lui aurai absolument laissé le temps de s'expliquer.
Je sens les larmes me monter aux yeux de façon incontrôlable. Harry doit s'en rendre compte car il attrape ma main dans la sienne et la serre fort. Cela a pour effet de me réchauffer le cœur et je lui lance un regard entendu pour le remercier. Il me sourit et je me concentre à nouveau sur Arthur, à côté de qui Léa vient d'arriver. Elle me lance un petit sourire et je sais qu'il est impossible pour moi de la détester. J'aimerai pouvoir la haïr, mais tout en elle dégage un côté angélique qu'il est impossible de ne pas aimer. Je comprends qu'Arthur soit tombé amoureux d'elle.
—Tu sais, Elisabeth, me lance-t-elle à son tour en appuyant doucement son épaule contre celle d'Arthur. Je ne voulais pas te laisser, et je ne pensais pas à mal. J'espérais même secrètement qu'on puisse devenir amies, avec Chloé et toi. Vous avez vraiment un groupe d'ami incroyable, et ça se dégageait à des kilomètres, et je m'en veux d'avoir gâché tout ça. Mais tu manques beaucoup à Arthur. Alors j'espère que tu pourras le pardonner, et peut-être qu'on pourrait devenir amies, toutes les deux.
Je ne réponds pas alors qu'elle m'offre un sourire gêné.
–Laisse nous une chance, me lance Arthur avec un sourire dont seul lui a le secret.
Harry me fait un léger coup d'épaule et je le regarde tandis qu'il se penche à mon oreille.
— Ils ont l'air plutôt sincères ces deux-là, tu ne trouves pas ?
Je dois me concentrer pour que son souffle si près de mon oreille ne me fasse pas frissonner et reporte mon regard sur mon ami.
Je soupire, étrangement apaisée par la présence d'Harry à côté de moi, et rend un sourire à Arthur.
—Je veux bien essayer.
Il laisse échapper un petit cri de soulagement, avant de me foncer dessus et de me prendre dans ses bras. Sur le coup de la surprise, je lâche la main d'Harry et une soudaine sensation de froid m'envahi, toute suite remplacée par une sensation de plaisir lorsque mon meilleur ami me sert dans ses bras. Je réponds à son câlin et nous restons quelques instants comme ça. Sa présence m'avait manqué, il faut bien se l'avouer.
—On retourne s'assoir ? demande Harry, nous ramenant sur terre.
— Allons-y. Vous vous installez avec nous ?
—Si vous voulez bien de nous, me répond Léa en s'agrippant amoureusement au bras d'Arthur.
Je les regarde un instant, et je dois bien avouer qu'ils forment un merveilleux couple, et ça me fait plaisir de voir mon ami heureux.
Nous nous installons tous les quatre où nous avions abandonné nos verres. Harry s'installe à côté de moi, et colle son genou au mien et la sensation de chaleur revient à nouveau. Je ne sais pas pourquoi je ressens ce genre de choses en sa présence, mais cette chaleur est réconfortante et agréable. Je ne comprends pas pourquoi je me sens autant à l'aise en sa présence, mais c'est très plaisant.
—Tu ne nous as même pas présenté, me lance Arthur en regardant Harry.
— Oh, oui, pardon. Arthur, voici Harry. Harry, je te présente Arthur, mon meilleur ami, et voici sa petite amie, Léa.
— Enchanté, lance le jeune homme qui m'accompagne.
— De même, répond Léa, très enjouée.
Je vois qu'Arthur se retient de poser des questions à propos de Pye, et je le remercie de ne pas le faire. Je passe un bon moment avec Harry et je n'ai pas envie que l'image de Pye vienne gâcher ma soirée. Les garçons font un peu plus connaissance, et de mon côté j'en profite pour apprendre à connaître un peu plus Léa. Comme je m'y attendais, elle est très agréable. En plus de ses cours, elle est bénévole au refuge de la ville pour s'occuper des animaux. En plus de ça, elle a même aidé Arthur à remonter ses notes.
—Je suis impressionnée, je pensais vraiment qu'il était un cas perdu, je lance en riant.
— Oh, hey, ça va hein, répond-il en embrassant le haut de la tête de la jeune bonde. Et vous vous êtes rencontrés comment, tous les deux ?
—Oh, euh, je commence, ne sachant pas vraiment comment expliquer la situation actuelle, mais Harry me sauve en passant son bras sur mon épaule.
— Je suis un client régulier du " Foudre de Zeus" donc on à commencer à faire un peu connaissance là-bas, et comme elle avait l'air de mauvaise humeur tout à l'heure, je lui ai proposé de faire plus connaissance devant un verre, et elle a accepté.
Arthur fronce légèrement les sourcils, avant de se détendre la seconde d'après. Le fait de se dire que c'est quelqu'un que j'ai rencontré depuis peu de temps de l'inquiéter, mais je pense qu'il ressent lui aussi l'aura qui entoure Harry, qui est très apaisante.
—Je te préviens, lui dit -il avec un ton sérieux malgré son sourire en coin, si tu la blesses, je m'occuperai personnellement de te régler ton cas.
— Je n'ai pas l'intention de lui faire de mal, lui répond Harry d'un ton étrangement sérieux.
— On ne s'emballe pas, je lance un peu trop précipitamment. On boit seulement un verre ensemble.
Arthur me lance un regard en coin, l'air de dire " Ne te fiche pas de moi" et j'hausse les épaules.
— C'est ce que tu dis, ça, me dit-il en baissant la voix et en s'avançant vers moi par-dessus la table.
Nous nous faisons soudain interrompre par la voix du DJ qui appelle mon nom pour que je vienne sur scène pour chanter. Je sens immédiatement mon cœur s'accélérer à nouveau, et j'ai soudain chaud, très chaud.
—Tu vas chanter ?! s'exclame Léa, visiblement impressionnée. Waow, je n'aurais jamais le courage, moi !
— C'est normal ça, lui lance Arthur en riant, tu ne sais pas chanter !
— Oh ça va !
Les voir tous les deux chahuter me fait réaliser que j'ai été vache avec eux. J'ai été aveuglée par les sentiments que je pensais avoir, mais après coup, je préfère le voir avec elle et garder notre amitié, plutôt que de le perdre. Et je me ferai un plaisir d'accepter Léa dans notre groupe d'amis.
Le DJ m'appelle une nouvelle fois, et Harry me pousse à me lever.
— Tu vas assurer, j'en suis sûr.
Il me fait un sourire, et après avoir respiré un grand coup et finis mon cocktail cul sec, ce qui fais rire mes amis, je monte sur l’estrade, me saisissant du micro, sous les encouragements de mes amis.
Les premières notes de " Aveugle" de Lonespi se font entendre et je ferme les yeux, m'imprégnant de la musique.
Mon cœur accueille des vagues qui forment des secousses
Elles cognent les parois comme pour crier fort au secours
Attiré par un train qui prend la mauvaise direction
Absorbé par des lèvres qui ont le rouge de milles démons ...
Je chante sans même me préoccuper de ce qu'il y a autour de moi. Tout est noir, et j'ai comme la sensation d'être seule dans cet univers qu'est le bar. Je chante en ressentant les paroles qui sortent de ma bouche. A chaque mot qui passe mes lèvres, je m'approprie cette chanson qui possède chaque millimètre de mon corps.
Derrière ses yeux se cachent le bleu des nuits qui nous éloignent
Quand on se touchera il n'y aura plus rien entre lui et moi
Je flâne près des rues qui sont pavées de nos brefs échanges
En espérant recroiser soit toi soit ton rêve étrange
M'éloigner comme la marée basse ça je sais le faire
Est-ce que l'on se reverra pour se ramener de l'air ?
Chaque train qui passe et chaque matin qui s'élève,
Vient me rappeler qu'un jour tout s'en va,
Je ne trouve plus grand chose dans les regards que je croise
Comme si j'étais devenue aveugle après toi
Le visage de Pye m'apparait soudain derrière mes yeux clos. Même dans ces moments-là, je ne peux m'empêcher de penser à lui. J'essaye de me concentrer sur Harry, mais rien à faire. Je prends alors conscience, vraiment conscience, cette fois, des sentiments que j'ai pour lui. C'est plus fort que moi. Il m'a envoutée, et je n'ai plus aucun doute maintenant : Je l'aime, et ça me brise le cœur à chaque instant, et je suis incapable de savoir si c'est parce qu'il est incapable de me rendre mon amour, ou si c'est parce qu'il est loin de moi.
Je termine ma chanson et rouvre les yeux. C'est seulement à ce moment-là que je me rends compte que tous les regards sont posés sur moi. Je sens mes joues chauffer presqu'instantanément. C'est seulement à ce moment-là que j'entends les acclamations des gens présents dans le bar, beaucoup plus nombreux que lorsque nous sommes arrivés. J'effectue une petite inclinaison devant le public avant de déposer le micro et de rejoindre ma table, les joues brûlantes.
— C'était incroyable ! Me lance Léa visiblement impressionnée.
— Elle n'est pas géniale, ma meilleure amie ? lui lance Arthur avec un petit coup de coude sur le bras.
— Carrément, il faut vraiment que m'apprennes à chanter comme toi !
Nous rions et Harry se lève pour aller nous rechercher à boire. Lorsqu'il disparait entre les personnes du bar, le regard d'Arthur se fait plus dur.
—C'était pour lui, pas vrai ?
Au ton qu'il emploie, je sais parfaitement qu'il ne parle pas d'Harry. Je me contente d'hausser les épaules sans répondre.
— Tu veux que je te dise, me dit-il. Je préfère Harry à Pye sans hésitation.
— Tu n'as jamais apprécié Pye depuis qu'on le connaît, je lui lance en haussant un sourcil.
— Peut-être, mais je ne sais pas, je ne l'aime pas. Il a un truc qui fais que c'est comme ça.
—Tu es juste jaloux parce qu'il a voulu te voler ta meilleure amie, lui lance Léa de but en blanc. Tu me l’as dis-toi même.
—Mais tais-toi ! S'écrit Arthur, soudain rouge de honte. Tu ne sais pas garder les secrets ?
J'éclate de rire devant leur complicité. Finalement, c'est peut-être une meilleure personne que ce que je croyais ?
—Je l'ai vu tout à l'heure avec Amandine, me lance t'il finalement, et mon cœur se serre une nouvelle fois.
— Arthur ! S'écrie Léa. Ne parle pas de ça, enfin !
—Laisse, je lâche amèrement. C'est pour ça qu'on s'est disputé. Mais je n'ai pas vraiment envie d'en parler, alors si on pouvait changer de sujet, s'il vous plait.
— Pas de soucis. J'imagine que c'est pour ça que tu es là avec Harry ? A vrai dire, il est plus pas mal. Et il a l'air super sympa.
— C'est vrai, je dis en souriant doucement. Et je ne sais pas, il y a un truc qui émane de lui, c'est super puissant.
— Ça y est, elle va tomber amoureuse, dit en riant Arthur.
— N'abuse pas non plus !
—Plus sérieusement, reprend Léa avec un air que je ne lui ai jamais vu. Ce Harry, il dégage quelque chose d'étrange. Même s’il est très gentil, méfie-toi de lui. Il a quelque chose de louche.
Je me retourne pour jeter un regard vers Harry, qui revient du bar. C'est vrai que ce que je ressens en sa présence est très étrange, presque comme surnaturel. Je n'irai pas jusqu'à dire que le cocktail qu'il m'a servi tout à l'heure était comme une potion d'amour, mais il y aura presque de quoi y croire. Il revient s'assoir avec nous et nous changeons de sujet.
Nous repartons du bar deux heures après. Il commence à se faire tard, et bien que demain ce soit le week-end, nous commençons à être fatigués suite à notre journée de cours. Je promets à Arthur de parler à Chloé pour tenter d'arranger les choses, et il insiste pour me ramener chez moi, mais je repars avec Harry, sachant que j'ai laissé mes affaires de cours dans sa voiture et que sa voiture est garée à l'autre bout de celle d'Arthur. J'embrasse mes amis et nous nous séparons. Harry passe sa main dans mon dos pour m'aider à marcher suite aux quelques verres qui ont suivi le Styx. Sa main glisse sur ma hanche, mais il reste très respectueux, bien que je sois presque hystérique.
— Si j'avais su que tu tenais aussi mal l'alcool, je t'aurais plutôt proposé un Ice Tea.
— Je ne bois que très rarement, je lui avoue. Et ce soir, j'avais besoin de me changer les idées. Je ne m'attendais pas à retrouver Arthur.
— C'est ton meilleur ami, c'est ça ?
—Oui. On s'était disputé parce que je pensais qu'on avait des sentiments réciproques, enfin bref, un gros malentendu, ça s'est mal terminé, mais tout va bien au final.
— Une histoire est bien compliquée quand l'amitié est mêlée à l'amour, n'est-ce pas ?
— Exactement. C'est dingue, j'ai l'impression que tu me comprends sans que j'aie à te parler.
Il me répond uniquement d'un sourire, et nous arrivons à la voiture. Il m'ouvre la portière et m'aide à m'installer à l'intérieur de sa voiture. Il fait le tour et s'installe à son tour avant de démarrer la voiture. Il me laisse choisir la musique et je lui indique le chemin pour me ramener chez moi. Une fois garée dans la rue, il descend pour me raccompagner jusqu'à la porte, mais je me fige une seconde. Il y a une silhouette sombre juste sous le lampadaire devant chez moi.
—Tu vas bien ? me demande Harry, soudain inquiet, et je me rends compte que je me suis agrippée à son bras.
—Je...
— Elisabeth ?
Je me détends soudainement en reconnaissant la voix de Pye. La silhouette s'approche de nous et je le reconnais alors. Un soulagement qui est de courte durée.
—Harry ?!
— Tiens Pye, quelle surprise !
— Vous vous connaissez ? je demande, soudainement surprise.
Pye lui lance un regard noir avant de s'approcher de moi pour m'attraper le bras.
— Eloigne-toi de lui tout de suite !
— Non !
Je me dégage de lui. J'enrage.
— Tu crois que tu peux agir comme tu le fais et venir me donner des ordres juste après ?! Ce n’est pas comme ça que ça se passe ! Et puis comment vous vous connaissez d'abord ?
Contrairement à Pye, Harry semble très calme et arbore même un petit sourire en coin, confiant.
— Nous sommes de la même famille. N'est-ce pas, cousin ?
— Quoi ?!
Je m'éloigne de Harry pour le regarder. Maintenant que je le regarde en deux fois, je comprends d’où viens leur léger air de ressemblance. Est-ce pour cela qu'il me paraissait si plaisant ?
— Pourquoi tu ne me l'as pas dit ?!
— Comment je pouvais savoir que vous vous connaissiez ? Me demande Harry en riant.
— Ne fais pas l'idiot, Harry, lui lance Pye avec agressivité, tu le savais très bien.
— Et comment pouvais-je le savoir ?
Je ressens une petite pointe de sarcasme dans sa voix alors que Pye blêmit sous le coup de la colère. Je vois qu'il se retient d'exploser.
— Eli, il est dangereux, tu ne devrais pas rester avec lui.
— Je suis assez grande pour décider d'avec qui je veux être. Et je pense que tu es mal placé pour me dire d'avec qui je devrais ou non parler. Maintenant je vais te demander de partir.
— Eli, je...
— Va-t’en, je ne veux plus te voir !
J'ai haussé la voix et il a un mouvement de recul. Il semble hésiter un instant, et il finit par se résigner, visiblement abattu.
— Tu ne sais pas ce que tu fais, Eli.
— Parce que toi tu sais ? Pars maintenant.
Il me tourne alors le dos et s'éloigne, mon cœur se serre. Devoir lui parler de cette façon me brise le cœur, mais je n'ai pas le choix. Je prends sur moi pour ne pas la boule dans ma gorge jaillir en larmes et me tourne vers Harry.
— Excuse-moi, je ne voulais pas que tu assistes à ce genre de scène.
—Ce n'est pas grave. Je ne savais pas que tu le connaissais ?
— C'est compliqué, je n'avais pas vraiment envie de penser à lui ce soir.
— Je comprends, il a toujours été comme ça. Désolé pour toi que tu sois tombée sur mon cousin, il pense toujours bien faire mais finit toujours par détruire les cœurs. Au moins, tu as pu t'en rendre compte avant qu'il ne soit trop tard.
Je reste perplexe un instant face à ses paroles. Le portrait qu'il dépeint de son cousin est le total opposé de l'impression qu'il m'a donné, je ne sais pas quoi en penser.
— Je... Je vais rentrer. Je suis fatiguée et je crois avoir besoin d'une bonne nuit de sommeil. Merci, pour ce soir.
— C'était un plaisir, ta compagnie est vraiment agréable. Bonne nuit.
Il me fait un sourire avant de me tourner le dos et commencer à partir. Je fais demi-tour à mon tour et commence à me diriger vers ma porte d'entrée.
— Elisabeth ?
— Oui ?
Je me retourne et me retrouve contre un corps. Je relève la tête comme je peux pour me rendre compte qu'Harry est revenu sur ses pas pour me prendre dans ses bras.
— Tu es vraiment une personne formidable. Je suis vraiment désolé. Pour tout.
— Oh, euh, merci, mais, ce n'est rien.
Il se recule, et le temps d'une seconde je peux apercevoir dans ses yeux une profonde tristesse. Qui disparait l'instant suivant.
— Je te laisse aller te coucher, à bientôt.
Puis, cette fois, il me tourne le dos et disparait dans sa voiture. Je reste là une seconde, à regarder ses feux disparaître au coin de la rue, avant de faire demi-tour pour rentrer.
Je fais quelques pas avant de me figer en frissonnant. Je regarde tout autour de moi, mais je ne vois rien, ni personne. Pourtant, je ne suis pas folle, je sens bien une présence, un regard sur moi. Je tourne la tête vers le jardin des voisins, puis vers le petit bosquet derrière chez moi, et je défaille. Derrière un arbre, je l’aperçois, une masse sombre, humaine. Enfin, humaine, sauf ses yeux : deux points rouge sang, éclatants à travers l'ombre. Je tente de me ressaisir, mais je suis incapable de bouger comme obnubilée par ces yeux. Je vois alors un sourire se former sur le visage de cette chose, un sourire énorme, prenant son visage en entier, et je manque de m'écrouler au sol de peur lorsque j'entends un rire profond jaillir de cette énorme bouche. Lorsque je sens mes genoux plier, mon corps semble soudain plus léger et je me mets à me diriger vers la porte d'entrée. Je mets très peu de temps à me rendre compte qu'on me tient, et qu'on m'aide à me diriger vers la porte d'entrée. La porte s'ouvre, et la dernière chose que je vois lorsque la porte se referme derrière nous, ce sont deux yeux rouges flamboyants me fixant depuis l'obscurité.
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