Chapitre 51



Deux semaines plus tard Luna était perchée sur l'escabeau pour accrocher les dernières décorations du sapin de noël quand son amant émergea du couloir, coulant sur elle un regard qui la fit immédiatement rougir.

- Est-ce bien raisonnable ? Demanda l'homme en s'approchant.

Luna le regarda amoureusement, émue d'être enfin heureuse.

Deux semaines auparavant, Luna lui avait annoncé la plus merveilleuse des nouvelles et ne regrettait pas d'avoir choisi l'endroit où reposait ses parents. À présent, elle savait que plus rien ne pourrait l'empêcher de vivre pleinement son bonheur. Les larmes lui montèrent aux yeux gardant en elle le souvenir de sa demande en mariage, là ici-même.

Elle baissa les yeux sur sa bague de fiançailles, pure, authentique et qui lui ressemblait beaucoup. Roderik n'avait pas perdu de temps pour lancer un communiqué de presse qui avait suscité l'intérêt du monde entier.

Peu habituée à ce genre de frénésie, Roderik l'avait éloignée de l'agitation en l'emmenant au cottage près du lac...

Un cottage qui renfermait le secret d'une nuit d'amour merveilleuse.

Il enroula son bras autour de sa taille appuyant sa main sur son ventre légèrement arrondi et déposa un baiser sur la bosse.

- Je ne suis pas en sucre Roderik...

Il la souleva pour la déposer sur le sol ferme.

Son regard était empli de craintes, il pressa sa main sur son ventre.

- Cet enfant et comme un miracle, murmura-t-il en la regardant droit dans les yeux ; Je ne veux prendre aucun risque mon amour.

Luna roula des yeux en riant.

- Ce n'est pas en accrochant une guirlandes que je risque quelque chose.

Il fit claquer sa langue entre ses dents en dodelinant de la tête.

- Luna est-ce que tu comprends ce que je ressens ?

Luna perdit son sourire devant son inquiétude cuisante. Elle s'empressa de poser une main sur son bras, ramenant l'autre sur la sienne qui reposait sur son ventre.

- Bien-sûr que je comprends Roderik, lui répondit-elle en esquissant un léger sourire ; Je veux juste que tu essayes d'être moins tendu car je vais bien et notre bébé aussi.

Il plongea son visage dans ses cheveux, exhalant un soupir tremblant.

- Je sais mais je ne peux pas m'empêcher de songer au pire et je ne veux pas qu'il t'arrive du mal, déclara-t-il fermement ; Surtout quand je songe à l'accident que nous avons eu.

Luna ferma les yeux, se blottissant contre lui, réalisant à quel point il se sentait très affecté de savoir qu'elle était enceinte durant l'accident.

- Tout ira bien je te le promets chéri...

Le cœur battant, elle posa le bout de son menton sur son torse.

- Comptes-tu l'annoncer à la presse ? J'ai peur qu'ils pensent que c'est pour cette raison que...

- Ne pense pas à cela, la pria-t-il en embrassant son front.

Pourtant, Luna ne put s'empêcher d'y penser. Beaucoup de rumeurs circulaient depuis l'annonce de leur fiançailles. Beaucoup la pensaient trop jeune et inconsciente d'épouser un homme au passé douteux, notamment sur un point crucial.

La presse connaissait les failles de son premier mariage et Clarissa son ex-femme n'avait pas perdu de temps pour laisser prédire qu'elle n'aurait jamais d'enfant et que l'héritier de Roderik ne verrait jamais le jour. Des propos d'autant plus blessant lorsque la presse s'était empressée de les relayer. Cette femme vile et désespérée cherchait à creuser un fossé depuis l'annonce de leur fiançailles. Comme émergeant d'un coin d'ombre Clarissa cherchait désespérément à nuire au bonheur de son ex-mari.

À présent, les nombreux courtisans de la famille Willar cherchaient vainement la vérité.

<< Roderik Willar stérile ? >>

<< Un Duc sans héritier ? >>

Voici le genre de titres qui paraissaient sans cesse dans les journaux.

À ce rythme là, Roderik serait l'homme le plus populaire de l'Angleterre, songea-t-elle en réprimant une angoisse.

- Je ne peux m'empêcher de songer à ce qu'ils pourraient dire sur moi.

- Je serais là pour te protéger de ces vautours, notre amour et bien plus fort que ça, nous ferons face.

Luna sentit un tourbillons de bonheur s'emparer d'elle.

- Et pour ton ex-femme ? Que comptes-tu faire ?

Il soupira, lassé d'avance et se détacha d'elle pour se diriger vers le bar.

- Elle tente d'amasser de l'argent avec des articles déroutants, ajouta Luna en s'installant dans le canapé.

- Laissons-là se donner en spectacle, encore quelques heures, l'humiliation prendra alors tout son sens.

Luna se mordilla la lèvre, fixant son futur mari les joues en feu.

Ça y est elle n'avait dit...

Son futur mari.

- J'avais oublié à quel point tu peux te montrer machiavélique.

Il se retourna, les yeux plissés, comme deux fentes impénétrables.

- Avec ceux qui le mérite, lui dit-il en faisant des mouvements circulaires avec son poignet.

Il arborait un sourire en coin des plus irrésistible.

- Je vais faire le nécessaire pour que tout soit réglé avant la tombée de la nuit, assura-t-il avec fermeté.

Luna acquiesça silencieusement.

Mary mit fin à la conversation en pénétrant dans la pièce les bras chargés de courrier.

- Admirateurs et admiratrices, lettres provenant de votre entreprises, demande d'interviews et ceci, annonça celle-ci en déposant le tas de courrier sur la grande table.

- Merci Mary, vous êtes un ange.

La gouvernante se mit en rougir en exécutant une petite révérence un peu précipitée. Luna lui sourit avant qu'elle ne disparaisse.

- Depuis que vous avez fouillé dans mon bureau Mary se comporte de manière très étrange.

- Je pense qu'elle est tout simplement heureuse et un peu contrite, répondit Luna en riant.

Se joignant à ses éclats de rire Roderik se pressa d'aller faire un peu de tri dans son courrier tandis qu'elle se levait pour finir les décorations du sapin de noël. Jetant des coups d'œil à la dérobée dans sa direction Luna remarqua très vite que son expression avait changé.

Encore une mauvaise nouvelle ?

Inquiète, elle se dirigea vers lui alors qu'il consultait un dossier les sourcils froncés.

- Que se passe-t-il ? Demanda-t-elle doucement.

Émergeant de sa torpeur il releva subitement la tête pour venir planter son regard dans le sien. Il semblait extrêmement soucieux, constata-t-elle en plissant son front.

- Je...peu de temps après que tu m'ais affirmer que jamais tu me laisserais même si je ne pouvais pas avoir d'enfants...

Il s'interrompit pour se passer un main derrière la nuque.

- J'ai fait une demande d'adoption, avoua-t-il d'une voix à peine audible.

Luna ouvrit de grands yeux ronds, incapable de contrôler les émotions que se succédaient en elle.

Avait-elle bien entendu ?

- Roderik je...

- Je voulais te rendre heureuse, je voulais que l'on forme une famille heureuse, la coupa-t-il en la prenant par la taille, le regard toujours préoccupé.

Son cœur se serra d'émotions. C'était probablement la plus belle preuve d'amour qu'il aurait pu lui faire.

- Je t'aime Roderik Willar, chuchota-t-elle en rejetant sa tête en arrière pour ancrer son regard dans le sien.

Roderik referma son bras sur sa taille pour l'attirer à lui. Ces deux dernières semaines avaient été si fortes en émotions qu'il avait l'impression de ne plus toucher le sol. Luna était la femme de sa vie sans nulle doute. Il remerciait le ciel de s'être montré si patient et d'avoir rejeté toutes ces femmes vénales qui auraient pu le conduire dans une tristesse absolue. Son cœur se serait probablement desséché avec le temps et il aurait fini comme son père.

Luna l'avait sauvé d'un destin sombre...

- Que dit ce papier ? Demanda sa future femme en désignant l'enveloppe.

Eberlué, un peu sous le choc il inspira profondément.

- Peu de temps après que tu ais su pour moi j'ai mûrement réfléchi et j'ai donc envoyé notre dossier à l'agence de l'adoption.

- Et ? S'enquit-elle d'une voix qui paraissait anxieuse.

- Et alors ils ont retenu notre dossier.

Roderik lui tendit le dossier sur lequel reposait la photo d'une magnifique petite fille prénommée Hope âgée de six mois à peine.

Très vite, le regard de la jeune femme devint embué de larmes.

- Roderik c'est...que veux-tu faire ?

Sa question la prit de court autant que l'émotion qu'elle avait dans le regard.

- Est-ce que tu...songes à accepter ? S'enquit-il en l'observant attentivement.

Elle se passa une main furtive sur ses joues pour effacer ses larmes.

- Quand je regarde cette petite-fille je ne peux pas m'empêcher de me dire que si...tu n'avais pas pu avoir d'enfants, alors elle aurait été notre petite miracle, répondit-elle d'une voix voilée par l'émotions.

Roderik plongea son regard dans ses belles prunelles presque suppliantes.

- Nous n'avons pas le droit de lui arracher la joie d'être heureuse sous prétexte que je suis enceinte.

- Je suis amplement d'accord avec toi mon ange...

- Al...ors tu es d'accord ? Est-ce que..tu te sens prêt à avoir un bébé avant notre bébé ? Bredouilla-t-elle adorablement.

Roderik lui prit le dossier des mains et l'enlaça étroitement contre lui, posant son index sur son menton afin qu'elle soutienne son regard.

Et alors il déclara avec toute la force de son amour ;

- Je veux tout avec vous madame Willar...

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