Chapitre 5
Après avoir enfilé sa robe rouge bustier et tressé ses cheveux, Luna observa son reflet dans le miroir en espérant être suffisamment présentable pour la soirée. Elle devinait aisément la toilette très soignée des femmes qui seront présente ce soir. Serait-elle à la hauteur ?
Elle n'allait pas tarder à le savoir.
Quelques coups à la porte et Luke déboula dans sa chambre vêtu d'un flamboyant smoking.
- C'est y est tu...dieu...Luna...tu es absolument magnifique dans cette robe.
Luna porta ses mains sur ses joues nerveusement.
- C'est vrai tu trouves ? Ce n'est pas trop ?
Un appétit déterminant dans les yeux, Luke s'approcha d'elle tel un chasseur.
- Non c'est parfait, tu es parfaites en robe Luna, dit-il d'une voix si chaude qu'elle se recula pour mettre de la distance.
- Alors allons-y ! Décréta Luna en s'emparant de son châle blanc.
Elle passa son bras sous le sien à contrecœur et mille questions fusèrent dans son esprit.
Luke ne lui avait rien dit sur cette soirée et l'animosité dont elle était victime n'était pas prête de s'arrêter de si tôt.
- Oh...Luna est-ce tu pourrais m'attendre en bas je dois passer un coup de fil.
- À Livy ? Éluda-t-elle avec sarcasme.
Luke ne lui répondit pas et s'enferma dans une pièce trouvée au hasard.
D'un soupir résigné elle descendit le grand et majestueux escalier sous les regards curieux des invités. Une angoisse naquit au creux de son ventre d'être ainsi dévisager. Très vite elle se faufila parmi les invités et se mit en retrait près du seul point de repère qu'elle connaissait jusqu'à présent.
Le vaste salon.
Personne ne s'y trouvait.
Un coin de silence parfait pour rassembler ses esprits, songea-t-elle en soupirant.
Roderik posa son verre de nouveau bruyamment sans quitter la silhouette de la jeune femme qui venait de faire sensation dans une simple apparition nerveuse.
Il est vrai qu'elle était sublime...le nier serait un pitoyable mensonge. Elle était petite comparé aux autres femmes que son frère fréquentaient et son teint ne portait aucun artifice. Sa peau était nacrée et ses lèvres comme un bouton de rose dont l'arrondi pulpeux l'avait un instant troublé. Quant à ses yeux...le vert émeraude qui les habitait était tout aussi troublant.
《 Elle est différente 》
Certes en apparence elle semblait l'être mais Roderik avait bien l'intention de fouiller dans l'âme de cette jeune femme pour en avoir la confirmation.
Discrètement il se faufila dans un coin d'ombre et l'observa plus attentivement. Volontairement mise en retrait elle observait l'un des tableaux accrochés dans le petit salon de l'entrée.
Roderik se surprit à baisser les yeux sur sa silhouette fine dont les courbes harmonieuses de ses hanches et de ses seins représentaient une dangereuse tentation à laquelle son frère n'avait pas pu résister.
- C'est un Pablo Picasso, lança-t-il dans l'intention de la surprendre.
Elle sursauta en braquant ses yeux verts sur lui.
Le trouble se lisait clairement dans son regard. La peur prit soudainement place dans les lueurs troublantes de ses prunelles.
- Il est très beau mais je n'y connais rien en art, répondit-elle d'une voix chevrotante.
Roderik attrapa deux coupes de champagne et pénétra dans les profondeurs du salon jusqu'à découvrir ses cheveux châtain tressé en une natte volontairement désordonné.
- Pourtant il n'y a rien de plus facile que de déceler l'art, répondit-il en lui tendant une coupe de champagne.
Luna prit la coupe qu'il lui tendait et reporta son attention sur le tableau tandis que le trouble s'insinuait dans ses veines. Tout palpitait en elle à une vitesse affolante.
Le frère de Luke lui faisait face avec toujours ce même regard menaçant et pourtant...le Duc de York frôlait la perfection.
- Où est passé mon frère ?
- Oh...il avait un coup de fil à passer.
- Je vois...
Luna osa lever la tête vers lui et le vit sourire...un sourire qui n'avait rien de chaleureux.
- Vous voyez quoi ?
À son plus grand désarrois le duc garda le silence...
- J'espère que vous êtes au courant que ça ne durera pas ? Lâcha-t-il si brutalement qu'elle cilla.
- Et qu'est-ce qui vous fait dire ça ? S'enquit-elle en trempant ses lèvres dans sa flûte.
- Je connais Luke comme si j'étais son créateur, vous êtes ici parce qu'il veut démontrer à ma mère qu'il peut être sérieux quand il le veut hors je sais que tout ceci est une mascarade.
Luna réprima une expression qui aurait pu la démasquer. Il se tourna vers elle, main dans la poche de son pantalon noir et planta son regard dans le sien.
- Nous sommes sur un échiquier mademoiselle Moor et vous n'êtes qu'un pion dans le jeu sordide de mon frère.
- Vous vous trompez monsieur Willar je....
- Monsieur le duc je vous prie, rectifia-t-il d'une voix profonde.
S'efforçant d'ignorer sa remarque elle poursuivit pour sauver les meubles.
- Nous sommes très épris l'un de l'autre.
Un rire cynique couvrit le silence.
- Vous peut-être mais je doute que mon frère le soit.
- Je connais son passé mais je persiste à croire qu'il peut changer, lança Luna alors que des sueurs de panique recouvraient son corps.
- Vous pensez qu'il était en train de changer hier soir avec une blonde d'un mètre soixante-dix ? Livy je crois...
Luna tentait en vain de sauver la face et même si tout ceci était une comédie elle ne put s'empêcher d'être blessée par la satisfaction qu'elle pouvait lire dans ses yeux noirs.
Cet homme était dangereux...infiniment dangereux et elle se demandait si elle sortirait indemne de ce salon.
- Il m'en a parlé, je suis déjà au courant, vous arrivez trop tard monsieur le duc.
Ses yeux furent parcouru d'une fugace colère qui se mua en une lueur amusée.
- Et vous pardonnez sa tromperie aussi facilement ? Vous êtes une jeune femme parfaite mademoiselle Moor, des centaines d'hommes rêveraient d'avoir une femme comme vous...qui peut taire aussi aisément les coucheries de son compagnon tout en continuant de garder la face.
- L'amour me motive, bafouilla-t-elle en serrant son poing contre sa hanche.
- L'amour...que savez-vous de l'amour mademoiselle Moor ? S'enquit-il sur un ton cinglant ; Vous n'avez pas l'âge pour être mesure de parler de ce sentiment aussi fort que destructeur mais je dois dire que je vous ai sous-estimé...vous défendez Luke avec une telle naïveté que j'ignore quelle raison peut vous motiver ainsi, l'argent ?
Luna sentit la gangue de peur qui la tenaillait se transformer en colère.
- Vous êtes détestable ! Siffla-t-elle en reposant sa coupe de champagne ; Allez au diable monsieur le duc.
Il encercla son bras d'une main d'acier inoxydable pour l'empêcher de partir.
- Je doute que l'enfer soit en mesure de m'accueillir aussi tôt, murmura-t-il en serrant ses mâchoires.
Un courant d'air chaud lui brûla la peau à mesure qu'il resserrait ses doigts sur son bras.
Un frisson glacial naquit contre sa nuque.
- Si l'argent ne vous motive pas, alors qu'est-ce ? Demanda le duc d'une voix doucereuse.
- Je vous l'ai dit, nous sommes épris l'un de l'autre !
- Je ne vous crois pas et je trouverais la vérité où quelle soit miss Moor, chuchota-t-il en détachant ses doigts lentement.
Luna le dévisagea en grimaçant.
- Vous risquez de vous fatiguer pour rien, le défia-t-elle en redressant le menton.
Un sourire énigmatique couvrit sa bouche et contre toute attente Luna fut parcouru d'une inexplicable chaleur.
- Nous verrons mademoiselle Moor...
Luna pivota les talons et quitta le salon avec la curieuse sensation qu'il la poursuivait.
Et c'était le cas...
Avant qu'elle n'eut le temps de chercher Luke du regard une main autoritaire s'aventura dans son dos et la seconde suivante elle se retrouva propulsée sur la piste de danse.
- Pas si vite, je n'en ai pas fini avec vous miss Moor...
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