Chapitre 46



Après une nuit mouvementée, Luna se réveilla comme si cet accident n'avait jamais existé. Hélas, une douleur lancinante lui oppressait le dos et les côtes...une douleur sans doute à l'origine du choc.

Les yeux grands ouverts, elle remarqua avec un pincement au coeur que son amant n'était plus à ses côtés. Même s'il se montrait fort Luna restait convaincue que l'accident l'avait chamboulée tout autant qu'elle, seulement il était trop fier pour l'admettre.

- Bonjour mon ange, comment tu te sens ?

Cette voix chaude, teinté d'une gravité si naturelle suffit lui faire battre le cœur à un rythme effréné.

Il revenait de la salle de bains, déjà habillé pour affronter la journée.

- Mieux, bien mieux qu'hier, lui répondit-elle en se rallongeant, n'ayant aucune envie de se lever.

Il s'approcha pour se pencher au-dessus d'elle, poings enfoncés dans le matelas.

- Le docteur, tu n'as pas oublié ? S'enquit-il d'une voix chaude et nettement plus amène que la veille.

Luna roula des yeux.

- Est-ce nécessaire ? Insista-t-elle en arborant une moue dubitative ; Combien de fois vais-je devoir répéter que je vais bien ?

Il lui lança un regard faussement mécontent avant de l'embrasser. S'il continuait à l'embrasse de cette façon elle allait céder...

- Est-ce une tactique pour m'obliger à y aller ?

- Je n'ai pas besoin de ça pour te forcer à te lever miss Moor, je suis extrêmement sérieux et je ne plaisante pas avec ça.

Doucement, il l'aida à se lever.

- Tu as passé des radios hier, tu te souviens ? Il veut juste s'assurer que tout va pour le mieux, c'est un grand ami à moi, il sait ce qu'il fait.

Luna poussa un soupir avant de se lever du lit avec mauvaise foi. En fait, elle ne voulait pas retourner là-bas pour une raison précise.

Elle détestait les hôpitaux.

- Lorsque mes parents sont mort, j'ai dû rester toute une journée à l'hôpital, murmura-t-elle les yeux dans le vague ; Je me rappelle encore de l'assistante sociale qui m'attendait au bout du couloir avec ce sourire au bord des lèvres...celui qui tente de te traduire que tu iras bien alors que c'est faux.

Il prit son visage en coupe, une lueur de compassion dans ses prunelles sombres.

- Tu n'es plus toute seule mon amour, je suis là maintenant.

- Je le sais, murmura-t-elle en posant ses mains sur les siennes ; Je voulais juste que tu saches pourquoi je déteste l'idée d'y retourner.

- Je serais là...

- Tu n'es pas obligé de m'accompagner Roderik, contrat-elle en s'éloignant vers la salle de bains ; Je sais que tu dois te rendre au bureau aujourd'hui, je peux y aller seule.

- Je n'aime pas cette option.

- Ce n'est pas une option c'est une objection, répliqua Luna en se mordant l'intérieur de la joue ; La presse à déjà beaucoup parlé, s'ils te voient te rendre à ton boulot alors ils seront certains que nous allons bien.

Luna luttait contre l'envie de détourner les yeux tant son regard devenait de plus en plus dur.

- Je ne veux pas te laisser seule encore moins pour te rendre à l'hôpital !

- Tu l'as dit toi-même Roderik, je vais juste récupérer mes radios, ce n'est rien, insista-t-elle en essayant d'apaiser les tensions.

L'air mécontent, il enfonça ses mains dans ses poches, fulminant dans sa barbe, mâchoires serrées.

- Je ne suis pas vraiment à l'aise avec cette idée Luna, nous venons d'avoir un accident et...

- Roderik, le coupa-t-elle en s'approchant pour venir poser ses mains sur son torse ; J'ai vécue assez d'années seule pour pouvoir marcher toute seule sans que l'on me tienne la main.

- J'ai une nouvelle à t'annoncer, lança-t-il d'une voix toujours aussi acide.

Luna rejeta sa tête en arrière pour atteindre son regard.

- Laquelle ?

- Depuis que je t'ai fait l'amour et je crois même bien avant ça, j'ai développé une sorte d'obsession pour toi et je me suis aussi découvert un besoin irrémédiable de te protéger, autrement dit tu es la cause de mon état, alors ? Comment fait-on ?

Immédiatement, un feu s'embrasa en elle, ne laissant plus de place à la peur ni même de la tristesse.

- C'est plus belle déclaration que tu aurais pu me faire Roderik Willar, me voilà toute chose.

Il leva un sourcil révélateur.

- Et ce n'est rien de ce qui pourrait t'attendre si tu continues de te mordiller cette lèvre, dit-il de sa belle voix grave.

Luna rougit jusqu'à la racine de ses cheveux alors qu'il se penchait dangereusement vers ses lèvres pour les capturer.

- Aurais-je gagné ? Demanda-t-elle d'une voix teinté de malice.

Il leva les yeux au ciel.

- Je te laisse y aller seule à la condition que tu reviennes ici juste après, je te veux près de moi pour une durée indéterminée.

- Bien monsieur, marché conclu...

Elle se précipita jusqu'à la douche, pressée d'en finir avec ce rendez-vous inutile. Une fois prête, elle le rejoignit en bas, là où l'attendait son amant, magnifique dans son costume sur-mesure.

- Tu prendras la Volvo, déclara-t-il en lui donnant une clé.

- Tu me laisses conduire l'une de tes sublimes voitures ?

- Je prend le risque, chuchota-t-il d'une voix rauque.

- Je ne suis pas une très bonne conductrice, surtout lorsqu'il s'agit de rouler à gauche.

Il la pointa du doigt, en plissant des yeux.

- Ainsi voilà la raison pour laquelle tu prends les transports en commun ?

Luna lui répondit en une moue contrite.

- Donc je t'emmène, compléta-t-il avec un sourire presque...arrogant.

- Certaine pas ! S'écria-t-elle en le dépassant pour quitter le manoir.

Luna prit place dans la sublime Volvo.

- Envoi-moi un message dès que tu es arrivée, ordonna-t-il en se penchant pour l'embrasser.

Mon dieu, songea-t-elle à deux doigts de pleurer. Ils agissaient comme un couple marié depuis dix ans.

- Je te le promet, murmura-t-elle en réprimant les trémolos dans sa voix.

Il ferma sa portière et se dirigea vers sa voiture. Traversant la route de campagne dont le charme apaisant suffisait à la rendre moins nerveuse, elle jeta un coup d'œil à son rétroviseur sachant pertinemment qu'il s'était placé derrière elle afin de mieux aviser le moindre soucis quel qu'il soit.

Malheureusement, ils furent obligé de se séparer après avoir atteint le centre de Londres.

Devant l'hôpital, Luna coupa le moteur avec la sensation qu'elle était suivi. Une idée qu'elle chassa rapidement après un rapide coup d'œil passé autour de l'hôpital.

Tout ce qu'elle voulait c'est récupérer ses radios du poignet qui n'avait pas l'ombre d'une fracture et rejoindre le manoir.

- Mademoiselle Moor ?

Luna rangea son téléphone portable dans sa poche pour saluer le médecin qui s'était occupée d'elle la veille.

- Si vous voulez bien me suivre, l'enjoignit le médecin en allongeant son bras.

- Merci docteur, murmura-t-elle en pénétrant dans son bureau.

- Je vous en prie installez-vous, poursuivit l'homme en faisant le tour de son bureau ; Vous étiez un peu dans les vapes hier soir, je ne me suis pas présenté, je suis le docteur Dolagan.

Luna inclina sa tête en guise de réponse car l'expression de ce médecin lui semblait à la fois dur et aimable.

- Je suis ici pour récupérer mes radios, Monsieur Willar n'a pas pu m'accompagner il avait une réunion importante.

- Vous n'avez rien d'alarmant miss Moor, commença-t-il en lui tendant ses radios ; Mais je dois dire que je suis satisfait que Roderik ne soit pas là, je voulais vous parler seul à seul.

Luna le considéra avec étonnement.

- Vraiment ?

Il croisa ses mains sur son bureau, l'air sérieux et quelque peu embarrassé.

- Vous avez l'air d'une jeune femme tout à fait charmante, miss Moor et je tente de me convaincre que je juge la situation un peu trop vite...

De plus en plus inquiète, Luna fronça des sourcils en secouant vaguement de la tête.

- Soyez plus précis docteur je peine à vous comprendre.

- Roderik est un ami de longue date, c'est pour cette raison que je vous ai prise en charge.

Il marqua un temps d'arrêt pour tapoter le bord de son bureau nerveusement.

- Je ne l'ai jamais vu ainsi, continua-t-il ; Il a l'air d'être attaché à vous, cela crève les yeux ; Seulement j'aimerais savoir si cela est réciproque.

Luna se figea, ne cherchant guère à réprimer la colère qui lui montait aux joues.

- Comment pouvez-vous me demander une telle chose ? Souffla-t-elle sous le choc.

- Ne vous méprenez pas mademoiselle Moor, je veux juste comprendre.

- Comprendre quoi ? S'enquit-elle sans dissimuler son agacement.

- Roderik ne peut pas avoir d'enfants, il me l'a dit.

- Je le sais ça ! Alors c'est donc ça qui vous tracasse ? Vous pensez que je me joue de lui ? Pour son argent ?

Il demeura un temps silencieux, secouant sa tête négativement.

- Non, ce qui me tracasse mademoiselle Moor, c'est qu'il ne peut pas avoir d'enfants et que vous êtes enceinte, lâcha-t-il sans y mettre les formes.

Luna hoqueta, interdire, la vision subitement très floue, le cœur battement si fort qu'elle crut s'évanouir.

- Alors comment m'expliquez-vous ça mademoiselle Moor ?

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