Chapitre 45
- Eh bien, on peut dire que vous avez eu beaucoup de chance, lança l'infirmière.
Les yeux dans le vague, Luna ne parvenait plus à se défaire des images de l'accident. Oui elle avait beaucoup de chance, au contraire de ses parents.
Des insupportables souvenirs lui revinrent en mémoire, incapable de les effacer ni même de les fuir. Son cœur se serra douloureusement, ayant l'impression d'être projetée des années en arrière.
- Allons ne pleurez pas, tout va bien mademoiselle Moor.
- Je suis sous le choc, murmura-t-elle en forçant un sourire ; Je suppose que ça va passer.
L'infirmière la gratifia d'un sourire rassurant avant de la laisser seule avec ses souvenirs.
Fort heureusement, ce vide presque abyssal prit fin quand une silhouette noire apparut enfin...
Luna remarqua tout de suite qu'il avait les yeux cernés, le regard inquiet, ses yeux noirs étaient emplis de tristesse et de culpabilité.
- Je vais bien, assura-t-elle tandis qu'il franchissait la porte pour s'approcher.
Il demeura interdit pendant de longues secondes avant de prendre enfin la parole.
- Non, c'est faux, lui dit-il en lui prenant la main ; Tu ne vas pas bien.
Luna se passa la langue sur ses lèvres sèches, reposant sa tête sur l'oreiller avec un soupir tremblant.
- Chaque fois que je parviens à obtenir de toi une déclaration qui me rend heureuse, un drame se produit juste derrière, s'exclama-t-elle avec un petit rire amer ; Je vais finir par croire que nous sommes maudits.
- Moi je pense plutôt que cela renforce notre amour, contrat-il en s'installant au bord du lit.
Luna posa son regard dans le sien. Il semblait se battre intérieurement, le signe évident qu'il n'était pas aussi serein qu'il le laissait croire.
- Tes parents sont décédés dans un accident de voiture et nous venons d'avoir un accident, reprit-il avec prudence ; Alors je ne pense pas que tu vas bien.
- Je suis sous le choc, mes parents me manquent affreusement, révéla-t-elle d'une voix tremblante de tristesses ; Je vais mieux, ça va passer Roderik, il me faut juste du temps.
Le visage de son amant se fissura en une expression triste et compatissante.
- As-tu des informations sur l'accident ? Demanda Luna afin de détourner la conversation.
Il se passa une main sur son visage fatigué.
- C'est probablement un paparazzi, lui expliqua-t-il d'une voix tourmentée ; Ils ont relevé des traces de freinage ce qui laisse penser que ce n'était pas intentionnel.
- Mais il a prit la fuite ? Est-ce qu'ils sont totalement certains que c'était un paparazzi ?
- Que veux-tu dire ? S'enquit-il en fronçant des sourcils.
- Tu viens d'acquérir un diamant d'une valeur inestimable, lui rappela-t-elle ; Dans mon monde, certains tueraient pour le voler.
- Mais je ne l'avais pas sur moi, lui dit-il glissant une main sous sa nuque afin de rajuster l'oreiller.
Il en profita pour poser un léger baiser sur ses lèvres.
- Non mais si...
- Mon ange, l'interrompit Roderik en la dévisageant ; Je ne veux pas que tu te tracasses pour ça, l'enquête est en cours, nous connaîtrons la vérité tôt ou tard.
Luna opina silencieusement.
- Je voudrais rentrer à présent, je suis fatiguée.
- Nous devons attendre l'avis du médecin.
- Je vais bien, pour l'amour du ciel...
Roderik pressa ses mains sur ses épaules pour l'empêcher de bouger. Une immense peine l'empêcher de respirer convenablement. Dans cette blouse bleue et terne, cheveux attaché à la hâte, Luna semblait vulnérable. Elle portait un bandage au bras, sa peau n'avait jamais été aussi pâle qu'à cet instant.
- Ne bouge pas s'il te plaît, lui ordonna-t-il doucement en lui caressant les cheveux.
Heureusement pour lui, une infirmière entra dans la pièce pour lui accorder le droit de la ramener, lui indiquant néanmoins qu'elle devrait revenir demain.
Soulagé, il la ramena comme prévu au manoir et le silence qui les accueillit lui fit froid dans le dos. D'ordinaire coutumier à ce genre de silence, Roderik ne voulait plus l'entendre. Il ne voulait plus avoir la désagréable impression d'être seul.
Comme un précieux fardeau il déposa Luna sur le lit, examinant avec minutie son visage.
- Je vais bien Roderik, lui assura-t-elle comme si elle avait senti qu'il s'inquiétait.
- Je trouverais le coupable...
- Je n'en doute pas une seule seconde, lui dit-elle en un sourire légèrement amusé.
Le cœur battant, Luna avait l'impression de se liquéfier dans ses prunelles sombres alors qu'il la déshabillait en prenant soins de ne pas toucher son pansement.
Malgré l'accident, Luna n'oublierait jamais cette soirée. Roderik avait enfin su lui prouver son amour, un cadeau inestimable qui suffit à lui faire oublier la fin dramatique de cette soirée.
- Tu devrais dormir à présent, lui conseilla-t-il en rabattant les couvertures sur elle.
- Et toi ? Tu ne viens pas ?
- Je dois passer un coup de fil, je reviens très vite.
Il l'embrassa pour compenser son absence et la laissa seule, dans la lumière tamisée des lampes. Luna inspira profondément puis ferma les yeux dans l'espoir d'un avenir meilleur à son réveil.
- Tout ce que je veux c'est des faits ! Gronda Roderik d'une voix inflexible.
Reposant son téléphone sur son bureau, il se mit à arpenter la pièce silencieuse en se passant les mains sur son visage afin de se maintenir éveillé.
- Monsieur le Duc ? Est-ce que vous désirez quelque chose ?
Roderik secoua imperceptiblement de la tête et se tourna vers Mary.
- Que faites-vous ici Mary ? Il est deux heures du matin.
Sa gouvernante pénétra dans son bureau les mains jointes.
- J'ai appris pour l'accident alors j'ai décidé de revenir pour vous prêter main forte.
Roderik baissa la tête vers le tapis, mâchoires convulsivement serrées. La presse relayait sans cesse son accident dans les journaux du monde entier et il ne pouvait plus rien y faire. Malgré tout, il fut agréablement ému de voir Mary se présenter à lui à une heure si tardive pour lui apporter son soutien.
- Mary ?
- Oui monsieur ?
- Voilà bientôt huit ans que vous travaillez pour moi et pourtant je n'ai pas toujours été d'une grande chaleur humaine parfois même très désagréable, commença-t-il en plissant son front ; Pourquoi vous restez ?
Sa gouvernante esquissa un sourire doux, le même qu'elle lui avait donné après son divorce.
- Parce que j'attendais ce moment et je ne voulais pas le rater.
Roderik l'enjoignit à s'expliquer en fronçant des sourcils.
- Quand vous m'avez embauché, vous étiez un play-boy arrogant, puis ensuite, je vous ai connu en tant qu'homme marié et j'ai pu voir dans vos yeux une immense tristesse s'y peindre à mesure des années. De la colère, de la rage et j'ai vu naître un homme avec de grandes valeurs, des désirs insoupçonnées.
Mary baissa les yeux tristement.
- Je vous ai silencieusement accompagné dans cette période difficile qui a été votre divorce et...
Roderik dévia son regard vers la fenêtre pour fuir sa pitié. Elle n'avait pas osé poursuivre, comment lui en vouloir ?
- Pourtant, vous m'avez montré que malgré tout, vous étiez suffisamment fort pour continuer tout en vous forgeant dans votre esprit, des barrières infranchissables.
Mary inclina sa tête avec un léger sourire aux lèvres.
- Des barrières que miss Moor est parvenue à franchir et maintenant je vois un homme enfin heureux malgré ce masque impassible.
Roderik dévisagea longuement celle-ci une pointe de regret dans le cœur.
Le regret de ne pas avoir vu plus tôt que cette femme au regard tendre s'était presque comporté comme une mère avec lui.
- Comment aurais-je pu rater ça ? Compléta celle-ci en riant.
- Je ne vous ai jamais remercié d'être ici Mary, je suis un monstre...
- Si vous étiez le monstre que vous prétendez être alors cette femme ne serait pas ici, répliqua Mary d'un sourire entendu ; Vous seriez probablement seul ce qui n'est pas le cas monsieur le Duc. Quant à votre froideur, sachez qu'elle ne m'a jamais dérangé car j'en connaissais le fond.
Roderik baissa les yeux brièvement, envahi par un soulagement pur.
- Et le salaire que vous me versez chaque mois m'est suffisant pour comprendre à quel point vous êtes un homme bien.
Mary, s'inclina respectueusement avant de quitter son bureau, le laissant seul, avec la sensation intense d'être enfin aimé...
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