Chapitre 32



Ainsi voilà à quoi ressemblait New-York, songea-t-elle en esquissant un sourire frémissant.

Après une nuit passé dans ses bras Luna s'était réveillée plus heureuse que jamais et semblait basculer une nouvelle fois dans l'inconnu. Assoupie pendant le vol qui les emmenait à New-York Luna s'était réveillée la tête remplie de merveilleux rêves sans savoir que l'un d'entre eux était en train d'être exaucé.

- Allons-nous rester ici longtemps ? S'informa-t-elle en tournant sa tête dans sa direction.

- Peut-être deux ou trois jours, répondit le Duc en fourrant son téléphone dans sa poche intérieur avant de braquer ses yeux dans les siens ; Pourquoi ? Tu es pressée de partir ?

- Oh non, dit-elle en secouant de la tête ; Je voulais juste savoir.

Alors que la voiture était définitivement bloquée dans l'importante circulation, il se glissa sur la banquette pour déposer un baiser sur sa joue.

- Ne sois pas si nerveuse, je ne vais pas te croquer, murmura-t-il d'une voix faussement sévère.

- Dis le loup...

Il prit son menton dans sa main ferme et planta un baiser sur sa bouche.

- Je pourrais te dévorer là tout de suite, la menaça-t-il avec un sourire en coin.

Les joues en feu Luna émit un petit rire amusé mais prit cette menace au sérieux.

Luna glissa son index sur sa mâchoire volontaire et se laissa guider par ses émotions. Délicatement, par crainte qu'il rejette son geste elle posa sa tête contre son épaule et ferma les yeux.

Après s'être raidi une seconde, Roderik laissa la jeune femme reposer sa tête contre son épaule avec un sentiment étrange fiché au creux de ses reins.

Pas de sentiment, aucune émotion... telle avait été sa devise depuis de longues années. Aujourd'hui c'était la folie qui le guidait, le désir incontrôlable de détenir cette femme avec lui.

Emmener Luna à New-York n'était-ce pas la preuve évidente que quelque chose avait changé en lui ?

- Nous sommes arrivés monsieur le Duc, annonça son chauffeur en baissant la vitre qui les séparait.

- Merci Cliver, dit-il d'un air absent.

Il quitta la voiture suivi de près par la jeune femme qui bouleversait son quotidien, incompris ses pensées.

- C'est la première fois que je pénètre dans un hôtel, lui confia-t-elle en marchant à ses côtés tout en prenant ses distances.

- Le Ritz-Carlton est mon hôtel préféré lors de mes visites, expliqua-t-il en lui prenant la main.

Ce geste pourtant anodin la mit mal à l'aise. Ses yeux de biche s'écarquillèrent et se perdirent sur les foules. En capturant sa main de la sorte Roderik prenait le risque de faire parler la presse, il le savait...

Car déjà, le directeur de l'hôtel fort habitué à l'accueillir dès son arrivé eut peine à dissimuler son étonnement.

Les femmes de l'accueil se mirent à chuchoter comme trois commères et l'une d'elle observait Luna avec un mélange de regret et de dédain.

- Monsieur le Duc, le salua le directeur en inclinant sa tête ; C'est toujours un honneur de vous recevoir.

- Je vous présente Miss Moor.

Ce dernier lui offrit une poignée de main tout en inclinant sa tête.

- Enchantez mademoiselle Moor, déclara-t-il avant de se tourner vers lui ; Je suis confus, dois-je vous attribuer une autre suite ?

Roderik réprima un grognement. Était-il en train d'insinuer qu'elle était une escorte ?

Roderik le fusilla du regard.

- Non, aucun changement, répondit-il d'une voix dure.

- Très bien monsieur, bredouilla-t-il en s'effaçant pour les laisser passer.

Envahi par une colère indescriptible Roderik entraîna Luna dans le grand hall et prit la direction des ascenseurs suivi par un dirigeant de l'hôtel.

Un froid silence tomba dans l'habitacle laissant la petite musique d'ambiance emplir le silence. Ses doigts firent pression sur les siens et il baissa la tête vers la jeune femme complètement pétrifiée à ses côtés. L'humiliation qu'elle venait de subir ne serait pas sans conséquence. Roderik se promit alors de punir le directeur pour ses suppositions déplacées.

Quand le bagagiste quitta la suite avec son pourboire, Roderik ôta son manteau rageusement et attrapa la carte des menus pour lui tendre.

- Tu peux choisir ce que tu veux, je reviens dans quelques minutes.

Il planta un baiser sur son front et quitta la suite sans lui laisser le temps de lui répondre.

Roderik gravit les étages pour confronter le directeur dans l'intention d'obtenir des excuses. Il ne prit pas la même de s'annoncer et ouvrit la porte sans cérémonie.

Surpris l'homme se leva d'un bond.

- Monsieur le Duc ? Avez-vous un soucis ?

- En effet, j'en ai un, dit-il d'une voix sèche ; Votre attitude envers miss Moor ne me plait guère.

Décontenancé, le directeur tira sur bout de sa cravate.

- Vous avez laissé entendre des choses qui ne plaisent guère.

- C'est-à-dire que je ne vous ai jamais vu en compagnie d'une femme qui plus est jeune et...

- Alors vous avez crû qu'elle était là pour assouvir mon appétit, gronda-t-il en s'avançant jusqu'à son bureau ; Gardez vos suppositions pour vous à l'avenir car je ne tolère pas ce genre de comportement.

Les joues rouges, le front en sueur le directeur tenta de faire bonne figure.

- Je vous présente toutes les excuses monsieur le Duc, déclara-t-il en inclinant sa tête ; Je ne voulais pas vous manquer de respect et encore moins blesser votre...

Il s'interrompit, dans l'embarras le plus total.

- Compagne, termina Roderik à sa place.

Une lueur de stupéfaction couvrit ses yeux.

Roderik serra les mâchoires convulsivement et quitta le bureau sous le sourire courtois du directeur qui déjà, tirait un mouchoir de sa poche pour essuyer son front.

Luna soupira en refermant la carte qu'elle avait consultée une bonne dizaine de fois. Elle n'avait même visité la suite absolument fabuleuse, trop occupée à fixer la porte.

Les allusions du directeur de l'hôtel l'avaient touché en plein cœur, elle s'était sentie humiliée et elle savait pertinemment où Roderik était parti.

Quittant trop tard le cours de ses pensées elle entendit la porte claquer. Il planta son regard dans le sien sans se départir de son implacable froideur.

- Je vais bien Roderik, s'entendit-elle dire en se levant du canapé.

- Il était hors de question que je laisse passer une telle chose, gronda-t-il en quittant sa veste qu'il balança sur le fauteuil.

Savoir qu'il l'avait défendue raviva les battements de son cœur.

- Tu n'es pas une prostituée ni une escorte, grinça-t-il des dents en allant se servir un verre.

- Ils n'ont pas l'habitude de te voir en compagnie d'une femme, tu l'as toi-même dit Roderik, déclara Luna dans l'espoir qu'il se calme.

- Ce n'est pas une raison pour t'insulter ! Encore moins juger nos différences.

Bien-sur, Luna comprit tout de suite qu'il faisait référence à leur différence d'âge.

Ce problème semblait sans cesse les poursuivre alors que des tas de couple savaient par expérience que ce n'était pas l'essentiel pour accéder au bonheur.

- La situation est désormais réglée, murmura-t-il d'une voix dont la froideur n'avait d'égal à ses traits sévèrement tirés.

Pourtant il termina son verre d'un trait sans la quitter des yeux, un éclat brûlant au fond des yeux.

- Approche...

Luna s'approcha comme happée par sa voix inflexible et chaude.

Il emprisonna son visage de ses mains fermes et planta sa bouche sur la sienne avec une urgence absolue. Emportée par une vague de chaleur incontrôlable Luna répondit à son baiser avec ivresse.

- Souris-moi, ordonna-t-il contre ses lèvres.

Luna esquissa un sourire timide avant qu'il se mette à dénouer son manteau qu'elle avait gardé sur elle.

- Je veux que tu te sentes à l'aise Luna, murmura-t-il en lui prenant la main pour la guider vers la chambre.

Il écarta les deux portes coulissantes pour lui faire découvris une somptueuse chambre.

Roderik ne quitta pas son regard émerveillé avant que son téléphone portable l'empêche de poursuivre cette belle contemplation.

- Je reviens ne bouge pas.

Roderik prit son téléphone portable et inspira profondément avant de répondre.

- Bonjour mon frère...

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