Chapitre 30



Le corps endolori, Luna ouvrit les yeux lorsqu'elle sentit le soleil caresser son visage. Quelque chose en elle avait changé, elle avait l'impression d'être une femme accomplie et heureuse...un sentiment qu'elle s'empressa de contrôler. Elle s'était donnée à cet homme sans le moindre regret d'ailleurs comment pouvait-elle en éprouver après la douceur extrême dont il avait fait preuve la veille. Son cœur se mit à battre contre ses tempes lorsqu'elle réalisa qu'il n'avait pas quitté le lit et qu'il la tenait dans ses bras, caressant ses cheveux d'un geste répété voire inquiétant...

Elle releva la tête appuyant sa main sur son torse pour lui faire savoir qu'elle était réveillée. Lorsqu'il tourna sa tête vers elle, Luna ressentit une certaine crainte que tout s'arrête brutalement et même si elle était habituée à son regard impassible, elle ne put s'empêcher d'appréhender la suite. Ils étaient l'un l'autre hors du temps dans ce cottage perdu au milieu de nulle part...mais qu'adviendra-t-il lorsqu'ils seront forcés à retourner à la réalité ?

- Bonjour, lui dit-elle en lui souriant timidement.

- Bonjour Luna, murmura-t-il d'une voix douce sans jamais cesser de lui caresser les cheveux.

Que dire d'autre ? Pour elle, c'était pour ainsi dire la première fois qu'elle se réveillait dans les bras d'un homme après une nuit passionné. Avait-il besoin d'espace ? Devait-elle quitter le lit pour rejoindre le sien ?

- Je t'en prie dit quelque chose n'importe quoi, le supplia-t-elle en baissant les yeux ; T..tu veux rester seul ? Je...

Il la coupa d'un baiser furtif.

- En temps normal je demande la paix, aujourd'hui je désire te garder encore dans mes bras, déclara-t-il en appuyant sa paume de main sur sa tête pour qu'elle la repose sur son torse.

Luna se mordit la lèvre en s'empêchant de prendre ses désirs pour une déclaration. Elle s'emballait et en avait conscience mais ne venait-il pas de lui dire qu'il voulait qu'elle reste alors qu'il n'agissait pas de la sorte avec ces maitresses ? Une lueur d'espoir se mit à prendre forme dans son cœur.

Assez ! S'admonesta-t-elle en fermant les yeux.

- Il va falloir que je me montre franc immédiatement avant que tu ne te poses mille et une question, déclara-t-il à son plus grand désarroi.

Le cœur battant à tout rompre elle ferma les yeux en réprimant la douleur qui venait de lui serrer le cœur. Elle n'osait plus bouger ni même parler.

- Si tu as l'intention de me dire que notre histoire s'arrête ici je ne suis pas folle Roderik j'ai bien compris qu'il...

- Assez, ordonna-t-il d'une voix implacable tout en la renversant sur le lit.

Il plongea son regard dans le sien, une lueur indéchiffrable dans sa paire d'yeux noire.

- Je n'ai presque pas dormi cette nuit, confessa-t-il en la dévisageant comme s'il essayait de fouiller son âme.

- je t'ai tenu dans mes bras toute la nuit en essayant de mettre un mot sur ce qui est en train de m'arriver, hélas je n'ai pas su l'interpréter, je sais néanmoins une chose c'est que je ne désire pas que notre histoire s'arrête ici.

Luna résista à la tentation de lui sourire pour lui montrer à quel point sa décision la rendait follement heureuse car arborait une mine sombre et semblait tourmenté par son propre aveu.

- Je n'ai jamais éprouvé ça pour une femme, la nuit dernière a été de loin la plus belle de ma vie, confia-t-il en passant son pouce sur ses lèvres.

Luna eut un mouvement brusque et enfonça sa tête dans l'oreiller pour échapper à son contact.

- Si je comprends bien tu désires me garder uniquement pour le sexe ? Demanda-t-elle en peinant à cacher sa déception.

Pour toute réponse il grogna en lui affichant une dure colère dans le regard.

- Je ne t'abaisserais jamais à ça Luna Moor, comment peux-tu songer un instant à ça ! S'emporta-t-il.

Luna chercha à se redressa, affreusement gênée d'avoir pu penser qu'il puisse...

- Pardon, souffla-t-elle en se passant les mains sur son visage ; Je...tout ceci est nouveau pour moi, je n'ai pas l'habitude me réveiller dans les bras d'un aussi bel homme et surtout quand celui-ci en question est important pour tout un pays.

Elle braqua son regard dans le sien pour lui faire comprendre où elle voulait en venir.

- Mon statut de Duc te gêne ?

- Non mais ça m'effraie, avoua-t-elle en secouant de la tête.

Effaré, il écarquilla les yeux tout en la considérant d'un regard surpris.

- C'est la première fois qu'une femme se sent effrayée par mon statut, décidément Luna Moor tu es définitivement différente, déclara-t-il en l'attrapant par la taille pour prendre dans ses bras.

De nouveau envahie par une chaleur sensationnelle, Luna lui sourit tout en rosissant.

- Je désire continuer Luna, je suis sérieux et rare sont les fois où je désire une chose aussi puissamment, lui dit-il d'une voix rauque.

Luna plongea son regard dans le sien et y lut une profonde sincérité.

- Et pour ta famille ? Luke sera sans aucun doute furieux s'il venait à l'apprendre.

- Doucement, murmura-t-il le visage grave ; Laisse-moi m'occuper de ma famille, je n'ai pas la moindre envie d'y penser là tout de suite.

Il marqua une pause, le visage entièrement ciselé par une imminente colère. Luna retint son souffle et leva son index en direction de sa barbe pour la caresser.

Il prit son poignet et planta son regard dans le sien.

- Depuis la mort de mon père c'est moi qui mène ma famille à bout de bras, je n'ai aucune leçon à recevoir de personne, surtout pas mon frère qui s'est servi de toi.

Il l'avait dit avec tellement de rage qu'elle dut retenir sa respiration.

- Est-ce bien clair ? Murmura-t-il d'une voix plus amène.

- Très clair, murmura Luna alors qu'il se penchait pour l'embrasser.

Roderik savoura se baiser avec un profond et long soupir.

Il n'avait pas menti, toutes ses révélations étaient sincères.

Cette nuit, avait été la plus intense de toute sa vie. Lui qui pourtant s'était juré bien des choses...avait l'impression qu'elle avait percé un trou dans ce barrage dressé autour de son cœur. Elle lui avait donné quelque chose d'inestimable...quelque chose de pure...

- Tu as faim ? Demanda-t-elle en se mordant la lèvre.

Il planta un baiser sur son front avant qu'elle saute du lit, entièrement nue mais pressé de se cacher. Elle enfila sa chemise et incapable de bouger, il la dévorait du regard jusqu'à ce qu'il disparaisse dans la salle de bains. Avant elle, Roderik n'avait jamais songé aux multitudes de choses qui traversaient son esprit. En fait, Luna Moor lui exposait le monde différemment et cette vision lui plaisait. Elle fuyait sa position de Duc et à aucun moment elle avait laissé entendre qu'elle espérait de lui des cadeaux ou de l'argent.

Pourquoi et que signifiait ce petit pincement au cœur qu'il ressentait en ce moment ?

D'un bond il se leva du lit pour se poster devant la fenêtre et contempla d'un œil absent le lac endormi sous une épaisse brume matinale.

- Tu veux des œufs ? Des gaufres ?

Cette voix douce s'insinua en lui comme une traînée de poudre. Combien d'années avait-il évité un moment pareil après son mariage ?

Dérouté, envahi par un sourd désir il esquissa un sourire en coin.

- Fais ce dont tu as envie, dit-il en s'approchant et ravi de la voir rougir.

Il attrapa sa taille et la hissa de façon à ce qu'elle noue ses jambes autour de ses hanches.

- Monsieur le Duc est-ce bien raisonnable, bredouilla la jeune femme contre ses lèvres.

Roderik exhala un soupir des plus révélateur.

Non ça ne l'était pas, songea-t-il en faisant tressauter ses mâchoires mais il mourrait d'envie de lui faire l'amour encore et encore.

Délicatement il la fit s'allonger et enfonça ses poings de chaque côté de sa tête.

- Le petit-déjeuner n'est pas pour tout de suite miss Moor.

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