Chapitre 27
Luna releva la tête trop vite et fut prise de vertige alors qu'il ramenait son pouce à ses lèvres.
- Venant de...votre bouche...c'est étrangement différent de...
Les joues en feu elle s'interrompit au risque de paraître encore plus ridicule. Le baiser fut furtif mais si brûlant qu'elle étouffa un hoquet.
Il la caressa du regard avant de se retourner pour ranger la trousse de secours. Luna descendit du tabouret les jambes en coton alors qu'il disparaissait de la cuisine d'une démarche déterminée.
Luna se passa une main sur son visage et fixa l'eau des pâtes bouillir...comme son intérieur. S'exhortant au calme elle sortit les pâtes de l'eau bouillante et les déposa au centre de la table.
- Parlez-moi de vous, l'enjoignit-il une fois installé ; J'aimerai en connaître davantage sur vous.
Luna suspendit son geste en sourcillant.
- Est-ce qu'il y a quelque chose que vous ne connaissez pas sur moi ? Le défia-t-elle du regard en songeant aux recherches qu'il avait fait sur elle.
Une sourire presque diabolique se dessina sur ses lèvres entourées d'une barbe naissante.
- Vous marquez un point, admit-il en lui servant du vin ; Je voulais dire qu'est-ce que vous aimez dans la vie hormis les films romantique, votre travail et la cuisine ?
Luna ne sut quoi répondre car elle l'ignorait elle-même. Il venait de citer tout ce qu'elle aimait dans la vie.
- Vous venez de les citer, répondit-elle en goûtant au vin.
- Pourquoi avoir quitté la Pennsylvanie ? Vous auriez pu facilement trouver un travail dans votre domaine ou bien même faire des études supérieures dans les facultés les plus réputées de l'Amérique.
Cette question souleva en elle une vague de tristesses.
- C'était le dernier souhait de mes parents, ils voulaient que je fasse mes études ici, au plus proche du pays où ils se sont rencontrés.
Roderik reposa lentement sa fourchette sans la quitter des yeux alors qu'elle avait la tête volontairement baissée dans son assiette. Il sentit une émotion particulière lui serrer le cœur profondément touché par son histoire.
- C'est un bel hommage que vous leur rendez, murmura-t-il d'une voix douce ; Je suis sûr qu'ils sont fier de vous.
Elle releva la tête, les yeux larmoyant.
- Vous pensez ?
- J'en suis convaincu, affirma-t-il avec un léger sourire aux lèvres.
Elle lui rendit son sourire, les épaules affaissées. Elle était si frêle constata-t-il en inspirant imperceptiblement.
- Vous n'aimez pas sortir ? S'enquit-il pour changer de conversation.
- Quelle genre de sortie ? J'aime sortir en ville ou visiter les monuments.
- Le théâtre ? L'opéra ?
Roderik qui claquer sa langue entre ses dents. Quelle question ridicule, songea-t-il en serrant son poing.
- Je n'aime pas le théâtre et l'opéra je n'y suis jamais allé, lui répondit-elle en haussant des épaules.
- Mais si vous aviez le choix ?
Elle fronça des sourcils, songeant sérieusement à la question.
Roderik s'enfonçait encore plus loin dans l'interdit. Était-il en train de l'inviter subtilement à l'opéra ?
Il attendit sa réponse mâchoires serrées.
- Je dirais oui sans doute, répondit-elle enfin non sans lui révéler son incrédulité.
Satisfait Roderik reporta son attention sur son dîner absolument délicieux. Luna l'observa discrètement en se demandant bien à quoi il pouvait penser. L'opéra ? Était-ce la prochaine étape à sa rédemption ?
Incapable détourner les yeux de cet homme si beau et si viril Luna se surprit à s'imaginer dans ses bras...complètement nue et sa fourchette lui glissa des doigts pour s'échouer dans son assiette.
- Eh bien miss Moor ! Tout va bien ? S'informa-t-il avec une lueur amusée au fond du regard.
- Ou..oui tout va très bien !
Il essuya sa bouche d'un geste contrôlé sans la quitter des yeux.
- C'était délicieux Luna, vous avez beaucoup de talent, déclara-t-il d'une voix rauque.
Une onde de chaleur remonta le long de son échine et dut détourner le regard pour paraître détendue.
- J'en suis ravie, je vous l'ai dit j'adore cuisiner !
Elle se leva précipitamment pour débarrasser.
- Non ! Laissez-moi m'occuper de la vaisselle, ordonna-t-il en se levant pour la rejoindre.
- Vous êtes sûr ? Ça ne me dérange pas vous savez.
- Moi si, contrat-il en lui prenant l'assiette ; Vous avez fait la cuisine je m'occupe du reste, je ne vous ai pas invité ici pour jouer la femme de ménage.
Comme elle refusait de bouger, son regard se fit plus dur.
- Essayez-vous de me défier Luna ? Demanda-t-il en la dominant de toute sa hauteur.
- No...non je...
- Alors reposez vos fesses sur cette chaise avant que je me charge de les faire choir, ordonna-t-il en glissant son regard sur son postérieur comme s'il y songeait sérieusement.
Luna se sentit rougir jusqu'à la racine de ses cheveux et se laissa tomber sur sa chaise, la bouche entrouverte. Elle mourait d'envie de le défier mais revit son visage ciselé envahi d'une sourde rage lors de Thanksgiving et se ravisa. Il valait mieux ne pas tenter le diable se dit-elle en observant ce Duc viril en train de mettre leurs assiettes dans le lave-vaisselle.
- Facile de se désigner pour cette corvée lorsqu'on a l'engin utile ! Osa-t-elle lancer en levant son menton pour le défier.
L'homme cessa tout geste et se redressa lentement en lui jetant un coup d'œil des plus troublant qui soit...
- Je n'ai jamais laissé une femme me parler de la sorte, lui dit-il en refermant le lave-vaisselle ; Profitez-en Luna...je suis d'humeur conciliante ce soir.
Luna leva davantage son menton querelleur.
- Ou du moins je vais tenter de l'être, ajouta-t-il en l'embrassant du regard.
Elle abaissa son menton et attrapa son verre de vin pour boire une gorgée. L'index du Duc fit barrage et lui prit le verre des mains.
- Doucement, détendez-vous pour l'amour du ciel, décréta-t-il sur un ton inflexible ; Vous n'avez rien à craindre, je n'ai pas l'intention de reproduire le même incident qui nous a brouillé.
Luna sentit la déception l'envahir avant de voir dans ses yeux sombre comme une sorte résignation. Comme s'il se l'interdisait...Comme s'il le voulait mais que son âge était comme une barrière qu'il s'empêchait de franchir. Et il avait probablement raison de ne pas vouloir la franchir, songea-t-elle en baissant la tête.
Ne s'était-elle pas fait la promesse de ne jamais coucher avec un homme sans avoir la certitude que c'était lui le bon ?
Pour Roderik Willar elle serait probablement une liaison de plus sur sa liste et il l'oublierait très vite...
- Oui vous avez raison, finit-elle par dire en se levant un peu trop vite.
Il la rattrapa par le bras pour la plaquer contre son torse. Instinctivement elle posa sa main sur cette peau d'acier et releva la tête pour ancrer son regard au sien. Il affichait une telle expression impassible que son ventre se noua.
- Je ferais mieux de monter dormir.
- Si tôt ? Si vite ? Il est à peine vingt-deux heures, contrat-il en consultant sa montre sans relâcher son bras.
- Vous avez peut-être du travail...
- Voilà une piètre excuse pour me fuir, murmura-t-il en lui jetant un regard mécontent.
Roderik fixait sa bouche avec une soif incontrôlable d'y goûter cette fois-ci d'un baiser plus ardent. Seigneur ! Si seulement elle pouvait cesser de se mordre cette lèvre !
- Si je cherchais à vous fuir je ne serais pas ici en ce moment, se défendit-elle avec un sourire timide aux lèvres.
Roderik trouva assez de force pour décoller ses doigts de son bras.
- Encore un point...
Elle se recula, tendue comme une arbalète, les yeux fermés, déployant ses longs cils qui formaient des ombres sur ses joues rouges.
- Alors que voulez-vous faire ? Demanda-t-elle en se balançant d'un pied sur l'autre.
Un désir viscéral lui coupa la respiration.
Roderik avait le choix....à lui maintenant de choisir le meilleur avant que la folie le consume entièrement.
Mettre un terme à cette soirée ou au contraire la poursuivre au risque de se perdre dans cette paire d'yeux magnifique.
Jamais il n'avait connu ça pour une femme. Aucune n'avait réussi à le fasciner autant que Luna Moor.
Roderik déglutit pour endiguer la douleur de son désir et allongea son bras en direction de la salle à manger.
- Venez, allons poursuivre dans le salon, s'entendit-il lui répondre d'une voix rauque.
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