Chapitre 24



Adossé à son fauteuil de son entreprise Roderik observait les flocons de neige tombaient en continu depuis le début de la journée le regard sombre. Cette semaine passée fut de loin la plus sombre de sa vie et pour une seule et unique raison.

Luna Moor n'était plus un problème à régler. Luna Moor n'était plus la fausse fiancée de son frère.

Luna Moor était devenu une obsession.

Et Roderik avait passé la semaine à se haïr de nourrir une telle obsession presque inquiétante à son sujet. Le pire pour lui fut d'avoir donné sa parole qu'elle ne le verrait plus, qu'il ne viendrait plus interférer dans sa vie pas plus que son frère. Mais le souvenir de ses lèvres restaient ancré en lui si fort qu'il avait l'impression de devenir fou. Il se passa le pouce sur ses lèvres incapable de faire la différence entre le bien et le mal, incapable de se concentre sur son travail sans que le souvenir de la jeune femme ne vienne le hanter.

Il se jugeait même comme un criminel pour avoir osé nourrir des fantasmes à son sujet qui faisaient de lui le pire monstre que la terre n'ait jamais connu. Pourtant, malgré toutes ses raisons qui auraient pu le ramener à la raison Roderik n'avait qu'une envie...

Débarquer chez elle dans l'unique but de revoir son visage.

- Tu frôles l'obsession maladive mon pauvre Roderik, marmonna-t-il à lui même en se levant rageusement pour contempler la vue panoramique.

Il fallait à tout prix qu'il se ressaisisse avant que la folie l'emporte sur la raison.

Mais était-ce déjà trop tard ?

N'était-il pas en ce moment même en train de se demander ce qu'elle faisait ? En pleine vacance de noël ?

Seule.

Il secoua imperceptiblement de la tête pour chasser ce trouble qui l'envahissait. Depuis son divorce chaotique il s'était juré de ne plus jamais laisser une femme envahir sa vie ni même son cœur. Seulement des liaisons courtes et brèves sans illusion d'une aventure suggérant un mariage proche...

Toutes les femmes qui étaient rentrées dans sa vie en étaient ressorties les joues brûlantes de frustrations et de colères.

Il avait fait de même avec Luna Moor à la différence qu'il ne s'était rien passé entre eux. Il s'était volontairement retiré de sa vie.

Mais le voulait-il vraiment ?

Devait-il la revoir pour le savoir ?

Cette suggestion était dangereuse car à chaque fois qu'il se retrouvait en sa présence Roderik perdait tout contrôle.

Une brève sonnerie lui indiqua qu'il venait recevoir un message sur sa boîte Mail. Sans se départir de son regard sombre Roderik retourna vers son bureau pour ouvrir ce mail qui à peine ouvert...lui donna la réponse à sa question.

Luna venait de terminer la décoration de son sapin avec fierté lorsqu'elle fut interrompue par des coups portés à sa porte. Sans quitter son beau sapin des yeux elle alla ouvrir la porte et crut mourir de peur lorsqu'elle reconnut l'ombre qui se dressait devant elle...comme dans ses rêves...tout droit sortit des ténèbres. Son cœur manqua de s'arrêter.

Roderik Willar arborait une mine sombre et presque menaçante. Immédiatement elle fut saisie de souvenirs qu'elle tentait d'oublier vainement.

Que faisait-il ici ? Alors qu'il lui avait promis de ne plus jamais revenir dans sa vie.

Luna fixa son regard braqué sur elle et déglutit avec peine.

- Que faites-vous ici ? Demanda-t-elle enfin d'une voix peu chaleureuse ; Laissez-moi deviner ! Votre mère tente de vous précipiter dans un mariage forcé et vous avez besoin d'une fiancée pour la dissuader d'une telle folie ?

Son regard noir se durcit un peu plus.

- Je ne suis pas de service se week-end, ajouta-t-elle tout en fermant la porte avant que sa main de vienne faire barrage.

- Limiter vos vilaines bravades Luna je ne suis pas ici pour me disputer avec vous.

Désorientée Luna sentit la panique l'envahir.

- Alors que faites-vous ici ? Je pensais que...

- Je sais ce que j'ai dit ! La coupa-t-il en forçant le barrage de sa porte d'entrée ; Mais c'était stupide de ma part, reprit-il en fermant la porte.

- Vous n'avez pas le droit d'entrer chez-moi comme bon vous semble ! S'écria-t-elle alors que des multitudes de scénarios horribles se formaient dans sa tête en détaillant son long manteau noir qui lui donnait l'apparence d'un...

- Je ne suis pas un tueur en série Luna je ne suis pas venu ici pour vous tuer, lança-t-il avant de considérer ses gants en cuir noir qui lui donnait pourtant l'air d'être un assassin.

Luna s'entoura de ses bras alors qu'une violente chaleur irradiait son ventre. De plus elle put constater qu'il semblait essoufflé et ses yeux jetaient des regards circulaires dans son apparemment.

- Vous cherchez quelque chose ?

- À vrai dire oui, lâcha-t-il froidement ; Le vendeur de sapin de noël entre autre...

Subitement, il s'était rapproché et la maintenait prisonnière contre la porte.

Consternée et incrédule Luna le regarda les yeux écarquillés.

- Je vous demande pardon ? Souffla-t-elle sous le choc ; Vous m'avez fait suivre !

- Oui, avoua-t-il sans une once de regrets.

Luna étouffa un rire en sentant son sang bouillir dans ses veines tandis que son cœur battait à la chamade.

- Et de quel droit ! Gronda-t-elle les yeux emplis de fureur.

- Peu importe ce qui m'a poussé à vous faire suivre cela ne répond pas à ma question miss Moor ! Fit-il d'une voix glaçante.

Luna réprima un sursaut lorsqu'elle vit ses yeux noirs se remplir de colère.

- Vous ne manquez pas de toupet ! De quel droit vous vous autorisez à de tels agissements !

- Je vous pensais plus intelligente que ça pour tomber dans les bras du premier type qui passe dans la rue, rétorqua-t-il en collant sa main contre la porte pour s'incliner près de son visage ; Je vous arrache des bras de mon frère et vous trouvez rien de mieux que d'autoriser un autre tout aussi malveillant à pénétrer dans votre appartement.

Luna ouvrit la bouche en grand.

- Vous êtes l'homme le plus cruel que la terre n'ait jamais connu.

Ce dernier serra ses puissantes mâchoires pour accuser l'insulte.

- Pour tout vous dire le vendeur m'a prêté main forte pour monter mon sapin de noël rien de plus et je n'en reviens pas que vous soyez venu jusqu'ici pour ça !

Roderik se passa une main nerveuse et se redressa pour tenter de se calmer. Il agissait d'une façon si cruelle qu'il peinait à se reconnaître. La revoir n'avait rien arrangé.

Il se retourna pour échapper à ses grands yeux verts et soupira silencieusement.

- Je suis désolé, lâcha-t-il en se retournant pour la confronter ; J'ai crû que vous étiez en danger.

Luna cligna rapidement des yeux en peinant à y croire.

- J'ai déjà eu une figure paternel monsieur le Duc je n'ai pas besoin de...

- Je n'ai pas la moindre envie de jouer les paternels et cessez immédiatement vos brimades enfantines, vous avez vous avez vingt-cinq ans et j'ai trente-quatre ans je ne suis pas à l'article de la mort !

Luna croisa les bras contre sa poitrine. C'était odieux de sa part elle devait le reconnaître.

- Pourquoi vous êtes venu ? Et pourquoi m'avez-vous fait surveiller comme si j'étais une criminelle ?

Il braqua son regard dans le sien.

- Je voulais m'assurer que tout aller bien pour vous et je voulais savoir si Luke viendrait vous ennuyer.

- C'est tout ? Rien d'autre ?

Il s'approcha doucement sans la quitter des yeux.

- J'ai été odieux, je le regrette et je voulais m'excuser, expliqua-t-il d'une voix plus amène.

Luna le dévisagea avec incrédulité.

- Vous n'avez pas à vous excuser, je vous l'ai dit c'était...

- Peu importe ce que c'était, la coupa-t-il brutalement ; Je suis venu également pour vous inviter quelque part.

- Où ça et pour quelle raison ? Je pensais que vous ne vouliez plus me revoir ?

Il ferma les yeux brièvement.

- La manière avec laquelle je vous ai traitée n'est pas digne de moi, je voudrais me faire pardonner.

Luna plissa des yeux, perplexe...

- Luna, je vous conseille de ne pas me résister je n'ai pas l'humeur pour jouer même si j'adore vous voir me résister, ajouta-t-il avec un sourire en coin.

Luna frissonna mais cette fois-ci d'excitation.

- Écoutez...je...la dernière fois que j'ai accepté...

- C'était merveilleux, l'interrompit-il d'une voix profonde ; Vous l'avez dit vous-même Luna, c'était merveilleux et ce que je vous réserve l'est davantage.

Roderik vit ses prunelles briller comme deux faisceaux...comme si elle était sa proie...et lui le chasseur.

Il comprit alors qu'il allait devoir redoubler d'effort pour qu'elle accepte de le suivre...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top