Chapitre 22
- Que désirez-vous faire aujourd'hui ? Lança une voix à l'autre bout du couloir.
Luna s'arrêta à mi-chemin qui menait à sa chambre et se retourna.
En fait elle avait qu'un seul et unique désir c'était de disparaître dans sa chambre. Encore fallait-il pouvoir le faire !
- Vous avez sans doute beaucoup de travail, je n'ai pas besoin de nounou vous savez, je pense retrouver mon chemin toute seule.
- N'en soyez pas si sûre miss Moor, vous pourriez facilement vous perdre dans mon manoir.
Luna le vit s'approcher d'elle avec nonchalance et elle aurait voulu être perdue en cet instant si troublant.
- Pour répondre à votre question je n'ai pas de travail aujourd'hui je suis donc disposer à vous faire visiter le manoir si le cœur vous en dit ? Proposa-t-il en brisant le dernier espace qui les séparait.
Luna se pinça les lèvres en songeant à accepter. Après tout que risquait-elle ?
- Qui c'était au téléphone ?
- Luke, il voulait vous parlez pour poursuivre sa désastreuse mise en scène, expliqua-t-il d'une voix dépourvue de chaleur ; Je lui ai dit que vous aviez eu la décence de me dire la vérité.
- Est-ce qu'il m'en veut ?
- Non, répondit-il vivement en croisant les bras, dévoilant les reliefs incroyables de ses muscles.
Luna tenta vainement de trouver autre chose dans son regard mais n'y trouva rien de plus qu'une paire d'yeux sombre la dévisageant avec insistance.
- Alors cette visite ?
- Je veux bien visiter votre manoir après tout je n'ai rien à faire d'important !
Un fugace sourire passa sur ses lèvres dures alors qu'il avait déjà posé sa main dans son dos pour l'entraîner dans le couloir.
- Sage décision miss Moor, murmura-t-il d'une voix mystérieuse.
Luna sentit le feu se répandre dans son intérieur comme une effusion de lave.
- Que voulez-vous dire ? Vous aviez l'intention de me forcer peut-être ? Osa-t-elle demander avec sourire narquois.
- J'obtiens toujours ce que je veux des autres Luna, cela fait partie de ma personnalité froide et austère.
Luna frémit de la tête aux pieds.
- Est-ce déjà arrivé que l'on vous résiste ?
- Oui, une fois, admit-il en baissant sa tête vers elle ; C'était une maîtresse d'école je crois, poursuivit-il en faisant mine de réfléchir ; Elle a refusé de dîner avec moi vous vous rendez compte ?
Luna se mit à rire très amusée.
- Quel désastre ! Vous qui devez avoir toutes les femmes de la terre à vos pieds ! Ça n'a pas été trop difficile à encaisser ?
- Non puisqu'elle a fini par dire oui.
- De gré ou de force ? Se risqua-t-elle de demander alors qu'il ne la lâchait pas du regard.
Il s'arrêta près d'une grande porte, tout en la caressant du regard, les muscles de ses mâchoires contractés.
- De gré je crois, répondit le Duc en ouvrant la porte.
Luna déporta son regard sur l'immense pièce éclairée et pourvue d'étagères.
- Hormis la bibliothèque municipale je...n'ai jamais rien vu de tel, murmura-t-elle en pénétrant à l'intérieur.
- N'est-ce pas trop ancien pour une jeune femme ? Certaines aiment le moderne....
- Vous plaisantez ? S'enquit-elle en allant saisir le premier livre à sa portée ; Une bibliothèque moderne perd tout son charme, les anciennes se composent d'histoires tout aussi merveilleuses que ses ouvrages !
Impossible pour elle de résister à la tentation de les toucher avant que la prudence lui ordonne d'arrêter.
- Est-ce que...est-ce qu'ils sont fragiles ? Je peux les toucher ?
- Bien-sûr que vous pouvez les toucher, affirma le Duc en s'installant sur le long canapé en cuir marron.
Luna se tourna vers les étagères pour éviter son regard si énigmatique. À quoi pensait-il ? Essayait-il de se faire pardonner pour son comportement injuste envers elle ?
Luna en était presque convaincue.
- Vous ne vous sentez pas seul dans ce gigantesque manoir ? Demanda Luna pour faire la conversation.
- J'aime la solitude, répondit-il vaguement.
Luna s'empêchait de se retourner car elle avait le pressentiment qu'il avait les yeux rivés sur elle.
- Si un livre vous plaît prenez-le.
Absolument tout dans cette immense pièce était susceptible de lui plaire. Par prudence elle prit le premier livre romantique à sa portée et se tourna vers lui.
- Jamais je n'aurais cru trouver un livre romantique dans cette bibliothèque.
- C'est une bibliothèque Luna, je suis obligé de la composer avec les tous les thèmes.
Bien-sûr il n'était pas romantique, comprit-elle aussitôt en s'installant sur l'accoudoir du fauteuil.
- Vous êtes romantique et pourtant vous semblait vivre comme une nonne, lança-t-il sans cacher sa curiosité.
Luna releva la tête, étourdie par sa remarque.
- Pourquoi me dites-vous cela ?
Il haussa négligemment des épaules.
- Je suis curieux miss Moor, avez-vous déjà été amoureuse ? Vous avez bien eu des petits-amis non ?
Luna ouvrit la bouche pour mieux la refermer. Si jamais elle lui disait non il serait susceptible de ne pas la croire ou bien de se moquer d'elle. La vision qu'elle se faisait des hommes l'empêchait de sauter le pas et elle se voulait prudente. Les hommes préféraient des aventures sans lendemain plutôt qu'une vierge à la quête de l'amour comme celui qu'elle trouvait dans les livres. Autrement dit Luna allait devoir mentir à cet homme à qui le sexe n'avait probablement plus aucun secret. À cette simple constatation Luna se mit à frémir.
- Évidemment que j'ai déjà eu des petits-amis mais ça n'a pas marché, mentit-elle sans baisser les yeux au risque d'être aussitôt démasquée.
- Comment est-ce possible ? Demanda-t-il visiblement très sensible à vouloir le découvrir.
- Je l'ignore, répondit-elle en ouvrant le livre pour paraître distraite.
Roderik sentit le malaise s'installer. Elle semblait perdue dans ses pensées et tristes.
- Parlons d'autre chose, décréta-t-il en se levant lentement du canapé.
- De quoi voulez-vous parler monsieur le Duc ?
Roderik resta prudemment loin d'elle. Le plaisir d'être avec elle se mua en une frustration sévère et prit conscience de la dangerosité à laquelle il était confronté. Il se mit à la caresser du regard comme un fou...sa peau diaphane, ses cheveux attachés en chignon désordonné...pire encore...elle donnait l'impression d'être inconsciente de sa beauté. Roderik était en proie au doute et à des questions inquiétantes sur sa propre santé mentale. Était-il sérieusement en train de fantasmer sur cette jeune femme qui lui inspirait un profond désir presque primitif.
Il fallait qu'il sorte et tout de suite ! Songea-t-il en coupant sa respiration de façon à ne plus humer son parfum.
- De rien, lâcha-t-il sévèrement pour étouffer son désir ; Restez ici autant que vous le désirez Miss Moor, j'ai du travail.
Eberluée, Luna le regarda partir de la bibliothèque en peinant à comprendre son brusque changement de comportement. Il était partit les yeux remplis de colère et elle ignorait pourquoi.
D'un soupir tremblant Luna décida de rester dans la bibliothèque aussi longtemps que possible pour en finir avec cette journée. Elle passa la journée à bouquiner sans jamais recroiser la route du Duc. Un sentiment étrange lui noua l'estomac. Un sentiment étrange lui noua l'estomac, le sentiment de l'abandon. Cet homme froid et lunatique l'empêchait de se plonger totalement dans son livre alors elle le referma en jetant un coup d'œil à la pendule qui affichait déjà dix-neuf heures trente et le plus inquiétant fut quand elle s'approcha de la fenêtre pour constater que la neige peinait à fondre.
Il le fallait pourtant !
Après un détour dans la grande cuisine Luna grignota quelques restes de la veille puis remonta dans les étages avec la furieuse envie de monter plus haut et c'est ce qu'elle fit dans un silence inquiétant. Et à force de s'enfoncer dans les profondeurs du manoir elle le trouva...dans une pièce qui semblait être son bureau.
- Je voulais vous souhaiter bonne nuit ! S'exclama Luna d'une voix fluette.
Le Duc releva subitement la tête et semblait surpris de la voir ici.
- Que faites-vous ici miss Moor ? Cette étage m'est réservé.
Déçue par sa froideur Luna baissa brièvement les yeux pour endiguer la déception d'un tel accueil.
- Je l'ignorais...je.. seigneur ai-je fait quelque chose de mal ?
Roderik se sentait monstrueux depuis qu'il l'avait quittée avec froideur et voilà qu'elle se présentait devant lui vêtue de son pull et de ses chaussettes mais cette fois-ci avec les cheveux détachés. Ils ondulaient le long de ses épaules et il mourrait d'envie d'y glisser ses doigts.
- Vous n'avez rien fait, j'ai juste oublié que j'avais des papiers importants à signer, lui répondit-il en peinant à maîtriser les sons rauque de sa voix.
- Oh ! Dit-elle en pénétrant dans son antre sans se douter un seul instant des risques qu'elle prenait ; J'ai observé la neige toute la journée et elle ne fond pas, ce n'est pas une bonne nouvelle.
- C'est bien pire miss Moor, la tempête de neige n'a pas fini se s'abattre sur l'Angleterre nous en avons encore pour longtemps.
Roderik s'attendait à la voir bondir pour écarquiller les yeux de panique mais elle n'en fit rien. Elle se contentait de regarder la nuit noire depuis sa fenêtre en lui tournant le dos.
- Si ma présence vous gêne autant pourquoi ne pas appeler un hélicoptère pour m'évacuer ?
Roderik se figea et comprit qu'elle était blessée.
- Aucun hélicoptère est en mesure de décoller, déclara-t-il en se levant pour la rejoindre ; De plus, votre présence ne me dérange pas.
- Vraiment ? S'enquit-elle en lui faisant face.
- Oui miss Moor, je suis désolé que vous soyez obligée de côtoyer ma froideur mais c'est ainsi.
La jeune femme haussa des épaules.
- Je commence à être habituée...bonne nuit Roderik.
En entendant son prénom sortir de sa bouche Roderik sentit le désir renaître en lui, cette fois-ci plus violent. Et alors qu'elle s'en allait, il la rattrapa par le bras sans réfléchir et empoigna son visage de ses mains pour céder à cette dangereuse folie qui le rongeait de l'intérieur...
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