Chapitre 17



Luna n'eut d'autre choix que d'accepter la danse...comme la première fois. Mais cette fois-ci elle ne se sentait pas piégée ni même dévisagée comme une invitée non désirée. Cette fois-ci il n'y avait aucune animosité.

Une onde de chaleur inonda alors sa peau lorsqu'il posa sa main au creux de ses reins, le regard ancré dans le sien.

- Vous aimez danser ? S'enquit-elle pour endiguer la chaleur opportune qui s'insinuait en elle.

- Pas particulièrement, répondit le Duc avec un vague sourire aux lèvres ; Cependant notre première danse n'a pas été des plus appréciable.

- À qui la faute ? Lança-t-elle en faisant mine de réfléchir.

Ses yeux noirs restèrent ancrés aux siens mais aucune émotion ne les traversa.

- Sans doute moi, admit-il enfin.

Luna tourna la tête dans la direction de Luke. Ce dernier l'avait jetée dans les bras de son frère pour partir à la conquête de cette fausse blonde sans le moindre scrupule.

La main ferme du Duc l'obligea à s'arracher de cette scène complètement surréaliste.

Elle s'attendait à ce qu'il la commente mais il n'en fit rien...il se contenta de la faire pivoter à contre-sens.

- Comment avez-vous su que j'aime le rouge ? Questionna-t-elle en peinant à garder sa main sur son épaule si haute.

- Je suis un homme qui a l'oeil, répondit-il en resserrant son emprise sur sa taille ; Le peu de temps que j'ai passé dans votre appartement m'a été suffisant pour comprendre que c'était le rouge.

- Ah oui ? S'enquit-elle d'une voix affaiblie par sa prise de plus en plus intime.

- Parapluie rouge, canapé rouge, cuisine rouge...et je devine aisément que vôtre chambre est rouge.

Luna en restait abasourdie. Ses jambes se mirent à trembler à cause de leur troublante proximité. Son cœur se mit à battre si fort qu'elle n'entendait plus la musique et lorsqu'elle se risqua à relever les yeux vers lui, Luna vit une étrange lueur couvrir ses yeux sombres. Roderik possédait un charisme redoutable et s'astreignait à son rôle de duché avec une férocité incontesté. Pour faire court tout en lui faisait de lui un homme qui pouvait aisément la briser si jamais il venait à apprendre la vérité.

- Est-ce que tout va bien ? S'informa-t-il en s'arrêtant subitement de danser.

Luna détacha sa main de la sienne.

- Je n'ai pas mangé ce matin ni même ce midi, explique-t-elle en portant sa main moite à son front ; Je me sens un peu faible.

Immédiatement il lui prit le coude pour l'entraîner vers le buffet. Luna n'avait pas menti, elle n'avait pas mangé de toute la journée saisi d'un horrible maux de ventre causé par le stress.

- Ce n'est pas très intelligent de votre part, déclara-t-il en la couvrant d'un regard mécontent ; Mangez maintenant, vous avez le choix.

Luna prit le premier petit four à sa portée alors que Luke s'approchait d'eux avec son satané sourire arrogant.

- Est-il possible pour toi de veiller sur ta fiancée Luke ? Lâcha Roderik en lui décochant un regard noir.

Sans comprendre, Luke fronça des sourcils en posant sa main dans son dos.

- Elle se sent mal, reprit-il froidement ; Occupe-toi d'elle !

Ce brusque changement d'humeur la fit frémir de peur alors qu'il s'enfonçait dans la masse d'invités.

- Tu l'as contrarié ? Demanda Luke.

- Mais non ! Je n'ai rien fait !

Luna sentit son cœur se serrer quand elle vit Johanne se rapprocher du Duc. Un tel sentiment n'avait pas lieux d'être, Luna devenait ridicule et devait immédiatement se reprendre.

- Viens, je vais te conduire à notre table.

Luna dévia son regard sur Luke qui semblait tout aussi tendu que son frère. Où était la chaleur de Thanksgiving ? Luna avait beau la chercher cette famille était fracturée de l'intérieur.

- Laisse-moi deviner, tu as repéré cette belle blonde et tu te demandes comment tu vas pouvoir faire pour la conduire dans ton lit sans éveiller les soupçons ?

Luke dévisagea Luna irrité de ne pas pouvoir la toucher comme il le voudrait. Ne voyait-elle pas à quel point il l'a désiré ? Pourquoi ne voulait-elle pas de lui ?

Il est vrai qu'il était un coureur de jupons mais c'était dans sa nature.

Il n'était ni prêt à du long terme ni prêt à se marier. Néanmoins il ne comprenait pas comme une telle beauté soit aussi coincée et insensible à son charme. Mais Luke était préoccupé par un détail qui le mettait hors de lui. La proximité qu'elle avait avec son frère. Roderik Duc de York dont la réputation froide et autoritaire faisaient craindre une bonne partie de l'Angleterre était parvenu à l'approcher avec un facilité déconcertante. Et bien qu'il le soupçonne d'utiliser Luna pour le piéger, les regards qu'il lui lançait étaient révélateurs...

Impossible, songea-t-il en fixant la jeune Luna prostrée sur sa chaise. Elle était bien trop jeune pour lui et Roderik aimait les femmes de haute distinction et d'un rang plus élevé.

Se faisant trop idées ridicules et insensées Luke se frotta le menton et passa son bras sur le dossier de sa chaise dans l'intention de jouer son rôle comme il se doit. Christina attendrait songea-t-il avec un sourire en coin.

- Honnêtement Luna, pourquoi n'as-tu jamais songé à une relation avec moi ?

Luna faillit s'étrangler avec le champagne. Quelle question idiote ! La prenait-il pour la dernière des imbéciles ?

- Cela me paraît évident Luke, commença-t-elle en le regardant droit dans les yeux ; Tu vaques de fille en fille sans la moindre honte, je n'ai pas la moindre envie d'être ton quart d'heure.

- Et si tu m'avais connu dans la rue ? Hors de la Fac ?

Luna y avait déjà songé à de multiples reprises.

- Je suis une romantique Luke, j'aspire à autre chose que toi, je veux être aimée comme n'importe quelle femme, je ne veux pas être un divertissement.

- Comment peux-tu savoir quel sera l'homme de ta vie si tu ne te lances pas ?

Luna secoua des épaules.

- Je le sentirais quand le moment sera venu et si nous nous étions connus hors de la fac tu m'aurais sûrement charmée certes mais pas au point d'aller dans ton lit.

Luke semblait déçu.

- Comment une aussi belle jeune femme peut-elle se montrer aussi prude ? Tu n'aimes pas le sexe ? Tu...

- Ça suffit Luke tu me mets mal à l'aise, murmura-t-elle en détournant la tête.

Son coeur se serra douloureusement et la honte submergea son visage. Elle qui avait crû que le Duc serait son détracteur et bien elle s'était trompée de frère...Luke dépassait les limites.

- Pardon ma belle, je ne voulais pas te vexer, c'est juste que je déteste quand on me résiste.

- Je suis ton amie ? S'enquit-elle.

- Bien-sûr !

- Alors arrête avec tes allusions qui ne prendront jamais formes Luke, il n'y aura jamais rien entre nous, je mérite mieux que ça sans vouloir te vexer.

Avec humeur Luke desserra sa cravate et but une lampée de champagne.

- C'est dommage tu rates quelque chose...

- Peu m'importe, murmura-t-elle en reposant son verre.

- Est-ce tout va bien ?

Luna sursauta en portant sa main à sa poitrine en découvrant le Duc juste en face de la table prêt s'asseoir.

- Oui tout va bien, répondit Luke en esquissant un large sourire.

- Vous pleurez ? S'enquit-il en la dévisageant.

- Souvenirs de Thanksgiving, répondit Luke à sa place.

Luna réprima cette fichue larme qui menaçait de tomber et esquissa un léger sourire pour le moins convaincant. Le sombre regard du Duc demeura posé sur elle pendant de longues secondes qui lui parurent une éternité.

Roderik observa les traits fins de la jeune femme se fondre d'une tristesse inexplicable. Ses yeux verts se perdaient sur la nappe blanche qu'elle lissait avec ses doigts. Il dévia ensuite son regard sur Luke qui venait de terminer son deuxième verre de bourbon de la soirée.

Roderik se leva en s'excusant et alla dans sa grande cuisine pour y trouver Mary.

- Monsieur le Duc ? Avez-vous besoin de quelque chose ?

- Oui, affirma-t-il en posant sa main sur le plan de travail en marbre ; Serait-il possible de préparer une chambre pour Miss Moor, je crains fort que mon frère ne soit plus en état de conduire d'ici la fin du dîner.

- Bien monsieur le Duc.

- Merci Mary.

Roderik rejoignit la grande salle à manger puis se réinstalla en face de la jeune femme.

Celle-ci releva timidement les yeux vers lui et il jura apercevoir dans ses prunelles un appel au secours.

Comme si elle était prise au piège...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top