Ninten se vautra sur le tapis, et le garde en profita pour suspendre sa lame au-dessus de sa tête. Il ne pouvait plus rien faire, ou plutôt, ne devait rien faire.

« Vous le connaissez madame ?

- Et comment ! »

Elle se pencha sans prendre en compte la lame pointée sur Ninten, et prit entre ses doigts le menton de celui-ci pour l'examiner :

« Aucun doute, on s'y tromperait. Ce sont bien ses traits. »

Alors les gardes tirèrent une révérence avant de partir, comme de rien.

Cela en fut trop pour Ninten, qui recula d'un bond en donnant un coup de coude à la femme, et partit en courant.

« La porte ! Elle est là ! Ha ha ! »

BONG !

Il se cogna.

« Hein ?! Il n'y avait pas d'issue ?!

- Je l'ai retirée. Pas la peine de t'en soucier. »

Il se tourna horrifié.

« Qu―

- Tu peux me rejoindre en toute quiétude.

- Mais qui êtes-vous borde―

- Chut. Les gens d'ici sont habitués au silence. Tu déranges leur placidité avec ton tapage. Je me nomme Maria et suis ravie de ta présence. »

Lorsqu'elle parlait, Maria gardait un incroyable sang-froid. Elle ne s'énervait pas, ne haussait jamais le ton, et n'avait que des gestes bien placés... Cela était presque de l'indifférence. Non ! Du relâchement. En effet, les traits de son visage ne se plissaient jamais. Sans compter qu'aucunement sa cage thoracique ne paraissait s'envoler, elle ne respirait pas.

« Quel âge avez-v― Il se ravisa.

- Ninten, répondre à cette question ne me dérange guère. Je suis ton arrière-grand-mère.

- Arriè― Huik ?!

- Ne te méprends pas.

- En quoi ?!

- Je suis autant que je n'existe pas.

- Hu ?

- Ton expression trahit ton étonnement.

- M-Mais qui êtes-vous réellement ?!

- Seulement une noble femme qui se recherche elle-même désespérément. »

Ninten plissa les yeux.

« Ha ha ! Je ne peux, pour l'instant, t'expliquer avec plus de clarté les tréfonds de ma pleine pensée. En revanche j'aurais une faveur à te demander. »

Là, le jeune garçon lâcha complètement :

« C-C'est normal que v-vous fassiez des rimes... A-arrière-grand-mère ?

- Ce sont des moyens d'expression ! Mais je saisis ton intention. Accepterais-tu à contrario de m'accompagner ? J'aimerais fortement te faire visiter l'étendu de cette terre sacrée.

- O-Oui... Maria.

- En témoignage, j'aimerais que tu restes sage. »

Elle le fit monter sur un balcon au-dessus de tout, à la cime de la plus haute tourelle. Elle étendit ses bras en prononçant distinctement :

« Ceci est ton héritage. Mais monde réel et mental ne font pas bon ménage. Magicant est ma terre. La seule auréolant mon ère. J'ai longuement cherché la paix. C'est dans cette parcelle que l'on me l'assurait. Alors j'y ai fait construire ce toit... Afin d'y enterrer sous ses porches mon émois. Comprends-tu... Si tu as pu atteindre ce sommet pointu... C'est uniquement grâce à ces pouvoirs communément appelés PSI. Mais sais-tu vraiment d'où ils sont sortis ? C'est une vieille histoire que ma propre pensée a commencé à effacer. Je me souviens juste d'un bébé dont lequel je me devais de veiller. Il n'était pas d'ici, il était comme tu le pointerais du doigt, un Alien. Et pourtant on l'attachait avec des chaines. J'étais sa deuxième mère... Et George mon mari son deuxième père. Tout allait bien... Jusqu'à ce que mon époux subtilise leur plus grand bien. Le secret d'un pouvoir inimaginable. Capable de rendre la vie aussi instable. Il fut chassé... Mais moi je dû rester. J'en suis devenue folle à lier. J'ai fini par m'effondrer. Alors on m'a enfermé dans ce tube à essai... Mais c'est comme ça que j'ai pu ouvrir mon seul accès. Les portes de mon subconscient.

Maintenant tu n'es plus ignorant. Alors va ! Récupère les mélodies que j'ai dispersées çà et là. Et va vaincre cet Alien qui cherche à nous anéantir pour le vol que nous avons commis. Et seulement tu pourras vivre pleinement ta vie. Libères-moi de mes dernières entraves. Et il ne se passera plus rien de grave... »

Ninten haussa les épaules :

« D-D'accord... Mais... Je ne suis qu'un gamin. Je ne pourrai jamais me battre contre des extraterrestres ! Déjà que cela ne fait que deux jours que je connais l'existence de Giegue et de ses pouvoirs...

- Pas la peine de de te causer du mouron ! Des amis t'accompagneront.

- Chouette ! Qui ?

- Un garçon et une fille s'en émanent. L'un Thanksgiving, l'autre à Snowman. Ils t'attendent tu les entendes !

- M-Mais tout de même ! Je ne suis pas... Euh... Je n'y connais presque rien en termes de baston !

- Dans ce cas-là j'ai quelqu'un pour toi ! Enfin, plutôt plusieurs personnes, cela va de soi. Ils connaissent depuis longtemps l'art du combat. Et pourrons te le transmettre comme ça !

- À voir...

- Je te demande juste de suivre.»