One-Shot

PDV Katsuki

Je m'appelle Bakugo Katsuki. J'ai eu 22 ans cette année, je suis un héros professionnel très connu et hier soir, j'ai fait la plus grosse connerie de toute ma vie.

Que je vous remette dans le contexte : voyez-vous, depuis l'enfance, j'ai un pote. Enfin, je ne sais pas si le terme "pote" est bien choisi ; faut dire que ça me tapait un peu sur les nerfs, qu'il me suive partout et répète sans cesse à quel point je suis génial et cool. Alors, et je le regrette aujourd'hui, je me suis mis à le rabaisser et à lui dire des choses très dures ; mais malgré tout, et je le voyais dans son regard, il continuait à m'admirer. Et ça me troublait énormément.

En fait, je crois que plus je tentais de le fuir, plus il essayait de me comprendre. Et au bout d'un moment eh bien... Face à tant de gentillesse, les murailles que je m'étais construit se sont effondrées et j'ai fini par m'avouer à moi-même que je l'appréciais bien. Voir même beaucoup, bien trop pour une simple amitié ou un rival méritant...

Ce pote, je crois que vous l'aurez compris, mais c'est Izuku. Comme j'étais jeune et con, je le surnommais Deku, qui veut littéralement dire "bon à rien". Je sais, pas très classe. Même aujourd'hui alors qu'on est vraiment amis, je l'appelle comme ça par automatisme, par habitude plus que par intention de lui faire du mal. Ça le gêne pas, je crois ; après tout, lui continue de me surnommer "Katchan" après toutes ces années.


On a eu un parcours héroïque très compliqué que je ne pourrais pas résumer en quelques phrases, alors je vais me contenter de dire qu'on en a bien bavé pour obtenir nos places actuelles. Je crois qu'on peut le dire, on forme une bonne équipe. Mais dès lors que Deku s'est mis à faire ses interventions héroïques et ses apparitions en public avec l'autre Con de glace vanille/framboise, je me suis senti horriblement mal. La jalousie se distillait un peu dans mes veines à la vue de leur complicité, jusqu'au point de rupture qui est survenu la nuit dernière.

Je n'aurais pas pu prévoir que je ne tenais pas du tout l'alcool.

Je n'aurais pas pu prévoir que je m'énerverais à ce point.

Et surtout, je n'aurais pas pu prévoir que j'allais déballer à Deku tout ce que j'avais sur le cœur.

Le reste de la soirée, après ce moment fatal où j'ai détruit notre amitié, n'a été pour moi qu'un brouillard humide et alcoolisé confus dont je ne m'émerge que le lendemain, entortillé dans mes draps. Mon réveil sur la table de nuit indique 13h38. En titubant, je sors tant bien que mal de mon lit et arrive à boiter jusqu'à la salle de bain. Une douche bien chaude et un cachet d'aspirine achèvent de me faire reprendre mes esprits. Piètre consolation, puisque ma lucidité me revient en même temps que mes déboires de la nuit dernière.

Comment je pourrais à nouveau parler à Deku après tout ça ?

Comment je pourrais même seulement espérer qu'il veuille me revoir ?

Voilà qui m'apprendra à me laisser emporter par l'alcool et mes propres sentiments. Sauf que je peux facilement décider de ne plus jamais boire de ma vie. Effacer toute l'affection que j'ai pour mon ami d'enfance, depuis des années, est une tâche autrement plus difficile.


Le moral à zéro à cause de cette pensée, je me décide à enfiler un caleçon propre, à jeter une serviette sur mes épaules et à descendre me préparer à manger. Aussitôt quelque chose me frappe : une délicieuse odeur en provenance du bas des escaliers me chatouille les narines. Intrigué, je poursuis ma route jusqu'à la cuisine avant de me figer, en plein choc.

Deku est là.

Dans ma cuisine.

En train de couper des piments avec un couteau alors qu'une pile de gaufres repose sagement sur la table.

Il a enfilé un de mes t-shirt, le noir avec la tête de mort, ainsi qu'un caleçon (qui, pour le coup, lui appartient) et actuellement il semble goûter une sauce rougeâtre contenue dans un bol. Malgré moi, je suis du regard le mouvement de son doigt qui, après avoir trempé dans cette mixture, se porta jusqu'à ses lèvres pâle. L'expression satisfaite de son visage innocent ravive instantanément mes sentiments, toujours intacts et plus forts que jamais. Un véritable dilemme que sa présence ici ; dois-je me réjouir qu'il soit là ou appréhender la suite des événements ?

Il me faut dès lors un moment pour constater que Deku s'est subitement retourné pour me saluer. Il me décoche un sourire aussi jovial et avenant qu'autrefois, comme s'il avait déjà oublié les événements désastreux d'hier soir.

-Oh, bonjour Katchan ! Je suis désolé, je ne t'avais pas entendu arriver, j'espère que je ne t'ai pas réveillé...

-...

-J'ai acheté des pâtisseries pour le petit-déjeuner mais je me suis dit que tu serais affamé et que ça ne suffirait pas... Alors je t'ai préparé d'autres choses pour accompagner !

Est-ce qu'il va vraiment essayer de faire comme s'il ne s'était rien passé ?
Comme si je ne lui avais jamais ouvert mon cœur de la manière la plus humiliante et en même temps sincère possible ?

Je jette un coup d'œil à la table, où se trouvent une autre assiette de gaufres saupoudrées de sucre, un plat de raviolis vapeur fumants et une boîte de beignets à la crème entrouverte. Le mélange de ces différents arômes, sucrés, piquants et salés, est étonnamment alléchant. Ne sachant pas quoi dire et en pleine proie à la confusion, je me dirige vers la chaise et attrape une fourchette. Mes yeux papillonnent de plat en plat pour finalement se poser sur le héros aux cheveux verts. Ce que Deku interprète comme un remerciement puisque son sourire s'agrandit et il s'exclame joyeusement :

-Je me suis vraiment donné du mal alors j'espère que tu aimeras, Katchan ! Attends un peu avant de manger les raviolis, j'ai presque fini la sauce !

Mais c'est qu'il en a VRAIMENT l'intention, ce stupide nerd !
Irrité, je ne délie toujours pas la langue quand il pose le bol de sauce rouge devant moi, nan sans avoir au préalable ajouté le dernier ingrédient pour parfaire sa préparation. Puis il s'assit sur la chaise en face de moi, grignota un morceau de gaufre en guettant ma réaction. Elle ne se fait pas attendre : ses prunelles couleur émeraude s'illuminent quand il me voit en appliquer une bonne quantité dans le repas.

-Tu as l'air de beaucoup aimer ! Ça me fait plaisir, je te donnerais la recette si tu veux !

Il m'énerve.
Il m'énerve à faire comme si rien n'avait changé.

Je ne veux pas qu'il balaye ma confession sous le tapis de cette manière. J'ai besoin qu'on crève l'abcès, parce qu'il y aura toujours ce malaise entre nous si on se contente juste de reléguer les événements d'hier soir au fond de notre mémoire.

C'est donc d'une voix grinçante, pas encore toute à fait remise des effets de l'alcool, que je lui lance :

-Deku, arrêtes tes conneries.

-E-Eh ? Il y a un souci K-Katchan ?

-Oi, ne joue pas au plus débile. Qu'est-ce que tu fous encore ici après hier soir, stupide Nerd ?

Mon ami d'enfance sembla aussitôt s'intéresser au bois de la table, qu'il râcla du bout de son ongle. Son visage se baissa et ses yeux se perdirent dans le vague, signifiant clairement qu'aborder ce sujet brûlant ne l'enchantait pas du tout.

Moi non plus d'ailleurs, en parler équivalait à mettre du sel sur une plaie encore sanguinolente. Mais à mon avis, il valait mieux qu'on extériorise tout ça le plus tôt possible, pour savoir si on pouvait recoller les morceaux ou bien s'il nous fallait abandonner cette longue amitié.

-Katchan...

-Y'a de "Katchan" qui tienne, Deku. Tu me réponds, point barre.

-Finis au moins de manger...

-Ne détourne pas la conversation.

Ça faisait longtemps que Deku n'avait pas affiché un pareil état de détresse. Il a pris tellement d'assurance et de charisme ces dernières années que le voir dans tous ses états, presque les larmes aux yeux, est pratiquement un choc pour moi. Je n'ai plus face à moi un héros, mais le même garçon timide, stupidement gentil et mignon que j'ai aimé depuis notre enfance.

Encore une fois, je suis pratiquement désarmé face à ses joues rougies et ses yeux scintillants. Dans un autre contexte, je me serais sans doute jeté sur lui pour le réconforter.

Mais le moment ne se prête pas aux câlineries. De toutes façons, qui me dit qu'il en voudra...

-Si je suis resté, raconte-t-il à voix basse, c'est pour te ramener chez toi. Après le... petit... accident... d'hier soir... tu n'étais pas en état de conduire... Et puis durant tout le trajet... j'ai eu le temps de penser à ce que tu m'as dit dans le bar...

Deku s'interrompt un instant, braque un regard un peu plus affirmé mais toujours prudent et triste sur moi. C'est à mon tour de me sentir totalement étranglé par cette tension extrême. Par on se sait quel miracle, j'arrive à maitriser les fluctuations de ma voix pour déclarer :

-Et ensuite ?

-Je t'ai mis dans ton lit...

-T'aurais dû aller vomir, vu tout ce que j'ai balancé.

-Pourquoi j'aurais fait une chose aussi idiote ?! s'indigna le brocoli.

-Ouvre les yeux, putain ! J'ai ruiné notre amitié, Deku ! J'aurais dû la fermer... Tout serait resté comme avant et ça ne m'aurait pas fait aussi mal de te foutre dans une situation gênante !

Et merde, moi qui croyais que les effets de l'alcool s'étaient totalement dissipés... Visiblement, il en reste suffisamment pour que je continue de déballer ce que je pense. Mais avant que je ne puisse aller plus loin dans ma névrose, le brocoli pose avec une douceur que je n'osais pas imaginer sa main couturée de cicatrices sur la mienne. Immédiatement, les légers tremblements de mes épaules cessent, et mes yeux se plongent dans les prunelles couleur anis de Midoriya. J'y décèle une infinie gentillesse alors qu'il annonce sans broncher :

-Katchan, on a dormi dans le même lit, toi et moi.

*Boum*
Une mini explosion sortie de mes paumes laisse une trace indélébile sur le meuble. La surprise passée, je sens mes joues s'empourprer en réalisant tout ce que ça implique.

-Il ne s'est rien passé de plus que ça, Katchan. Je sais que j'aurais pu aller dans la chambre d'amis, mais je me suis couché près de toi parce que j'en avais envie... Tu saisis ce que ça implique ?

Mon cœur, encore à vif des sensations fortes d'hier, se met à tambouriner avec acharnement contre mes côtes. Deku rapproche son visage, si près que ses cils effleurent les miens et qu'il n'aurait qu'à se pencher légèrement pour que nos lèvres entrent en contact.

Je n'ai ressenti autant de peur et d'impatience en même temps.

-Je t'aime aussi, Katchan, il chuchote doucement. Je t'aime depuis très longtemps... J'aime ton caractère bien trempé. J'aime ton leadership. J'aime aussi tes bons côtés que tu tentes de cacher... Si seulement j'avais fait preuve de sincérité beaucoup plus tôt...

Lentement, ma main se pose sur sa hanche. Il sursaute un peu mais ne dérobe pas. De petites paillettes brillent dans ses yeux quand il pose délicatement ses paumes sur mon torse. Deku a une mine soulagé ; manifestement, m'avouer tout ça l'a soulagé d'un poids (ce que je peux aisément comprendre). Il me scrute, prend mon visage dans ses mains, caresse ma peau, mes cheveux blonds. Pour lui faire plaisir et lui montrer mon intense soulagement, j'esquisse un léger sourire qui pârait le ravir.

-Tu as un si beau sourire, Katchan... Tu devrais vraiment le faire plus souvent.

-Hm. On verra ça, Deku...

J'incline doucement la tête vers lui et comble ainsi les quelques centimètres qui me séparent de lui. Sa bouche a un goût de sucre glace et de sauce tomate, et je sens son corps entier se détendre contre le mien. Ce premier baiser exprime nos sentiments mutuels dans leur complexité et leur simplicité à la fois.

Il est long, ce baiser... Je n'ai pas envie qu'il se termine...

Et même quand il s'achève, mes lèvres déjà accro viennent se poser sur le moindre bout de peau de mon nouveau petit ami, qui me regarde faire avec attendrissement. Histoire de garder un peu de crédibilité, je grommelle entre deux baisers :

-Mais à partir de maintenant, aucun secret, Ok ?! Je veux plus perdre de temps comme ça !

-Il faut vraiment que je te dise tout ? s'affligea mon Deku l'air soucieux.

-Oui, tout ! Tu me caches d'autres trucs ?

-Est-ce qu'il faut que je te dise quand je pense que tu as une haleine de dragon ? Parce que là, je me demande si tu t'es brossé les dents, ce matin.

Je dois faire une belle tête de vainqueur parce que le brocoli éclate de rire, montrant qu'il se fiche de ma gueule. Je pousse un cri de rage joueur et le soulève pour l'emmener à l'étage afin de le corriger comme il se doit, sous ses excuses étouffées par des rires et des supplications toutes aussi hilares.







Depuis ce jour, Deku et moi n'avons plus eu le moindre secret l'un pour l'autre.

Puisqu'après tout, c'est en faisant enfin preuve de sincérité qu'on a pu se rendre compte d'à quel point on pouvait s'aimer...




~The End~




(L'habituelle galerie de fanarts...)






(Et voilà la fin de ce one-shot... qui est basiquement un Two-Shot. Oui, c'est compliqué, mais dans tous les cas, merci de l'avoir lu ! Il a été assez agréable à écrire, j'ai bien aime ce petit scénario de sincérité forcée !  De plus, ce ship devient de plus en plus facile à traiter avec le temps, il n'est donc pas impossible qu'on le retrouve peut-être un jour sur mon compte 😉

Au plaisir de vous revoir dans une prochaine histoire !

Royalement vôtre, Leafy 🍃💎)

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