Chapitre 4


Serena rejoignit sa majesté pour le repas du soir dans sa chambre. Il l'attendait, assis dans un fauteuil moelleux. Elle fit une révérence, arrivée à ses cotés et s'assis en face de lui.

- Vous avez bien travaillé, aujourd'hui ? demanda-t-elle par politesse.

Elle était toujours gênée quand il ne parlait pas. Elle se sentait obligée de combler le silence. Elle prit une cuillère de pomme de terre, puis de légumes et remplis son assiette à ras bord.

- Comme d'habitude, répondit-il. Dites, c'est l'air du pays qui vous donne aussi faim ? Je connais les femmes et aucune ne mangent autant. Elles préfèrent les salades sèches.

Serena releva la tête dans un sursaut. C'était vrai. Elle mangeait énormément, elle le savait. Elle avait la chance de ne pas grossir trop vite. Elle se permettait donc plus de plaisirs. Et pour la salade...

- J'ai une sainte horreur de la salade sèche. Il me faut absolument une tonne de vinaigrette dessus, lança-t-elle dans une grimace de dégoût.

Contre toute attente, le roi éclata de rire en continuant de la regarder.

- Vous êtes spéciale.

La jeune femme ne sut pas comment interpréter cette dernière phrase. Était-ce un compliment ou une sorte de remontrance ?

- Je suis normale. Vous n'avez pas beaucoup rencontré d'européennes roturières, je pense. On vit simplement.

- Non en effet. Vous n'êtes pas comme les femmes de mon entourage.

 A la fin du repas, elle alla avec lui dans la salle de kiné et il fit des exercices un peu plus compliqués. Elle resta debout à coté de lui, l'encourageant quand il le fallait. Elle s'assit sur son tabouret à roulette et le guida.

- Dites moi miss, vous allez être en vacance la semaine prochaine. Ou allez-vous aller ?

Elle lui fit faire un autre exercice, observant le mouvement de ses jambes et le regarda avant de répondre. Il semblait bien curieux de connaitre sa vie. Serena n'avait pas l'habitude. Elle ne discutait jamais de sa vie privée avec quelqu'un qu'elle ne connaissait pas bien. Mais après tout, c'était le roi. 

- Hé bien, nous avons une villa de vacance à Peschici avec piscine. Je rejoindrai mes parents et mes frères. Je pense qu'il n'y aura que mon jumeau. Les autres sont en mission en Irak pendant encore deux mois. Il y aura certainement mes belles-sœurs et leurs enfants. Quand on arrive à tous se réunir, c'est plutôt rare.

Il hocha la tête, l'air intéressé. Elle ne voulait pas l'embêter en parlant d'elle alors elle se tut. Quand elle avait parlé d'elle avec ses ex, aucun n'avaient été intéressé par sa personne et pourtant eux, pouvaient parler d'eux pendant des heures entières. Elle les avait rapidement quitté, les trouvant fade et complètement imbu de leur personne. Serena n'arrivait pas à trouver un homme qui l'aime pour ce qu'elle était et non pour sa fortune colossale.

- Et qu'allez-vous faire ?

Serena haussa les épaules. Que pouvait-elle faire à part profiter un peu de la piscine, revoir de vieilles connaissances ?

- J'en ai strictement aucune idée. Sans doute profiter du soleil italien, m'empiffrer de spaghettis, aller voir mes copines. Et vous ? Qu'allez-vous faire le temps que je ne sois pas là ?

Elle l'aida à remettre son pantalon et chemise, ce qui était devenu une habitude, pour le conduire dans le couloir. Elle le fit se lever de nouveau et il dut se tenir à la jeune femme pour rester stable. Les jambes du roi tremblaient. Serena enserra la taille de l'homme pour lui remettre son habit. Elle se rendit compte qu'elle était collée à lui quand ses seins touchèrent son torse. Le roi baissa la tête et l'observa attentivement. Elle fut troublée par son regard, dont elle voyait une drôle de lueur. Elle remarqua encore une fois à quel point il était encore musclé même s'il avait perdu énormément de masse musculaire. Elle devra l'aider à se remettre en forme par la suite. Elle détourna les yeux en premier et fut gênée car il le lâcha pas tout le temps qu'elle le vêtit. Quand elle réussit à l'habiller, elle le refit s'asseoir en faisant attention. Ses jambes du roi étaient encore faibles mais elles reprenaient déjà beaucoup de vigueur. 

- Travailler sur la paperasse, réfléchir à la suggestion de mes conseillers sur de nouvelles lois, et gérer mon pays. Au moins, je sais que vous vous amuserez, mademoiselle d'Ovidio.

Elle remit une mèche de cheveux derrière son oreille et sourit au Roi.

- C'est vrai. Vous aurez toujours autant de boulot qu'avant. Il se peut que je m'ennuie quand même et que votre pays me manque. Bon, il est l'heure de vous faire un massage dans votre chambre. Vous pourrez vous reposer après.

Il la regarda avec sérieux et la laissa le conduire jusque dans son aile.

Elle passa une dernière fois ses mains sur les cuisses musclées du roi et alla se rincer les mains. La jeune femme n'aimait pas rester avec les mains grasses. En revenant dans la chambre, elle se rendit compte que le roi dormait paisiblement sur le ventre. Son visage était détendu et incroyablement beau. Son visage était digne d'une sculpture. Sa bouche pulpeuse n'était plus pincée. Serena lui prépara un verre d'eau et un cookie car elle savait à présent, qu'il avait toujours une petite soif et faim pendant la nuit. Comme ça, tout était prêt pour ce soir. Elle souffla les bougies qui donnaient une atmosphère intime, remonta la couette sur le roi et sortit de la chambre sans faire de bruit en emportant son matériel. Elle referma délicatement la porte en bois.

Elle commença à préparer sa valise pour le retour. Quelques pantalons et t-shirts. Elle mettrait le reste plus tard. Elle lut un peu sur son balcon, puis regarda l'horizon. Le soleil commençait à décliner dans le ciel. Plus loin, il y avait le désert. Une fois, elle irait se balader à cheval quand il ne ferait pas trop chaud. Elle avait en plus reçu une tenue d'équitation, ça tombait bien. Mais elle ne voulait pas aller toute seule dans un pays étranger. Elle aurait trop peur de se faire kidnapper.

Elle reçut un message alors qu'elle buvait son thé aux fruits rouges. Son jumeau lui demandait si tout allait bien. Elle lui répondit positivement avec des smileys. Ces derniers le rassuraient toujours. Serena avait un lien particulier avec lui, même si de nombreux kilomètres les séparaient. Ils grandissaient et se voyaient de moins en moins. Mais ils s'aimaient tendrement.

- Le souper t'attend, intervint Ilda en entrant dans la pièce.

Serena sourit en éteignant son portable. Elle rejoignit sa servante qui l'accompagna dans la salle à manger. A chaque mur, environ, il y avait un garde. Dans les couloirs, ils surveillaient. Ils étaient absolument partout comme si le roi pensait qu'une attaque allait arriver. Serena espérait que non. De toute façon, le souverain devait être abattable. Il était fort, avait de bons arguments, son peuple l'adorait et il ne prenait aucune mauvaise décision. Certains le voyaient comme un faible à cause de sa paralysie. Il ne l'était surement pas. L'aide-soignante le savait très bien.

- Bonsoir, dit-elle en voyant le roi déjà attablé.

Il avait meilleure mine, montrant qu'il avait fait une sieste plutôt dans la journée. Il lui sourit et l'invita à s'asseoir. Serena huma l'air et sentit une odeur caractéristique.

- Non, chuchota-t-elle en reconnaissant ce qu'elle voyait devant ses yeux.

Elle avait l'impression d'être retournée en Italie, d'être dans sa maison. Elle fixa le Roi qui eut une lueur qui traversa ses prunelles. Il souleva la cloche transparente lui-même pour lui présenter...des spaghettis bolognaises.

- Non ! S'exclama-t-elle en tapant dans ses mains. C'est presque mon plat préféré, en plus.

- J'ai demandé à votre mère, charmante également. Un peu de votre pays devrait vous faire du bien. Elle m'a conseillé des plats typiquement italiens et belge. J'ai cru comprendre que vous aimiez les lacquemants, et les gaufres de Liège.

Cela l'étonna énormément et elle fut bouche bée. Aucun mot ne sortit de sa gorge. Le roi, visiblement content de sa surprise, l'invita à manger sans rien attendre en retour. Serena, remise de ses émotions, le remercia.

- Merci, votre majesté. C'est vraiment gentil de votre part. Vous n'étiez pas obligé.

- Je le sais, miss d'Ovidio. Mais je sais que c'est la première fois que vous quittez votre pays natal et que vous avez le mal du pays. C'est compréhensible. J'ai vécu en Russie quand j'étais enfant, lui avoua-t-il.

Serena, prête à se servir, se stoppa. Il avait vécu en Russie ?

- Vous avez aimé ?

Les serviteurs dans chaque coin de la salle à manger, firent semblant de regarder ailleurs. La jeune femme eut l'impression de jeter un froid dans la pièce.

- Pas du tout. Mon père m'a obligé à m'y rendre pour que j'ai une éducation irréprochable. Grossière erreur, dit-il sévèrement en prenant les pinces pour se servir.

Serena préféra plus poser de questions. Chacun avait ses secrets et ses douleurs.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top