Chapitre 3

Serena regarda de nouveau vers la gauche. Les femmes étaient toujours là, en troupeau, semblant attendre l'accord du roi pour entrer. Des gardes les entouraient, armés de leur sabre. Elles continuaient de fixer la jeune femme comme si c'était un vulgaire tas de chiffon. Serena ne le laissa pas démonter par la jalousie.

- Pourquoi me regardaient-elles ainsi ?

Ilda se pencha pour fixer les dames. A son expression, Serena sut tout de suite.

- Elles sont jalouses de votre beauté, voyons ! Ne faites pas attention. Elles envient votre chevelure, rétorqua son amie, l'air fâché.

Serena se regarda, surtout ses cheveux et les toucha du bout des doigts. Ils étaient simplement d'une couleur assez spéciale, bouclés mais c'est tout. Ils n'avaient absolument rien d'extraordinaires.

- En fait, ils sont plutôt courts ce qui est plutôt rare ici pour une femme et surtout, ils brillent, lui expliqua Ilda. Ils ont même des reflets roux.

Elle haussa un sourcil dubitatif. Elle, des reflets roux. Décidément, elle ressemblait trop à sa mère. Plus elle prenait de l'âge, et plus Serena devenait le portrait craché de sa chère mère. Tandis que ses frères étaient de purs italiens, sauf elle.

- Oui mais de là à me tuer du regard, c'est un peu fort, chuchota Serena pour ne pas qu'elles l'entendent.

Elles n'étaient pas loin en plus. On les voyait très clairement. Elles se ressemblaient toutes sans exception.

- Voyons Serena, elles sont aussi jalouses parce que tu es proche du roi !

- Oh, fit seulement la jeune femme en hochant la tête. Mais elles n'ont pas de quoi être jalouses. Si je suis tout le temps avec sa majesté, c'est pour le travail. J'espère qu'elles le savent quand même.

Ilda la fixait comme si elle était la plus grande naïve du monde.

- Elles s'en fichent ! Complètement. Tout ce qui leur intéresse, c'est que leur séduisant roi soit libre pour elles. Ce qu'elles ne savent pas encore, c'est qu'il ne va en choisir que quelques unes et ça va être la guerre au château. Elles sont si amies, mais elles vont se déchirer.

Serena se pencha en avant pour les regarder qui rentraient dans le pas, faisant claquer leur talon sur les escaliers en marbre. Elles étaient superficielles.

- On se croirait dans Bachelor !

La brunette explosa de rire, se laissant aller. Elles devenaient plus proches chaque jour. Un garde se posta devant elles, les interrompant brusquement.

- Mademoiselle d'Ovidio, le Roi vous attend dans la salle royale pour la sélection des candidates.

Serena se tourna vers son amie qui avait l'air aussi perdue qu'elle. Elle haussa les épaules et poussa son amie à se lever. Ce n'était pas du tout dans ses compétences de l'accompagner pour choisir des fiancés.

- Mais pourquoi ? arriva à articuler l'italienne en suant presque.

- Parce qu'il tient à vous avoir à ses cotés.

Et il l'entraîna vers la salle du trône de son altesse, marchant à un rythme très rapide. Malheureusement, Serena n'avait même pas le temps de se changer, elle était habillée assez...simplement. Vêtue d'une longue robe blanche d'été jusqu'aux pieds avec des sandales. Elle se laissait rarement habillée comme ça. C'était Ilda qui l'avait convaincue l'autre jour à l'essayer au moins une fois. C'était désormais chose faite.

Elle dut presque entrer de force dans la salle, attirant tous les regards sur son entrée fracassante. Elle ne s'excusa pas, comparé au garde. Elle lui retourna un regard noir mais il sourit avant de se retirer. Tous les yeux étaient rivés sur elles et sur sa tenue. Comparé à certaine femme de cette assemblée, Serena était presque une nonne. Les invités portaient des robes atrocement moulantes. Ce n'était interdit par hasard ? Elle leva les yeux sur le roi, assis dans son trône. Quelqu'un avait du l'aider, sans aucun doute. Elle était surement là pour le remettre dans sa chaise à la fin.

- Approchez Serena, vous êtes mes jambes, déclara la voix rauque et sensuelle de sa majesté. Voici Serena d'Ovidio, aide-soignante, infirmière et kiné.

Il la fixait avec attention, comme si c'était la première fois qu'il la voyait. Elle s'approcha donc, faisant attraction des mauvaises langues et se posta à ses cotés, ce qui n'était vraiment pas commun. Même elle le savait. Il lui fit signe de se poster à coté de lui. Elle lui obéit et demeura debout à ses cotés, comme si elle était la reine de ce pays. Elle se sentait soudainement très grande et plus confiante que jamais. Elle posa un regard sur le roi. Il fixait ses prétendantes avec minutie. Elle les regarda à son tour.

- Présentez-vous, leur intima le cheikh.

Elles étaient toutes alignées, au coté de leur père. L'une après l'autre, elles s'avancèrent et parlèrent. Beaucoup. Beaucoup trop. Et surtout, elles parlaient de la fortune de leurs parents, de leurs études, de tous les petits-amis qu'elles avaient eu. Le cheikh, le visage inexpressif, les contemplait en silence. Serena ne savait pas ce qu'il en pensait mais elle venait d'avoir une excellente idée pour trier toutes ces filles de bonne famille. Elle se pencha vers le roi, chuchotant à son oreille. Quand elle se releva, remettant une de ses mèches derrière son oreille, le roi déclara :

- Mademoiselle d'Ovidio vient d'avoir une charmante idée. Parlez-moi de vos passions, de votre famille si vous le souhaitez. Nous apprendrons mieux à nous connaitre. Si vous correspondez à ce que j'attends de vous, nous aurons un entretien privé.

Une jeune femme de 21 ans commença. Elle s'appelait Farah et elle adorait l'équitation. Elle était fille unique. Et elle n'était pas très belle, trop de maquillage sans nul doute. Ce fut le tour d'une femme un peu plus âgée, de 28 ans, adorant la création de vêtement pour les personnes riches et voulant à tout prix être reine. Il y eut bien sur un moment de panique. Les femmes hurlèrent comme des folles. L'aide-soignante était désespérée mais avait une furieuse envie de rire.

- Sincèrement, votre majesté, lui souffla Serena, penchée vers lui. Étiez-vous vraiment sur que c'était le moment de vérifier que vos armes étaient bien chargées ?

Le roi eut un sourire machiavélique. Tout le monde avait détalé en moins de temps pour le dire.

- C'était des trouillardes. Une reine ne doit pas avoir peur de voir une arme, aussi petite soit-elle.

Serena ne pouvait se retenir de rire.

- Elles étaient en talon mais pourtant, je n'ai jamais vu quelqu'un courir aussi vite avec des échasses pareilles ! Et la première, mon dieu, elle s'est prise la porte de plein fouet. C'était absolument mémorable!

Elle était pliée en deux de rire, au point de pleurer. Impossible pour elle de se reprendre et de respirer. Elle devenait toute rouge. Le roi la fixait sans rien dire, la détaillant. Elle se reprit au bout de quelques secondes, se raclant la gorge par la suite.

- Je vais vous aider à descendre du trône, votre majesté. Appuyez-vous sur moi.

Serena l'attrapa avec douceur, il était lourd mais il l'aidait du mieux qu'il pouvait. Ses jambes qui étaient encore inertes il y a pas si longtemps, remuaient de plus en plus. Elle était fière de son travail. Elle l'amena à son bureau, car il avait encore énormément de travail. Puis l'après-midi, c'était des exercices pour lui dans une salle prévue pour ça. Puis elle repartit dans sa chambre pour lire un peu. Ilda la rejoignit pour nettoyer sa chambre.

- Sa majesté a trouvé une prétendante à son goût ? S'enquit la brunette pendant la pause.

Serena tourna la page de son livre, puis releva les yeux.

- Aucune. Elles étaient bien trop idiotes ! Une fille ressortait un peu du lot mais j'attends de voir la prochaine fois qu'elle viendra.

Ilda haussa un sourcil, hilare.

- Tu attends de la voir la prochaine fois ? Tu veux faire entremetteuse de mariage ?

L'italienne finit par abaisser son livre pour se consacrer à sa nouvelle amie, tout sourire. Cette nouvelle idée n'était pas pour lui déplaire. Ça lui changerait de son quotidien.

- Je sens aussi que mon travail va être tout autre. Sa majesté m'a convié pour voir les jeunes femmes, c'est qu'il veut que je donne mon avis, non ? En fait, je ne savais pas quoi penser sur le moment.

La brune soutint son regard, le front plissé.

- Je ne sais pas ce qu'il a en tête en ce moment mais il veut être remis sur pied pour pouvoir épouser une souveraine qui conviendrait au pays entier. C'est ce que tout le monde souhaite. Il est entré dans la trentaine, il est grand temps qu'un héritier arrive.

Serena ne comprenait pas pourquoi on poussait autant la famille royale à procréer le vite possible. Ça devait mettre le couple un peu péril.

- Il en a marre de se sentir diminué de cette façon. Et je le comprends. J'ai fait face à énormément de personne dans son cas. Une fois sur ses deux jambes, à nouveau, sa virilité ne sera plus mise en doute. Les hommes fonctionnent presque de la même chose, dès qu'on touche à leur fierté.

- Tu as sans doute raison. Personne ne lui a fait se sentir homme depuis quelques mois maintenant. Ses gardes ne lui proposent même pas un un petit combat inoffensif, ni de boire un verre le soir. Il se sent seul, je pense.

Serena hocha la tête. Elle venait d'avoir une seconde idée. Le roi n'était pas aussi vivant qu'avant. Il fallait qu'elle change tout ça. Elle devait veiller à son bonheur, le bonheur du roi devant passer avant le sien. Elle voulait qu'il soit rétabli et qu'il tombe amoureux. Elle entendait énormément de bien à propos de lui. Il ne lui avait jamais mal parlé. Il était respectueux et veillait à ce qu'elle ait tout. Il méritait un beau mariage.

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