Remède
J'ai la tête qui brûle. Ou est-ce mon estomac ? Y a-t-il un seul muscle de mon corps qui ne soit pas endolori ? Même mon cerveau est à l'agonie. Et les beuglements dans la pièce d'à côté n'aident pas du tout. Quel jour sommes-nous déjà ? Je n'en ai pas la moindre idée. J'ai perdu le fil.
— Tu ne sais pas ce qu'il se passe!
A en croire le timbre de voix, ça ne fait aucun doute. La copine de mon meilleur pote a débarqué.
— Franchement, je l'aime bien, mais t'as vu dans quel état il était ?
Je ne suis pas devin, mais je parie que c'est de moi qu'ils parlent. Et franchement, je n'en ai rien à foutre. Au stade où j'en suis, plus rien ne m'importe. Pas même la silhouette sous les draps à côté de moi qui vient de bouger. Merde! C'est qui celle là ?
Passant mes deux mains sur mon visage, j'inspire profondément et décide de me lever. J'envoie balader les draps, réveillant l'occupante qui gronde et tire le tissu sur sa tête.
— Trop tôt, râle-t-elle avant de se retourner.
Un rire m'échappe mais je ne prends pas le peine de lui répondre. Je suis assez galant pour la laisser se réveiller quand elle le voudra. Du moment qu'elle ne décide pas de s'approprier mon lit.
Le pas traînant, une main sur mon ventre, je sors de la minuscule chambre et tombe nez à nez avec une belle latino à l'air furieux.
— Iris! je m'exclame avec exagération.
J'écarte les bras pour la serrer contre moi.
— Eurk ! Tu pues ! gémit-elle en se débattant pour que je la relâche.
Son air dégoûté lui déforme le visage.
— Moi aussi je suis content de te voir.
Elle lève les yeux au ciel et me toise avec cet air réprobateur que je connais bien. Même si elle ne parle pas, je sens que le discours qu'elle se joue dans sa tête en cet instant me ferait sans doute regretter de m'être levé. Mais Iris est assez maîtresse d'elle même pour ne pas me gonfler dès le réveil.
— Je meurs de faim.
La laissant inspecter ma chambre depuis le seuil de la porte, je vais à la kitchenette et me prépare un café, fouillant dans le réfrigérateur et les placards afin de trouver de quoi me sustenter. Mais visiblement, ils ne m'ont rien laissé.
— Vous êtes vaches ! Même pas le fond du paquet ? je m'exclame en retournant la boîte de céréale vide.
Jake, assis à table, ramène prestement son bol de céréales contre lui en les engloutissant plus vite. Je ne sais pas s'il a peur que je les prenne ou s'il est affamé.
— Je compte faire des courses, m'annonce Iris plus fort que nécessaire.
Je ne doute pas qu'elle essaye de réveiller ma coloc de la nuit.
— Pense à prendre du PQ aussi, ton mec s'en est donné à cœur joie ces derniers jours.
Ma remarque me vaut un coup de pied dans la cheville et un regard noir.
— T'as qu'à y penser toi même, je t'emmène avec moi, m'informe Iris d'un doigt menaçant.
Je hausse une épaule et termine de boire mon café. J'en ai rien à faire de devoir l'accompagner ou non. Même si je sens qu'elle va me faire la morale, j'en suis arrivée au stade où je n'en ai plus rien a foutre de l'avis des autres. A quoi bon me torturer ? Même quand je fais ce qu'ils veulent, les gens me lâchent. Tous. Les uns après les autres. J'ai ai raz le bol d'essayer de plaire. Je m'éclate beaucoup plus en faisant ce qui me passe par la tête. Et d'ailleurs en cet instant, je retournerai bien voir ce que sait faire la belle au bois dormant qui occupe mon lit. Mais alors que je me lève pour la rejoindre, là voilà qui débarque, en mini-short et t-shirt, les cheveux partant dans tous les sens.
— À plus tard, lâche-t-elle en nous accordant à peine un regard et un signe de la main.
Les sourcils froncés, je la regarde sortir du bungalow, essayant de me souvenir de la nuit passée. C'est le noir total. Il y avait encore une fête, c'est indéniable. Il n'y a que ça ici. Et même si la vente d'alcool au bar est très strict, je n'ai eu aucun mal à trouver quelques filles plus âges pour partager des bouteilles. Jake m'a surnommé la pute a goulot, parce que je bois avec n'importe qui, apparemment. Mais je ne suis pas du même avis. Je ne bois qu'avec des filles sympas et une seule par soirée. C'est déjà assez compliqué à gérer. Je ne sais même pas pourquoi celle-ci s'attend à ce qu'on se revoit plus tard. Un rire m'échappe à cette idée. C'est tellement plus simple de s'amuser et ne pas se prendre la tête.
— Tu ressemble à un déchet ambulant, marmonne Iris au volant de sa voiture.
Relevant la tête, je baisse mes lunettes de soleil et inspecte mon short en jean, mon t-shirt délavé et mes sneakers abîmées. D'accord, c'est pas le top, mais c'est propre.
— Mon look ne te plaît pas?
— Ton attitude ne me plait pas.
Sa rectification s'accompagne d'un regard noir. Décidé à ne rien laisser entacher ma nouvelle attitude, je remonte mes lunettes de soleil en lui adressant mon sourire le plus charmeur.
— Sérieusement, Kyle, je ne te reconnais pas.
Je laisse ma tête retomber contre le siège et ferme les yeux. Iris ne m'a pas connu avant. Elle ne m'a pas vu traîner dans les rues de Détroit à revendre de la drogue et me taper toutes les filles camées prêtes à tout pour une dose. J'étais un mec bien différent, un mec que personne n'a envie de croiser et avec qui une gentille fille comme elle ne voudrait pas être amie.
— Tu peux arrêter de m'ignorer? insiste-elle.
— Je ne t'ignore pas, je te laisse terminer ton sermon.
Mon marmonnement ne semble pas lui plaire. Poussant un grand soupir d'exaspération, Iris me fusille du regard.
— Je sais que Sarah te manque mais...
— Ne prononce pas son nom! je la coupe d'une voix grave. Ne me parle même pas d'elle. Elle n'existe plus!
La douleur dans ma poitrine se réveille et je maudis Iris pour avoir réveillé ma souffrance. Je pensais vraiment m'en être débarrassé, mais visiblement, je n'en ai pas encore fait assez pour l'anéantir. Je refuse de vivre sa plus longtemps. Cette fille m'a lâché, comme les autres, elle ne mérite pas ma souffrance. Et je compte bien m'amuser avec toutes celles qui le voudront jusqu'à ce que cette agonie disparaisse de ma vie. Je l'ai déjà fait une fois, je peux recommencer. Elle n'est pas la première à m'avoir réduit en miette alors je ne compte pas lui laisser le privilège de me vaincre.
— Putain ! Vous les mecs, de vrais mauviettes ! s'exaspère Iris en levant les yeux au ciel.
— Tu peux essayer de m'insulter, ça ne me fera pas réagir comme tu le veux. Je ne suis pas aussi facile à manipuler, Iris.
— Ah non ? Alors pourquoi tu t'énerves dès que je parle d'elle ?
— J'essaye d'avancer, comme vous me l'avez tous suggéré.
— En te tapant toutes les filles qui traînent ? Belle stratégie ! Ne viens pas te plaindre quand t'auras attrapé une MST.
— Eh bien, maintenant que t'en parles, j'ai les couilles qui me grattent depuis quelques jours.
Devant sa grimace horrifiée, j'explose de rire, ne parvenant même pas à aller jusqu'au bout de ma plaisanterie.
— T'es dégouttant ! s'exclame-t-elle sans pouvoir retenir son rire bien longtemps.
Je sais que la pause n'est que de courte durée mais j'en profite tant que je peux. C'est ma nouvelle philosophie. Dès la première soirée au camping, je me suis plongé à corps perdu dans la folie. Musique assourdissante, alcool, sexe, la moindre solution pour oublier Sarah quelques secondes en valait la peine. Je suis pitoyable à me morfondre ainsi pour une fille qui n'en a visiblement plus rien à faire de ma gueule. Mais je suis à deux doigts de réussir à l'oublier. Du moins, à ne plus avoir les tripes qui se tordent dès que son visage me revient à l'esprit. D'ailleurs, j'ai de plus en plus de mal à me souvenir d'à quoi elle ressemble. Ce qui veut dire que je suis sur la bonne voie.
— Hé! T'es toujours avec moi ? m'interpelle Iris en agitant sa main devant mon visage.
La voiture est arrêtée, nous sommes sur le parking d'un super marché.
— Ouais, désolé, j'ai fait une micro sieste.
Mon amie lève ses grands yeux marrons au ciel et sort du véhicule en claquant la porte. Je l'imite, prenant un instant pour m'étirer et absorber les rayons du soleil qui réchauffent instantanément ma peau.
— Quand t'auras fini de montrer tes abdos à tout le monde on pourra y aller ? me taquine-t-elle en me bousculant avec son caddie.
Je lui tire la langue et grimpe dans le chariot en poussant un cri de victoire quand elle se met à avancer.
— Tu vas me foutre la honte, gémit-elle avec tout de même un rire dans la voix.
— On s'en fiche! On ne connaît personne ici! Allez! Fonce!
A mon plus grand étonnement, la gentille et sage petite Iris se met à courir en poussant le caddie. Les bras levé, criant à plein poumon, je m'amuse comme un gosse jusqu'à ce qu'on arrive à l'entrée du magasin.
Je me relève et saute pour en sortir avant que le vigile nous repère et nous suive à la trace. Passant un bras autour des épaules de mon amie, je la serre brièvement contre moi.
— T'es plutôt marrante quand tu veux.
— Il n'y a qu'avec les cons que je ne le suis pas. Tache de t'en souvenir.
Derrière mes lunettes de soleil, je lève les yeux au ciel et la relâche au moment où je repère une magnifique blonde qui m'envoie un sourire charmeur. Pas le genre de sourire de la gentille fille qui vient de voir un beau gosse. C'est celui de la vilaine dévergondée qui vient de trouver un nouveau jouet. Et elle a de la chance, j'ai très envie de m'amuser.
— Tu sais de quoi t'as besoin ? m'interroge Iris en poursuivant son chemin dans les rayons.
— Oh oui! Je te laisse faire ton chemin, je vais prendre ce dont j'ai envie. On se retrouve ici.
Du coin de l'œil, je la vois froncer les sourcils mais elle accepte quand même. Je ne perds pas une seconde pour m'éloigner, relevant mes lunettes de soleil pour capter le regard de la belle blonde.
— Salut.
Reposant un melon sur l'étalage, la fille se tourne vers moi en faisant tout un show pour repousser ses cheveux derrière son épaule. Un peu trop pour moi, mais pas pour le Kyle qui veut s'amuser.
— Salut, répond-elle en serrant la main que je lui tend.
Même sa façon de serrer mes doigts relève du flirt. Ah ! Les filles dans ce coin semblent prêtes à tout. Je ne sais pas si c'est parce que j'ai l'air d'être un gentil garçon ou si c'est mon corps qui les fait toutes se jeter sur moi, mais qui s'attend à ce que je m'en plaigne ?
— Je ne t'ai jamais vu ici, remarque-t-elle avec une petite moue.
— Je ne suis que de passage.
— Un voyageur ? Intéressant.
Ouais... je ne sais pas pourquoi mais elle me semble de moins en moins intéressante. Peu importe, je n'ai pas besoin qu'elle parle pour ce que j'ai en tête.
— T'es seule ?
Avec un petit sourire en coin, elle regarde autour de nous puis se rapproche en posant sa main sur mon torse.
— Pour l'instant, oui.
Parfait! Où sont les toilettes les plus proches ? Saisissant son poignet, je cherche un panneau autour de moi, sentant l'excitation de l'interdit monter dans mes veines. Un petit coup vite fait, bien fait m'aidera à supporter mon malaise quelques instants.
— Viens par là, m'ordonne la fille en m'attirant vers l'autre bout du magasin.
Espérant qu'elle a la même idée que moi, je la suis d'un pas rapide. Nous passons les caisses et j'aperçois enfin le panneau. Avec un regard par-dessus son épaule, elle m'adresse un sourire aguicheur. J'aime qu'on soit sur la même longueur d'onde. Tapotant la poche de mon short, je m'assure d'avoir ce qu'il faut.
— Au fait, c'est quoi ton prénom ?
— Alberta, et toi ?
— Kyle.
J'ai juste le temps de répondre qu'elle me pousse dans les toilettes pour hommes. Il n'y a personne d'autre, heureusement. Dès que je me retourne, ses lèvres s'écrasent contre les miennes et soudainement tout s'emballe. L'odeur des toilettes est dégueulasse mais j'essaye de faire abstraction. Glissant mes paumes sur son corps, je me plonge dans l'instant, dans l'envie, le désir. Son baiser est agressif, affamé, pas vraiment excitant. J'ai beau essayer de reprendre le contrôle, elle ne fait que me pousser dans l'une des cabines en me griffant le ventre de ses longs ongles. Sarah déteste ce genre d'artifice autant que moi, et ce souvenir me fait disjoncter. Je ne veux pas penser à elle !
Attrapant les hanches d'Anna, ou peu importe son prénom, je la plaque contre le mur et plonge ma main sous sa robe, trouvant son string minuscule. Elle gémit contre ma bouche, ses mains venant ouvrir mon short. Si quelqu'un entre maintenant, nos souffles saccadés et ses gémissements ne laisseront planer aucun doute. Mais est-ce que j'en ai vraiment quelque chose à faire ?
Délicatement, Avril, ou peut-être est-ce Alma, glisse sa main dans mon boxer et saisit mon sexe un peu violemment. Je grimace, empoignant son poignet pour la guider. Le front contre le mien, elle sourit, se léchant les lèvres juste avant de tomber à genoux.
Oh oui ! Je retiens mon exclamation de joie et prépare le terrain. Mon short et mon boxer sous les fesses, je la laisse s'installer. Sa main revient chercher mon sexe et rapidement, elle le fait disparaître dans sa bouche.
— Oui ! Putain !
Les deux mains contre le mur, je la regarde faire, sentant ma queue se tendre de plus en plus dans sa bouche. Sa langue, joueuse, lèche mon gland avant qu'elle ne me gobe encore une fois tout au fond de sa gorge. J'ai du mal à retenir mon cri. Elle est très douée. Je sens que je vais jouir.
— T'as ce qu'il faut ? me demande-t-elle sans arrêter de me caresser avec sa main.
Je baisse les yeux et d'un seul coup j'ai l'impression que mon cœur vient d'avoir un électrochoc. C'est une tout autre personne que je vois à mes pieds, son visage angélique semblant me jurer. Une douce colère monte dans mes veines en cet instant. C'est toi qui m'a quitté Sarah ! Pourquoi tu ne veux pas disparaître ?
Passant une main sur mes yeux, je frotte pour faire partir son visage.
— Qu'est-ce qui t'arrive ? s'étonne Abigail les sourcils froncés.
— Rien.
Je sors mon porte-feuille et attrape un préservatif pour le lui tendre. Retrouvant son sourire, elle l'ouvre et s'applique à me l'enfiler comme si c'était un acte érotique. Mais ça ne suffit pas à faire disparaître ma rancoeur.
— Tourne-toi.
Ma voix est grave, aussi sombre que mon âme après avoir revu son visage, celui de la femme qui m'a réduit en miette. Mais sans la moindre protestation, Abi, Alma, ou peu importe son nom, se retourne en posant ses mains sur le mur, cambrée pour faire ressortir le galbe de ses fesses. Je ne prend même pas la peine de la débarrasser de son sous-vêtement, j'écarte la ficelle, saisis sa hanche d'une main, mon sexe de l'autre, et m'enfonce lentement entre ses cuisses.
— Oh ! Bordel !
Sans attendre, je me déhanche, commençant un long rituel de va-et-vient en espérant ne plus revoir une autre fille avant d'avoir terminé. J'ai chaud, le souffle court, les veines parcourues par l'excitation. Je m'agite de plus en plus, courant à la poursuite de l'extase. Il n'y a que mon plaisir qui compte, que le besoin de ne noyer mon cerveau dans un océan d'endorphine. Entre mes mains, Alba, Anna, rien à foutre de son prénom ! La fille accompagne mes mouvements, sa chaleur enrobant mon sexe, ses petits gémissements faisant durcir encore plus ma bite sur le point d'exploser. Un courant électrique vient frapper mes reins, la chaleur se répand dans chacun de mes muscles, mon cerveau se déconnecte de tout, de ma peine, de mes remords, de ma douleur, et dans un cri que j'étouffe dans son cou, je jouis violemment, mes hanches plaquant les siennes contre le mur alors que son corps se met à trembler.
Je vois des étoiles un instant avant de retrouver la dure réalité. Ce sentiment étrange dans ma poitrine revient encore plus fort. Est-ce qu'il n'y a qu'en étant ivre que je peux baiser sans me sentir mal après ? J'en ai marre ! Tellement marre de cette situation ! Putain ! Il faut que je trouve une solution.
Remontant mes vêtements, j'attends que la miss se soit remise de ses émotions. Je ne suis pas du genre à prendre le temps de câliner mes coups d'un soir. Je baise et je m'en vais. Donc, lorsqu'elle se retourne avec un sourire rêveur et le visage rouge, je me contente de lui adresser une clin d'œil, puis, une fois sûr qu'elle est présentable, j'ouvre la porte de la cabine.
— Putain !
Mon sang quitte mon visage d'un coup. J'ai déjà vécu ça et ça ne s'est jamais bien terminé pour moi. Fait chier !
— Je veux voir tes mains, m'ordonne le vigile la main sur son arme à sa ceinture.
Fallait que ça m'arrive maintenant. Derrière moi, la fille prend une inspiration soudaine, visiblement choquée. Obéissant à l'ordre du vigile, je m'avance et me dirige vers les lavabos, laissant ma partenaire se montrer. Les mains en l'air, les cheveux ébouriffés, les yeux et les joues rouges, les lèvres gonflées, elle n'a clairement pas l'habitude de se faire attraper. Elle commence carrément à sangloter. Le vigile prend un air agacé.
— Vous avez quel âge ?
J'ouvre la bouche pour répondre, mais reste sidéré en entendant la sienne :
— 22 ans.
Putain ! Elle est majeur ? Je ferme les yeux pour faire passer mon étonnement et me tourne à nouveau vers le vigile.
— J'ai 18 ans.
Visiblement, la fille ne s'attendait pas à cette réponse non plus. Les yeux écarquillés, elle en laisse retomber ses mains.
En face, le vigile semble moins en colère tout à coup, voir même amusé. Croisant les bras sur son torse musclé, il lève un sourcil et nous observe longuement avant d'ouvrir la bouche.
— Vous savez que ce que vous venez de faire est illégal ?
— Je ne savais pas qu'il avait 18 ans, se justifie la fille en sanglotant de plus belle.
— Je parle de le faire dans des toilettes publics, madame.
— Oh... oui, je suis désolée.
Je crois bien que son manège fonctionne. Le vigile a l'air de plus en plus attendri par son petit numéro.
— Bien. Vous ne m'avez pas l'air de récidivistes. Alors je ne vais vous donner qu'un avertissement cette fois.
Le soulagement est libérateur. La fille pousse un soupir en posant ses mains sur sa poitrine et le remercie au moins cinq fois. J'en ferai de même si j'arrivais à avoir l'air aussi naïf qu'elle. Je parie que son petit numéro l'a sorti de pas mal d'embrouilles. Ça se voit qu'elle a de l'expérience pour manipuler les gens.
— En revanche, reprends le vigile. Toi, il va falloir que j'appelle tes parents.
Eh merde !
— Je n'ai plus de parents.
Je sais, l'espoir qu'il abandonne à ce stade est grotesque mais au moins j'aurais essayé.
— Ton tuteur légal dans ce cas. Allez, viens avec moi, m'ordonne-t-il en saisissant mon coude.
Par-dessus son épaule, je vois la fille filer avec un large sourire sur le visage. La connasse ! Elle m'a bien eu. Au moins j'ai pu jouir avant qu'on se fasse attraper.
La tête basse, je laisse l'agent me guider. Au loin, j'aperçois Iris, les sourcils froncés. Je n'ai pas envie qu'elle ai des ennuis elle aussi, alors en lui faisant les gros yeux, je secoue discrètement la tête, espérant qu'elle comprenne le message. Comme elle fait un pas vers moi, je secoue plus vivement le menton et articule « va-t'en ». Cette fois, elle capte. Le regard désolé et inquiet, elle récupère son caddie et passe à la caisse. Je lui enverrai un message plus tard pour lui expliquer. Pendant que j'attendrais que mon frère vienne me récupérer. La poisse !
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