Officiel
Le commandant nous félicite une dernière fois, son ton cinglant des derniers mois laisse place à de l'émotion. J'ai bien l'impression qu'il est fier de nous, de notre réussite. Les derniers mots résonnent devant le drapeau que nous saluons alors que la fanfare commence ses premières notes. Fier et droit, ma médaille sur le torse, je suis officiellement un jeune pompier. Dès la semaine prochaine je me rendrai dans ma caserne d'affectation, rencontrerai mes collègues, l'équipe qui deviendra mon quotidien. Mais en cet instant, alors que les dernières notes chantent au-dessus de nos têtes, mon regard se tourne vers ma famille. Mon frère et sa femme, leur fille endormie dans la poussette. Et à côté d'elle, Sarah et ses parents. Leur présence fait monter une boule dans ma poitrine et j'en ai presque les larmes aux yeux. Presque. Cette pierre étrange qui pèse sur mes poumons ne m'est pas familière et j'ai encore beaucoup de mal à savoir ce qu'elle veut me dire. À une époque, j'aurais fumé quelque chose d'illégal pour ne plus sentir ce poids dans ma poitrine. C'était plus facile mais ça n'a jamais aidé très longtemps.
Une cloche sonne, et tout le monde rompt les rangs, comme un souffle retenu trop longtemps. Mes épaules se relâchent et j'avance à peine d'un pas avant de planter mes pieds dans le sol pour maîtriser l'impact. Mes bras s'enroulent instantanément autour de la taille de Sarah qui vient de me sauter au cou avec un putain d'adorable petit cri de fierté. Ses pieds ne touchent plus le sol. Un rire m'échappe, emportant cette boule étrange qui bloquait ma poitrine et j'enfouis mon visage dans son cou pour inspirer profondément son odeur. Mon cœur va exploser.
— Je suis tellement fière de toi !
Je n'ai pas le temps de lui répondre que ses lèvres trouvent les miennes et son baiser me fait grogner, réveillant subitement mon entrejambe dont l'attention était déjà attiré par sa robe trop sage au décolleté provoquant. Mes doigts s'enfoncent dans ses hanches, pressent son corps contre le mien, mais un raclement de gorge me fait revenir à la réalité.
Les joues rouges, adorable, Sarah me relâche et retrouve la terre ferme alors que je garde un bras autour de sa taille. J'évite autant que possible de croiser le regard de son père et suis soulagé quand mon frère me prend dans ses bras.
— Félicitations, souffle-t-il comme un secret.
Il s'écarte, une main sur mon épaule, et son regard me dit bien plus de choses que ses mots. Lui qui est bien plus doué que moi pour les paroles, le voilà emporté par l'émotion. Le sourire qui s'incruste sur mes lèvres est plus spontané et sincère que je ne l'aurais cru.
— J'ai promis que je ne pleurerais pas, marmonne Tess. Donc si vous pouviez arrêter de vous regarder comme ça, je vous en serais reconnaissante.
Mon rire explose avant que mes bras ne s'enroulent autour de ma belle-sœur. Ses mains s'accrochent à ma chemise et je pose un baiser sur sa tempe en y mettant toute ma révérence et ma reconnaissance. Son sourire vacille, mais elle retient ses larmes avec efficacité.
— Bravo, mon grand, souffle la mère de Sarah en m'offrant son accolade avant que son père ne me serre la main.
La fierté dans leurs regards n'est pas quelque chose que je suis habitué à voir. Ou à reconnaître. Venant de Tess et Drew, j'y suis habitué. Leur jugement est biaisé de toute façon. Mais je ne fais pas partie de la famille de Sarah. Ils ne me doivent rien, ils ont toutes les raisons du monde de ne pas m'apprécier. Et pourtant, les voilà aussi fiers que ma propre famille. Je me sens submergé tout à coup, incapable de garder mon calme pour le gérer.
Je n'arrive toujours pas à comprendre et accepter que quelqu'un d'autre que Drew puisse m'aimer, m'apprécier, être fier de moi. J'ai du mal à l'être moi-même. Mais la main de Sarah dans la mienne me fait reprendre mes esprits. Mes doigts se serrent autour des siens et elle les comprime en retour, un sourire angélique sur le visage.
Je l'aime tellement que ça en est effrayant. Mon regard se perd dans le sien. Le monde autour disparaît pour ne laisser que les étoiles dans ses yeux. Mon cœur se comprime à cette vue, la plus belle que j'ai pu voir dans ma misérable vie.
— Je t'aime.
Incapable de retenir cet aveu, je me penche vers elle pour lui voler un baiser. Bref, trop rapide, juste un effleurement. Son sourire me désarme.
Nos familles prennent déjà le chemin du départ après cette longue cérémonie. Dans quelques heures nous nous retrouverons au restaurant parce que malgré mes protestations, Tess a tenu à fêter mon diplôme et pense que je ne suis pas au courant.
— J'ai une surprise pour toi.
Le murmure de Sarah à mon oreille me fait frissonner et ma main se serre autour de la sienne avec envie.
— Quel genre de surprise ?
Elle se mord la lèvre, mon sourire en coin s'agrandit alors que je meurs d'envie de l'emmener dans un coin et faire sortir le démon en elle.
— Tu verras, souffle-t-elle mystérieuse en sortant les clés de sa voiture de son sac.
J'essaye de les prendre, mais elle a de meilleurs réflexes que moi pour une fois.
— Laisse-toi faire, pour une fois.
Je gronde, irrité. Elle sait que je n'aime pas les surprises. Mais je dois bien admettre que je lui fais assez confiance pour lui confier ma vie.
— Il faut quand même que tu me promettes quelque chose avant.
Mon sourcil se dresse et j'ouvre la portière pour la laisser s'installer. Mais Sarah n'entre pas tout de suite, triturant nerveusement ses clés.
— Mon ange, si je te fais si peur que ça...
Elle secoue vivement la tête et jette les clés sur le siège pour prendre mon visage entre ses mains. Je garde les miennes le long de mon corps, effrayé soudain à l'idée qu'elle me craigne.
— Jamais, souffle-t-elle avec un sourire aussi désarmant que tout à l'heure. Jamais tu ne me feras peur. J'ai confiance en toi, Kyle. T'es un homme bien, et le fiancé idéal, même si je n'ai toujours pas de bague au doigt.
Sa moue me fait rire. Et j'ose poser mes mains sur ses hanches sans craindre de la voir tressaillir. Les mots que nous nous sommes échangés suffisent à me dire qu'elle est mienne. Mais je compte bien mettre une bague sur son annulaire pour que tout le monde le sache.
— Tu dois me promettre que tu ne vas pas être déçu.
— Déçu ?
Mes doigts de resserrent autour de sa taille comme si elle allait m'échapper.
— Tu ne peux pas me décevoir, mon ange. Rien de ce que tu feras ne pourra ternir l'image que j'ai de toi.
Son soupir retenu effleure mes lèvres juste avant qu'elles ne rencontrent les siennes. Mon bras s'enroule autour de sa taille et je la presse contre la portière arrière de la voiture avec un gémissement bestial lorsque mon sexe au supplice se loge contre son corps.
— Cet uniforme me fait vraiment de l'effet, gronde Sarah contre mes lèvres.
Je souris et repars à l'assaut, ma langue à la conquête de la sienne. Je me fiche pas mal d'être au milieu du parking qui se vide peu à peu. En cet instant, je regrette sérieusement de ne pas avoir un appartement rien qu'à nous pour l'emmener au plus vite là où je pourrai lui faire perdre sa culotte et plonger dans sa chaleur jusqu'à ce qu'elle perde la tête.
— Je ne pensais pas qu'il y aurait autant de circulation à cette heure, marmonne la conductrice en pianotant nerveusement sur le volant du bout des doigts.
Je glisse ma main sur sa cuisse et me mords la lèvre en souriant quand elle les resserre. Sa main se pose sur la mienne et au lieu de l'éloigner, elle en caresse le dos en serrant le volant un peu plus fort de l'autre main.
— Tu sais que passer du temps avec toi est tout ce qu'il me faut ?
Ses joues de colorent dans cette teinte rosée que j'adore. Je me sens tellement calme et heureux en cet instant que j'aimerai rester dans ses bouchons le reste de ma vie.
— Ce n'est peut-être pas ce que tu penseras en arrivant.
— Sarah, je ne sais pas quelle idée saugrenue t'as eu encore une fois, mais je t'aime, OK ? Ça ne changera pas.
Elle soupire et prend ma main pour porter ma paume à sa bouche. Elle y pose un baiser juste avant de glisser sa langue baveuse en plein milieu. Mon éclat de rire la fait gronder de malice et je continuerais bien ce petit jeu si la voie ne venait pas de se débloquer.
— Tu ne payes rien pour attendre, petit démon !
Elle m'accorde un sourire plus angélique et innocent que son regard enflammé et accélère tout à coup pour passer avant que le feu ne redevienne rouge. Nous ne sommes pas si loin de la maison de mon frère, et pendant un instant, je me demande si elle ne fait pas le tour de la ville juste pour laisser aux autres le temps de préparer une fête surprise. En prenant l'autoroute dans l'autre sens, nous y seront dans 10 minutes. Mais nous ne sommes pas très loin de l'université non plus. Et quand elle en prend la direction, je fronce un peu plus les sourcils.
— Tu m'emmènes chez ma psy ?
C'est la seule explication que je trouve cohérente bien que nous soyons samedi et que j'ai une séance déjà prévue la semaine prochaine.
— T'as besoin d'aller la voir ? demande Sarah avec une pointe de panique.
Je hausse un sourcil, me demandant si ce n'est pas elle qui en a besoin finalement.
— Non.
— Tant mieux.
Elle agite la tête, recommence à tapoter le volant et garde les yeux rivés sur la route en inspectant vaguement les immeubles du quartier. Les bâtiments sont hauts, un mélange de béton et de verre qui sentent le luxe et les loyer hors de prix. Peut-être qu'elle connaît quelqu'un ici.
— On y est, souffle Sarah en se garant devant l'un des immeubles un peu plus petit que les autres.
Je lève la tête, admirant les reflets du soleil sur les vitres les plus hautes. Quelques balcons verdoyant lui donne un côté moins sévère, mais il reste très sobre.
— Qu'est-ce qu'on fait là ?
Sarah a un sourire tremblant. Mais sans me répondre, elle ouvre la portière et sort de la voiture.
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