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Je n'ai jamais vu Sarah aussi nerveuse. Et le mot est faible. J'ai beau lui tenir la main, j'ai l'impression qu'elle n'est même pas avec moi dans l'ascenseur qui nous emmène au septième étage. Mes yeux quittent son visage, qui de toute façon est tourné vers les portes comme si elle avait hâte d'en sortir et je me demande un instant si je me suis déjà retrouvé avec elle dans un ascenseur. Peut-être qu'elle en a la phobie ?
Les différents numéros des étages s'illuminent à mesure que nous les passons et mon regard s'arrête sur le dernier bouton du clavier.
— Piscine ?
Sarah sursaute et sa main se serre autour de la mienne une seconde. Elle avait carrément oublié que j'étais là ?
— Oh. Euh... oui. Il y a une piscine au dernier étage. Et une salle de sport au rez-de-chaussée. Elle n'est pas seulement fréquentée par les locataires, donc il paraît qu'elle a beaucoup de succès.
Je m'en était rendu compte en entrant dans le large hall où trône un vigil et un comptoir d'accueil pour la salle de sport. La main de Sarah commence à devenir moite dans la mienne.
— Arrête de te mordre.
Mon souffle est aussi sec qu'un ordre alors que je glisse mon pouce sous sa lèvre pour qu'elle la relâche. Ce qu'elle fait immédiatement. Debout devant elle, je ne lui laisse pas d'autre choix que me regarder. Ma main sur sa joue, elle se laisse aller contre ma paume et ferme les yeux. Avec amusement et une forte envie de profiter de la situation, je me penche vers elle et chuchote à son oreille :
— Je peux arrêter l'ascenseur et te baiser contre ce mur si ça peut te détendre.
Ses yeux s'ouvrent brusquement, ses joues plus rouges que le bouton d'arrêt et son souffle saccadé me dit qu'elle y a pensé.
— On n'a pas le temps.
Ce n'est pas un refus. Mon sourire s'agrandit pour répondre au sien et je grogne quand elle pose ses lèvres contre les miennes, trop vite. Mais je n'ai pas le temps de protester. L'ascenseur s'arrête et les portes s'ouvrent sur un couloir aux tons clairs. Je sors en premier, et laisse Sarah nous guider vers le bout du couloir. Il n'y a que deux portes mais elles sont très éloignées l'une de l'autre.
— Ces appartements ont l'air immenses.
Je marmonne cette constatation alors que ma fiancée sonne à la porte. Quelques secondes plus tard, un homme d'une cinquantaine d'années nous ouvre et offre un large sourire à Sarah en la prenant dans ses bras. Je ne peux pas m'empêcher de les regarder d'un œil sévère et jaloux quand elle me lâche la main pour le serrer contre elle. C'est bête, il a deux fois son âge, mais est-ce vraiment une limite de nos jours ?
— Bonjour, dit-il en me tendant la main. Bienvenue chez...
— C'est mon oncle ! le coupe Sarah.
Je fronce les sourcils et mets quelques secondes pour me souvenir de cet oncle dont elle m'a parlé, qui loue des appartements. J'ai bien eu raison de refuser. Le loyer doit coûter une fortune.
Poliment, je lui serre la main et me fait entraîner à l'intérieur par Sarah. L'espace est grand, lumineux et décoré avec beaucoup de plantes et de meubles en bois, comme mon ange les adore. Ça va être difficile de lui dire non encore une fois.
— J'espère que les modifications te plaisent, ma chérie, s'enthousiasme l'oncle bien trop joyeux.
S'il n'était pas de sa famille, je lui aurait déjà fait comprendre qu'il ne vaut mieux pas la regarder avec autant d'amour s'il ne veut pas mon poing dans sa gueule.
— C'est magnifique, mais il ne fallait pas. Tu en as déjà fait assez.
— Rien n'est trop beau pour ma filleule, réplique-t-il en prenant son visage entre ses mains pour poser un baiser sur son front.
Il essaye de l'amadouer avec les sentiments. C'est un coup bas. Même pour une vieil oncle fortuné. S'il possède plus d'un appartement de ce genre dans la ville, il ne doit certainement pas manquer d'argent et qu'il essaye en plus d'avoir celui de Sarah commence à m'énerver. D'un pas en avant, je me place entre eux, le poing serré. Autant arrêter cette mascarade sur le champs.
— Je ne sais pas à combien vous louez cet appartement... monsieur. Et c'est un coup bas d'avoir changé la décoration parfaitement au goût de Sarah. Nous n'avons pas les moyens de payer un loyer dans ce quartier.
Je me tourne vers Sarah sans lui laisser le temps de répliquer :
— Et je suis désolé mon ange, mais je refuse que tu t'épuises à travailler et faire tes études en même temps juste pour payer le loyer.
Je prends ses deux mains, tournant le dos à son oncle pour qu'il arrête de lui lancer ces regards complices, et même si ça me serre la poitrine de devoir lui refuser ça, je dois penser à sa santé d'abord. Mais le sourire sur le visage de Sarah n'est pas ce à quoi je m'attendais.
— Je crois qu'il y a une méprise, s'amuse l'oncle derrière moi.
Ils échangent un regard et je me sens très stupide hors de leur confidences. Mon regard passe de l'un à l'autre, leurs yeux pétillants et leurs sourires malicieux. Je n'aime pas ça.
— Mon amour, lance Sarah en serrant ma main pour que je la regarde à nouveau.
Je recule d'un pas sans le vouloir. Cette sensation stupide de trahison s'immisce dans mes veines et il me faut lutter de toutes mes forces pour ne pas laisser la colère me gagner.
— C'est mon appartement, Kyle.
Je ne dis rien. Je ne comprends pas et la colère commence à embrouiller mes pensées.
— On avait dit...
Sarah prend mon visage entre ses mains et les miennes s'accrochent d'elles-même à sa taille comme si je risquais de la perdre à tout moment.
— Nous étions d'accord pour ne pas louer d'appartement hors de prix avant que j'ai terminé mes études, reprend-elle en caressant ma mâchoire de son pouce. Mais il n'est pas à louer. Sebastian me l'a offert.
Offert ? Ça ? Un rire m'échappe. Elle m'a bien eu. Pendant une demi seconde, j'y ai cru.
— Bien essayé, mon ange. Je n'y crois pas une seconde.
Cette fois, c'est elle qui fronce les sourcils et recule d'un pas pour croiser les bras. Mais l'amusement ne me quitte pas. Offrir un appartement luxueux comme ça ? C'est bien trop gros pour que j'y crois.
— Qui offrirait ce genre de chose ?
Mon hilarité ne l'amuse pas du tout.
— Parce que je ne suis pas assez bien pour mériter ça ?
Son ton n'a rien d'amusé. À vrai dire, je pense qu'elle est à deux doigts de me jeter dehors. Avec un peu de mal, je maîtrise mon hilarité et prends son visage entre mes mains.
— Tu mérites le monde, mon ange. Et je ferai tout ce que je peux pour t'offrir tout ce que je pourrai dans cette vie et les suivantes.
— Alors tu vivras avec moi ici.
Ce n'est pas une question, ses mots sonnent terriblement comme un ordre auquel j'ai peur de ne pas pouvoir obéir. Je soupire et pose mon front contre le sien. Sait-elle à quel point ça me fait mal de lui refuser quelque chose ?
— Sarah...
— Cet appartement est réellement à Sarah, me coupe son oncle au bord de l'impatience. Je lui ai offert.
Je recule d'un pas et me tourne vers lui. Confus. Sarah prend ma main entre les siennes et pose son menton sur mon épaule. Mais mon regard reste planté dans celui sombre et autoritaire de son oncle. Il n'a pas l'air de mentir.
— Je n'ai pas d'enfant, reprend-il. Sarah est la seule personne dans ma vie qui s'en approche. J'ai cru mourir en la voyant se battre contre son cancer. Lui offrir cet appartement n'est rien. J'en possède assez pour le lui offrir. Et j'aimerai faire plus, mais elle a refusé. Ma filleule mérite tout le bonheur du monde et je ne reculerai devant rien pour le lui offrir et la protéger. J'avais des doutes à ton sujet, Kyle. Et je pense toujours qu'aucun homme ne la mérite. Mais maintenant que je vous ai vu tous les deux, je suis d'accord avec tes parents, ma chérie. C'est un type bien et j'accepte qu'il vive ici avec toi.
— Parce que tu comptes avoir ton mot à dire là-dessus ? s'étonne Sarah d'un ton condescendant.
Sebastian lève les yeux au ciel et passe une main dans ses cheveux bruns avant de croiser mon regard qui sait qu'il ne vaut mieux pas la défier. Le regard qu'il m'offre me dit qu'il sait lui aussi qu'il vaut mieux l'éviter.
— J'imagine que non, soupire-t-il avant de laisser s'afficher son sourire.
Je n'arrive pas à me détendre pour autant. Je suis persuadé qu'il y a un piège là-dessous mais j'ignore lequel. Personne ne peut être aussi généreux sans contre partie.
— Où est le piège ?
Ma voix grave vibre avec une pointe de menace. Mais Sebastian se contente de croiser les bras, un sourcil dressé. S'il prétendait m'apprécier, il ne va pas garder ce jugement longtemps.
— Kyle, m'interpelle Sarah en me forçant à lui faire face.
Sa main se pose sur ma joue et le sourire qu'elle affiche est proche de la compassion.
— Mon amour, il n'y a aucun piège là-dedans. J'ai déjà signé, j'ai déjà tous les papiers. Cet appartement est à moi. Et je peux parfaitement ordonner à Sebastian de déguerpir.
Elle jette un œil par-dessus mon épaule et malgré le lourd soupir qu'il fait résonner dans la pièce, Sebastian s'approche de la porte et me lance un dernier regard d'avertissement.
— Si tu la blesses, ne serait-ce qu'un peu, t'es mort.
Étrangement, cette menace est ce qui me rassure. Le détermination, la rage dans son regard me confortent dans l'idée qu'il tient plus à elle qu'à autre chose. Je connais ce sentiment. D'un bref hochement du menton, je cède enfin et Sebastian quitte l'appartement en nous laissant seul. Mon regard cherche celui de Sarah. Il ne m'a pas quitté. Elle enroule ses bras autour de mon cou et mes mains se posent sur ses hanches pour la rapprocher.
— Mon ange gardien, souffle-t-elle le sourire aux lèvres.
Je pose mon front contre le sien et inspire profondément son parfum, le cœur au ralenti. Dans cette bulle où il n'y a que nous, je suis plus heureux que jamais.
— Ton frère et mon père nous aideront à amener nos affaires dès demain.
— T'as déjà tout prévu, pas vrai ?
Elle penche la tête sur son épaule et me sourit d'un air faussement innocent.
— J'ai toujours une longueur d'avance sur toi.
— Ah oui ?
Elle hoche fermement le menton, le regard sûr. Mes mains s'accrochent un peu plus à elle et pressent son corps contre moi.
— Bien sûr. Je savais que tu m'aimais avant que tu ne le réalises.
Même si je ne suis pas certain que ce soit vrai, je ne la contredis pas et me contente de grimacer.
— Dans ce cas, soufflé-je en poussant la bretelle de sa robe. J'imagine que tu sais déjà ce qui t'attend pour avoir fait ces cachoteries derrière mon dos.
Sa bretelle tombe de son épaule et je pose mes lèvres sur sa peau douce avant d'y planter mes dents, juste assez pour la faire couiner.
— C'est bien pour ça que je ne t'ai rien dit, soupire Sarah en glissant ses doigts dans mes cheveux.
Je pose ma main sur sa joue, me mordant la lèvre pour retenir mon sourire. Ses yeux sont enflammés, une lueur sombre et sexy y danse pour m'attirer comme un cobra devant une flûte. J'inspire entre mes dents, portant une main aux boutons de ma chemise pour les défaire alors que Sarah se mordille les lèvres, impatiente.
D'une voix sombre, mon sexe déjà tendu par la simple idée de la posséder, je lui ordonne :
— À genoux.
Sarah exécute mon ordre si vite que je manque d'en perdre mes moyens et abandonne ma chemise pour glisser le bout de mes doigts sur sa joue.
— T'es si parfaite, mon petit démon.
Son sourire s'agrandit et ses mais sur mes cuisses remontent lentement pour m'achever.
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