Avenir

— J'ai réfléchit à un truc, souffle Sarah en revenant de la cuisine avec deux verres de limonade.

Je hausse un sourcil et récupère le verre qu'elle me tend pour en boire une gorgée. Dans l'air, la chaleur commence à faire briller sa peau. Elle porte une robe qui ne la couvre que jusqu'aux genoux et puisqu'elle ne doit pas s'exposer au soleil, nous nous sommes réfugiés sous le porche de la maison de ses parents. J'arrête de balancer le canapé pour que Sarah puisse s'assoir. Mais au lieu de s'installer confortablement au milieu des coussins, elle grimpe sur mes genoux et passe ses bras autour de mon cou.

— Pas de sexe devant tous tes voisins, petit démon.

Elle lève les yeux au ciel mais ma main remonte déjà sur sa cuisse pour glisser sous sa robe jusqu'à ses fesses. Le tissus est assez large et plissé pour que personne ne sache où j'ai posé ma main. Ses parents sont à l'arrière de la maison, dans le jardin, et même si nous nous sommes rapprochés, je doute qu'ils apprécient de me voir la ploter.

— Je suis certaine que tu serais assez doué pour que personne ne voit quoi que ce soit.

Son petit mouvement de bassin torture mon sexe, mais je refuse de succomber à ses manigances. Mes mains sur ses hanches, je l'empêche de bouger, mais son rire fait tressauter ma queue. Pas une seule partie de mon corps n'est capable de lui résister.

— Ce n'est pas à ça que je pensais, avoue-t-elle dans un souffle contre les lèvres.

— Et à quoi mon petit démon a réfléchit ?

Il y a tellement de paix maintenant dans son regard que ça me torture parfois d'y plonger. Nous sommes passés par tellement d'épreuves déjà, et ce n'est pas terminé. Il m'arrive de me demander si nous sommes faits pour y survivre. Mais quand je plonge dans son regard, l'espoir ne fait que grandir et me donner des forces.

— Je ne vais qu'aller mieux maintenant, commence-t-elle en glissant ses doigts dans mes cheveux.

Les mouvements circulaires de ses ongles sont à deux doigts de le faire ronronner. Je souris et n'essaye même pas de cacher les tremblements de ma voix :

— Et c'est la meilleure nouvelle que je puisse avoir aujourd'hui.

Son sourire se fige et la compassion s'immisce dans son regard.

— Drew va s'en sortir. Je le sais.

Elle ferme son poing contre sa poitrine, martelant ses derniers mots. J'aimerais tellement en être aussi sûr qu'elle.
Mes lèvres capturent un instant les siennes, j'ai besoin de la sentir près de moi. Mais notre baiser n'est qu'un effleurement, un réconfort qu'elle est la seule à me procurer. Sarah pose son front contre le mien et inspire profondément.

— J'aimerais qu'on vive ensemble.

J'ouvre les yeux si brusquement qu'elle sursaute et recule juste assez pour croiser mon regard. Comment fait-elle pour encore réussir à faire trembler mon cœur ?

— Qu'est-ce que tu veux dire ?

— J'ai un oncle qui loue des appartements près de l'université. Il faudrait que je trouve un petit travail, mais j'ai déjà quelques pistes...

— Non.

Son sourcil se dresse avec défiance.

— Il est hors de question que tu travailles maintenant. Tu n'es même pas encore complètement remise de ton opération.

Ses yeux se lèvent si haut vers le ciel que ma main me démange de lui donner une fesser pour faire rentrer un peu de bon sens dans sa petite tête têtue.

— Depuis le temps, tu devrais savoir que je n'écoute pas ce que tu me dis.

— Oh mais je le sais, petit démon. Mais je sais aussi que tu n'iras pas à l'encontre de ce que tes parents te disent.

Mon sourcil dressé la défie de m'obliger à en parler à ses parents. Je sais pertinemment qu'elle ne va pas le faire parce que même si elle a tout fait pour les éloigner durant sa maladie, elle est incapable de les mettre en colère. Elle est bien plus sage que moi.
Son soupir de défaite m'arrache un sourire satisfait, mais je grogne lorsque ses doigts tirent violemment sur mes cheveux pour basculer ma tête en arrière. Dressée sur ses genoux, elle me domine d'un regard enflammé qui me fait sérieusement reconsidérer mon refus de la baiser ici et maintenant.

— Ne crois pas que tu vas souvent avoir raison, mon amour.

Elle n'utilise que très rarement des petits noms affectueux, mais la rudesse avec laquelle elle le prononce en cet instant me fait bander comme un âne. Un sourire étire mes lèvres avec malice alors que mon regard jongle entre le sien et ses lèvres.

— Je peux toujours essayer.

Ma provocation lui fait tirer mes cheveux un peu plus fort et un rire m'échappe. Le son est devenu étrange, même pour moi. J'ai l'impression de ne pas avoir rit depuis des années. Les yeux de Sarah s'éclaircissent et sa prise se relâche, toute la fureur dans ses gestes, son regard, s'évapore pour laisser place à quelque chose de plus doux, plus fort et plus vital. Quelque chose que je n'ai pas l'habitude de voir, du moins pas dirigé vers moi.

— Je veux vraiment qu'on vive ensemble, Kyle, insiste Sarah en prenant ma main pour poser ma paume contre son cœur.

Je m'échappe de sa prise et capture son visage entre mes mains pour poser un baiser sur ses lèvres, dans l'espoir d'apaiser l'agonie dans ses yeux.

— On trouvera une solution. Laisse-nous quelques mois pour nous relever, d'accord ? Je... je ne sais pas comment les prochaines semaines vont se dérouler. Putain, je sais même pas comment les prochains jours vont se passer. Avec Drew dans le coma...

Je secoue la tête, incapable de trouver mes mots. Sarah prend mon visage entre ses mains et pose un baiser sur ma joie avant d'enrouler ses bras autour de mon cou pour me serrer contre elle. Mes lèvres se pressent contre sa gorge et j'inspire profondément son parfum. Je n'ai pas besoin de trouver mes mots, parce qu'elle sait très bien ce que je ressens, la détresse qui me tord l'estomac à chaque instant.

— Je t'aime, mon ange.

J'entends son sourire, ses bras se serrent un peu plus autour de moi. Ses lèvres se pressent dans mes cheveux et mon cœur se met à faire des percussions effrénées sous sa voix tremblante :

— Je t'aime tellement, Kyle, que parfois j'ai peur de tout briser encore une fois.

Je m'écarte, une main dans ses cheveux pour croiser son regard. Ma bouche s'ouvre pour trouver les mots mais rien ne parvient à exprimer ce que je ressens. J'ai beau lui dire que je l'aime à chaque occasion, elle ne le dit pas aussi souvent et à chaque fois je perds le contrôle un instant, comme si mon cerveau était incapable de réellement accepter ce qu'elle dit.

— Je ne te laisserai pas faire, mon ange. Pas cette fois. T'es coincée avec moi, pour le reste de ta vie.

Elle sourit, mais une larme roule sur sa joue. Avant que je puisse l'attraper, Sarah resserre ses bras autour de mes épaules et je la presse contre mon corps, le nez dans son cou. L'apaisement qui résonne au fond de mon âme n'est pas encore près à calmer les battements effrénés de mon cœur, mais je sais qu'avec elle je vais y arriver.
La solitude que j'ai ressenti toutes ses années commence à laisser place à la dévotion que m'inspire cette femme si forte et si fragile. Drew prétend parfois que notre mère a poussé Tess sur son chemin pour qu'il soit enfin aimé comme il le mérite. Mais je ne pense pas le mériter autant, pourtant, Sarah est la réponse à mes appels, ma salvation, l'apaisement de mes brûlures. Je ne cesserai jamais de me montrer digne de son amour. Même s'il faut que je lutte contre elle pour ça. Notre vie ne fait que commencer et même si je sais que le temps est précieux, je veux lui permettre d'être jeune et libre avant que nos vies ne deviennent trop compliquées. Elles l'ont déjà assez été. Pour l'instant, je veux juste son bonheur.

Je ne sais pas combien de temps nous restons ainsi, enlacés, à simplement savourer la présence de l'autre, mais lorsque j'ouvre à nouveau les yeux, je me rends compte que Sarah ne me serre plus aussi fort et que son souffle est plus lent. Un rire m'échappe quand je comprends qu'elle s'est endormie. Mes doigts dans ses cheveux courts, j'en apprécie la douceur, bien plus agréable que ses perruques. Son petit gémissement me fait sourire mais la tension dans son dos me fait froncer les sourcils.

— Oh, désolée, gronde-elle en se redressant lentement.

Elle essuie le coin de sa bouche, les joues rouges et le regard fuyant devant les sourcils froncés.

— Je t'ai bavé dessus, gémît-elle en se cachant derrière sa main.

J'éclate de rire et embrasse ses doigts alors qu'elle se laisse glisser sur le canapé pour descendre de mes genoux.

— Ce n'est pas drôle !

Ses yeux ne quittent pas mon épaule mouillée.

— Je suis navré de te l'annoncer, mon ange, mais tu ne pourras pas battre Rose dans ce domaine. Et puis...

Je me penche vers elle et attrape son cou d'une main pour murmurer à son oreille :

— N'oublie pas que t'as déjà léché quelques parties de mon corps. Et à quel point j'aime ça.

Ses joues s'enflamment et son regard croise le mien, son visage si près que nos souffles se mêlent. Les flammes qui dansent dans ses yeux me font grogner, l'envie de lui faire lécher une partie bien spécifique de mon anatomie brûle entre mes reins. Mais alors que je m'apprête à capturer ses lèvres, les vibrations de mon téléphone dans ma poche me stoppent net.
Sans quitter le regard de Sarah, je décroche et me prend un seau d'eau froide en pleine figure quand j'entends la voix de Tess, paniquée :

— Kyle ! Il faut que tu viennes à l'hôpital ! C'est Drew, il... Viens ! Vite !

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