Chapitre 14 : Nom de famille.
Draco gémit. Son dos lui faisait mal. Un des plongeurs n'avait pas pu être là cette nuit et les chefs lui avaient demandé de faire son travail à sa place, enfin ils ne l'avaient pas demandé, ils l'avaient exigé.
-Et les tables ? Qui va servir ? Avait-il demandé.
La gérante l'avait regardé de haut en bas.
-Il n'y aura pas de plats sur les tables s'ils ne sont pas lavés avant! En avant!
Draco n'avait jamais autant détesté sa vie. Même avec une machine qui lavait quelques plats pour lui, il en avait encore beaucoup à laver à la main. Il avait pensé refuser de faire ce travail mais il avait déjà vu des gens se faire virer pour moins que ça. Il était remplaçable. Il pourrait se faire virer aussi s'il ne faisait pas ce que les chefs voulaient. C'était aussi une sensation nouvelle dans sa vie, il n'avait jamais été remplaçable. Et cela ne lui plaisait pas.
Il ouvrit la porte et se laissa tomber sans son fauteuil. Août et septembre étaient déjà loin. Il lui restait seulement dix mois et sa vie reviendrait à la normale. Ou du moins c'est ce qu'il se disait...
Il récupérera sa magie, reverra sa mère, déménagera de nouveau au manoir d'où il venait, mais il ne sera plus jamais le même qu'il avait été.
C'est sur qu'il appartenait à la puissante famille Malfoy. Grâce à son nom de famille, il avait obtenu tout ce qu'il voulait à l'école. Il était supposé qu'un milliard de porte auraient dû lui être ouvertes à la fin de ses études. Beaucoup de possibilités, un avenir prometteur... Cependant son père était à Azkaban, sa mère en exile et lui vivait comme un moldu en lavant et servant des plats.
Par Salazar, quelle pensée déprimante.
Non, une fois qu'il retournera au monde magique il pourra retrouver sa magie, mais l'endroit où il retournera ressemblera à l'enfer. Au moins les moldus ne savaient pas qui il était ou qui il était supposé être. Avec les sorciers c'était plus difficile. Ils n'oublieront pas ce que sa famille a fait, ce qu'il a fait lui-même. Il ne pensait pas non plus que ses amis l'accueilleront avec une étreinte chaleureuse... Ces amis et alliés ne s'étaient pas préoccupés de le voir ne serait-ce qu'une fois cet été.
Peut-être qu'il serait mieux en lavant la vaisselle.
Il laissa cet état d'esprit prendre le contrôle de lui pour le reste de la nuit, trop fatigué et ennuyé pour se lever et prendre un verre de vin. Il n'avait pas souvent ce genre de sentiments. Au contraire, il essayait souvent de se dire qu'il sortirait de la, qu'il avait juste à endurer sa punition avant. Il se rappelait aussi qu'il s'accommodait bien à ces circonstances.
Granger avait pire, sa situation était permanente.
Dans une nuit comme celle-ci, quand tout son corps lui faisait mal et qu'il ne trouvait donc pas de position pour dormir, les pires pensées arrivaient de nouveau, comme aux premiers jours de sa condamnation. Quand il était trop occupé à s'apitoyer sur son sort pour se rendre compte de la situation des autres. Maintenant il la voyait clairement. Sa situation n'était pas la pire de toutes... Mais même comme cela, quand la torture moldue finira, il n'aura pas beaucoup plus que maintenant.
Ses sentiments entrèrent dans un cercle vicieux. Et il les traînait comme une grosse boule enchaînée à la cheville.
Il devait faire quelque chose. N'importe quoi. Il avait besoin de se sortir de ce tourbillon de mauvaises pensées. Il mit sa main sur sa table de salon et chercha son téléphone à tâtons. Il était tard mais il doutait que Granger dorme déjà. Il nota son numéro.
-Salut ? Malfoy ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Répondit-elle à l'autre bout du fil.
Il soupira.
-Pas grand chose. Je viens de rentrer et je me sens enfermé dans mon appartement. Tu veux aller dans un bar ?
La voix de Hermione n'était pas rassurée.
-J'ai du vin ici, on n'est pas obligé de sortir.
-Je voudrais sortir. Voir des gens... Dit-il en soupirant. J'ai pensé que tu aurais voulu venir, ce n'est pas important.
-Pourquoi ne viens-tu pas à mon appartement ? On peut sortir un autre jour...
-J'ai dit que c'était pas important, Granger. Je veux juste être autre part...
Draco raccrocha le téléphone. Si elle ne voulait pas y aller, c'était son droit... Il devait juste trouver l'envie de se lever.
Il était encore assis quand quelqu'un frappa à sa porte.
-Malfoy ?
Il soupira de nouveau.
-Entre, c'est ouvert.
Hermione ouvrit la porte et arriva au salon en silence. Elle portait un jeans, un t-shirt et des chaussures de sport. Il s'était attendu à la trouver en pyjama à cette heure de la nuit. Cela n'aurait pas été la première fois qu'il l'a voyait comme cela, surtout après ces moments où elle ne supportait plus de s'habiller car elle voyait à chaque fois les vêtements de Weasley. Elle avait aussi une bouteille de vin dans une main et son sac dans l'autre.
Elle leva un sourcil en voyant la forme que son corps avait pratiquement laissé dans le fauteuil.
-Oui, tu parais vraiment enthousiaste à l'idée de sortir et voir du monde, dit-elle avec un demi sourire. Je suis venue préparée.
-Moi je veux sortir, protesta t-il.
Elle secoua la tête, alla à la cuisine pour prendre deux verres et revint s'asseoir sur le fauteuil.
-Nuit mouvementée au travail ?
Elle prit un verre qu'elle lui offrit, il prit une grande gorgée et ferma les yeux.
-Fort.
Pour être sincère, il était peu probable qu'il puisse se lever de son fauteuil de toute la nuit.
Elle attendit qu'il lui donne plus de détails.
Il ouvrit les yeux et la vit, assise, en attente. Tous ses misérables sentiments étaient sur le bout de sa langue.
Il se demanda si elle pourrait les comprendre.
Après un moment, au lieu de parler d'eux, il dit :
-Michel n'est pas venu cette nuit. Je n'avais jamais touché autant d'assiettes de ma vie.
-Oh, mon pauvre, dit-elle en faisant une grimace. Malfoy ne savait pas ce qu'était le travail dur. Il la regarda avec un sourcil froncé et elle lui adressa un large sourire. C'est la vie.
Draco décida que ce n'était pas la peine de commencer une dispute avec l'unique personne qu'il avait dans le monde moldu. Il décida donc de changer de sujet.
-Comment vont les choses pour toi ? Tu as réussi à attirer l'attention de Belby ?
-J'ai visité l'apothicaire plusieurs fois, dit-elle sérieuse. Et je lui ai encore écrit. Je commence à penser qu'il est temps de faire quelque chose de plus radical...
Il resta muet quelques secondes avant d'ajouter :
-Moi j'opte pour lui envoyer un panier anonyme rempli de gâteaux empoisonnés et juste après une bouteille d'antidote avec une lettre de condoléances pour son malheur, signée par toi. Il te serait sûrement reconnaissant.
-Malfoy ! C'est horrible ! S'exclama t'elle sans pouvoir pouvoir éviter un sourire idiot sur ses lèvres.
-Mais ça fonctionnerait.
-Cela pourrait fonctionner, rectifia-t-elle. Où il pourrait découvrir que c'est moi qui l'ai empoisonné et il me dénoncerait. Merci mais je ne préfère pas risquer.
-Tu n'as pas le sens de l'aventure, se moqua t'il.
-Dis à ton esprit de penser à quelque chose aussi ingénieux et un peu moins illégal, le défia t-elle.
Il prit une gorgée de vin.
-Où serait l'amusement dans cela ?
Hermione ria entre ses dents.
Il eut un moment de silence dans lequel Draco termina le vin qu'il lui restait. Après avoir regarder dans le fond de son verre quelques secondes il demanda :
-Est-ce que, que quelque chose soit permanent t'a déjà embêté ?
Elle tourna la tête vers lui, confuse. Elle ne s'attendait pas à cette question.
-Permanent ? Non, cela n'existe pas. La vie est remplie de changements, répondit-elle en le regardant fixement dans les yeux. Il n'y a aucune garantie que demain soit le même qu'hier. Le changement est en fait l'unique certitude de la vie, argumenta-t-elle.
-Tu ne peux pas nier que tu as eu quelques changements permanents l'année dernière... Commenta t-il, en traînant ses paroles.
Elle ne répondit pas immédiatement. Elle détourna son regard de lui et avala sa salive.
-Je suppose... Certaines choses ne peuvent pas se rectifier. Concéda-t-elle, elle prit une voix plus douce. On est en train de parler de Ron ? Elle attendit un moment mais elle continua de parler en l'absence d'une réponse. Il n'y a rien qui le ramènera, oui... Mais ça ne fera pas aussi mal pour toujours. Ce n'est pas possible. Je sais que ce que je ressens va changer, tôt ou tard, mais ça va changer.
-Mais les choses ne seront jamais comme avant ? Je me trompe ? Dit-il, en s'imaginant son propre futur. Avant il ne s'était jamais imaginé sans pouvoir ni prestige... Bien sûr, la guerre et sa fin, les sentences dictées, tout ce qu'il avait eu avait changé pour toujours.
-Non, elles ne peuvent pas redevenir comme avant, dit-elle avec fermeté. Même un retourneur de temps à ses limites. Elle avait pleuré amèrement pendant de multiples nuits, voulant pouvoir retourner dans le temps et sauver Ron, comme elle l'avait fait une fois pour Sirius. Mais la mort avait été chargée de leurs apprendre qu'elle ne se faisait pas ridiculiser, un an plus tard, quand ils le perdirent définitivement pendant la bataille du Ministère.
Un silence plus prononcé s'installa entre les deux, mais aucun des deux ne bougea.
Enfin, comme s'ils avaient retrouvé le chemin de sa gorge, les mots sortirent de la bouche de Draco, admettant ce qu'avait retenu son esprit toute la nuit.
-En tout cas, je n'ai pas un chemin aussi difficile que le tiens. Je vais retrouver ma magie, ma maison, ma mère... Tout ça dans moins d'un an. Il inhala profondément et laissa s'échapper un long soupir. Mais quand je reviendrai, rien ne sera le même qu'avant. Tout le monde aura tourné la page. Personne ne voudra de moi.
De diverses émotions remontèrent à l'intérieur d'Hermione, qui ne pût éviter d'exprimer une expression de surprise devant la révélation de ses inquiétudes.
-C'est une façon de le voir, dit-elle avec détermination. En voici une autre : tu as un an pour te réinventer toi-même. Choisis qui tu veux être à partir de maintenant.
-C'est ce que tu fais ? Réinventer une Hermione Granger ?
-Je suppose qu'on pourrait dire que tout le monde se réinvente tout le temps. Tous les jours nous changeons d'une manière ou d'une autre. Mais oui. Je travaille sur ma réinvention, en tant que personne individuelle et pas comme la troisième partie d'un célèbre trio. Comme une adulte qui laisse son empreinte sur le monde et pas comme une étudiante qui ne peut qu'apprendre et répéter les choses que d'autres ont fait avant. Je crois que je sais qui je veux être. Maintenant est un bon moment pour que tu découvres qui tu veux être toi aussi, qui tu es, en réalité. Draco. Pas Draco Malfoy, fils d'un Mangemort. Pas Draco Malfoy, le prince gâté de Serpentard. Juste Draco.
Ils detournèrent tous les deux le regard de l'autre en se rendant compte qu'ils s'étaient regardé dans les yeux pendant un très long moment. Elle regarda la télé et lui son verre. Ils avaient eu assez de questions profondes et de conseils difficiles pour cette nuit. Cependant, il laissa sortir un petit rire ironique en percutant un petit détail.
-C'est bizarre, dit-il.
-Qu'est-ce qui est bizarre ?
-T'entendre dire Draco au lieu de Malfoy.
Elle essaya de ne pas rire.
-Draco... Draco... Tu as un nom si étrange.
Lui si, il rit.
-Réellement ? Draco est pire que Hermione ? Heeeer-miio-neuh.
Elle n'apporte pas d'importance à sa petite moquerie. Elle était habituée que les personnes rient de son nom. Quand elle était petite et vulnérable, devant les commentaires offensifs des enfants, elle aurait voulu que ses parents l'appellent Helena, ou Julie, ou peut-être Emma, ou tout autre nom que tout le monde pourrait prononcer sans se tromper. Mais avec le temps elle avait réussi à l'accepter, à s'accepter. En comparaison avec certains noms qu'elle avait pu entendre à Poudlard, Hermione avait fini par paraître commun et courant.
-Mes parents aimaient les classiques. Ils trouvaient la mythologie fascinante, mais ce n'était pas aussi rentable que la dentisterie... Hermione était la fille d'Helene, qui fut la plus belle femme du monde, dit-elle. Pourquoi tes parents ont-ils décidé de t'appeler Draco ?
Il haussa les épaules.
-Draco, Dragon en latin.
-Ah donc tu était terrifiant déjà quand tu es né, dit-elle en levant une main devant sa bouche pour ne pas rire.
Il secoua la tête.
-J'étais petit. Un magnifique bébé, mais petit. Mes parents ne me l'ont jamais dit mais je pense qu'ils ont eu peur que je ne survive pas. Ils m'ont appelé Draco en espérant que je grandirai avec la force de mon nom.
À partir de cette nuit, sans accord préalable, ils arrêtent de se servir de leurs noms de famille pour s'adresser à l'autre.
Hermione commençait à penser que la suggestion de Draco d'empoisonner Belby pour attirer son attention était une bonne idée. Il n'avait répondu à aucune de ses lettres. Elle n'avait pas eu non plus de réponse quand elle lui a envoyé les résultats de ses ASPIC de potion. N'y avait-il aucun mérite au fait qu'elle avait étudié un examen si compliqué en seulement un mois ?
Elle avait commencé à aller à l'apothicaire une fois par semaine, et bien qu'elle essayait de parler avec Belby ou Pye, elle finissait toujours par parler avec l'assistant.
Elle scella une carte et demanda à Athena de l'emmener à Narcissa. Il était l'heure de retourner à l'apothicaire. Elle laissa la lettre pour Ginny sur la table, elle pouvait attendre un peu.
Draco froissa son nez alors qu'il se moussait les bras avec du savon qui ne sentait pas particulièrement bon, pas comme les potions qu'il utilisait avant pour son toilettage personnel. La seule bonne chose à propos de la vie sans magie, c'est qu'il se remettait en forme.
Cependant, peu importe la qualité du savon, il n'était pas assez bon pour compenser le nettoyage de la cage à hibou avec les mains. Il grimaça, et continua à se frotter les bras.
Avec son manteau attaché étroitement autour d'elle, Hermione fit son chemin à travers le Chemin de Traverse. Elle venait de quitter l'apothicaire, et avait été très satisfaite. Elle avait enfin pu parler à Pye. Elle avait réussi à l'attirer avec une conversation sur certains des ingrédients les plus rares, et avait profité de l'occasion pour transmettre son désir de continuer à apprendre sur eux et les potions. Elle lui avait demandé si elle connaissait des profs de potion qui pourraient s'intéresser à elle en tant qu'apprentie. Pye avait secoué sa tête, disant qu'il connaissait beaucoup de professeurs de potion, mais aucun qui avait besoin d'apprentis. Hermione avait essayé de lui faire promettre de lui faire savoir si quelqu'un changeait d'avis, mais l'homme n'avait fait que grogner évasivement.
Il semblait que les conseils que Narcissa lui avait donnés il y a deux mois pour insinuer Pye ne fonctionnaient pas.
En soupirant, elle prit la lettre de Narcissa, qui lui était arrivée ce matin et la relut, appuyée contre le mur d'un des bâtiments.
12 octobre 1998
Mademoiselle Granger,
C'est bon de savoir à nouveau pour vous et de savoir que mon fils va bien. Je suis si heureuse de lire qu'il essaye d'aller de l'avant. Après tout, on dirait qu'il survivra dans ce monde. Je vous remercie de votre patience avec lui, car je sais que grâce à vous, il surmonte à juste titre cette phase difficile. Tout ce que je pourrai faire pour vous en guise de remerciement, je le ferai.
Je trouve décevant, mais pas tout à fait surprenant que vous n'ayez pas encore reçu de réponse de Belby. Il a toujours été un homme difficile. Il n'a pas répondu à la lettre de recommandation que j'ai envoyée en votre nom non plus. Je m'attendais vraiment à un signe de sa part, mais, peut-être, qu'à cause de ma situation actuelle, il ne veut pas reconnaître un lien avec moi. Bien qu'il puisse aussi être en attente d'une lettre Pye (comme je l'ai suggéré il y a quelques semaines) pour voir la gravité de vos intentions. Ou peut-être qu'il essaye juste de comprendre si vous avez quelque chose d'extraordinaire à offrir, ou si votre statut de célébrité a gonflé les histoires de vos réalisations, comme cela arrive parfois dans ce monde. Je ne sais pas.
Quant à votre question sur une autre façon d'attirer son attention, je suis d'accord que vous pourriez le faire par des moyens peu orthodoxes. J'y réfléchirai et je vous ferai savoir si je peux penser à quelque chose qui vaut la peine d'essayer.
Si mon fils le demande, ma santé est excellente et je suis toujours entouré de bonne compagnie à l'étranger. Dites-lui qu'il me manque tellement aussi.
Merci encore.
Narcissa Malfoy.
Hermione plia la lettre et la mit dans sa poche. Elle n'avait pas été d'une grande aide. Belby pourrait l'ignorer simplement parce qu'elle était Hermione Granger, comme Mme Malfoy l'a dit, ou il pourrait attendre qu'elle fasse quelque chose d'impressionnant. Peut-être qu'elle devrait suivre les conseils de Draco et l'empoisonner... Bien qu'il pourrait aussi simplement ne pas vouloir d'apprentis. Quoi qu'il en soit, il devrait au moins avoir la courtoisie de répondre aux lettres, se dit-elle.
Elle fronça les sourcils. Il était lundi matin et la rue n'était pas aussi remplie qu'elle aurait pu l'être.
Elle pourrait y faire un tour.
Elle enfila sa capuche enfin de passer anonymement et commença à marcher sans but précis
Se fut peut-être la chance (ou la malchance) qui l'emmena jusqu'à Weasley, Farces pour sorciers facétieux. Peut-être que c'était un désir inconscient. La raison n'était pas importante en réalité. L'important était qu'elle s'était retrouvée devant les vitrines du magasin.
Il ne paraissait y avoir aucun client à l'intérieur. En prenant une grande inspiration, comme si elle allait plonger dans une piscine, Hermione entra dans l'enseigne.
Tous les produits qui lui paraissaient si familiers étaient alignés sur les étagères. Il paraissait ne pas y avoir de nouvelle invention.
-Je peux vous aider mademoiselle ? Lui demanda une voix familière derrière elle.
-Je regarde seulement, répondit-elle sans se tourner.
-Appelez-moi si vous avez besoin de quelque chose.
Elle ferma les yeux, consciente qu'elle était sur le point d'agir impulsivement. Elle voulait tant avoir de ses nouvelles, après tout.
-Angelina, dit-elle en se retournant vers la fille, qui parut très surprise. George est là ?
-Hermione Granger, dit-elle alors à voix basse. Il s'est passé tant de temps... Elle regarda la partie du fond du magasin. Pour n'importe quelle autre personne j'aurais dit non. Mais pour toi il est là, qu'il le veuille ou non.
Hermione regretta un peu sa phrase.
-Je... Je ne veux pas déranger. J'ai juste pensé que je pourrais passer le saluer.
-Ça lui fera du bien de voir une autre tête que la mienne. Viens, dit-elle en lui prenant doucement la main.
Hermione la laissa l'emporter à travers le magasin, au-delà de tous ces brillants produits qui se lançaient et se déplaçaient.
Un sourire forcé se dessina sur le visage d'Angelina quand elle tira le rideau qui séparait l'arrière boutique de l'avant.
-Georgie ! Tu as de la visite, et une très bonne si je me permet de le dire.
-Je ne suis pas d'humeur à voir quelqu'un, Angelina. Dit-il de l'autre bout de la pièce. Hermione reconnut immédiatement sa voix. Débarrasse-toi de lui, ça va ?
-C'est un peu trop tard, je l'ai invité à entrer, dit-elle en tirant la manche d'Hermione pour la faire passer le rideau.
Soudainement, Hermione se retrouva devant George. Il était évident que c'était George, mais pas son George.
Des cernes sombres sous ses yeux éclipsaient son regard, même dans la pénombre. Ses cheveux étaient trop longs et il ne les avait probablement pas brossé depuis des jours. Il ne semblait pas s'occuper de son apparence depuis longtemps.
-Bon, je retourne au magasin, dit Angelina en tentant de sonner joyeuse, j'ai cru entendre des clients.
Elle se retourna et s'en alla, les laissant seules.
George secoua la tête.
-Parfois tu me fais penser à maman. Effrayant, n'est-ce pas ?
-Je peux y aller si tu préfères.
-Non, tu es la, reste. Il pointa sa baguette sur un tabouret qui s'approcha d'Hermione. Prends place.
Hermione s'assit et le regarda. Dans son esprit une question stupide apparue mais elle ne pu se contenir de la poser.
-Comment tu vas ?
-Basiquement, comme je ressemble. Il n'y avait pas un seul soupçon d'humour dans sa voix. Toi tu as un bon aspect.
Elle haussa les épaules en regardant autour d'elle. Il y avait des projets non-terminés un peu partout, ce qui était normal. Ce qui n'était pas normal était le fait qu'ils paraissaient abandonnés pour toujours.
-Ginny est venue me voir avant de retourner à l'école. Mais je n'ai pas ouvert la porte, je me suis cachée dans mon appartement et j'ai fait semblant de ne pas être là.
-Je suis sûr qu'elle a adoré ta réaction, répondit-il en essayant de sourire.
Hermione voulait, au moins, apporter quelque chose de léger. Quelque chose qui pourrait lever l'âme de George, même pour une seconde.
-Elle a fait une crise de rage et Draco l'a entendue et l'a emmenée dans son appartement avant que les voisins ne puissent s'énerver. Quand je l'ai plus entendue, j'ai pensé qu'elle n'était plus là. J'ai été dans l'appartement de Draco et je l'ai trouvé assise sur le sofa. Elle m'a donné une telle réprimande que ta mère en aurait été fière.
Hermione put distinguer un tic sur les lèvres de George. Il était totalement surpris.
-Draco ? Nous ne parlons pas de Draco Malfoy, n'est-ce pas ?
-Si, c'est lui. Il vit dans l'appartement en face du mien. Le Ministère l'a condamné à vivre comme un moldu pendant un an. Contre tout pronostic, il s'en sort bien.. La majeure partie du temps.
Le roux secoua la tête, tentant de sortir de son étourdissement.
-J'y croirai quand je le verrai.
-Tu peux venir nous rendre visite quand tu veux. On fait une bonne équipe quand on cuisine des pâtes à la sauce blanche. Elles sont presque aussi bonnes que celles de ta mère. Et si tu veux, une glace en dessert.
-Personne ne fait des pâtes blanches aussi bonnes que celles de ma mère, dit-il en laissant passer un peu d'émotion dans sa voix.
-Bon peut-être qu'elles ne sont pas aussi bonnes, admit t-elle. Mais au moins comestibles.
George roula des yeux avant de les planter dans ceux d'Hermione.
-Comment tu vas réellement ? Et comment va Harry ?
Elle secoua lentement la tête.
-Je m'adapte. C'est dur d'être sans eux, mais j'essaye de rester occupée. J'ai à peine pu échanger cinq mots avec Harry. Elle se mordit les lèvres. Harry se cache. Je crois qu'il est au square Grimmaurd. Il n'est jamais venu dans mon appartement depuis... Depuis Ron. Il m'a envoyé une lettre pour mon anniversaire. Il reviendra, avec le temps. Elle haussa les épaules. Draco a été d'une grande aide pour moi, surtout durant son premier mois sans magie. Il était si dépendant dans le monde moldu qu'il était une bonne distraction. Mais j'ai eu des jours où je ne pouvais même pas m'habiller parce que les vêtements de Ron sont toujours dans mon armoire, admit-elle.
-Moi je ne peux plus me regarder, confessa t'il à voix basse. Simplement... Je ne peux pas. Il se passa une main nerveuse dans les cheveux. Je sais que je dois avoir une tête horrible. Mais je... Je ne préfère pas... Non... Je préfère ne pas me voir dans un miroir pour le moment. Les paroles sortaient désordonnées de sa bouche mais Hermione le comprit. Elle s'approcha et prit sa main. Fred et moi avons toujours su que quelque chose comme ça pouvait se passer. Par Merlin ! C'était une grande guerre ! Mais nous avons toujours pensé que ce serait nous deux ou personne. Nous n'avions pas pensé qu'il pourrait me laisser seul comme ça.
Elle hocha la tête.
-Perdre Ron fut horrible. J'ai cru que j'aurais Harry à mes côtés après cela. Mais... sa voix diminuait de plus en plus.
-Ron. J'aurais aimé qu'il ait plus de temps. Il devenait enfin une personne et non un petit frère chiant, dit-il en laissant tomber la main d'Hermione.
-Il a eu ses moments, dit-elle en allant s'asseoir sur le tabouret, fermant les yeux.
-Je continue de penser à fermer cet endroit, admetta soudainement George. Je n'ai pas le cœur à ça pour le moment et je ne suis pas sûr que je pourrai l'avoir de nouveau un jour. Bien que je sois sûr que Fred ne me pardonnerait jamais si je le faisais. Il me dirait sûrement que je dois essayer tous les nouveaux produits avec Percy et que, un jour, Ginny sera capable d'en créer une nouvelle lignée. Il lui donnerait l'opportunité de la négociation car personne n'a une meilleure imagination que lui. Pour cela et pour s'assurer de garder Angelina et même Lee près de moi...
-On dirait que Fred avait quelques bonnes idées, dit Hermione.
George haussa les épaules.
-Il en avait toujours... Mais je ne me vois pas capable de continuer seul... Je suppose je ne pourrais pas te convaincre de me donner un coup de main pour le magasin, non ? Je sais que tu as des idées aussi brillantes que celles de Fred.
Et soudain, Hermione suit comment elle allait attirer l'attention de Belby.
-Tu pourrais.
Z.
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