Février
Comment faire ? Voilà la question que se posait Louna sans cesse. Comment faire pour aider son ami ? Car non, la douleur n'avait pas cessé, et même s'il était déterminé à ne rien montrer en public, Louna, elle, le voyait pleurer. Elle séchait ses larmes, elle le réconfortait, elle lui changeait les idées, bref, elle se comportait en vraie amie.
Mais lui ne se comportait pas en véritable ami. Sa vue était masquée par sa douleur, et elle la brouillait tant qu'il ne voyait pas celle de Louna. À vrai dire, elle non plus ne la voyait pas ; elle la ressentait.
Elle ne voyait pas des regards, elle les sentait peser sur elle... De plus en plus lourds et de plus en plus insistants...
Mais de qui venaient-ils ? Qui s'acharnait donc à la tourmenter autant, à lui offrir tant de nuits blanches, d'angoisses, de fatigue ? Qui donc voulait tant la rendre folle ?
À ce jour, jamais Louna ne s'était sentie aussi seule.
Auparavant, lorsqu'elle rentrait du collège et que quelque chose la tourmentait, elle dévalait les escaliers et, tenant toujours son sac sur l'épaule, elle ouvrait la porte de la chambre de son frère et disait :
<< Ed, j'ai un problème. >>
Et quoi qu'il soit en train de faire, il arrêtait immédiatement, lui faisait signe de fermer la porte et l'invitait à s'asseoir sur son lit. Il écoutait attentivement ce qu'elle lui disait, réfléchissait quelques secondes, puis donnait sa version personnelle du problème ; chaque fois, il l'associait à quelque chose qui était arrivé à un de ses amis, et même si c'était parfois très grave ou très triste, Louna ressortait toujours avec le sourire.
Ed avait le don pour rire de toutes les situations.
Ed la faisait rire, avant.
Ed la fait pleurer, maintenant.
***
Pourquoi ? Voilà la question que se posait Ed sans cesse.
Pourquoi, alors que tout allait bien, se sentait il si coupable ? L'euphorie qu'il avait ressenti en réglant tout ses problèmes en une soirée - rendre sa sœur joyeuse, se venger de son ennemi, être à nouveau en couple, ne plus voir la bande de terminales mystérieux - s'était lentement évaporée au fil du temps.
Depuis la dernière danse qu'il avait accordé à sa sœur, il ne l'avait pratiquement plus vue ; elle était devenue un courant d'air. Mais un courant d'air qui pleurait de désespoir si fort la nuit en faisant mine de rien le jour. Pourquoi l'évitait-elle ?
Il avait été si heureux de voir Léo abattu, abasourdi, désespéré, et même fondant en larmes d'une façon si facile. Il avait gagné. Alors pourquoi se sentait-il si coupable ?
Être en couple avec Lydia le comblait ; elle était non seulement belle, mais il prenait du plaisir à lui parler, elle était même parfois drôle. C'était une première pour lui, qui n'avait eu que des conquêtes dont il connaissait le physique ! Mais pourquoi avait il pu rejeter Dounia sans problèmes alors qu'il ne se voyait pas du tout faire le moindre mal à Lydia ?
Et enfin, depuis qu'il avait largué Dounia, il avait cessé de croiser les regards mauvais des terminales inconnus ; cependant, il croisait maintenant ceux de deux garçons, semblables en tout point - sûrement des jumeaux - et très sûrement bien plus âgés que des terminales... Mais pourquoi donc recevait il tous ces regards ? Avait il fait quelque chose de mal ?
Ed enfonça sa tête dans son oreiller, encore et encore, essayant de s'enfoncer toujours plus profond dedans.
Peut-être arriverait il à passer dans une autre dimension à travers son oreiller... Une dimension sans problèmes.
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