~ ° Chapitre 14 : Revelation ° ~
Le lendemain marquait une journée spéciale pour le bataillon : la permission mensuelle de rendre visite à leurs familles. Ce moment tant attendu apportait une lueur d'enthousiasme parmi les soldats, chacun impatient de retrouver ses proches. Shizu et ses trois colocataires, revêtus de leurs tenues civiles, descendirent au réfectoire pour le déjeuner. L'ambiance y était plus détendue que d'habitude, marquée par des rires et des discussions animées.
Ils s'installèrent à une table avec les autres membres du bataillon. Eren, toujours aussi curieux et enthousiaste, s'adressa à Shizu :
« _Shizu, tu vas voir ta famille aujourd'hui ? demanda-t-il, un large sourire aux lèvres.
_Oui, je pars avec Maëlys, répondit-elle en esquissant un léger sourire.
_Ah bon ? Pourquoi avec Maëlys ?
_On est voisines, répondit Shizu en riant doucement, ce qui fit sourire leurs compagnons. »
Une fois le déjeuner terminé, Maëlys saisit le bras de son amie avec énergie et l'entraîna hors du QG. Leur destination : le district de Stohess, où leurs « familles » résidaient. Elles marchaient main dans la main, profitant de l'air frais et du calme relatif de cette matinée. Maëlys, comme à son habitude, resserrait parfois sa prise sur Shizu, un geste simple mais rempli de sens.
Shizu avait appris à ne pas poser de questions à ce sujet, mais elle savait que cette habitude traduisait à la fois de l'affection et une certaine vigilance. Reiner, toujours prompt à analyser les autres, avait un jour expliqué que ce contact était peut-être une manière pour Maëlys de lui montrer qu'elle tenait à elle, malgré des traits de caractère chez Shizu qui l'agaçaient parfois. Ce geste, ambivalent, oscillait entre douceur protectrice et légère méfiance.
Alors qu'elles continuaient leur chemin, Shizu sentit soudain un bras massif passer autour de ses épaules. Elle reconnut immédiatement la musculature familière.
« _Reiner, enlève ton bras tout de suite, dit-elle d'un ton sec.
_Toujours aussi aimable... soupira le blond en obéissant, l'air faussement vexé.
_Salut Shizu, Maëlys, lança une voix calme et posée derrière eux. Ça fait un moment. »
Les deux jeunes femmes se retournèrent et aperçurent Annie, qui avançait d'un pas tranquille.
« _Salut Annie, comment ça va ? demanda Maëlys avec un sourire chaleureux.
_Ça va... Pour l'instant, rien de suspect de la part de mes supérieurs, répondit-elle d'un ton neutre. Ils ne parlent ni d'Eren, ni des événements de 845 et 850. Ils passent leur temps à jouer aux cartes et à boire.
_C'est déjà ça, répondit Shizu, haussant les épaules, l'air pensif. »
Le petit groupe continua son chemin, l'atmosphère légèrement allégée par ces retrouvailles inattendues. Ils arrivèrent finalement à destination : une petite maisonnette isolée en périphérie de la ville. Malgré son aspect modeste, l'endroit semblait bien gardé, avec des sentinelles postées à l'entrée. Après avoir échangé quelques salutations avec l'un des gardes, Shizu s'avança vers une porte, toqua, puis entra après avoir entendu une voix lui donner l'autorisation.
« _Ouaaaah, mes chers enfants ! Comment allez-vous ? lança joyeusement un homme de grande stature, un large sourire illuminant son visage.
_Bien ! répondirent en chœur les quatre arrivants, presque mécaniquement. »
L'homme s'approcha de Shizu, tendant une main vers son visage comme pour la toucher. Elle recula immédiatement.
« _Ne me touchez pas, rétorqua-t-elle sèchement. »
Un silence gênant s'installa que l'homme s'empressa de briser.
« _Heum... bien... Et la mission, comment ça se passe ?
_On avance lentement... Mais Shizu a enfin décidé de bouger son cul, lança Maëlys avec un sourire taquin. »
L'homme leva un sourcil, mais un sourire amusé vint éclairer son visage.
« _Bien, il va falloir accélérer. Le plan est presque finalisé, et nous ne pouvons pas nous permettre de traîner. »
Annie leva la main, son expression impassible.
« _Si je peux ajouter quelque chose, dit-elle calmement. J'ai aperçu le major Erwin du Bataillon d'Exploration discutant avec le commandant Pixis. Je n'ai pas pu entendre leur conversation, mais ils avaient l'air sérieux. Erwin tenait la liste des cadets de la 104ᵉ brigade d'entraînement. »
L'homme fronça les sourcils, réfléchissant un instant.
« _Hmm... Si tu les recroises, essaie d'en savoir plus. Quant à vous, continua-t-il en désignant le reste du groupe, faites vos recherches de votre côté, mais soyez discrets. Pas d'erreurs. Shizu.
_Oui ? »
Son ton devint glacial :
« _Tu te bouges, c'est compris ? »
Le regard de Shizu se durcit.
« _J'aimerais que vous arrêtiez de me parler sur ce ton. Vous n'avez peut-être pas confiance en moi, mais vous savez très bien que je mènerai cette mission à terme. Parce que je n'ai pas le choix. Vous avez confié ma protection à des gamins de dix ans de moins que moi, alors que je suis parfaitement capable de me débrouiller seule. »
L'homme éclata d'un rire moqueur.
« _Ma chère Shizu, ces "gamins" sont capables de te mettre à terre en un rien de temps.
_Comme s'ils me faisaient peur.
_Bien sûr que tu as peur. Tu refuses juste de l'admettre. Et en plus, tu es seule. Eux, ils ont choisi leur camp. Ce sera quatre contre un. »
Shizu resta silencieuse, la mâchoire serrée. Sans répondre, elle tourna les talons et sortit du bureau en claquant la porte. De retour dans sa chambre, elle s'assit sur son lit, les jambes repliées contre elle. Elle respirait profondément pour apaiser sa colère. Ces gens... Qui étaient-ils pour lui parler sur ce ton si méprisant ?
Toc, toc, toc.
Shizu releva la tête vers la porte, la colère encore visible dans son regard.
« _Je ne veux voir personne, cria-t-elle.
_Shizu... c'est Annie. Laisse-moi entrer. »
Shizu ne répondit rien, le regard fixé sur le sol. La porte s'ouvrit doucement, laissant apparaître Annie. La jeune blonde entra sans un mot et alla s'asseoir sur la chaise près du lit. Pendant un instant, elle observa Shizu avec une intensité calme mais perçante.
« _Tu sais pourquoi il agit comme ça avec toi, finit-elle par dire. »
Shizu leva les yeux, l'expression agacée.
« _Ouais... tout ça parce que je n'ai pas choisi mon camp. Bla bla bla... »
Annie fronça légèrement les sourcils mais garda son ton posé.
« _Il y a autre chose que tu ne veux pas voir. Quelque chose que tu refuses d'accepter. »
Shizu haussa un sourcil, un sourire ironique flottant sur ses lèvres.
« _Ah bon ? Et quoi donc ? »
Annie soutint son regard, impassible.
« _Tu le sais déjà. Ils t'ont abandonnée, Shizu. Alors pourquoi tu continues à t'accrocher à eux ? »
Shizu tressaillit légèrement mais se reprit rapidement.
« _Je ne m'accroche pas, répliqua-t-elle froidement.
_Si, tu le fais. Pourtant, au fond de toi, tu sais que j'ai raison, poursuivit Annie d'une voix implacable. Ils auraient pu partir à ta recherche, mais ils ne l'ont pas fait. Ils t'ont laissée derrière. Alors arrête de leur courir après et fais-nous confiance. Choisis-nous. »
Shizu détourna les yeux, ses poings se serrant légèrement. Annie continua, son ton devenant plus doux, presque encourageant :
« _Avec nous, tu auras un bel avenir. Je sais que cet avenir a un prix, et c'est désolant... Mais parfois, dans la vie, il faut faire des sacrifices. »
Un silence pesa entre elles, seulement brisé par la respiration un peu plus rapide de Shizu. Puis, elle éclata d'un rire nerveux.
« _Je ne t'ai jamais vue autant parler, lança-t-elle en secouant la tête. »
Un sourire rare apparut sur le visage d'Annie.
« _C'est pour une bonne cause, répondit-elle simplement. »
Shizu se redressa alors lentement, son regard plus déterminé.
« _Tu as raison, Annie. »
Sans ajouter un mot de plus, elle quitta la chambre, suivie de près par la blonde. Ensemble, elles retournèrent dans le bureau où les autres les attendaient encore. À leur entrée, les conversations cessèrent, et tous tournèrent leur attention vers elles. Le regard de Maëlys se posa d'abord sur Annie, puis sur Shizu, visiblement intriguée.
Shizu prit une profonde inspiration avant de déclarer :
« _J'ai pris une décision. Je vous choisis. Je suis de votre côté, et je ne vous décevrai pas. »
À peine avait-elle terminé sa phrase que Maëlys se précipita pour la serrer dans ses bras. La chaleur de l'accolade fut rapidement partagée par tout le groupe, y compris l'homme, qui posa une main ferme mais bienveillante sur l'épaule de Shizu.
« _Bien ! dit-il avec enthousiasme. Allons manger, nous l'avons bien mérité. »
Alors que le groupe se dirigeait vers la sortie, l'homme s'attarda un instant pour murmurer à Shizu :
« _Je suis fier de toi, Shizu. Tu as fait le bon choix.
_Merci, monsieur. Shizu hocha de la tête, touchée malgré elle. »
Un éclat de rire résonna alors que l'homme tapotait son épaule.
« _Oh, par pitié, appelle-moi Kenny ! »
Shizu ne put s'empêcher de sourire. Pour la première fois depuis longtemps, elle sentit une étrange sensation de soulagement l'envahir.
A suivre . . .
[CHAPITRE REECRIS]
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top