~ ° Chapitre 25 : Point of no return ° ~
Shizu rangea méthodiquement les affaires de nettoyage dans le placard, son esprit ailleurs. Hanji était venue la voir quelques minutes plus tôt pour lui dire qu'elle pouvait arrêter pour aujourd'hui et reprendre demain.
Demain...
Un rire sans joie s'échappa de ses lèvres. Demain, elle ne serait plus là. D'ici quelques heures, elle aurait quitté le Bataillon et abandonné tout ce qu'elle connaissait ici.
Elle referma le placard dans un soupir, le cliquetis du verrou résonnant étrangement dans le couloir désert. Sans un bruit, elle se mit en marche vers sa chambre, consciente que chaque pas la rapprochait un peu plus du moment fatidique.
Arrivée devant sa porte, elle jeta un dernier regard aux couloirs silencieux avant d'entrer. L'intérieur de la pièce était plongé dans une semi-obscurité, la lumière du soir filtrant à travers les rideaux. Sans perdre de temps, elle attrapa un petit sac à dos et y glissa une tenue de ville basique. Inutile d'emporter plus, le reste de ses affaires l'attendait chez Kenny. Elle posa le sac discrètement au bout de son lit, comme si de rien n'était, puis prit quelques instants pour refaire également celui de Maëlys. Un geste automatique, une habitude qu'elle avait gardée malgré leur relation compliquée.
Puis, sans un bruit, elle quitta la chambre, refermant la porte derrière elle comme si rien ne s'était passé.
Sur le chemin du réfectoire, elle croisa Maëlys. Cette dernière ne s'arrêta pas, se contentant de la fixer brièvement avant de lâcher, à voix basse :
« _C'est fait. »
Shizu ne réagit pas tout de suite, assimilant le poids de ces deux mots. Les hommes de Kenny étaient en place. Tout était prêt. Il ne manquait plus qu'elle et Eren. Son estomac se serra, mais elle hocha simplement la tête.
Maëlys continua d'un ton plus bas :
« _Je me chargerai du caporal pour qu'il ne vous suive pas. »
Shizu fronça légèrement les sourcils.
« _C'est-à-dire ?
_Je lui parlerai simplement. »
Son ton était détaché, comme si ce n'était rien de plus qu'un détail sans importance. Pourtant, Shizu savait que détourner l'attention de Livaï relevait de l'exploit. Elle ouvrit la bouche, hésita, puis se ravisa. Maëlys savait ce qu'elle faisait, et à ce stade, il n'y avait plus de retour en arrière possible.
Maëlys poussa la porte du réfectoire, et Shizu la suivit de près, sentant son cœur battre un peu plus vite. L'odeur des plats chauds et les éclats de voix lui rappelèrent un instant que, pour les autres, ce n'était qu'un dîner comme un autre. Rien n'avait changé.
Maëlys s'éloigna sans un mot de plus et alla s'asseoir avec Reiner et Bertolt, comme si de rien n'était. Shizu, quant à elle, se dirigea vers sa table habituelle où Eren, Armin, Mikasa, Jean, Conny et Sasha discutaient joyeusement. Elle prit place entre Mikasa et Jean, juste en face de Conny. Armin et Eren étaient assis à côté de lui qui, le premier, la salua.
« _Salut, Shizu. Son sourire était chaleureux, mais son regard légèrement curieux. Tu n'as toujours pas parlé à Maëlys ? »
Aussitôt, les discussions s'arrêtèrent et les regards convergèrent vers elle. L'attention soudaine la prit au dépourvu, et elle baissa brièvement les yeux, légèrement embarrassée. Mais très vite, elle força un sourire doux et releva la tête.
« _Si, je lui ai parlé. Tout va bien, mais je pense que chacune a besoin de temps. »
Mensonge.
Un mensonge de plus, glissé avec une aisance qui l'effraya presque. Comment pouvait-elle leur mentir aussi facilement, après tout ce temps passé ensemble ?
Mais après tout, n'était-ce pas ce qu'elle faisait depuis le début ?
Elle sentit un rire amer monter en elle. Elle était une imposture. Son existence au sein du Bataillon n'était qu'un tissu de mensonges soigneusement tissés, une illusion à laquelle même elle avait fini par croire.
Pourtant, ce soir, tout cela prendrait fin. Elle voulait graver ces instants dans sa mémoire, profiter une dernière fois de ce qu'elle n'aurait plus jamais. Alors, elle se força à sourire, à discuter avec les autres, à rire avec Conny et Sasha, à répondre aux piques de Jean. Elle se fondait dans cette atmosphère chaleureuse comme si rien n'allait changer.
Mais un détail la dérangeait.
Armin.
Il ne participait pas à la conversation. Il restait silencieux, la tête légèrement baissée, le regard fuyant. Il parlait de temps en temps avec Eren et Mikasa, mais jamais il ne tournait la tête vers Shizu.
Elle le fixa un instant, et son cœur se serra. Elle comprit immédiatement pourquoi. Leur discussion plus tôt dans la journée... Elle l'avait marqué.
Il n'osait plus la regarder.
Shizu détourna le regard, fixant son assiette avec une tristesse contenue. Peut-être n'aurait-elle pas dû lui parler ? Peut-être aurait-il été préférable de lui laisser croire que tout allait bien. Mais au fond, cela changeait-il vraiment quelque chose ? Il ne savait pas qu'elle partait ce soir. Il pensait qu'ils auraient d'autres occasions de parler, d'éclaircir les choses.
Quel naïf il faisait.
Elle serra doucement les poings sur ses genoux. Bientôt, tout serait terminé.
Shizu releva lentement la tête et balaya la pièce du regard. Son attention se fixa sur une silhouette assise un peu plus loin, immobile, écoutant distraitement ceux qui l'entouraient sans vraiment prendre part à la discussion. Ses cheveux noirs tombaient légèrement sur son visage, dissimulant en partie son regard, mais Shizu pouvait tout de même apercevoir cette lueur glaciale qu'elle connaissait trop bien.
Un sourire fugace effleura ses lèvres. Mais rapidement, elle détourna les yeux et termina son repas dans un silence pensif.
Un mouvement attira son attention. Plus loin, Reiner et Bertolt s'étaient levés et se dirigeaient discrètement vers la sortie du réfectoire. Puis, son regard croisa celui de Maëlys.
Le message était clair.
Shizu expira lentement et tenta de vider son esprit. Il ne devait y avoir aucune hésitation, aucune faiblesse. Elle chassa de son esprit toutes les pensées parasites, toutes les émotions qui pouvaient la ralentir.
L'heure était venue. Son regard glissa vers Eren. Il avait fini de manger. Elle se leva alors et s'approcha doucement de lui avant de poser une main sur son épaule. Eren releva la tête, surpris, et la fixa avec curiosité.
Elle lui adressa un sourire calme.
« _Est-ce que tu as un moment ? »
Il ne répondit pas immédiatement, semblant analyser la situation. Puis, après une brève hésitation, il hocha simplement la tête et se leva.
Shizu tourna les talons et se dirigea vers la sortie, son cœur battant un peu plus fort.
Alors qu'elle passait près d'Armin, elle posa doucement une main sur le sommet de sa tête, un geste rapide, presque anodin. Mais au fond, elle savait que c'était un adieu. Son cœur se serra douloureusement. C'était la dernière fois qu'elle le voyait. Ils s'étaient rapprochés en si peu de temps... et elle regretta de ne pas avoir cherché à mieux le connaître dès le début, lorsqu'ils étaient encore dans la Brigade d'entraînement.
Quel gâchis.
Mais à quoi bon essayer de recoller les morceaux quand elle était destinée à être brisée ?
Elle serra discrètement les poings en quittant le réfectoire, sentant Eren la suivre en silence. Sa gorge lui faisait atrocement mal. L'angoisse nouait son estomac, si bien qu'elle eut envie de porter ses mains à son cou, comme si cela pouvait empêcher la douleur de s'étendre.
Calme-toi. Vide ton esprit.
« _Shizu ? »
La voix d'Eren, inquiète, la ramena brusquement à la réalité. Elle s'arrêta et se retourna vers lui, affichant un sourire qu'elle espérait convaincant.
« _J'aimerais juste te parler sans tout ce bruit autour de nous. »
Eren l'observa un instant, avant d'hocher la tête, visiblement rassuré.
« _D'accord. »
Mais malgré son apparente confiance, il ne pouvait s'empêcher de ressentir une étrange appréhension. Son cœur battait plus vite que d'habitude, une sensation oppressante qu'il ne parvenait pas à expliquer. Pourtant, il tenta de se rassurer. Après tout, c'était Shizu. Elle ne lui ferait jamais de mal... n'est-ce pas ?
Shizu l'entraîna hors du quartier général, contournant les bâtiments pour se diriger vers l'arrière, là où ils ne seraient pas dérangés.
Une fois arrivée, elle s'arrêta et passa nerveusement ses mains sur ses cuisses, tentant d'essuyer la sueur que provoquait son stress. Puis, elle se tourna vers lui et força un sourire.
« _Eren... »
Il haussa un sourcil, surpris par la soudaine gravité dans sa voix.
« _J'aimerais te remercier d'avoir été là quand je n'allais pas bien. Je ne sais pas trop comment exprimer ma gratitude... mais il y a autre chose que je dois te dire. »
Elle inspira profondément.
« _Pardonne-moi... »
Tout bascula en une fraction de seconde.
Avant qu'Eren ne puisse réagir, une douleur brutale explosa à l'arrière de sa tête. Son corps se figea, puis s'effondra, inconscient. Avant même qu'il ne touche le sol, un sac de tissu fut violemment tiré sur son visage, dissimulant ses traits et l'empêchant de voir quoi que ce soit.
Shizu resta immobile, le souffle court.
Un soldat équipé de l'équipement tridimensionnel surgit et atterrit avec précision à ses côtés. Elle ne bougea pas, levant à peine les bras, sachant pertinemment ce qui allait suivre. D'un mouvement assuré, il l'attrapa et la souleva sans difficulté.
Un second soldat portait déjà Eren.
Shizu jeta un dernier regard à son ami inconscient et esquissa un sourire triste.
« _Pardonne-moi... murmura-t-elle une dernière fois. »
Derrière eux, des cris retentirent.
Des soldats du Bataillon s'étaient précipités en voyant des inconnus se déplacer en tridimensionnalité. Détectant immédiatement la menace, plusieurs d'entre eux se lancèrent à leur poursuite.
Shizu vit Maëlys se diriger vers eux, prête à les stopper. Puis, un coup de feu déchira la nuit. Le temps sembla s'arrêter. Mais ils ne pouvaient pas se permettre de rester ici plus longtemps. Sans perdre une seconde, les ravisseurs accélérèrent leur fuite, s'éloignant du quartier général et plongeant dans les ruelles sombres.
Au bout de quelques minutes, ils s'arrêtèrent dans une petite impasse. Une plaque d'égout trônait au centre du passage. Shizu se dégagea doucement des bras du soldat qui la transportait et le remercia d'un signe de tête. Elle aperçut alors Reiner et Bertolt qui s'approchaient d'elle.
Reiner posa une main lourde sur son épaule et la fixa de son regard sérieux.
« _Tu as été courageuse, Shizu. C'était bien. »
Puis, sans en dire plus, il continua son chemin.
Bertolt, plus discret, lui adressa un simple signe de tête et effleura son bras dans un geste réconfortant avant de suivre son compagnon.
Shizu souffla bruyamment et s'agenouilla pour soulever la plaque d'égout. Ses mains tremblaient légèrement sous l'effort et le stress, mais une soldate vint l'aider en voyant qu'elle peinait à la soulever seule. Une fois l'ouverture dégagée, elle descendit la première, atterrissant avec souplesse sur le sol humide des égouts.
L'odeur âcre et l'obscurité suffocante l'enveloppèrent immédiatement. Un soldat lui tendit une torche et elle l'attrapa avant de l'allumer d'un geste mécanique, illuminant faiblement le passage devant eux. Puis, sans un mot, elle s'avança dans les profondeurs du souterrain, Eren inconscient sur leurs talons.
L'air était humide et poisseux. L'odeur fétide des égouts emplissait les narines de Shizu, mais elle n'y prêtait pas attention. Son esprit était ailleurs. Elle marchait en tête du groupe, tenant fermement la torche qui éclairait leur passage. Son regard scrutait chaque recoin, chaque ombre dans l'obscurité. Même si leur plan avait été minutieusement préparé, elle restait sur ses gardes. On n'était jamais trop prudent.
Elle entendait derrière elle les pas précipités des autres, le froissement des vêtements humides et le souffle saccadé de ceux qui portaient Eren. Mais elle ne se retourna pas. Pas tout de suite. Son cœur battait encore à un rythme effréné. La montée d'adrénaline refusait de s'apaiser. Pourtant, lentement, un sentiment de soulagement commença à s'installer. Ils avaient réussi.
Ils l'avaient fait.
Eren était avec eux. La mission était un succès.
Un léger rire nerveux lui échappa. Puis, à sa propre surprise, ses yeux se remplirent de larmes.
Elle pleurait.
Non pas de tristesse, mais de soulagement. Un poids immense venait de s'envoler de ses épaules. Elle avait accompli ce qu'on lui avait demandé. Elle était enfin libre. Alors pourquoi ce frisson glaçant lui parcourait-il l'échine ? Comme si un instinct profond l'y obligeait, elle tourna légèrement la tête et croisa un regard.
Celui de Maëlys.
Un sourire mesquin flottait sur ses lèvres, comme si elle savait quelque chose que Shizu ignorait encore. Le cœur de Shizu rata un battement. Elle déglutit difficilement et reporta son attention droit devant elle, tentant d'ignorer le malaise qui s'installait peu à peu en elle.
Ne pense pas à ça maintenant. Tout ira bien.
Du moins, c'est ce qu'elle essayait de se dire.
Lorsqu'ils atteignirent enfin leur destination, le soulagement de Shizu se transforma en tension pure. Les quatre camarades se tenaient à présent dans le bureau de leur supérieur, Kenny Ackerman.
L'homme était adossé à son bureau, les bras croisés, observant chacun d'eux en silence. L'atmosphère dans la pièce était pesante, oppressante. Eren, lui, avait été immédiatement emmené au sous-sol et enfermé dans le cachot qui leur avait servi de planque depuis un moment. Il était en sécurité – ou du moins, autant qu'un prisonnier pouvait l'être dans ces circonstances.
Le silence s'étira, presque insoutenable, jusqu'à ce que Kenny se lève. Son regard acéré passa sur chacun d'eux avant qu'il ne s'avance lentement. Puis, à la surprise de tous, il ouvrit les bras et prit tour à tour les jeunes soldats contre lui.
Un geste rare. Un geste presque... paternel.
Quand il arriva face à Shizu, il s'arrêta. Il ne la prit pas dans ses bras. Au lieu de cela, il posa une main lourde sur sa tête.
Un frisson la traversa. Il ouvrit enfin la bouche, et sa voix grave brisa le silence.
« _Tu as fait le plus gros du travail, et je t'en remercie, Shizu... »
Ses doigts se crispèrent légèrement sur son crâne. Une lueur sombre passa dans son regard et mauvais pressentiment noua instantanément l'estomac de Shizu.
Puis, tout bascula.
« _...Mais tu as blessé un de mes soldats. »
Un froid glacial s'installa dans ses veines.
Non.
Non, ce n'était pas possible.
Elle n'eut même pas le temps de réagir que la sentence tomba comme un couperet :
«_Attrapez-la. »
L'ordre résonna dans la pièce comme un coup de tonnerre. Avant même qu'elle ne puisse bouger, une poigne brutale s'abattit sur son bras. Une autre sur son épaule. Elle se débattit instinctivement, son cœur tambourinant dans sa poitrine.
« _Attendez ! Kenny, qu'est-ce que... ?! »
Mais déjà, on la forçait à s'agenouiller. Elle chercha du regard Maëlys, Reiner, Bertolt – quelqu'un, n'importe qui – mais elle découvrit que les mains qui la tenait, n'étaient autre que les leurs.
Maëlys, la seule debout, qui ne faisait rien, souriait toujours.
Et à cet instant, Shizu comprit.
Elle avait été trahie.
A suivre. . .
Bonjour...ça fait un moment non ? Je sais plus quand j'ai posté le précédent chapitre mais cela doit faire plus de deux semaines que je n'ai pas posté. En ce moment, je travaille sur mes futurs histoires et j'en ai oublié "Une âme perdu" bruh ;-;
Enfin bref, quand je l'ai aperçu caché dans un coin de ma clé USB j'étais en mode : mince tu dates toi. Du coup, puisque je ne voulais pas encore plus retarder le poste du chapitre, j'ai travaillé directement dessus et je vous l'ai publié.
J'espère que ce chapitre vous a plu, nous changeons de décor eheh. Je vous préviens, se sera pas trop la joie dans les prochains, bon se sera pas pire que la saison 4 d'snk mais bon (pas de spoil bande de fou) mais je vous préviens quand même.
Auriez-vous des hypothèses pour les prochains chapitres ?
N'hésitez pas à commenter si quelque chose vous a dérangé ou vous dérange et n'hésitez pas à mettre une pitite étoile ^-^
On se retrouve au prochain chapitre bye bye !
[CHAPITRE REECRIS]
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