Une ampoule épuisée et grésillante.
Au sommet d'une atmosphère opaque.
Au théâtre, les spectateurs s'impatientent.
Tous veulent voir un magicien sauter de flaque en flaque.

Sur des lattes de parquet grinçantes,
Des marionnettes ajustent leurs effets.
Parées de leurs plus beaux atouts,
Elles saluent leurs seigneurs et maîtres.

Sur leurs délicats visages de porcelaine,
Des fards d'albâtre se mettent à fondre.
Au coin d'un sourire de façade,
Le masque s'effrite démesurément.

Enroulant un cou gracile,
Des perles écorchent une peau de verre.
Mais le spectacle doit continuer.
Alors, les marionnettes sont dociles.

Leurs fils autour des poignets,
Elles observent le velours pourpre.
Du rideau marqué de leur déshonneur.
Bientôt, vous guetterez des rires cristallins.

Vous devinerez des larmes factices.
Vous voudrez les aider à sortir.
A quitter l'enfer de l'opulence.
Mais il sera trop tard.

Car sous les masques savamment décorés,
Chaque marionnette a le visage en feu.
Demander miséricorde, c'est pour les faibles.
Et voici bientôt des éclats de beauté,
Répandus au sol sous une pluie de confettis.

Et les spectateurs applaudiront.
Et les marionnettistes salueront la foule.
Et les morceaux se recolleront.
La porcelaine est éternelle.
Car le spectacle doit continuer.