13 - compliqué

« Mais la vie sépare ceux qui s'aiment, enfonçant des âmes perdues dans leurs problèmes et noyant des humains dans leurs hontes ou dans leurs peines. Elle s'en fout totalement de ce que l'on pense tant que ce que l'on ressent est mauvais pour nous et qu'on se bouffe nous-mêmes de l'intérieur, qu'on se détruit intérieurement ; c'est tout ce qui compte pour elle. »


Dylan venait de faire prendre son bain à Théo et l'avait dans ses bras pour le conduire jusque dans sa chambre, l'enfant sur la hanche alors que celui-ci tenait sa peluche dans ses mains. Il sentait que l'enfant devenait de plus en plus lourd avec les années et cela le rendait complètement fou parce que bientôt il ne pourrait plus le porter ce qui voulait dire que son enfant grandissait. Il ne l'avait même pas vu grandir, tellement le temps était passé vite. Il gardait en lui la larme au coin de son œil, ne voulant pas que l'enfant commence à s'inquiéter pour lui. Il préférait tellement voir Théo sourire et rire aux éclats plutôt qu'en train de s'inquiéter ou encore de pleurer. Il trouvait que son enfant méritait tout le bonheur du monde rien que pour lui tout seul tellement qu'il était un petit garçon mature, intelligent, adorable et compréhensif. Il poussa la porte de la chambre et vit que Louis attendait sur la chaise, à côté du lit, un livre dans la main. Il déposa l'enfant dans son lit et mit sa couverture sur lui pour ne pas qu'il ait froid et que le châtain n'ait pas à le faire. Celui-ci esquissa un mince sourire timide avant de baisser la tête vers le livre pour ne pas affronter plus longtemps le regard de son amant.

Dylan tourna les talons et juste avant de fermer la porte, il regarda le spectacle ; son enfant avec l'homme qu'il aime l'un à côté de l'autre. Cette vision ne lui avait jamais fait aussi mal de toute sa vie. Il sentit son cœur se pincer encore plus fort que le plus âgée des hommes de sa vie lui fit un clin d'œil alors que le plus jeune lui sourit. Il ferma la porte, l'air nostalgique et mince sourire sur les lèvres. Il descendit les marches d'escaliers rapidement, voulant le plus possible s'éloigner de cette scène qui lui rappelle trop de bon souvenirs et qui lui met la larme à l'œil. « Pourquoi est-ce si difficile ? » se demandait-il au moins une fois par minute ces temps-ci tellement que toute cette histoire le tourmentait. Une partie de lui voulait que tout cela cesse mais une autre un peu masochiste ne voulait pas que cela cesse sinon cela reviendrait au départ et à l'absence de Louis dans sa vie. Dylan passa sa main sur son visage en soupirant, las de toute cette histoire. Toute cette douleur mélangée au bonheur du passé ne faisait pas un bon ménage dans sa tête et il n'en pouvait plus. C'était un peu trop dur de décider ce qui était le meilleur pour tout le monde, parce qu'il ne pouvait pas laisser Louis partir mais il ne pouvait pas non plus le laisser rester.

Dans les deux cas, l'un souffrira plus que l'autre. Il alla dans la cuisine et s'adossa au lavabo puis se passa un peu d'eau sur le visage. Son cœur ne voulait pas laisser Louis partir ou lui échapper alors que son cerveau lui ordonnait de le laisser partir pour ne pas qu'il le fasse souffrir encore. Toute cette situation relevait du compliqué et de l'horreur. Il espérait que ce cercle vicieux allait finir par s'arrêter un jour, très prochainement parce qu'il ne savait pas du tout s'il allait savoir survivre à une telle horreur ; une abomination. Il repassa encore de l'eau sur son visage alors qu'il sentit une présence derrière lui. Il entendit plutôt les bruits de pas lourds du châtain et ensuite sa présence dans la cuisine, tout près de lui. Pendant un instant, il cru qu'il allait se mettre derrière, qu'il allait enlacer sa taille de ses bras et qu'il poserait sa tête sur l'une de ses deux épaules et ensuite embrasser chaque parcelle de ce côté de son cou. Mais rien de cela ne se passa, quand il se retourna pour faire face à Louis, celui-ci était de l'autre côté de la petite table les deux mains jointes devant lui et le regard avec ses doigts qui jouaient ensemble montrant son embarras. Il releva le regard et une chose qui ne s'était pas produite depuis très longtemps se passa ; l'amande rencontra le crystal, le marron rencontra le bleu, une forêt d'automne rencontra un ciel d'été voilé de quelques nuages.

Il baissa le regard alors que Louis tenta de chercher le sien. Il n'osait pas voir l'étendue des dégâts qui se trouvaient dans le jeune anglais sinon, il allait tomber dans le panneau et par pitié ou par amour –ou les deux- il l'embrasserait et serait même capable de lui faire l'amour. Il ne voulait pas croiser son regard, parce dans ses yeux voilés nagent toute sa douleur, toute son amertume, toute sa tristesse et toute sa haine. Il ne pouvait pas voir une chose pareille sans ne rien faire en retour pour tenter que cela n'apparaisse plus dans les yeux du jeune homme. Il ne pourrait pas rester les bras ballants sans tenter n'importe quoi pour changer la donne, sauf qu'il ne pouvait pas faire quelque chose parce qu'ils n'étaient plus rien l'un pour l'autre ; normalement. C'était lui-même qu'il l'avait dit et il comprenait que si Louis était là, aussi gêné et aussi mal en point devant lui c'était parce qu'il voulait remettre un sujet de conversation tel que celui-ci sur le tapis et qu'ils en ressortiraient le cœur écorché, sûrement. Il ne savait pas vraiment ce qui le retenait de ne pas faire encore plus de mal à Louis, mais il y avait vraiment quelque chose en lui qui le bloquait et qui l'empêchait de dire ce qu'il pensait réellement. C'était trop dur pour lui et il dévisagea Louis pour ne pas montrer la guerre qui commençait à l'intérieur de lui au même moment.

-Nous ne sommes réellement plus rien l'un pour l'autre ? Nous ne formons réellement plus de « nous » ? Demanda le châtain, sur la défensive et en dévisageant à son tour le brun foncé.

-Oui... Enfin, je crois, du moins pour le moment en tout cas. On a tous les deux besoin de prendre du recul, non ? Retourna la question le plus âgé, sur la défensive.

-Comment on en est arrivé jusque là ? Il y a quelques temps encore, on était heureux, dit Louis pour tenter de calmer l'atmosphère et d'abattre enfin ses cartes.

-Si tu n'avais pas oublié Théo à l'école, si tu ne rentrais pas presque tous les soirs à 3 du matin en étant complètement bourré, si tu ne faisais pas le con à tout bout de champ ; sûrement qu'on n'en serait pas là. Si je ne t'aimais pas autant non et s'il n'y avait pas Théo aussi, nous n'en serions sûrement jamais là Louis, lâcha brusquement Dylan sans se rendre compte de ce qu'il avait dit.

-J'ai fais le con, je sais. Mais d'où viennent nos disputes à la base, hein ? N'aurais-tu pas une part de responsabilité dans celle-là ? S'exclama l'anglais, repartant au quart de tour sur la défensive alors qu'il avait remarqué que son amant ne lui avait pas reproché de l'avoir trompé ; sûrement parce que c'était bien trop dur à dire de vive voix.

-On a fait le con dans le passé et ça nous est revenu dans la gueule. Dans cette histoire, nous sommes tous les deux fautifs, je le sais ! S'écria le plus âgé. S'il te plaît, commença-t-il plus calmement, arrête de remuer le couteau dans la plaie ou je te fais bouffer tes couilles, finit-il par dire avec la mâchoire contractée.

Dylan se pinça les lèvres, se sentant tellement con d'avoir employer ses mains. Il s'était emporter alors qu'il s'était promis de rester calme, maintenant son amant avait les yeux écarquillés comme deux grosses billes et il était tendu comme s'il avait deux balais enfoncés et coincés dans son cul. Il ne souriait plus et son regard parlait pour lui-même ; il avait mal et avait peur, autant pour sa peau que pour son couple. Il baissa le regard, regrettant déjà les mots qu'il avait prononcé sur le coup de la colère. Il se sentait terriblement con et venait encore une fois de tout gâcher. Habituellement, c'était le rôle du châtain de faire cela, mais ces temps-ci ces sentiments et ses émotions prenaient le dessus et parlaient à sa place ce qui faisait qu'il gâchait toujours tout. Il n'y avait qu'avec Théo qu'il arrivait à garder le dessus, ou encore à son boulot où ses collègues s'inquiétaient vraiment beaucoup pour lui. Il n'était plus dans son assiette depuis que Louis l'avait trompé, cela se lisait sur les traits de son visage et sur son dos constamment voûté comme s'il portait tout le temps un poids invisible et extrêmement lourd sur ses petites épaules frêles mais dociles et robustes. Dylan n'e pouvait plus, c'était trop pour lui ; son cœur avait besoin de celui de Louis pour se sentir vivre.

Dylan venait de merder, à nouveau. Il commençait à faire comme le châtain, empilé les conneries sauf que lui c'était les mauvaises paroles qu'il enchaînait et non des mauvais actes. Il voulait se taper la tête contre les murs mais son besoin de savoir Louis en sécurité était trop grand que pour qu'il ne fasse quoi que se soit que le con ou encore l'ignorant.

« Chaque jour, je penses à toi en espérant te revoir. Mon cœur en devient vide et mon âme en devient perdue. Il ne se passe pas un jour sans que je ne pense à toi. Toi qui m'as abandonné lâchement pour aller vers quelqu'un d'autre. Toi qui m'as tourné le dos alors que je t'offrais mes bras. Toi qui m'as fait sourire et rire de nombreuses fois n'es plus là , je ne ressens plus rien. Toi, le bonheur, pourquoi as-tu quitté ma vie ? »

« Je ne saurais jamais dire ce qui me retient de ne pas le chasser de ma vie ou de ne pas la réinsérer de nouveau. Je ne sais même pas où il est, sûrement dans le vide, dans un entre deux au bord du gouffre. Il doit sûrement être là-bas, dans ma tête. Il n'est même plus dans mon cœur, parce que celui-ci est vide de lui et vide de tout son charme et de son importance. Il est vide de lui, vide d'amour, vide de bonheur, vide de chance, vide de souvenir, vide de sourire, vide de rire, vide de passion, vide d'assurance. Il est simplement vide, parce que je n'arrive plus à l'aimer comme avant ; c'est devenu bien trop fort pour que je puisse contrôler quoi que se soit.
-Dylan »

« Toute ma vie, j'avais attendu quelqu'un comme Lui. Il était capable de me rendre heureux, de me faire sourire et rire même dans les pires moments. Il était capable de me montrer tous les bons côtés des choses même si parfois il les imaginait pour ne pas que je tombe dans la dépression. Il m'avait sortit la tête de l'eau parce que je n'avais plus le courage de regarder le soleil de peur de me brûler alors je préférais mourir noyer. C'est stupide, mais il était déjà toute une partie de moi. Maintenant, cette partie de moi est vide de sens, d'importance, de charme, de passion, d'intérêt. Elle est vide, vide de lui parce que je ne peux plus l'aime de la même façon qu'avant après ce que je lui fais. Je ne peux plus l'aime comme un fou, je n'en ai pas le droit après tout le mal que je lui ais fais mais je ne peux pas me contrôler totalement. Cette partie de moi est vide, mais je l'aime toujours comme un imbécile heureux et peureux, comme un pauvre con qui ne sait pas garder auprès de lui la personne qu'il aime.
-Louis »

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