Chapitre II : Fleurs Jaunes

C'est ainsi que ma chute interminable commença.

Peut-être que le temps s'était totalement dilaté, car j'aurais été incapable de dire si elle avait duré quelques minutes, des heures ou même des jours. Entourée par les ténèbres d'une vraisemblable grotte sans fond, la peur m'envahit graduellement. Je sentais chaque petite particule de mon corps s'écraser sous la pression de l'air et ma vitesse effroyable. Excepté le vacarme incessant du vent, je ne pouvais plus rien entendre. J'avais beau hurler de peur, rien ne parvenait à mes oreilles, ce qui me faisait paniquer de plus en plus. Pas besoin d'avoir fait de longues études en physique pour comprendre que je ne survivrai pas à ce petit incident. Avec toute la vitesse que je prenais au fil des secondes, on ne retrouverait jamais une humaine en bas, mais plutôt un amas de chair en décomposition et quelques os broyés. Je vivais là mes derniers instants. Pathétique, n'est-ce pas?

Je pris quelques temps pour reprendre ma respiration, et parvins lentement à me calmer. Autant affronter la mort avec un minimum de bravoure, puisqu'aucune autre possibilité ne s'offrait à moi. Je sentais le destin s'appuyer violemment sur mes épaules, accélérant ma chute.

Des dizaines de souvenir déferlèrent dans mon esprit. Était-ce le film de ma vie? Le tournage touchait-il vraiment à sa fin? Je voulais pleurer, mais je n'en avais plus la force et le courage. Quand allais-je mourir, pour mettre fin à ces stupides souffrances?

Une petite fille aux cheveux châtains court dans la neige. Elle sourit de tout son être. Le bonheur s'y lit, tout comme dans ses yeux. Une enfant épanouie, heureuse de vivre, encore innocente et inconsciente de la folie du monde qui l'entoure.
Quand avais-je perdu ce sourire, autrefois habituel sur mon visage?
Tout à coup elle tombe et tout son corps vient rencontrer les froides couvertures blanches qu'a laissé l'hiver. Le nez et les joues couverts de flocons, elle se met à rire.
J'étais jolie avec ce sourire parfaitement naïf. La moi d'avant me manquait, en quelque sorte.
Deux ombres apparaissent autour de mon alter ego du passé, puis l'aident à se relever. Nul doute, il s'agit de mon père et de ma mère.

À mes sept ans, Maman avait disparu sans laisser de trace. Parfois je me demande si je n'avais pas inventé sa présence toutes ces années. Elle avait été soufflée comme de la poussière. Aussi loin que je me souvienne, c'était une femme d'une grande beauté. Apothéose de la féminité, ce qu'elle ne m'avait pas transmis. Un visage de poupée, d'immenses yeux bleus bordés de longs cils noirs, une cascade de cheveux bruns cachant ses épaules frêles, des lèvres ourlées, et un cœur débordant d'amour pour mon père, pour moi. C'est elle qui m'avait donné la passion des livres, de l'odeur du vieux papier, des crissements de la plume dans un cahier. Ma mère adorait les histoires de monstres, ce qui l'amenait à raconter parfois des choses un peu étrange. Par exemple, elle m'expliquait souvent qu'il y a quelques années, les monstres et les humains avaient vécu sous le même ciel. Passons. Maman était encore portée disparue aujourd'hui, son corps n'ayant jamais été retrouvé. Je m'étais fait une raison : cette femme que j'admirais tant ne pouvait qu'être morte, après toutes ces années. Mon père n'avait pas encore fait son deuil, mais la réalité ne pouvait être autre.

Au travers de ce songe final aux contours distordus, je revoyais enfin ma mère, dont j'avais presque oublié les traits, les tonalités de sa voix. Je voulais la prendre dans mes bras, et ne plus jamais la laisser partir. De cette façon, peut-être que je pourrais la sauver de la mort, et moi avec.

La petite fille se met à grandir progressivement, elle continue de courir, agrippant la main de ses parents. Elle rit encore. La neige, quant à elle, tombe à gros flocons. Il devient de plus en plus difficile de voir.
Quelques secondes plus tard, l'ombre féminine a été aspirée par le néant.
L'enfant tombe de nouveau, mais cette fois son rire se change en pleurs. Son père se tient à côté d'elle. Il pleure aussi, et tombe également dans la neige. Tous deux restent là, à attendre que celle qu'ils aiment reviennent. Mais je le sais moi, elle ne reviendra pas. Mon sourire non plus.

L'image de mon père me foudroya sur place. Le jour de la disparition de maman, il avait attendu toute la nuit son retour, avait bu café sur café. Réveillée par un cauchemar, j'avais appelé ma mère désespérément. Ce n'est pas elle qui m'avait rassuré, mais papa, des larmes salées humidifiant ses joues. Serrés l'un contre l'autre, nous savions déjà que quelque chose de tragique s'était produit. Rien ne serait de nouveau pareil.

C'était la première fois que j'avais vu mon père pleurer. C'était la première fois que je l'avais vu si faible, si brisé. Comme moi, il n'était plus qu'un petit enfant fragile ayant perdu le pilier lui permettant de rester debout. En partant, ma mère avait coupé tous les liens qui le maintenait vivant. Au cours des années, j'avais réussi à faire quelques noeuds pour réparer tout cela, mais il y a des choses pour lesquelles on ne peut rien. Je n'avais pas été capable de soigner les plaies ouvertes de mon père. L'abandon, l'incompréhension, la colère et la tristesse les avaient infectés. Mon père était un homme profondément détruit, qui se cachait derrière ses sourires d'ange pour me persuader que tout allait bien. Sauf que non, sans elle, tout ne pouvait pas aller bien. Maman nous manquait plus que les mots ne pouvaient l'exprimer. Parce que le vide qu'elle avait laissé ne pouvait être comblé d'une quelconque manière.

L'ombre perd de ses couleurs, comme une ampoule qui grille. La lumière de la petite vacille également. Toute sa joie, tout son bonheur sont comme dilués dans la neige.
La tempête de neige se calme légèrement. Quelqu'un en sort.
Le Nathanaël de mes souvenirs. Il tend la main à l'enfant, le regard plein de compassion et de tendresse.

Des flocons étaient logés dans ses cheveux blonds-dorés, ses yeux bleus océan me firent tourner le cœur. De petits nuages de vapeur fuyaient de ses lèvres, qui m'étaient à présent interdites. Il était là, si près, pourtant ce Nathanaël-là semblait sortir d'une autre dimension. Comme un mirage en plein désert, il m'était impossible de l'atteindre.

J'hurlais son nom. Encore et encore. Je ne voulais pas qu'il disparaisse lui aussi. Même si tout ceci n'était qu'une illusion, je voulais m'y accrocher coûte que coûte. Avant de mourir, il fallait que je m'imprègne des traits de son visage, des nuances changeantes de ses cheveux quand le soleil les éclaire, les étoiles qui peuplent ses yeux quand il rit. Il fallait que s'imprime en moi son corps tout entier, afin de ne jamais l'oublier. Ainsi je pourrais quitter ce monde apaisée, même s'il m'avait tant fait souffrir ces derniers jours.

La petite saisit sa main, le blond l'aide à sécher ses larmes. L'ombre du père se relève et part lentement, se retournant parfois. Au fur et à mesure de ses pas, il est englouti par la neige. Mon alter ego n'y prête pas attention : elle est déjà tombée amoureuse de Nathaniel. Un premier sourire se dessine sur son visage.

Je le revoyais me prendre dans ses bras quand tout devenait trop dur. Je le revoyais passer ses mains dans mes cheveux pour me calmer. Je le revoyais jouer du piano pendant des heures, les notes nous enfermant dans leur cocon magique. Je le revoyais sourire quand je lui murmurais des "je t'aime", quand nous parlions de nos livres.

Un «Je t'aime» inscrit à l'encre rouge, sur une feuille chiffonnée.

Ce qui me brisa encore davantage.

Je voulais en finir. Toutes ces images étaient de plus en plus douloureuses, plus que ce que je pouvais supporter.

Que tout s'arrête...

Que tout s'arrête !

Presque pour répondre à ma demande, l'obscurité laissa peu à peu la place à la lumière. Une étrange lueur jaune m'obligea à fermer les yeux. Les paupières closes, je sentis immédiatement mon corps atterrir mollement sur quelque chose de texture comparable à un matelas. Ce qui me surprit le plus fut qu'aucune douleur ne traversa mes membres. À cette profondeur, même avec le meilleur des amortisseurs, je n'aurais pas dû survivre. Étais-je vraiment encore en vie? Si oui, où avais bien pu atterrir? Cette chute interminable, pareille à celle d'Alice pour rejoindre le Pays des Merveilles, m'avait-elle amené aux tréfonds de la Terre?

Mes yeux se rouvrirent avec précaution. Du jaune. Du jaune à perte de vue. Des fleurs, par milliers, se balançaient paresseusement dans un courant d'air. Même les parois de la grotte en étaient peintes. J'avais rarement vu plus beau paysage, mis à part la vue imprenable que je savourais autrefois au sommet du mont Ebott. Tout ce jaune me rappelait la blondeur des cheveux de mon amoureux, j'aurais voulu cueillir quelques fleurs pour m'en faire une couronne et ainsi l'avoir en permanence près de moi. Mais comment de si jolies fleurs pouvaient-elles pousser ici, privées de la lumière du jour, et surtout en plein hiver ? Des questions qui restaient sans réponses.

Je me sentais anormalement bien. Chaque muscle répondait correctement à mes ordres, ce qui me soulagea quelque peu, et aucun signe de blessure. Étonnant, après cet accident quasi-mortel. Ce long voyage m'avait en quelque sorte remplie de... détermination.

Oui, j'étais déterminée. À quoi, c'était une bonne question. Je n'avais aucune idée du lieu où je me trouvais, ni du moyen de retourner à la surface. Escalader le cratère n'était même pas envisageable, même avec du matériel adéquat. En bref, un seul choix s'offrait à moi : avancer, jusqu'à sortir de cette grotte étrange.

Je me redressai sur mes deux jambes quelque peu maladroitement, quittant mon lit végétal douillet. Si je ne trouvais pas la sortie immédiatement, je savais au moins où je pourrais dormir.

« Howdy! »

Je bondis en arrière, surprise par une petite voix fluette. Je scrutai l'ensemble de la grotte éclairée : personne. Était-ce le début de mes hallucinations?

« Dis-moi, tu es nouvelle dans l'Underground? Je suis Flowey, Flowey la fleur. Tu as besoin d'aide? »

Effectivement, quelques mètres plus loin une fleur en pot s'agitait. Ses pétales jaunes formaient une couronne autour de son sourire d'ange. Ses yeux étaient si noirs que j'étais incapable d'y déceler la moindre bribe d'émotions. J'avais rarement vu quelque chose d'aussi adorable. (Peut-être un peu trop mignon d'ailleurs?)
Quoi qu'il en soit, j'étais totalement en train de délirer. Une fleur qui parle? Et pourquoi pas une femme-chèvre tant qu'on y est?
Soit toutes ces fleurs encourageaient les hallucinations, soit on m'avait drogué d'une manière explicable, soit j'avais perdu la tête - ce qui me paraissait le plus probable -, ou alors j'avais atteint le paradis?
C'était tout simplement grotesque.

« Flowey, est-ce que je suis morte? Qu'est-ce que c'est que l'Underground?
- Non tu n'es pas morte. L'Underground est un monde situé sous celui des humains, qui nous ont bannis de la surface de la Terre. Si nous restons ici, nous les monstres, c'est pour nous protéger de personnes comme toi. », ricana-t-elle.

Un sourire presque diabolique se dessina sur le visage de la fleur. Désormais, elle était carrément effrayante. Ses paroles me rappelaient vaguement celles de ma mère. Les montres existaient-ils vraiment?

« Je suis pacifiste. Je ne veux pas te faire de mal., essayai-je d'expliquer. Beaucoup d'humains sont... », je marquai un temps, pensant à Nathanaël. « ... terriblement méchants, mais pas moi. Je veux juste remonter à la surface, d'accord?»

Un rire grinçant et terrifiant se répercuta sur les parois de la grotte, me berçant d'un écho maléfique.

« Tu es tellement stupide », susurra Flowey, son visage se tordant à mesure de ses mots. « Je vais t'apprendre quelque chose : dans ce monde, c'est tuer ou être tué. Alors meurs ! »

À ces mots, des pétales jaunes apparaissèrent dans les airs pour immédiatement me foncer dessus. Prise de panique, j'essayai de les éviter, mais je ne fus pas assez rapide. Deux vinrent me toucher à la poitrine, et je sentis tout mon corps se déchirer sous la douleur. Mon pull bleu bientôt se tâcha de sang, ma respiration devenait plus difficile. Un mince filet écarlate roulait de mes lèvres, emplissant ma bouche d'un infâme goût métallique.
Pour une si petite fleur, elle se défendait bien.

L'adrénaline faisait trembler chaque particule de mon être. Si je ne reprenais pas le contrôle de la situation, j'étais condamnée. J'avais la respiration coupée par la douleur, se répandant comme du poison, pourtant je devais trouver une solution au plus vite.

Fallait-il vraiment que je me batte avec mes petits poings? Avais-je la moindre chance contre ce monstre maîtrisant la télékinésie?

Tout mon corps s'éclaira d'une vive couleur rouge, comme dans mon rêve quelques heures plus tôt. Mais que se passait-il, bon sang?

Allais-je mourir ici, assassinée par une fleur jaune qui parle? Allais-je perdre la vie sans pouvoir dire au revoir à mon père? Allais-je le quitter comme maman l'avait fait sept ans plus tôt? Allais-je briser son cœur une bonne fois pour toute, ajoutant mon fantôme à celui de ma mère ?
Non, il en était hors de question. Je devais fuir, coûte que coûte.

« Flowey, écoute-moi. Je ne veux pas te faire de mal, vraiment. C'est contre mes principes... »

Sur ces belles paroles, la fleur sourit de plus belle. De nouveaux pétales m'heurtèrent violemment, du sang jaillit de ma poitrine, de mes avants-bras. Je sentais, sans les voir, les entailles profondes qu'ils laissaient derrière eux. Ma vue se brouillait à mesure que le liquide rouge se répandait. À ce rythme, je n'allais pas faire long feu.

Plus je recevais de dégâts plus la lueur émanant de mon corps diminuait. On aurait dit que mon âme s'amenuisait à chaque coup porté. La douleur était insupportable, les gémissement se mêlaient au bruit saccadé de ma respiration.

Portant la main à mon cœur, une barre jaune apparut devant moi. 4 icônes : "Combat", "Action", "Objet" et enfin "Epargner". Je pressai ce dernier bouton d'instinct, mais rien ne se passa.

« C'est inutile, humaine. Prépare-toi juste à mourir. Je vais mettre fin à tes souffrances. C'était ce que tu voulais, non?
- Tu ne sembles pas très enclin à m'écouter, ahah... », riai-je nerveusement.
« As-tu une dernière parole? »

Je la regardai, interdite. Il fallait que je fuis, mais comment? Je n'avais pas de porte de secours. Les premières larmes vinrent perler aux coins de mes paupières. La douleur mélangée à la peur me faisait trembler de plus belle.

Réfléchis, réfléchis, réfléchis!

Pourquoi est-ce que tu t'obstines, Frisk? Tu es condamnée. Flowey a raison, mourir est la meilleure des solutions! Tu pourras oublier Nathanaël et ses mots durs, la mort de ta mère, les moqueries de tous tes camarades de classe... N'est-ce pas ce que tu veux, Frisk?

Une voix féminine résonnait dans mon crâne, me faisant douter. Je ne voulais pas mourir. Je ne voulais pas mourir, il me restait tant de choses à faire. Je ne voulais pas mourir... Non?
Et si... Et si c'était la seule solution maintenant ?

Abandonne Frisk. Tu n'as plus rien à perdre.

Non! Je dois me battre. Pour retourner à la surface, pour retrouver mon père, pour combler l'absence de ma mère. Je n'ai pas le droit de mourir, parce que j'ai ma place sur terre, peu importe ce qu'on me dira!

Non, Frisk. Tu es inutile, comme ta mère. Tu ne mérites que la mort.

Je hurlais. Je hurlais si fort que je sentais mes cordes vocales vibrer, presque s'arracher et mes poumons se déchirer. Avec le peu de force qu'il me restait, je criais pour chasser ce démon sournois de mon esprit. Elle ne m'aurait pas, parce que j'ai la foi, ma détermination. Tant que j'y croyais, je n'avais pas le droit de mourir.

En es-tu sûre, Frisk?

« Laisse-moi tranquille! Tais-toi, tais-toi, TAIS-TOI !!»

J'étouffais. La douleur, la peur, la haine, tout s'écrasait sur mes frêles épaules.

« C'est si amusant de voir ton visage se figer de désespoir... Maintenant, meurs ! », ricana Flowey.

Sa voix tordue me ramena à la raison. Mais déjà les pétales se dirigèrent vers moi. Par réflexe, je courus le plus vite possible jusqu'au lit de fleurs, fermant les yeux. Ils allaient m'atteindre, et j'allais mourir. Je ne voulais pas voir mes derniers instants. Quand la douleur traverserait de nouveau mon corps, je saurais que tout prendrait fin.

Je me protégeai de mes bras, me repliant entièrement sur moi-même. Je n'étais plus qu'une boule de peur.

J'attendais que mon martyr cesse, mais il n'en fut rien. Le silence laissa sa place à des bruits étouffés de pas. Ils se rapprochaient vite, trop vite. Je me fis la plus minuscule possible. Je voulais disparaître, devenir totalement invisible. Qu'on me laisse tranquille, une bonne fois pour toutes.

« Quelle horrible créature pour torturer une pauvre petite chose comme toi... »

Remplaçant la voix traumatisante de Flowey, une bien plus douce et apaisante vint m'extirper de ma torpeur. Les larmes ne cessaient pas cependant. Peut-être que cette femme, si c'en était une, voulait me tuer aussi, juste parce que j'étais humaine...

« Ne me faites pas de mal, je vous en prie...», implorai-je entre deux sanglots.

Je sentis une main chaude et délicate se poser sur mon épaule, ce qui me fit trembler de plus belle.

« N'aie pas peur, mon enfant. Je ne te ferai aucun mal. Je suis Toriel, la gardienne de ces ruines. Je viens tous les jours ici pour voir si personne n'est tombé dans l'Underground. Cela faisait si longtemps qu'un humain n'avait pas atterri ici... », m'invita-t-elle tendrement.

J'osai lentement relever la tête. Toriel était une femme-chèvre au poil blanc. De longues oreilles touffues naissaient de ses petites cornes et encadraient son visage aussi doux que sa fourrure. Ses yeux ambrés ne traduisant que tendresse et bonté, infini délicatesse. Bien que cette vision me parut d'abord étrange, elle me semblait n'être qu'un gros concentré d'amour. Sa longue robe mauve, imprimé d'un étrange insigne blanc, lui donnait ce côté pur et sage que n'importe qui aimerait retrouver chez sa propre mère. Peut-être que je ne craignais plus rien à présent? Mais n'en avais-je pas pensé de même pour Flowey, qui avait bel et bien failli me tuer?

« Est-ce que Flowey est... partie? », osai-je demander, encore rongée par l'angoisse.
« Si tu parles de cette méchante fleur jaune, oui, je l'ai chassée. Tant que je serai avec toi, elle ne viendra plus t'embêter, je te le promets.
- Merci Toriel... Vous m'avez sauvé la vie. »

J'essuyai l'eau salée de mes joues d'un revers de manche, offrant le plus beau de mes sourires à mon interlocutrice. Elle me le rendit. Une beauté et une grâce indéfinissable se dégageait de son corps. J'étais bien incapable de lui donner un âge. Si j'avais su que j'allais rencontrer une chèvre si aimable dans ma vie!

« Mon enfant, rentrons vite soigner toutes ces vilaines blessures. »

Je me contentai d'hocher la tête, mes pleurs m'empêchant de m'exprimer clairement.

C'est alors qu'une main tendue se présenta à moi. Je l'attrapai sans hésiter, n'ayant plus la force de lutter ou de réfléchir à quoi que ce soit. Sa fourrure soyeuse m'enveloppait d'un voile protecteur, comme une mère le ferait. De nouveaux torrents de larmes vinrent inonder mes joues. Je venais de frôler la mort, et cette simple pensée me terrifiait. Si Toriel n'avait pas été là, j'aurais été réduite à l'état de cadavre, dans un cercueil de fleurs jaunes. Je m'en voulais de me montrer aussi faible et fragile sous le regard bienveillant de cette parfaite inconnue, mais j'étais inconsolable.

« Ne pleure pas, ça va aller... Tu n'as plus rien à craindre. Tu n'es plus seule à présent.
- Merci... Merci infiniment! »

Je la pris doucement dans mes bras.
Un peu surprise par mon geste, elle n'hésita que quelques secondes avant de faire de même. Cette chaleur, cette douceur, oui, elle avait l'aura d'une mère. Celle que je n'avais plus depuis tant d'années. Son pelage sentait la cannelle et les biscuits trop cuits, des odeurs de mon enfance. Si j'avais pu, j'aurais fait durer cette étreinte pour l'éternité. Tout cet amour qu'elle me donnait remplissait lentement le vide laissé par Nathanaël. Je me sentais revivre, petit à petit.

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Voilà ce qui clôt ce chapitre. Il est un peu plus long que les deux autres, j'espère que cela vous convient tout de même.
Frisk est enfin arrivée à l'Underground! Quelle sera la suite de ses aventures, aux côtés de la bienveillante Toriel?

R-E-S-T-E-Z D-É-T-E-R-M-I-N-É-S !

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