Chapitre 13: Importantes découvertes
Je sillonne soucieusement les rues labyrinthiques de la cité souterraine, seule. Je mets de l'emphase sur le seule: c'est la première fois depuis un moment que je le suis réellement. Personne pour me parler, personne pour me juger! Je me sens à nouveau comme "l'ancienne Jenn". Cette "ancienne Jenn", c'est la personne que j'étais avant ma transformation. C'est-à-dire la fille timide, renfermée et distraite. Maintenant, je suis la "nouvelle Jenn", celle qui est beaucoup moins timide et renfermée, toujours extrêmement distraite, et mille fois plus têtue et impulsive. À moins que la "nouvelle Jenn" soit la "vraie Jenn" qui n'avait jamais pu se prononcer avant?
J'ai l'impression que tout a commencé ce matin-là, dans le bus, où un garçon de mon âge s'est assis à côté de moi. Ça me semble si loin. Pourtant, cinq petits jours se sont écoulés depuis ce moment. Ce moment qui allait tout changer de façon définitive.
Cependant, ce cinq jours-là ne définit pas du tout le niveau de complicité entre Alex et moi. Il me semble, que dès le premier soir où je l'ai invité chez moi pour ce travail, nous nous se comprenions déjà en quelques regards. Comme si nous nous se connaissions déjà avant... Mon esprit se permet de se demander si ça n'aurait pas un rapport avec la prophétie du vieux livre... Mais mon cœur fait la sourde oreille et ne daigne même pas d'y prêter la moindre attention.
Au fond, je lui pardonne. Le pauvre a été maintes fois déchiré puis maladroitement ressoudé, ces derniers jours. Ce sont des situations assez éprouvantes pour lui, tout ce qui se passe depuis quelques temps. Lorsque la tête est trop occupée pour aider le cœur dans ce genre de situation, eh bien, ça me met à l'envers.
Comme je disais, je suis enfin seule. Ce qui signifie que je peux un peu plus réfléchir...
Ça me fait du bien. Les autres appellent cela avec dédain tomber dans la lune. Mais moi, je dis que c'est se réfugier dans ses pensées lorsqu'on en a réellement besoin, comme dans ce cas-ci.
Je dois faire le point sur ma situation. Alors, de un: situation amoureuse. Je ne sais pas trop quoi penser de ce côté-là. Je ne sais pas trop quel tournant les choses sont sensées prendre entre Alex et moi, et encore moins entre Fabien et moi. Cette dernière relation s'avère plus amicale, mais la première, eh bien... C'est différent. Il semblerait que le jour et nuit doivent parfois se rencontrer, bien que leur amitié frôle l'impossible. Enfin, à moins que tout se passe comme le raconte le livre et que les deux peuples se réunissent, mais le problème, c'est que le fichu bouquin n'avait pas prévu que la fille en question soit une vraie idiote gaffeuse...
Bon, de deux, à présent: situation sociale. Là non plus, rien ne va plus! Je ne peux pas faire confiance à personne, depuis que je sais que des Nouvelles (ou des Nouveaux, mais j'ai la ferme impression que se sont des filles) m'espionnent pour le Conseil. Les filles que je considère comme mes copines sont Jess, Tess, Amé et Anna, même si au fond, je crains qu'une d'elle soit une traître. À moins que je ne sois paranoïaque, ce qui serait très probable. De plus, il y a cette... fille... (pour ne pas ainsi dire un autre mot) qui est tout simplement haïssable: Daphné. Je veux dire, si elle me détestait pour une raison, si je lui avais fait quelque chose de mal, d'accord, ça se comprendrait: mais qu'elle me déteste sans la moindre raison, c'est révoltant! Tout cela me fait penser aux mauvaises séries télévisées américaines où il y a la garce (Daphné) et toute sa clique (comment s'appellent-elles, déjà...? Ah, oui: Jane, Pénéloppe et Sally) qui ne cessent de harceler le personnage principal (disons que c'est moi, ce soit disant personnage principal...) car elle entretient une relation amoureuse naissante avec le mec que la garce aime.
Et si Daphné aimait Fabien, et c'est pour ça qu'elle est aussi luciférienne envers moi? Elle serait jalouse? Sans vouloir tirer de conclusion trop vite, ce serait bien possible... je devrai faire ma petite enquête. C'est pour ça que j'aime réfléchir toute seule, comme ça: c'est le seul moment où j'arrive à faire des réflexions sensées!
Poursuivons. De trois: situation scolaire (appelons-la comme ça). On ne peut avoir une situation scolaire plus exécrable que la mienne, présentement: les "profs", qui sont en fait les dirigeants de l'énorme peuple qu'est Alteran, sont impartiaux et souhaitent ma plus cuisante défaite dans les Tests Décisifs, qui déterminent notre avenir sur la courte période de cinq jours. Ai-je besoin de donner plus de détails? Je commence vraiment à me déprimer, rien qu'à y penser...
Et finalement, de quatre: situation familiale. Même si je refuse de laisser mes pensées s'orienter vers ça, ma famille me manque horriblement. Je pense à ma mère et à mon père qui revivent le cauchemar de perdre un enfant. Ma soeur, elle, pas la peine de s'inquiéter pour elle: je viens de la visiter et elle semble très heureuse de sa condition de vie.
Il y a une autre personne que je me permets d'entrer dans "situation familiale": Kat. C'est d'ailleurs pour elle que je marche présentement dans la ville. Je vais acheter une carte de la cité, question de savoir où se trouvent ces fameux appartements dans lesquels Kat et les trois autres humains vivent. Ma petite voix intérieure me gronde durement en me disant: "Réalises-tu seulement que tu vas tenter de libérer ce soir, au péril de ta vie, la fille qui a été très méchante envers toi il y a seulement cinq jours de cela?" Ce à quoi je me réponds: "Cette fille, eh bien, c'est ma copine malgré tout. Je suis sûre qu'elle ne voulait pas vraiment être méchante. Et puis, le seul truc qui m'énervait un peu chez elle, c'était qu'elle draguait Alex. Par ailleurs, même si elle va le croiser à tous les jours à l'école, je ne vois pas comment ils pourraient sortir ensemble, maintenant que la relation entre Alex et moi est aussi avancée..." Je peux presque entendre ma petite voix rire ironiquement: "Tu es trop gentille, Jenn, et ô combien trop naïve..."
J'entre dans le petit magasin achète une carte d'Alteran en tentant d'oublier la dispute que je mène contre moi-même. Je tranche: c'est décidé, je me fiche des conséquences que tout cela va engendrer, je vais sortir ma meilleure amie de là ce soir.
On est au milieu de l'après-midi. Je m'assieds sur un joli banc de parc noir pour inspecter la carte. Je la déplie une fois, deux fois, trois fois, quatre fois, cinq fois: Alteran est gigantesque! Dommage que Google Map ne soit pas disponible, ici. Je dois avoir l'air débile, avec mon énorme carte, comme ça, sur un banc sur le trottoir! Bah, qu'est-ce que ça peut bien faire?
Les appartements sont situés pratiquement au plafond de la cité. Ils ont l'air minuscules: ce ne sont que quatre petits ouvertures dans l'immensité d'Alteran... Et, surtout, inaccessibles! Aucun escalier, échelle, ascenseur, licorne ou je-ne-sais-quel autre chose pour s'y rendre. Zut.
Refusant de baisser les bras aussi facilement, je replie très maladroitement la carte et la fourre dans la poche de mon jean noir. Je dois absolument me rendre sur-place pour évaluer la situation.
C'est ce que je fais. Ça me prend une demi-heure pour me rendre près des appartements. Je me défais le cou à tenter d'apercevoir les appartements des humains: ils sont à une hauteur vertigineuse! Et, tel que prévu, rien pour y accéder. Le seul point positif? L'arche est visible: on est près de la sortie.
Néanmoins, les parois d'Alteran ne sont pas très lisses. Il serait facile de tenter l'escalade... Ça y est. J'ai des pensées suicidaires.
Je ne vois pas d'autres solutions. Il semblerait que la seule façon de s'y rendre est réellement l'escalade. Probablement que ce serait mieux avec un allié... Mais à qui puis-je vraiment faire confiance? Je pourrais demander à Alex? Non, mauvaise idée. Il va tenter de me décourager dans cette quête, protecteur comme il est... Jess ou Tess? Nan, elles vont se mettre à crier comme des poules hystériques, juste à leur expliquer le plan. Amé? Je ne lui fais pas assez confiance. Anna? Peut être... quoique je ne vois pas cette fille aux lunettes risquer sa vie et enfreindre les règles. À moins que je ne demande à Fabien?
Il serait le genre à accepter de relever un défi aussi insensé, et je suis certaine qu'il en gardera le secret: je veux dire, qui se vante d'avoir enfreint les règles? Sans plus attendre, je cours vers le Toit. Je doute que Fabien y soit à cette heure-ci, mais peut être qu'un de ses potes pourra me diriger vers lui.
Le Toit est presque vide, mais en entrant dans la salle commune des garçons, je tombe par chance sur Jacob. C'est le meilleur ami de Fabien. C'est avec lui qu'il s'était bagarré le premier soir que je suis arrivée ici, et il était là à la terrasse hier. De taille moyenne, ni trop costaud, ni trop maigre, les grands yeux violets expressifs et les cheveux bruns chocolats légèrement bouclés jusqu'aux épaules, il a non seulement l'air sympa, mais il l'est.
- Jenn! s'exclame-t-il à ma vue. Que fais-tu ici en ce bel après midi de novembre?
Il dans le salon, accompagné de deux autres garçons que je connais aussi: Michael et Dannis. Ils me saluent aussi.
- Salut, Jac. répondé-je d'un ton pressé. Tu n'aurais pas vu Fabien, par hasard? J'ai vraiment besoin de lui parler.
- Monsieur Fab-uleux? rigole Jac. Si, il est entrain d'organiser la fête de ce soir, à la piscine.
- La fête...? l'interrogé-je.
- Ce soir, c'est le party des Nouveaux! s'écrit Dannis. C'est pour fêter le premier jour des tests. Tout le monde de la ville en haut de quinze ans est invité. On va remplir la piscine municipale de...
- Chut! se fâche Michael en lui assenant une taloche derrière la tête. Fabien a dit qu'il ne fallait pas le dire.
Un peu impatiente, je lance, en filant vers la sortie:
- D'accord, merci beaucoup!
À la sortie, une belle surprise m'attend. Daphné et ses trois copines. Elle ne fait que passer - quelle vilaine malchance que je tombe dessus! - mais elle en profite pour me lancer:
- Belle gueule, Jennifer!
Elle ricane méchamment, et ses amies aussi. Après qu'elles soient parties, je me jette dans la salle commune des filles pour m'inspecter dans un des miroirs de la salle de bain. Je n'ai plus l'air si mal en point, mais reste que mon nez est légèrement tourné d'une drôle de façon et j'ai un oeil au beurre noir, sans parler de mes mille et une égratignures par-ci par-là. Je m'attaque à mon nez. Un peu hésitante d'abord, je finis par me décider à le replacer. Après tout, je suis immunisée contre la douleur, non? Avant que je ne change d'avis, je remets mon nez droit d'un seul coup. Ça ne m'a pas fait mal, heureusement, mais je laisse tout de même couler une petite larme. De peur, de découragement? Je ne sais pas trop.
C'est alors que la chose la plus surprenante qui soit se produit: la larme coule sur mon nez et, arrivée vis-à-vis de ma blessure, elle semble se faire absorbée par ma peau. Une petite lueur violette provenant de mon nez apparaît alors que j'entends de petits craquements. Je refuse de le croire. C'est impossible!
Au même moment, j'entends la voix amicale d'Anna:
- Coucou, Jenn! Qu'est-ce que tu fais?
- Anna, vite, un oignon! m'écrié-je vivement.
- T'es sûre que ça va...?
- T'inquiète pas pour moi... s'il-te-plaît, un oignon et un couteau!
- Est-ce que j'ai l'air d'avoir un oignon sur moi?
- Dans la réserve, Anna. J'ai vu des filles manger des sandwichs avec des oignons. Allez, dépêche-toi!
Ma partenaire de chambre s'exécute, visiblement désorientée. Elle file vers la "réserve secrète de bouffe" (comme l'appelle Amé) puis vers la cuisine pour le couteau. Elle vient ensuite me rejoindre à la salle de bain.
- Je ne te suis toujours pas, Jenn, dit-elle d'une voix décontenancée. Tu as juste envie de couper un oignon, comme ça, au beau milieu de l'après-midi?
- Non, dis-je. Je veux me faire pleurer.
Je coupe l'oignon en deux et le mets très près de mon nez. Ça sent tellement fort, j'ai l'impression que mes yeux s'enflamment! Je laisse tomber l'oignon et le couteau dans le lavabo devant moi pour relever ma tête vers le miroir. Je regarde, émerveillée, mes larmes couler doucement vers mes petites coupures sur mon visage. Elles entrent dans les plaies et les guérissent comme par enchantement. Toutes les blessures de mon visage brillent d'une lueur violette. De temps à autre, je reprends l'oignon pour le respirer. Le noir autour de mon œil disparaît aussi, au fur et à mesure que des larmes le caressent. Deux minutes plus tard. Je tâtonne fébrilement mon visage. Plus aucune trace de ma bagarre ce matin avec Daphné! Je suis tout simplement bouche-bée.
- Oh mon dieu, souffle Anna à mes côtés.
- C'est fou, non? murmuré-je.
- Tes larmes guérissent, Jenn! s'écrit-elle. Tu te rends compte? C'est rare, des Nouveaux qui acquissent des pouvoirs à la transformation, mais c'est encore plus rare lorsque ces pouvoirs-là sont réellement puissants...
Je finis de me remettre de ce que je viens de voir, puis je lance à Anna, en quittant le Toit:
- Faut que j'y aille, à bientôt!
- C'est ça, à plus! répond-elle bien que je sois déjà partie.
Je dévale les escaliers qui me semblent éternels pour me rendre en-bas de la ville. Grâce à ma "super-carte", je trouve facilement le chemin de la piscine. C'est en fait un énorme bassin ovale, éclairé par des lumières multicolores. Une équipe de plusieurs personnes s'affaire à décorer la piscine et à mettre en place un énorme système de son. Je ne prends pas un long moment à repérer Fabien: il semble diriger les opérations. Je vais le rejoindre.
- Fabien? T'aurais pas une minute?
Son visage s'illumine de son magnifique sourire.
- Salut, Jenn. Oui, qu'est-ce qu'il y a?
Je l'entraîne un peu à l'écart.
- J'aurai besoin de toi. Ce soir, à sept heures.
- Je ne peux pas, Jenn, s'excuse-t-il. Je m'occupe du party de ce soir, et...
- Fabien, c'est très important. Ça concerne la vie de ma meilleure amie.
- Qui est...?
- Une humaine.
Fabien semble immédiatement comprendre la gravité de la situation: le fait que ce soit illégal et dangereux. Il prend quelques secondes pour réfléchir. Je commence à craindre qu'il refuse de prendre part à la "mission de sauvetage" de Kat. Mais, finalement, son visage s'éclaire d'un petite sourire en coin:
- Ok, c'est quoi le plan?
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Salut les macarons!!! :D
Je me permets de faire un message à la fin d'un chapitre (ce que je ne fais littéralement jamais...) car aujourd'hui, 22 novembre 2014, nous avons touché les 720 lectures!! :O Pourquoi attendre d'atteindre un chiffre "rond", comme 750, 800, etc. pour vous remercier? Juste un gros merci à toi, cher lecteur, car c'est grâce à des gens comme toi que je continue d'écrire cette histoire. ;) C'est juste irréel pour moi de penser qu'il y a eu, jusqu'à maintenant, 720 cliques sur Underground...
J'espère que vous appréciez l'histoire jusqu'à maintenant, c'est ça l'essentiel! Je vous embrasse très très très très fooooort ^w^
À bientôt pour un prochain chapitre!!!
Lau'XX
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