Chapitre 9 - It's Showtime

Des fois, ce n'est pas qu'un film.

Alphys me guidait à travers le labyrinthe de Hotland. "A-avant, ce n'était p-pas comme ça." Nous marchons encore, nous faufilant entre des machines éteintes, d'autres allumées, d'autres non fonctionnelles. "C'était comment?" sort de ma bouche comme un automatisme.

"C-C'était plus p-peuplé, et les machines étaient m-mieux organisées. Elles se sont cassées la figure q-quand F-Frisk est repassé."

Je fais une halte, Alphys s'éloigne de moi, donc je la rattrape. "Repassé?"

"Ne me dis pas qu'on ne t'a pas dit que Frisk ne s'est pas juste contenté de faire un seul tour dans l'Underground?" Bonne question rhétorique, Flowey.

"Il ne me semble pas, non."

"Al-" Flowey se fait interrompre par Alphys. "J-j'ai fait d-de mon mieux p-pour cacher une p-partie d-des monstres. Mais une fois q-que je me suis..."

Cette fois, c'est elle qui s'arrête, l'air de chercher un mot. Elle regarde, devant elle, devant moi, à travers le couloir de machines.

"Une fois que tu t'es suicidée, ça va, c'est pas un drame, tu peux le dire.", soupire Flowey. Alphys sursaute. "J-j-je voulais p-pas le dire comme ç-ça!"

"Tu aides vraiment beaucoup, Flowey. Bravo."

"Quoi, qu'est-ce que j'ai fait encore?"

Je n'ai même pas envie de répondre. Alphys continue à marcher, et je la suis de nouveau. "Q-quand je suis p-partie, il n'y avait p-plus personne pour leur d-donner des instructions. Ils sont restés cachés, et F-Frisk les a t-trouvé."

Digne d'un film d'horreur, si je peux me permettre de sous estimer l'effroi de cette situation.

Non, digne de stress post traumatique.

"D-donc Frisk est revenu?"

"Oui, malheureusement. Je dois l'arrêter. Maintenant tu sais pourquoi Undyne t'a demandé de m'emmener je sais pas où."

"A-ah, je t'emmène voir Mettaton, Apparemment, P-Papyrus lui a dit quelque chose aussi. L-les informations vont d-dans tous les sens!" Elle lâche un rire nerveux à la fin de sa phrase. "J-J'ai vraiment pas l'habitude d-de faire ça."

"Je te comprends, c'est pas grave. J'ai une orientation de merde par contre donc si je dois retourner le voir il faudra que tu me guides de nouveau."

"A-ah, tant pis. Il ne faut p-pas que tu te p-perdes! Haha. T-t'es trop importante, d-désormais."

"Hé! Moi aussi je suis important, c'est moi qui lui sauves la vie!"

"Flowey, on dirait un bébé."

"Ouais bah je suis mort quand j'avais l'équivalent de huit ans, ça va."

Quand on commence un film d'horreur, il faut le terminer.

"Quoi?"

"F-Flowey, je suis d-désolée..."

"J'ai pas d'âme, mais je ne suis pas un salaud pour autant. C'est pas ta faute, Alphys."

"On peut encore se poser des questions pour la partie où t'es un salaud."

"Rhooh, et puis merde hein."

"Ouais, désolée. T'as huit ans en gros là?"

"Là je suis une fleur, qu'est-ce que tu veux que j'en sache?"

"Pas faux."

"Je suis quand même mature, faut pas croire. Mais je suis un gosse."

"Maintenant je vais te crier dessus quand tu vas dire des gros mots."

Flowey se mord la lèvre. "Je te DÉTESTE."

Alphys s'arrête devant un grand bâtiment. "O-on y est."

L'entrée de l'édifice est surmonté de trois grandes lettres: "MTT". Ces lettres intactes face au temps, opposé à ce qui les tient, délabré et cassé et envahi d'un gris de mort. L'endroit est sombre, j'ai du mal à voir. Mais à l'intérieur, c'est le vide total. Même l'animal le plus nocturne qui soit ne s'y retrouverait pas. 

Les portes d'entrée sont ouvertes. À mes pieds, je vois l'une d'elles. De la poussière et de la saleté se décollent à chaque mouvement d'air aux alentours. La deuxième est penchée du côté duquel elle veut tomber, maintenue par un chevron seul.

Celui qui a fait ça voulait visiblement à tout prix être le bienvenu, même si personne à l'intérieur ne voulait le voir.

"J-j'ai une lampe de poche."

"C'est à l'intérieur?" Je regarde un peu plus fort, pour voir ne serais-ce qu'une seule chose qui reflète les rayons lumineux jusque sur ma rétine, sans succès.

"N-non, mais c-c'est de l'autre côté."

Les mots de la scientifique ont le temps de faire écho à travers la grande structure avant qu'on ne se décide d'y entrer. Chaque petit bruit dans l'ombre me fait presque sursauter, pour une raison que j'évite de me remettre en tête maintenant.

Même si je ne devrais pas éviter d'y penser; je me bats pour cette raison.

Frisk.

Il y a tellement de mystère et d'absurdité qui l'entoure, c'est presque comique d'une manière glauque. D'où vient-il pour se permettre de commettre des crimes de guerre contre un peuple en danger? Mais tout ce qui me vient à la tête, c'est "Pourquoi?". Pourquoi lui, pourquoi moi, pourquoi eux, pourquoi comme ça, pourquoi maintenant?

C'est arrivé tellement vite.

Après, je sais pas à quoi je m'attends. Les choses comme ça n'ont pas d'âge. Elles ne devraient pas arriver, et pourtant elles arrivent comme un coup sur la gueule.

C'est étouffant de savoir que c'est comme ça. Ça pourrait être mieux. Ça pourrait être bien. Ça pourrait être parfait, et ça ne l'est pas.

J'aimerais que ce soit juste un mauvais rêve, quelque chose où je peux me réveiller en sursaut dans le confort de mon lit, où je peux me dire que tout est fini, que j'ai passé le pire...

On sort du bâtiment. entrant dans un lieu qui brille de mille feux bleus, violets, rouges et jaune clair.

"L-le CORE. On est presque arrivés."

On entre, et Alphys me guide de nouveau à travers un dédale de machines.

"Alphys est vraiment un génie pour se retrouver là dedans. Même Dédale n'arrivait pas à se retrouver dans son labyrinthe. Elle est douée, tu penses pas?" Flowey parle au vide et le vide me répète ce qu'il dit. Je regarde un peu les alentours, les machines et câblages impressionnants parcourant les murs, plafonds et sols.

"C'est toi qui a fait tout ça?" J'arrive pas à croire qu'une seule personne puisse faire tout ça.

Flowey et Alphys me répondent tous deux en même temps. L'un dit que oui, et la deuxième dit que non.

"Quoi?" Flowey se tourne vers Alphys. "J'aurai juré que c'était toi."

"N-non, bien évidemment! C-c'est le génie de..."

Un bruit strident envahit tout autre stimuli auditif.

"Alphys, je n'entends pas ce nom. Ça me fait un bruit aigu." À ces mots, Alphys soupire. "Ouais, pareil." répond Flowey.

"C'est impossible à expliquer d'une manière où tu l'entendrais."

"C'est dommage. Pourquoi?"

Elle ne répond pas. Pourtant, j'aurai juré entendre quelqu'un dire, à une certaine distance, 'C'est malpoli de parler de ceux qui observent.'

Je n'ai pas envie de passer pour une barge, alors je continue mon chemin silencieusement.

Après plusieurs infinités de pas qui résonnaient sur le sol métallique, nous arrivons dans une salle plongée dans la pénombre. Le sol est noir et au centre de la salle se trouve une grande plateforme presque circulaire, et dessus se tient debout une silhouette imposante, avec des angles et des pics dépassant de partout, définissant la forme.

"Mettaton?" Je sais pas qui ça pourrait être d'autre.

"En personne, ma chérie!" Les lumières s'allument sur lui comme sur une scène et je vois un robotoïde fier se tenant debout, les mains sur les hanches. Ses cheveux sont hissés pour faire une forme de vague vers le haut droit de sa tête. L'œil sous la vague de cheveux a l'air d'être pas terminé, ou cassé. Ses jambes sont couvertes de leggings noirs en cuir et de bottes roses hautes pointues de partout, avec genouillères intégrées. Ses bras sont faits d'espèces de tubes pliables, et au bout sont des mains aux doigts fins couvertes toutes deux de gants roses. Son torse est comme une table de contrôle rose elle aussi, avec un espèce de container en forme de cœur à l'envers au niveau de la ceinture.

"C-ce n'était pas sa f-forme d'avant, j'ai dû le reconstruire quand F-Frisk l'a détruit."

Lui non plus n'a pas été épargné apparemment. Ça m'est égal, il a l'air dur à battre.

"C'est tout nouveau!" dit-il, se tournant, montrant son corps glorieux. "Ne suis-je pas beau?"

"Très." La manière dont toutes ses pièces s'intègrent et s'emboîtent l'une dans l'autre est magnifique à voir. Je savais pas que j'aimerais tellement regarder un robot.

"T'es pas un peu fragile aussi?" demande Flowey.

"Ta gueule Flowey." À force, j'en ai assez de lui dire ça.

Mettaton, pour répondre à sa question, saute hyper haut, et retombe violemment au sol, allongé, en position provoquante. "Pas un chouillard!"

"B-bon, Mettaton, je p-présumes que t-tu sais ce que t-tu dois faire?"

"Oui, ma chérie. Papyrus m'a dit qu'elle arrivait. Les règles sont de ne pas la tuer et de ne pas la laisser me détruire, c'est tout ce qu'il m'a dit."

"P-parfait! Je vous laisse vous b-battre. Flowey, viens avec moi."

"QUOI?!" La petite bestiole dans ma poche crie fort pour une petite bestiole dans ma poche. Il m'a pété les oreilles.

"Flowey, c'est moi qu'on entraîne. Allez, ouste!"

"MEEEER...CREDI!" Il sort de ma poche à contre cœur.

"M-mauvaise chance à vous deux." Et sur ces mots, Alphys sort de la salle. J'entends la porte se fermer derrière moi. Je tourne à peine la tête et un laser rose fonce à la vitesse de la lumière juste à côté de moi.

"Règle une: l'ennemi n'attend pas avant de taper!" Je tourne la tête vers mon interlocuteur-adversaire, dont une des mains s'est métamorphosée en canon à laser. Le rayon de lumière s'éteint et les pièces du canon bougent pour reconstruire une main.

"Badass." Je sors mon âme de mon torse et cours vers Mettaton, prête à taper. Je tente un coup de poing mais il esquive et en un clin d'œil je me retrouve à virevolter à 3 mètres du sol.

"Règle deux: Le frère de Papyrus ne t'as jamais dit d'esquiver? Parce que ça fait légèrement pitié là, je ne vais pas te mentir, ma chérie."

Je redresse mon corps dans l'air du mieux que je peux et retombes sur mes pieds. Mes HP sont redescendus à 31. "Pas mal." Je profite du fait que je sois à côté de mon adversaire distrait pour le faire tomber avec un coup dans l'arrière des genoux. Après être tombé, il prononce "Règle trois..." Il tente de me refaire le coup du croche-pattes, mais je saute au dessus de sa jambe. "On dirait que tu la connais, cette règle. Tant mieux!" Il se relève et tente de me mettre un coup avec sa main métamorphosée en boule de métal. Je prends le coup en plein ventre, il a expulsé l'air des poumons et 5 HP du nombre total.

Je me décale plus loin, face à lui, pour reprendre mon souffle et continuer de me battre.

J'entends la porte s'ouvrir derrière moi.

"Alphys, je suis en plein combat." dis-je avec le peu d'air que j'ai récupéré. J'entends toujours les pas s'approcher derrière moi. Mettaton fait quelques pas en arrière, le regard à moitié apeuré.

"Alphys?" Je tourne la tête, mais je n'ai pas le temps de voir que je me fais éjecter de la plateforme sur ma gauche. J'ai le temps de me rattraper sur le bord. En dessous de moi se trouve une substance liquide jaune et blanche lumineuse. J'essaye de me hisser de nouveau sur la plateforme, tirant sur mes bras avec toutes mes forces. Il faut du muscle pour porter tout le gras que j'ai.

Mes yeux à peine arrivés à niveau du sol, je vois Frisk tenir Mettaton au sol, un sourire ivre de joie sur le visage, en dessous d'un regard meurtrier, et un couteau aiguisé serré intensément par sa main. Il tourne lentement le regard vers moi, me gelant sur place malgré la chaleur que me procurent le lieu et mon effort physique.

"Comme tu l'as dit, it's showtime."

Gardant les yeux rivés sur moi, Frisk enfonce son couteau dans l'œil cassé de Mettaton, le tourne dedans, et le ressort, arrachant des câbles de couleurs diverses. "Arrête! Lâche-moi!" crie la victime, en vain.

Il enfonce son couteau dans le container en forme de cœur, brisant le couvercle, à plusieurs reprises.

Il coupe les cheveux de Mettaton, lui poignarde la table de contrôle au torse, pendant que Mettaton crie et lui prie d'être clément, sans même me quitter du regard.

Frisk met le couteau de côté, et prend un bras de Mettaton. Il tire dessus, le bras se déboîte, les fils s'arrachent petit à petit, et le bras est séparé de Mettaton. Frisk prend l'autre bras, et il tire dessus, le bras s'arrache, et il le jette de côté également. Il prend une jambe et l'arrache, prend l'autre et l'arrache, Mettaton lui supplie d'en arrêter là avec le peu de forces et de batterie qu'il lui reste.

Frisk prend le cou de Mettaton avec ses deux mains, comme si il l'étranglait. Mettaton pleure avec l'œil qui lui reste, et Frisk commence à tirer. Le cou se déboîte, les fils pètent, un par un, et lorsque Frisk dit "Pop!" la tête se détache du reste. La voix de Mettaton va de plus en plus bas jusqu'à ce qu'on n'entende plus rien. Les pièces du corps se séparent l'une de l'autre et une brume blanche sort d'entre les parties métalliques.

Le sourire de Frisk s'agrandit, et son regard s'affole, ne m'ayant pas quitté l'espace d'une seconde, alors que les larmes coulent des deux côtés de mon visage.

"Si tu ne fais pas comme je te dis, vois ce que je peux faire avec toi et ton corps pitoyable. Tu penses être puissante, mais regardes-toi. Tu ne peux même pas revenir sur cette plateforme."

Je me hisse enfin déguelassement sur le sol et roule vers la sécurité éphémère de la plateforme.

En un dernier effort, je me concentre sur le vide. Le vide autour moi, le vide de bon sens dans tout ça, le vide de compassion dans l'âme de Frisk.

En un flash de couleur saumon, je tourne la tête vers Frisk, et les larmes coulent sur ses joues. Je ne sais pas pourquoi il force sur tous les muscles de son visage pour ne pas pleurer.

"Je déteste déjà l'humanité. Tu ne me fais pas changer d'avis."

Je cligne à peine des yeux, et Frisk a disparu.

"Je suis désolé, je n'ai rien pu faire." La voix de Mettaton en moins robotique retentit de derrière moi.

"Tu penses que je te tiens coupable pour te faire démonter par un fou dingue?"

"Bon argument, ma chérie. Maintenant il faut trouver un moyen de dire à Alphys qu'il faut qu'elle me reconstruise un troisième corps..."

Je tourne la tête vers lui, et je vois une forme toute ronde et translucide de fantôme.

"Tu vas bien?"

"Oui, juste un peu déboussolé, rien de plus."

Je me relève, une douleur dans le côté où Frisk m'a tapé, et avec Mettaton, je sors de cet endroit maudit.

J'ai pas envie d'être ici.

N'importe où serait mieux qu'ici.

Qu'ils prennent mon âme et qu'ils sortent tous, j'en peux plus de tout ça...

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