1.9 : Manger avec toi 🍲

Charly et moi rejoignons la place dans le réfectoire où nous nous sommes assises et avons parlé la première fois. Les tables se trouvent tout de suite à droite après les caisses et je peux m'asseoir dans le coin.

Mon amie se débarrasse de son sur-pull. Malgré les portes vitrées grandes ouvertes, on étouffe. Près des côtes Californiennes, les températures avoisinent les 25 degrés en cette période de l'année.

— Tu vois cette fille, là-bas, démarre Charly.

Je suis la direction qu'elle pointe discrètement du doigt. C'est-à-dire, au fond de la salle. L'élève désignée discute avec un garçon aux cheveux rasés.

— Je l'ai embrassée, déclare-t-elle.

— Ah.

— Nous étions chez elle. Nous travaillions sur un devoir et elle a posé sa main sur la mienne...

Je contemple Charly et la laisse poursuivre :

—... j'ai cru qu'elle en avait envie aussi.

Mon amie baisse les yeux. Aujourd'hui, elle n'a pas l'air dans son assiette.

— Bref, je me suis trompée.

Ça me semble compliqué de comprendre tout ça. Elle poursuit :

— Je crois que je suis toujours amoureuse d'elle, mais je la déteste aussi.

Mon regard regagne la fille qui récupère la main du garçon au-dessus de la table.

— J'aimerais comprendre, commencé-je en revenant à Charly.

— Comprendre quoi ?

— Ce que tu aimes chez les filles.

Amusée, elle hausse deux sourcils comme un signe d'évidence.

— Bah...

Son sourire flamboie.

—... en te regardant, je me demande pourquoi toutes les filles ne rêvent pas d'être lesbiennes.

Voyant que je reste muette, elle soupire et explique :

— Eh bien, les seins. Je n'en ai pas de bien jolis. Je les trouve un peu gros, tu vois ? Alors j'aime regarder les beaux seins et les toucher.

Je pique un fard. Je n'avais pas prévu l'embarras que suscite chez moi une telle déclaration. Je ne m'attendais pas à ce que ce soit si direct. Je pensais qu'elle me parlerait de caractère, non pas de physique.

— Ne sois pas embarrassée. Tu m'as posé une question, j'y réponds.

— Oui, c'est vrai, me reprends-je soudain alors que j'essaie de décoincer mon visage sûrement écarlate.

— Il n'y a pas que ça. J'aime les longs cheveux. Les beaux yeux de chat avec des cils épais. J'aime les hanches féminines. Le ventre lisse et sans poils. J'aime leur sexe.

Je vire aux cramoisi et ramène mes mains vers mon visage terriblement chaud.

— Ne t'inquiète pas, même si tu corresponds à ce profil, je ne vais pas te sauter dessus. Enfin, pas tant que tu ne t'es pas trouvée.

— C'est... à dire ?

— Tu préfères les hommes ou les femmes ? Tu n'as pas l'air d'être attirée par un garçon en particulier. C'est bizarre.

— Pourquoi c'est bizarre ?

— À nos âges, en général, notre sexualité est, comment dire, exacerbée. Tout le monde ne pense qu'à ça.

Ah bon ? Tout le monde pense à ça ? Ce sujet est tellement abstrait pour moi. Jamais il ne m'avait effleuré l'esprit.

— Tu crois que tu pourrais te libérer demain après-midi ? Tu viendrais chez moi et on passerait le samedi devant la télé.

— Ce week-end, je ne peux pas, réponds-je avant de saisir les couverts sur mon plateau.

— Et le suivant ?

— Eh bien, je dois rattraper un shooting.

— Et celui d'après ?

Charly a posé ses coudes de part et d'autre de son assiette et, les yeux plissés, attend attentivement ma réponse.

— Tout l'après-midi, tu dis ? demandé-je.

— Oui. Et, tu dormirais chez moi ?

Ma mâchoire reste bloquée, ouverte. Dormir chez elle ? Moi, dormir chez quelqu'un ?!

— Chez toi ?

Je veux être certaine d'avoir bien entendu.

— Nous avons beaucoup de séries à rattraper. Tu sais, je ne vais pas te sauter dessus. Je sais me tenir.

Me sauter dessus ? Elle hausse plusieurs fois les sourcils. C'est assez bizarre...

— Alors, tes parents seraient d'accord, tu crois ?

J'essaie de réfléchir aux possibles raisons pour lesquelles ils seraient contre. N'en voyant aucune, je réponds :

— Je pense, oui. Je vais leur demander.

— Oh, c'est trop cool !

Sa mine s'éclaire de ravissement. Je suis contente de lui faire plaisir. Cette nouvelle expérience me ravit.

Je poursuis mon repas. Charly me fixe, son index sur sa joue, semblant réfléchir intensément.

— Mais attends voir... tu travailles tous les week-ends ?

— Depuis que je dois me rendre en cours, oui. Mais il a été convenu que je ne travaillerai pas un week-end par mois. Ensuite, je pense que je reprendrai une activité normale en semaine.

Elle tape du poing sur la table et je sursaute. Elle a fait décoller les assiettes, mais n'a rien cassé. Elle est vraiment très forte.

— Quoi ?! C'est un scandale ! Mais tu as besoin de te reposer. Faire tes devoirs...

Cherchant un moyen d'éteindre sa colère soudaine, j'argumente rapidement :

— Je les fais tout de suite en rentrant chaque soir. Je n'ai pas grand-chose à faire le week-end, alors ça ne me dérange pas.

Un rictus étrange s'étend sur son visage. Je me rencogne contre mon dossier, essayant de comprendre ce qui lui arrive.

— Ça, ça va changer, ma biche ! Crois-moi ! Sinon, elle rime à quoi cette vie de merde... Tu t'en sors avec les cours ?

— Ce sont des révisions pour moi, lui apprends-je en dégustant une salade de céleris et carottes.

— Des révisions ? répète-t-elle, surprise.

— En fait, ma mère et mon professeur me dispensaient l'ensemble du programme en quatre-vingt jours répartis sur l'année. J'ai déjà vu ces exercices plusieurs fois.

— Tout le programme ?

— Absolument.

— Hum...

Charly semble pensive, puis enfin, se résout à toucher à son assiette. Elle promène les dents de sa fourchette au-dessus de ses brocolis cuits à la vapeur. Je remarque pour la première fois les anneaux à ses oreilles, elle en a au moins cinq à chacune. Il faut dire que je n'en porte pas, alors ça m'impressionne beaucoup.

— Dis, tu as des copines à l'extérieur ? demande-t-elle sans relever les yeux.

Je me crispe.

— Eh bien...

Si je lui dis la vérité, est-ce qu'elle va fuir ? Je n'ai pas envie de répondre... Mince, j'ai un coup de chaud une fois encore. Je crains qu'elle me repousse en apprenant la vérité. Avant, je n'avais pas de problème avec ça, mais vu la façon dont tout le monde aime être ensemble, en groupe, je crains qu'elle me trouve encore plus... anormale. Et pourtant, je ne parviens pas à lui mentir, je n'y arrive pas.

— Non...

— Des amies d'enfance ?

— Non plus.

Elle me dévisage à présent, sidérée. Voilà, c'est ce que je pressentais. J'essaie de me rattraper :

— Mais je me passionne pour la musique. Je joue du piano. Un peu du saxophone et de la guitare aussi. Je lis beaucoup. Oui, j'aime beaucoup lire. Je connais par cœur toutes les encyclopédies de la maison. Cependant, je préfère à la lecture : le dessin, la peinture, l'origami.

— Quoi ?!

Mes yeux s'écarquillent. J'ai énuméré toutes les activités qui me passaient par la tête. Je veux tellement qu'elle m'apprécie que je me ridiculise. Et puis, qui aime dessiner à mon âge...

Charly se lève, contourne la table et, sans comprendre, je me retrouve tenaillée dans ses bras, son menton appuyé contre mon crâne. Je ne peux plus bouger. Je n'aime pas trop ça.

— Tu n'aimeras plus jamais être seule, Brooklyn. Tu vas voir, je vais te faire changer d'avis et t'ouvrir au monde. C'est mon objectif cette année. Avec l'obtention du diplôme de fin d'étude, évidemment ! Putain, tu sens sacrément bon !

J'entends des sifflements d'encouragement et, toujours coincée, j'arrive seulement à orienter mes yeux en direction d'un groupe de garçons. Ils ont tous les cheveux mouillés et nous regardent en rigolant.

— On vous emmerde ! réagit Charly. Pas vrai, Brooklyn ?

Au centre de la troupe, une silhouette s'immobilise. Levant le regard un peu plus, je constate qu'il s'agit de Cameron.

Il nous fixe Charly et moi, tour à tour. Il fronce les sourcils, un air bizarre sur la figure. Je n'arrive pas à déchiffrer correctement ce qu'il pense, mais son expression est comme qui dirait... tendue. Contre toute attente, il bifurque, passe entre les tables et s'assoit sur le banc... juste à côté de moi !

C'est si inattendu que je ne sais ni quoi faire, ni quoi dire. Je lève la tête en direction de Charly, mais elle aussi l'observe, perplexe.

— Bah, qu'est-ce que tu fais, Cam ? l'interroge un de ses amis.

— Je mange ici, assure-t-il d'une voix haute et claire.

— Tu plaisantes !?

— Certainement, approuve Charly qui retourne s'asseoir à sa place en le fixant d'un œil mauvais. Il a dû se tordre la cheville.

— Non, pas du tout. C'est ici que je veux manger. Ça ne te dérange pas ? murmure-t-il.

Est-ce à moi qu'il s'adresse ? Pourtant, il ne me regarde pas. Au contraire, il garde la tête penchée au-dessus de son plateau. Et comme chaque fois en sa présence, une chaleur m'envahit. Mes mains deviennent moites. Je les ramène sur mes cuisses. Que dois-je faire ?...

— Bah, OK. Fallait juste le dire, approuve un autre de ses camarades.

— Devin ! N'y pense même pas, intervient Charly.

Le « Devin » en question glisse sur le banc jusqu'à Charly qui le repousse en grimaçant, alors qu'il essaie de lui faire une bise sur la joue.

— Bouge !

Un second garçon s'assied à gauche de Cameron et tous se succèdent jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de places sur les bancs autour de notre table.

— Super, toute la bande de loosers est là, grogne Charly.

— La ferme, petite chatte.

— Tu m'appelles encore comme ça et je te la coupe, Devin !

Je les observe se chamailler. Je pourrais me sentir mal à l'aise, mais le corps de Cameron fait barrage avec le reste du groupe. Même si je ne sais pas quoi dire, c'est rassurant.

— Tu ne m'as pas répondu, souffle-t-il.

Cette fois, j'en suis sûre, il s'adresse à moi. Son visage est légèrement tourné dans ma direction.

— Ça te gêne si je mange à côté de toi ? me demande-t-il sur la même tonalité.

Nos regards se rencontrent. Ma gorge se noue et mon cœur bat la chamade.

— Je...

Je reste bloquée quelques secondes et enfin, je fais preuve de discernement :

— Non, ça ne me dérange pas.

Pour la première fois, il me sourit spontanément. J'en suis toute retournée. Il a l'air si sincère. Enfin, je l'espère. Il ne me regarde pas comme les autres garçons. Avec lui, c'est étrange. Oui, je suis gênée mais... c'est différent.

— C'est bon ce que tu manges ? me questionne-t-il d'une voix toujours douce.

— C'est du quinoa.

— T'aimes vraiment ça ?

— Oui, c'est très bon.

Il ne paraît pas très convaincu.

— Je préfère les frites et la viande. Tu en veux un peu ? fait-il en désignant son assiette avec sa fourchette.

Je suis surprise qu'il me propose de manger directement dans son assiette.

— Non, merci. C'est gentil.

— Tu fais attention à ta ligne ? me demande-t-il, intéressé.

C'est la première fois qu'un garçon me pose autant de questions en une journée.

— Non, en fait, c'est une habitude alimentaire. Enfin plutôt, c'est grâce à une formation gustative. J'ai appris à manger sainement, du coup, je trouve tout trop sucré, trop salé ou trop gras.

— Qu'est-ce qu'elle raconte ?! s'exclame le garçon à côté de Cameron.

Cameron me sourit gentiment sans prêter attention au commentaire de son ami. Il essaie au contraire d'expliquer à tout le monde ce que je viens de dire. Et ce sujet en amène un autre. Je suis fascinée de voir avec quelle facilité ils parlent ensemble et communiquent sur tout et rien. Charly et moi sommes plus entourées que je ne l'ai jamais été depuis... depuis que je suis née.

Cameron rit à nouveau à la suite d'une répartie de Driss, le garçon assis à sa gauche.

Des filles de la classe s'installent une table devant nous et discutent avec la bande.

Mon voisin captive tant les autres qu'en sa compagnie, personne ne semble gêné par ma présence. J'entends chuchoter sur mon compte, mais je passe outre. Malgré tout, je me sens moins visible. C'est très agréable. Quand je suis avec lui, les regards ne me dérangent pas. Car finalement, beaucoup lui sont adressés.

Pourtant, toute cette attention n'a pas l'air de le déranger.

Comment fait-il ?

Je ne peux m'empêcher de l'analyser. Son épaule est bien plus haute que la mienne. Ses cheveux encore humides paraissent tomber un peu plus bas sur sa nuque et devant, certaines mèches fines couvrent ses yeux. Il porte un t-shirt noir à manches longues qui serre ses biceps sous la chemise de l'école à manches courtes. Comme souvent, sa cravate est desserrée. Je me demande si sa tenue plutôt négligée est conforme au règlement.

Il mange beaucoup et vite. C'est avec plaisir que je découvre cet aspect de lui. Mon père est un gros mangeur aussi et il m'a dit un jour que ceux qui avaient beaucoup d'appétit avaient aussi un grand cœur.

Je pourrais passer des heures à regarder son visage d'aussi près, même si c'est de profil. C'est ridicule de penser ça. Je vois des visages tous les jours ces derniers temps. C'est la première fois que ça m'arrive. C'est curieux. Jamais par le passé, je n'avais eu ce besoin... d'admirer quelqu'un.

— Tu me regardes un peu fixement là...

Mon cœur a fait un bond, je me sens terriblement confuse.

— Oh, pardon. C'est juste que je voulais... Ton visage...

Il passe rapidement son poignet sur sa bouche.

— Quoi ? Il a quoi ? m'interroge-t-il, soudain paniqué.

— Il est très agréable pour le regard. Il captive le mien.

Ses prunelles se rivent aux miennes. Ses pupilles se sont rétrécies et je suis une fois de plus fascinée par la couleur de ses yeux.

— Ne me dis pas des trucs comme ça...

Il a l'air si sérieux.

— Tu préfères que je ne te regarde pas ? demandé-je, déçue malgré moi.

Il baisse les yeux et finalement, il répond tout bas :

— Si, tu peux me regarder si tu en as envie.

Cependant, il détourne le regard et ses joues prennent un teint plus coloré. Je me rends compte que je l'embarrasse.

— Tu as l'air d'apprécier Cam, ma jolie ! suggère Devin.

Cameron lève la tête d'un coup et fixe son ami d'un regard assassin.

— Arrête, tout de suite !

— T'es énervé ? Je n'ai rien dit de mal.

— Je ne veux pas qu'elle supporte ça. Dans le futur, je préfère que l'on évite ce genre d'allusions, qui ne sont agréables ni pour elle, ni pour moi.

Tout le monde s'est tu et a entendu la fin de sa tirade. Une tension presque palpable a envahi l'espace. Étant le sujet principal, je me glace, tétanisée.

— OK, ne t'énerve pas. Excuse-moi, mon pote, fait Devin avec sincérité.

Cameron soupire.

— Non, c'est moi. Désolé. Je suis un peu à cran.

Les autres reprennent leurs conversations et je peux souffler à nouveau.

— Hum... Il faut que tu te détendes, suggère Devin à Cameron, tout bas.

— Je sais...

— Tu viens jouer chez Ethan, ce soir ?

— Si tu veux...

Cameron me lance un regard en biais, puis continue de manger en silence.

Alors qu'il a décidé de venir manger à mes côtés, j'ai l'impression qu'un fossé est en train de se creuser entre nous. Et je ne sais pas comment arranger les choses. Ça me perturbe tellement... Comment l'aborder de nouveau...

— Tu... tu manges une grande quantité de nourriture.

— Euh... oui.

Un de ses amis rebondit, le dénommé Driss :

— Il demande toujours une double ration. C'est toujours comme ça. Il meurt de faim, à croire que c'est son seul repas de la journée !

Les épaules de Cameron se raidissent.

— Non ! Je suis en pleine croissance, c'est tout, se défend-t-il.

Je reprends la parole, heureuse d'argumenter un sujet qui m'intéresse :

— C'est vrai que, chez les garçons, la croissance s'arrête vers vingt et un ans, bien que l'âge puisse varier selon les personnes. Ce n'est en aucun cas une science exacte. L'alimentation ne peut être le seul facteur qui détermine la croissance ou non d'un individu. Tu ne devrais pas te priver bien que ta masse musculaire ait l'air très acceptable. Cependant, si on considère les rations, si tout le monde faisait comme toi, il n'y aurait pas à manger pour tous. Finalement, se resservir est plutôt individualiste lorsqu'on prend en compte l'intérêt général.

— Hein ?! font en cœur les garçons.

Ils se mettent à glousser. Je ne sais pas s'ils se moquent de moi, mais Cameron pose sa fourchette. Il n'a pas l'air de rigoler. Et maintenant, il ne touche plus à son repas.

Je trouve le regard grand ouvert de Charly. Elle grimace.

— Pourquoi tu as dit ça ?! souffle-t-elle.

Le stress me gagne. Je me demande ce que j'ai fait de mal. J'ai seulement dit la vérité.

Les discussions autour reprennent. Je lève les yeux sur Cameron.

— T'ai-je coupé l'appétit ? avancé-je timidement.

— Non, tu as raison. Je dois arrêter de faire ça.

S'il pense que mon raisonnement est bon, je suis satisfaite. Pourtant, il paraît ailleurs à présent. Je sens bien qu'il n'est plus à l'aise du tout. Je cherche un sujet de conversation, mais évidemment, je n'en trouve aucun.

Cameron répond aux blagues des autres en souriant faiblement et le malaise se confirme quand il ramène tout sur son assiette qu'il n'a pas terminée. Même le dessert, qu'il n'a pas touché.

Je n'ai pas le temps de m'excuser qu'il se lève déjà.

— Je dois y aller, fait-il sans un regard.

Impuissante, je l'observe s'éloigner. Et peu à peu, toute la compagnie nous quitte, sans aucune attention pour Charly et moi.

Je fronce les sourcils, tout en déroulant mentalement les dernières minutes.

— Je ne comprends pas... Tu penses que je l'ai blessé ?

Charly essaie de me rassurer :

— Laisse. Cameron est spécial, tu sais. Pas dans le mauvais sens. Il n'est pas méchant. Il va s'en remettre.

— S'en remettre ?

Je me sens si abattue tout à coup.

— T'inquiète pas. Ça va aller.

J'inspire longuement tout en fixant le bout de table qu'il a déserté.

Et juste là, à l'endroit même où son plateau était posé, est gravé son prénom avec un cœur.

« Cameron H., je t'🖤 »

Je touche l'écriture du bout de mon doigt.

— Des trucs comme ça, tu en verras un peu partout, m'informe Charly en se remettant à manger. Elles sont folles.

Effectivement, ce n'est pas la première fois que je vois ce genre d'inscription, dans les toilettes des filles, il y en a tout un pan de mur. Il est tant apprécié et c'est une évidence que, malgré tous mes efforts, le feeling ne passe pas avec moi.

Charly m'observe avec une forme d'insistance. Et contre toute attente, elle se met à rire.

— Pourquoi ris-tu ? m'étonné-je.

— Je viens de comprendre un truc dingue.

— Quoi ?!

— Rien. J'attends que ça seconfirme.

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