Ċḧäṗïẗṛë 21
Deux semaines s'étaient passées, et entre temps, Yoongi avait quitté l'hôpital, non sans l'aide de Hoseok qui ne le lâchait pas d'une semelle.
Rentré depuis trois jours, un fauteuil roulant lui avait été confié afin qu'il puisse se déplacer librement dans son habitation. Heureusement, celle-ci était assez vaste pour qu'il puisse circuler sans encombre, même si le premier étage lui était inaccessible, à son grand malheur.
Bien que son compagnon lui ait proposé de faire installer un monte escalier électrique, Yoongi avait fortement repoussé l'idée, jugeant que cela serait dépenser de l'argent inutilement. Selon lui, il pourrait à nouveau monter les marches d'ici quelques mois.
Ses parents s'étaient installé chez lui le temps de leur séjour à Hawaï, occupant une des chambres de libre de l'étage. Mi-Ran avait insisté pour s'occuper de la cuisine ainsi que du ménage de la maison, pendant que Yoong-soo essayait, par des moyens subtils, de convaincre son fils de certains aménagements pratiques dans le logement, en vain.
Taehyung et Yoongi ne s'étaient pas reparlés depuis leur dispute à l'hôpital. Chacun souhaitait que l'un revienne vers l'autre, attendant des excuses qui ne vinrent jamais.
Le brun avait revu le psychologue deux fois avant sa sortie, mais ce dernier n'avait noté aucune amélioration concernant le déni dont Yoongi semblait prisonnier. Cela pouvait prendre du temps, avait annoncé le quadragénaire à Ae-rin.
Cette dernière était aussi très présente au domicile de son frère qui avait refusé toute aide professionnelle afin de le suivre dans les tâches les plus simples qu'il ne pouvait plus effectuer sans ses jambes.
Hoseok passait la plupart de son temps chez lui, l'accompagnant au quotidien dans les devoirs les plus intimes, depuis ces quelques jours.
Ce samedi, Ae-rin était chez son petit frère durant l'absence de ses parents, nettoyant sa cuisine pendant que ce dernier soupirait dans son fauteuil.
— Vivement que je puisse marcher avec des béquilles, je commence à avoir mal au cul d'être assis là-dedans, brailla-t-il.
— Hm, répondit-elle en rangeant la vaisselle désormais propre. Voilà, tout est impeccable. Pourquoi tu n'engages pas une femme de ménage ? osa-t-elle demander.
— Tu connais déjà mon avis là-dessus, répondit-il, son visage se crispant. Tu es là pour ça, la taquina-t-il. C'est temporaire Rin, le temps de pouvoir gérer mon emploi du temps à nouveau. Toi et maman devriez lever le pied, mes plans de travail brillent plus que mon avenir !
La jeune femme soupira à son tour en lui offrant un sourire qui n'atteignit pas ses yeux. Elle fut distraite par la sonnerie de son téléphone qui lui indiquait un appel qu'elle hésita à prendre. Elle décrocha finalement et s'assit sur un des tabourets situés autour de l'îlot sous le regard scrutateur de son frère.
— Oui Steve, commença-t-elle en fixant son cadet.
— Salut Rin, est-ce que ton frère est avec toi ? Je n'arrive pas à l'avoir au téléphone.
— Oui, il est là, pourquoi ?
— Eh bien... Tu sais, on doit parler de son assurance. Étant donné qu'il ne remontera plus jamais sur un jetski, du moins en tant que valide, sa licence à l'Ohana sera caduque à la fin de l'année.
— Ce n'est toujours pas le moment.
— Ça ne me fait pas plaisir à moi non plus. Yoongi est comme un fils, je le suis depuis des années et il fait ma fierté. Malheureusement, je ne suis pas le seul décideur et le président du club fait pression pour que je règle toute la paperasse. Je dois rencontrer ton frère et lui parler de ça.
— Tu sais aussi bien que moi comment ça va se terminer, il n'est pas prêt, chuchota-t-elle en tournant le dos à son frère.
— Écoute, tu es toujours sous contrat avec lui, donc on va faire ça ensemble ok ?
— Steve, prononça-t-elle, la voix tremblotante. Ça consiste en quoi tout ça ?
— Ton frère est couvert pour les accidents, même ceux qui l'empêcheraient de reprendre son activité. S'il veut toucher son assurance afin d'avoir une rente chaque mois, il devra signer ses papiers un jour ou l'autre. En attendant, viens à la maison pour parler de ça.
— Ok, je... je viendrai ce soir.
Le téléphone en main, Ae-Rin raccrocha puis prit une grande inspiration afin de ne pas flancher devant Yoongi.
— Rin ? Qu'est-ce que voulait le coach ? questionna-t-il en roulant jusqu'à elle.
— Rien, il... il voulait qu'on se voit, c'est tout.
— Tu as dit que j'étais là, en me regardant, tu parlais forcément de moi.
— Il voulait savoir comment tu allais. Dis Yoon, tu as toujours ton compte épargne ?
— Euh... oui, répondit-il, confus. Il est plein d'ailleurs, pourquoi ?
— Comme ça. Je... je dois y aller, Hoseok ne va pas tarder à arriver de toute manière.
— Ça va, je peux survivre seul, ricana-t-il. Bon, je peux pas encore me laver correctement, je l'avoue, mais que mon mec le fasse, je dis pas non.
Ae-rin s'approcha de Yoongi et passa une main dans ses cheveux. Ce geste fut si inhabituel que ce dernier ne bougea pas.
— J'aime te voir sourire, lança-t-elle d'une voix mélancolique.
Incapable de répondre face à cet élan de tendresse impromptue, le brun se laissa faire. Peut-être qu'au fond lui, il ressentait le besoin d'avoir du soutien. Alors qu'en temps normal, il aurait repoussé sa main pour se moquer d'elle, à cet instant, il profita de ses doigts passant dans ses mèches, comme elle le faisait quand ils étaient enfants.
Le moment semblait suspendu, jusqu'à ce que la porte d'entrée ne s'ouvre sur Hoseok qui se stoppa sur le seuil d'entrée.
— Oh... j'interromps quelque chose, intervint-il en observant la fratrie dans un moment de complicité.
— J'allais partir, fit Ae-Rin en ôtant sa main. On se voit demain petit frère.
— Passe le bonjour à Steve, et pas de cochonnerie entre mon agent et mon coach, taquina-t-il.
— Laisse les tranquilles Yoon, ta sœur est majeure.
Yoongi grimaça puis regarda son ainée quitter sa propriété. Il accueillit les lèvres de son petit ami qui se posèrent sur les siennes en guise de bonjour et expira fortement.
— Tu sens le sel, remarqua-t-il.
— Oui, je sors du travail et je n'ai pas pris ma douche, expliqua Hoseok en posant une main dans sa nuque.
— Et moi je ne l'ai pas encore prise non plus. Oh, quelle coïncidence, ricana le plus jeune.
— Ah oui, sacrée coïncidence.
— Prends ta douche avec moi, quémanda Yoongi en tirant sur son t-shirt.
Hoseok soupira discrètement. Depuis ce malheureux jour où son amant avait eu ce tragique accident, il y a plus de deux semaines, le couple n'avait pas eu de relations intimes ou même autres que de simples étreintes une fois couchés. Cette situation était normale pour le surfeur, après tout, Yoongi venait de sortir de l'hôpital et les seules fois où il le voyait nu était pour l'aider à l'asseoir sur la chaise qu'il avait installée dans la douche.
Toutefois, il avait vu cette lueur d'envie dans les yeux de son partenaire quand il lui avait demandé de se laver avec lui. Bien sûr, il avait envie de retrouver leur dynamique, de sentir son amant plus intensément contre lui, mais pas tant que ce dernier n'avait pas conscience de son état.
— Eh bien accessoirement, c'est ce que je fais à chaque fois, non ?
— Tu m'aides à me déshabiller et tu m'installes sur la chaise. Outre le fait que c'est légèrement embarrassant que tu me portes comme un bébé, tu ne restes pas avec moi.
Hoseok se sentait bête. Son compagnon avait raison, il quittait la salle de bain aussitôt Yoongi correctement installé et sécurisé pour se laver seul. Pourquoi ne restait-il pas ? Il se sentit soudainement coupable. Coupable de réagir ainsi alors que lui avait ses deux jambes et qu'il se devait d'être là pour lui, pour ses envies et surtout, profiter de ces moments de complicité malgré la situation.
— Je sais ce que tu veux Yoongi Min. Tes jambes sont absentes, mais tu ne perds pas le nord.
— Attends que je les retrouve mes jambes, et c'est toi qui ne pourras plus marcher après ça.
En tant normal, Hoseok aurait grimacé à cette remarque manquant de subtilité, avant de rire après lui avoir frappé l'épaule. Cette fois, il esquissa un rictus qui se voulait convaincant.
— Pas dans la douche, je ne veux pas que tu te blesses. Et tes parents seront là non ?
— Je les ai incités à sortir profiter du paysage qu'offre Hawaï, ils ne rentreront que dans la nuit.
— Ok, alors, tu vas te doucher, j'irais après et ... On se retrouve au lit ? Ça te va ?
— Je ne savais pas que vouloir des moments intimes avec mon petit ami nécessitait autant d'organisation, mais, ouais, carrément, ça me va, gloussa-t-il.
— Alors c'est parti.
Hoseok attrapa les poignées situées derrière le fauteuil et dirigea son petit ami vers la salle de bain pour, comme à son habitude, l'aider à se déshabiller et l'installer sécuritairement sur la chaise en plastique disposée dans la grande douche italienne.
Par chance, la maison disposait de deux salles de bain, dont une au rez-de-chaussée, tout aussi grande que la deuxième située l'étage. Quand Yoongi eut terminé, il regagna son fauteuil, toujours avec l'aide de son amant, puis se dirigea vers l'unique chambre située en bas. Celle-ci servait de débarras, mais avait été vidée et son lit y avait été installé.
Il s'installa dans les draps à la force de ses bras, et posa sa tête contre l'oreiller. Il pouvait entendre l'eau de la douche et attendait avec impatience de pouvoir sentir le corps de Hoseok contre lui.
Allongé sur le dos, il expira de bien-être puis posa sa main sur son ventre. Il voulait faire monter l'excitation avant que Hoseok n'arrive, alors ses doigts chatouillèrent son pubis avant de se poser sur son sexe au repos.
Les yeux fermés, il repensa à la dernière fois où lui et son compagnon avaient fait l'amour. C'était la veille de l'accident, il avait ri de voir ce dernier plus stressé que lui et lui avait promis de lui faire disparaître son angoisse en l'emmenant toucher les étoiles.
Sa main s'agitait sur son membre, doucement, puis plus intensément. À mesure qu'il continuait ses caresses sur lui-même, son visage se barra d'une mine confuse.
Si dans sa tête le désir et l'envie de son compagnon étaient bien présents, la réaction de son corps ne vint pas. Yoongi ne comprenait pas, son bas ventre explosait d'excitation, mais son membre lui, ne bougeait pas, pas plus que le moindre centimètre de la partie basse de son corps depuis son accident.
Le brun sentit son cœur taper plus fort dans sa poitrine. Il prit une grande inspiration pour se détendre, et ferma les yeux. À nouveau, il reprit de lents mouvements appuyés sur son sexe, tentant d'imaginer la main douce sa moitié sur son corps.
Cependant, l'absence de réaction de son anatomie le statufia. Yoongi se mit à trembler, puis la réalité le traversa, comme percuté par un train à grande vitesse. Tout ça, ce n'était que la conséquence de ce qui lui était arrivé.
" Vous n'avez pas subi d'anesthésie, monsieur Min, à aucun moment"
" Yoongi, ouvre les yeux, tu as les jambes paralysées."
"Vous ne pourrez plus marcher, je suis désolé."
Les mots du médecin, mais également ceux de sa sœur, firent écho dans son esprit, lui faisant réaliser ce dont son cerveau avait cherché à le protéger.
Tout à coup, Yoongi se sentit perdu, désorienté, complètement affolé, avant de se mettre à hurler dans ce lit devenu trop grand pour lui. Les larmes qu'il n'avait pas fait couler depuis une éternité noyèrent son visage alors qu'il avalait chacune d'elle en criant sa peine.
La porte de la salle de bain s'ouvrit à la volée, laissant entrevoir Hoseok qui courut jusqu'à lui avec un simple boxer sur le corps. Il sauta sur le lit et s'approcha de son petit ami dont les membres tremblaient et dont les yeux étaient écarquillés. Il captura son visage de ses deux grandes mains et l'incita à le regarder.
— Hé, hé, je suis là, regarde-moi, l'implora-t-il en collant son front au sien.
— Hob...hobi..., bafouilla Yoongi qui s'accrochait à ses bras.
— Respire, ça va aller, je suis là.
Hoseok caressa ses joues de ses pouces, puis le serra dans ses bras. Il pouvait sentir ses pleurs couler sur son épaule et ce constat le brisa.
— Mes... mes jambes... reprit le plus jeune en sanglotant. J'ai p-perdu mes jambes.
— Je sais Yoon, mais je suis là.
La chute. Violente, imprévisible, celle qui en rendait les témoins impuissants. Elle était là. Hoseok faisait du mieux qu'il pouvait pour ne pas se laisser traverser par sa peine, ce n'était pas le moment. Il devait accueillir celle de l'homme qu'il aimait, car c'est lui qui allait en avoir besoin. Alors, il se contenta de le serrer plus fort et de caresser ses cheveux avec une douceur indescriptible.
Il balançait leur corps pour le bercer, sans jamais cesser de lui répéter qu'il serait là pour lui, qu'il ne l'abandonnerait pas. Les deux amants restèrent de longues minutes ainsi, Hoseok essuyant ses larmes silencieuses discrètement et Yoongi serrant les bras de son homme, à en faire blanchir ses jointures.
Le châtain ne cessa pas ses mouvements de balancier, et ce ne fut qu'une vingtaine de minutes plus tard, qu'il se rendit compte du silence qui venait de les entourer. Contre lui, Yoongi s'était assoupi, épuisé par ce trop-plein d'émotions qui venait de le faucher comme une tornade lancée à toute allure.
Le plus vieux s'écarta le plus délicatement possible puis glissa une main dans la nuque de son compagnon afin de le faire basculer sur le lit. Ses cheveux étaient trempés, la crise qui l'avait submergé avait été violente. Il le recouvrit du drap fin, et embrassa son front.
Quand il fut sûr que son sommeil était profond, Hoseok quitta le lit puis la chambre et traversa le salon afin de se rendre à la cuisine. Il se servit un verre d'eau fraiche avant de reposer le verre sur le plan de travail un peu trop fort, à tel point que ce dernier se fissura.
Inquiet, il se posta sur le seuil de la chambre et jeta un dernier regard à la silhouette étendue sur le lit avant de finalement grimper au premier étage. Il s'enferma dans la chambre de Yoongi et laissa glisser son dos contre la porte. Maintenant qu'il était sûr que son amant ne l'entendrait pas, il laissa aller sa tristesse et la douleur de son cœur, consentant les larmes à consumer son âme et inonder ses joues.
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La nuit avait été courte pour Hoseok, voire inexistante. Il l'avait passée discutant dans le salon avec Mi-Ran, qui n'arrivait pas à fermer les yeux. Cette dernière regrettait de s'être laissé convaincre de sortir alors que son fils était tombé dans les ténèbres pendant son absence.
Assis autour de l'îlot central de la cuisine, le châtain sirotait son deuxième café noir, le regard dans le vide. La seule petite demi-heure où le sommeil lui avait accordé sa clémence, il l'avait passée, collé contre le corps de son petit ami, et n'avait cessé d'appréhender sa réaction à son réveil.
L'horloge de la pièce affichait onze heures et demie, et Yoongi dormait toujours. Quand il avait quitté la chambre, le visage de son compagnon paraissait serein dans son sommeil, mais il savait que ça ne serait plus le cas quand il aura ouvert les yeux.
Seul Yoong-soo était réveillé depuis longtemps, laissant sa femme récupérer de son épuisement autant physique que psychologique.
— Tu sais, si tu as besoin de te reposer, nous comprendrons que tu t'absentes. Nous sommes là pour lui maintenant, informa le père de famille.
— Non. Non, je veux être là, je ne veux pas le laisser. Je lui ai fait cette promesse, répondit Hoseok dans la précipitation.
— Tu as raison, je te demande pardon. Je n'ai pas l'habitude de voir mon fils en relation sérieuse. Je suis heureux de savoir que tu veilles sur lui.
Plusieurs coups contre la porte d'entrée résonnèrent avant que Ae-rin n'entre dans la maison. Hoseok mit un doigt devant sa bouche pour lui intimer de ne pas faire de bruit. Quand Yoongi s'était écroulé d'épuisement dans ses bras la veille, ce dernier avait prévenu sa soeur de la prise de conscience de son petit frère. Celle-ci s'en était trouvée soulagée, mais également extrêmement inquiète.
— Comment il va ? demanda-t-elle tout bas, la mine également fatiguée.
— Je ne sais pas, après sa crise d'hier, il s'est endormi et il n'est toujours pas réveillé.
— Est-ce que tu as prévenu Taehyung ?
— Oui, je lui ai envoyé un message.
— Ça fait des jours qu'ils ne se sont pas adressé la parole. J'ai de la peine pour eux.
Hoseok haussa les épaules puis soupira.
— Il va être l'heure de manger, je peux préparer quelque chose si tu veux, proposa-t-elle en fouillant dans les placards.
— Tu n'es pas obligé, tu sais, la rassura-t-il. Je suis là pour lui, tu devrais penser à toi.
— C'est mon frère, Hoseok. Je... je peux pas rester chez moi sans rien faire.
Yoong-Soo observait sa fille et sentit son cœur le réchauffer. Chez les Min, on ne montrait pas ses sentiments à outrance, mais voir Ae-rin s'inquiéter autant pour son frère lui faisait du bien.
La jeune femme stoppa sa recherche de nourriture puis prit appui sur le plan de travail face à elle, la tête baissée. Hoseok entendit un léger reniflement et soupira. Il se leva de son tabouret pour approcher Ae-rin et poser une main sur son épaule.
— Je suis désolé, tu as raison. Je–
Un bruit lourd et sourd fit vibrer les murs de la maison, faisant tourner la tête des trois personnes dans la direction de la chambre. Hoseok courut jusqu'à cette dernière et ouvrit la porte vigoureusement avant d'apercevoir son compagnon à côté du lit sur le sol. Un bras accroché à son fauteuil, le surfeur comprit rapidement que Yoongi avait tenté de s'extraire du lit pour s'asseoir dessus.
— Yoon ! Est-ce que ça va ?
D'un geste rapide, Hoseok s'accroupit à sa hauteur et passa ses bras sous les siens, quand un grondement sourd sortit des lèvres de son compagnon.
— Lâche-moi, ordonna-t-il en secouant son buste.
— Ne sois pas ridicule. Je vais t'aid–
— NON ! J'ai besoin de personne ! mugit-il soudainement.
Hoseok eut un mouvement de recul face à sa voix glaciale. Toujours au sol, Yoongi respirait rapidement, les traits de son visage étaient durs et sa mâchoire serrée. Son regard croisa celui de son petit ami pendant une seconde et il détourna la tête pour ne plus voir la tristesse qu'il avait provoquée.
— Laisse-moi seul, murmura-t-il, la voix éteinte.
Toujours interloqué par le comportement de son amant, Hoseok se releva doucement et fit deux pas en arrière. Les yeux humides, il ne bougea pas, la vision ancré sur Yoongi qui ne le regardait pas. Derrière lui, son père et sa soeur s'étaient approchés.
— S'il te plait, supplia-t-il.
— Yoongi, ne fais pas ç–
— Non, Yoong-soo, ça va aller, intervint Hoseok en soupirant.
D'un mouvement rapide, ce dernier fit volteface et quitta la chambre en courant, pour s'arrêter devant Ae-rin qui avait assisté, elle aussi, à toute la scène. Son frère releva la tête et la vit en train de le fixer, les épaules affaissées, secouant la tête.
— Je suis tellement désolée, si tu savais, prononça-t-elle, les bras serrés contre elle. Mais ne repousse pas les gens qui t'aiment.
Yoongi entendait les paroles de sa sœur, mais n'écoutait pas. Tout ce qu'il souhaitait, c'était être seul, dans son monde qui s'était noirci à son réveil. Il détourna les yeux de son ainée et de son père, puis entendit ceux-ci s'éloigner de la chambre, réalisant son souhait qu'on le laisse tranquille. Il se détestait de ne pas avoir réussi à monter sur ce fauteuil qu'il haïssait, quand bien même la musculature de ses bras était encore intacte. Pourtant, l'immobilité de ses jambes lui avait fait défaut, ce qui l'avait lourdement fait chuter.
Dans la cuisine, Ae-rin s'était approchée de Hoseok qui s'était rassis sur son tabouret. Il avait été blessé par les mots de son petit ami, mais tentait par tous les moyens de ne pas le montrer. Un verre d'eau à la main, il secouait le fond du récipient pour s'occuper.
— Hobi, appela la jeune femme. Est-ce que ça va ?
— Comme quelqu'un qui s'est fait repousser par son mec, répondit-il d'un ton qui se voulait drôle.
— Il n'aurait pas dû réagir comme ça, intervint le père.
— Je ne lui en veux pas. À vrai dire, j'avais peur de sa réaction quand il se réveillerait. J'imagine que c'est légitime, il est sous le choc.
Ae-rin soupira. Elle se mit tout de même à préparer de quoi manger, même si leur appétit n'était pas vraiment présent. Quelques minutes plus tard, l'odeur d'œufs à la tomate embaumait la pièce. Les deux amis mangèrent en silence, laissant dans la poêle, une part pour l'hôte de la maison.
Hoseok débarrassa la table quand ils terminèrent leur assiette, mais fut attiré par une silhouette quittant la chambre, dirigeant maladroitement son fauteuil jusque dans la cuisine.
Surprise, Ae-rin et son père le regardèrent, mais ne dirent rien. Yoongi roula jusqu'au plan de travail, conscient d'être scruté par les trois personnes présentes avec lui, puis se stoppa devant. Il analysa son environnement, probablement à la recherche de la silhouette de sa mère, et soupira en constatant qui lui était impossible d'atteindre les assiettes, ni la poêle dont l'odeur l'avait attiré jusqu'ici.
Hoseok comprit le désarroi de son petit ami. Il hésita à lui venir en aide de peur de revivre la scène dans la chambre, mais n'imaginait pas un seul instant que Yoongi ne puisse pas se nourrir. Alors sans un mot, il se leva et attrapa une assiette qu'il remplit d'œufs, récupéra une fourchette dans le tiroir et lui tendit toujours en silence.
Yoongi avisa son repas tendu sous son nez, mais ne bougea pas. Le châtain s'apprêtait à la reprendre quand il attrapa son poignet et prit son repas qu'il posa sur ses genoux.
— Merci, chuchota-t-il sans le regarder.
Délicatement, il pivota avec son fauteuil et avança de quelques centimètres avant de s'arrêter.
— Je suis désolé, murmura-t-il, si bas, qu'Hoseok ne l'entendit pas.
Sans attendre plus longtemps, Yoongi se faufila jusqu'à la chambre dans laquelle il s'enferma, jetant un nouveau silence glacial dans cette maison bleu.
🏄🏻
🌊
Et voila... Yoongi est sorti de son déni, et ça fait mal.
Maintenant, répétez tous a près moi : Bon courage Hobi.
Bisous mes morues.
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