[2] Le banc
Il était simplement là, assit sur un banc alors qu'elle le regardait du haut de l'arbre. Une acrobatique dans l'âme. Eijiro se trouvait donc là, à regarder l'horizon et les familles heureuses.
Malheureux ?
Non, il ne l'était pas. Sa famille lui montrait un amour inconditionnel chaque jour qu'il passait à leur côté. Que ce soit sa mère ou son père. Non, il n'était pas malheureux de ce côté-là. Pas du tout même.
Il faisait bon ce jour-là. Il faisait chaud mais le souffle du vent étouffait cette chaleur. Il faisait bon.
« Et si je te disais que je crèverais demain, tu ferais quoi ?
-Je crèverais avec toi. »
Mensonge. Mina savait qu'il ne le ferait pas. Il tenait beaucoup trop à Ochako pour la laisser seule dans ce foutu monde.
Elle connaissait l'Uraraka. Elle ne connaissait pas son histoire.
Elles s'étaient rencontrées au collège, quand Eijiro l'avait présenté comme sa petite-amie. Elle avait dix-sept ans et lui dix-huit à présent, et ils étaient toujours ensemble. Elle avait trouvé Ochako gentille, attentionnée, énergique et surtout très souriante. Elle était très vite devenue son amie.
Mais un jour, Eijiro avait commencé à être distant et la seule explication qu'il lui avait donné était : Ochako. Elle ne comprenait pas et n'était pas jalouse, car elle savait que l'Uraraka n'était pas ce genre de fille. Mais la situation commençait à l'agacer. A ne rien comprendre, elle commençait à perdre patience.
La gentille et souriante Ochako était toujours là, mais ses yeux qui pétillaient autrefois étaient vides. Elle ne la reconnaissait plus et personne ne semblait vouloir lui expliquer la situation, pas même Izuku. Puis son copain s'était vite retrouvé enchaîné à la petite brune, toujours à s'inquiéter, à prendre de ses nouvelles. Et comme une idiote, elle ne comprenait rien.
« Tu mens. »
Il mentait. Il ne savait faire que cela en ce moment avec elle. Et il savait qu'elle en avait assez de tout ça. Il savait.
Si le roux n'était pas malheureux avec sa famille, il était malheureux d'être tiraillé entre sa meilleure amie et sa copine. Au fond, il avait déjà fait son choix. Il savait déjà qu'Ochako passerait toujours avant elle. Parce qu'elle était sa meilleure amie, sa moitié, sa précieuse princesse. Mais il savait surtout que les amis c'étaient pour toujours, alors que l'amour, ça vient et ça part. Mais en regardant Mina, en la voyant, il avais du mal à l'accepter, cette conception de l'amour. Pourtant, le rouquin savait qu'il ne pourrait jamais choisir Mina en dépit de la brune. Et il s'en voulait atrocement pour ça. Même si sa meilleure amie le méritait amplement.
« Séparons-nous. »
Et voilà. C'était clair, net et précis. C'était honnête, avec une touche d'amertume et de regret. C'était l'amour rejeté, l'amour bâclé. Et ils surent tous les deux que leur couple était en fait vain depuis le début.
« Ok... »
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Unique, elle l'était.
Magnifique, elle le savait.
Hypocrite et manipulatrice, elle l'assumait.
Gentille et attentionnée, elle le reniait.
Voilà ce que pensait la brune d'elle même, là, dans cette classe puante de sueur due sûrement au sport pratiqué par les élèves de la classe précédente.
« Ochako ? »
Et le voilà, son ami, son célèbre ami Izuku Midoriya. Idole ? Il était loin de l'être. Mais meilleur bagarreur du lycée, la honte le poursuivait. Izuku rêvait de devenir médecin, comme le grand All Might. Alors se bagarrer était une honte pour lui. Il ne l'avait pas voulu. Pas du tout même. Mais lorsque l'instinct revient, l'anarchie n'est jamais loin du spectacle. Il l'avait envoyé à l'hôpital, ce pauvre garçon. Quel mélodrame !
Il l'avait bien cherché. Personne ne touchait aux amis d'enfances de la brunette sans en payer le prix. Elle était fière de son ami.
« Qu'est-ce qu'il y a ? lui demanda-t-elle avec un sourire semblant rayonnant. »
Midoriya sembla déstabilisé par le sourire de son amie. Peut-être parce qu'il savait qu'il était faux. Il déglutit.
« Je voulais savoir si-
-Eh, Izuku ! »
Les deux meilleurs amis se retournèrent pour apercevoir une touffe rose.
Mei Hatsume, une jeune inventeur à talent dont l'avenir semblait promettre beaucoup de chose. Elle s'avança rapidement vers eux et leur sourit.
« Qu'est-ce qu'il y a Mei ? demanda l'adolescent.
-Quoi ?! Tu as oublié ? Tu es censé m'aider à terminer une invention aujourd'hui ! Je suis venue te chercher !
-Tu devrais y aller Izuku, rit doucement Ochako.
-Hn... Bon, on se voit demain alors Ocha'...
-Oui, oui, à demain ! »
Elle leur dit au revoir en agitant la main tandis que Mei entraînait avec rapidité et force Izuku à l'extérieur de la classe.
Elle sortit à son tour de la salle, puis une fois sortit du bâtiment scolaire, se dirigea vers le plus grand parc de la ville : "Yuei".
C'était un grand parc, plein de verdure et les gens adoraient s'y rendre pour son paysage magnifique et se détendre. Ce parc avait toujours été magnifique, dans les souvenirs d'Ochako.
Elle y était, assise sur un banc, à contempler les nuages d'un regard tout à fait désintéressé sous un grand cerisier. Elle était là, ne voulait pas rentrer, et souhaitait rester ainsi, tranquille, jusqu'à la fin de sa vie. Mais se suicider là serait un peu lâche de sa part n'est-ce pas ? Elle était plus forte que ça. Du moins, c'est ce qu'elle essayait de croire. La forte et souriante Ochako Uraraka, en proie à la souffrance, la douleur et le désarroi se suicide en ce jour du XX XX XX. Quel ironie du sort ! La vie n'est qu'ironie et l'ironie est l'illusion. Magique...
Elle souhaita soudainement pouvoir toucher une étoiles. Un tas de cailloux enflammé, dit-on d'eux. Brûlait-on si nous les touchions ? Grand mystère, et la curiosité maladive de l'Uraraka se mit à demander si oui ou non on brûlait en les touchant. Elle tendit un bras vers le ciel, comme si elle allait pouvoir les toucher ainsi. L'espoir fait vivre, le désespoir fait mourir.
« Tiens, tiens, miss Mytho. »
Elle sursauta légèrement et tourna sa tête vers la droite. Oh, oh, monsieur Bombeur est entré en scène... Jouer avec lui va être... excitant !
--
Il s'était dirigé de lui-même vers Yuei. Il ne savait pas pourquoi. Peut-être parce qu'il avait passé son enfance dans ce parc et qu'il regorgeait de bons souvenirs. Peut-être...
Kirishima ne l'avait pas accompagné cette fois. Il avait eut rendez-vous avec Mina, sa copine du collège. Il savait qu'ils allaient casser. Déjà, parce qu'ils étaient dans une institut pour mec, puis il savait que leur relation n'allait pas durer. Ce serait trop utopique sinon.
Et il l'avait vu, là, assise sur ce banc. Et il avait une soudaine envie d'étrangler cette emmerdeuse... Mais comme il ne le pouvait pas, il avait décidé de la faire chier. Parce qu'elle le dégoûtait, elle et ses sourires, elle et sa joie de vivre. Elle vivait dans un monde sans violence, sans malheur. Elle devait sûrement être heureuse.
Ah !
Il en riait. Il s'en délectait. Étrangement, il voulait l'entendre pleurer, l'entendre crier de souffrance. Il voulait voir ses traits se tirer de peur et de douleur. Car son visage et son corps étaient trop, bien trop parfaits. Bien trop purs. Il n'aimait pas ça. Pas du tout.
Dans sa tête, les idées se bousculaient et une voix ne cessait de lui dire de se méfier de cette fille. Sans savoir pourquoi. Elle semblait pourtant... si faible ! Si blanche, si pur !
Il éclata de rire dans sa tête. Oui, bien trop pur pour ce monde de fou. Il voulait tellement lui arracher ses ailes blanches de petit ange... Elle était vraiment intriguante cette fille. C'était ce qu'il s'était dit lorsque Eiji les avait présenté. Intriguante. Cette fille était énervante et intriguante à la fois. Tellement intriguante...
Il s'approcha à grande vitesse de la demoiselle puis s'arrêta à sa hauteur, devant elle. Elle ne semblait pas le remarquer. C'en était vexant. C'est alors blessé dans son amour propre qu'il lança d'une voix cinglante :
« Tiens, tiens, miss Mytho. »
Celle-ci se retourna, surprise, vers lui. Alors qu'il abordait un air narquois, elle, ne put que... sourire. Presque amicalement.
Mon Dieu...
Il en eut la gerbe.
« Katsuki, fit-elle au bout d'un instant.
-Miss Mytho. »
Elle sourit de plus belle, irritant notre beau blond. Irritante, avait-il pensé intensément. Elle tapota la place près d'elle, lui intimant de venir s'assoir. Il fit une grimace de mécontentement, mais accepta tout de même l'invitation silencieuse de la brunette.
Il s'assit alors près d'elle, sans oublier de complètement la snober. Elle sourit, encore.
« Alors Katsuki, que me vaut ta visite ?
-Si tu veux savoir si j'avais envie de voir ta sale tronche c'est que tu te fous le doigt dans l'œil, cracha-t-il de manière acerbe. Je suis passé par-là, je t'ai vu et j'avais envie de t'emmerder. Fin de l'histoire.
-Alors pourquoi tu ne me fais pas chier ?
-Ta gueule. »
Elle rit. Hypocritement. Mais ça, le blondinet ne le sera probablement jamais qu'elle était... fausse.
Oh oui, pour lui, elle était la perfection, le bonheur. Elle était un ange pour lui. Et ça, Ochako l'avait bien compris en voyant son regard rempli de dégoût et d'animosité. Il était tellement facile à déchiffrer... Ce n'était pas de sa faute si elle lisait en lui comme dans un livre ouvert.
Elle était mauvaise, elle le savait. Manipulatrice aussi.
« Qu'est-ce qui t'amène alors ? débuta-t-elle après un temps de silence. Je doute que tu te sois assis près de moi pour me faire la cour.
-Tu doutes bien ! Et ce que je fais, là, ne te regarde pas. Je fais ce que je veux.
-Je doute bien, soupira la brune. »
C'était ainsi que les choses devaient se passer de toutes façons. Ils se détesteraient, se feront pleins de coups bas. Katsuki aurait son diplôme en fin d'année, ils se perdront de vue et ne se verront que par le biais du rouquin, se détestant toujours autant qu'au lycée.
« Mais t'as quel âge au fait ? questionna sérieusement la brune, interloquée.
-Je t'intéresse gamine ?
-Au lieu de sortir des conneries, répond à ma question.
-J'ai dix-huit ans, répondit enfin Bakugou.
-Oh, t'es plus âgé que moi alors...
-Pourquoi, t'as quel âge toi ?
-Dix-sept. »
Le blond regarda l'Uraraka, étonné. Il était étonné. Elle faisait... bien plus jeune. Ils n'avaient, finalement, qu'un an d'écart.
« C'est tout ? Ça t'as apporté quelque chose de savoir mon âge ? nargua-t-il toujours avec son sourire rieur.
-Oui, j'ai pu connaître l'âge de mon nouveau jouet. »
Le sourire de Katsuki s'effaça instantanément à la fin de sa réplique, tandis que celui de la brunette s'étira bien plus encore.
Elle allait s'amuser.
Elle se leva, faisait voler sa jupe d'uniforme. L'adolescente se retourna vers le blondinet d'un geste théâtral et élégant, un sourire amusé toujours étirant le coin de ses lèvres. Ils se fixèrent intensément pendant quelques instants, chacun voulant soutenir le regard de l'autre.
Katsuki bouillait de l'intérieur. Il avait envie d'étrangler cette fille et de lui retirer immédiatement ce sourire plus qu'énervant de son visage. Ochako, elle, était amusée par la situation. Il était tellement facile de connaître les pensées de Katsuki Bakugo que c'en était presque plus amusant ! Il avait beau être le meilleur ami de son meilleur ami, il n'en restait pas moins qu'un simple jouet à ses yeux. Un simple et divertissant jouet.
Il allait se faire avoir. D'eux deux, ce sera lui qui perdra la partie.
Elle allait se faire avoir. D'eux deux, ce sera elle qui perdra la partie.
Un jeu commença dans cet échange silencieux. Et ils avaient, chacun de leur côté, déterminé le perdant. Manquait plus qu'à le faire abdiquer.
Dans une partie où la triche est la seule règle, la pitié et le pardon ne sont pas acceptés. Le roi et la reine tourbillonnent dans un torrent d'émotions, tout aussi noirs les uns que les autres, sans toutes fois connaître les sentiments de l'autre. Ainsi débuta la chasse à la couronne.
Que le meilleur gagne.
--
« TU VIENS DE QUOI ????!!!
-Je viens de casser avec Mina, et si tu pouvais arrêter de remuer le couteau dans la plaie en cessant de crier ça à tout va, ça m'arrangerait beaucoup.
-Désolé mec... »
Ils étaient là, à se balader dans Yuei, entre potes. Denki l'avait rejoint directement après l'avoir appelé. Un vrai pote. Ils avaient alors erré, et continuaient d'errer, dans le parc sans but. Kirishima semblait au plus bas, sa joie de vivre ayant soudainement disparu, ce qui avait pour don d'inquiéter le blond.
Eijiro avait le cœur lourd. Il ne pensait pas que se séparer de Mina lui ferait aussi mal. S'il avait été seul, à ce moment-là, il aurait sûrement pleurer. Il aurait pleuré.
Kirishima était quelqu'un de fort. De, viril, comme il aimait nommer. Il n'était pas une personne à prendre par pitié. Il était fort. Fort. Mais il était avant tout un être humain, qui ne savait que rester pantois et désespéré après une rupture. Humain. Faible. Contradiction.
Ils continuaient à se balader sur les chemins de Yuei, toujours en discutant. Ils parlaient de choses diverses, Kaminari remettant quelques fois le sujet "rupture" sur le tapis.
« De toutes façons, il aurait bien fallu que ça arrive un jour...
-Oh, arrête d'être défaitiste mec ! Vous étiez bien ensemble, je comprends pas votre décision ! relança le blondinet avec incompréhension.
-C'est comme ça.
-T'es morne là. Si c'est encore parce qu'Ochako est plus importante, je te jure que je pète un câble !
-Elle l'est ! »
Denki arrêta sa démarche, abasourdis. Comment, comment pouvait-il encore dire ça alors qu'il semblait plus bas que terre. Denki ne comprenait pas, il ne le comprenait pas. Il ne pouvait pas le comprendre. Ils avaient beaux être amis, Kaminari ne comprenait presque jamais les choix du rouquin.
Mina était une fille magnifique, énergique, joueuse, pleine de vie, parfaite pour son ami ! Ochako était elle aussi parfaite, mais pas pour lui, pas pour Eijiro ! Comment pouvait-il dire qu'elle comptait plus que son ex qu'il avait sincèrement aimé ?
Ou peut-être était-il tombé amoureux de la brune. Le blondinet ne savait pas, Eiji ne se confiait plus ou presque pas à lui. Il ne pouvait pas savoir.
« Comment tu peux dire ça ? Tu viens de casser avec ta copine alors que ça fait presque trois ans que vous sortiez ensemble ! T'es presque entrain de chialer devant moi et tu viens encore me dire que ton amie d'enfance compte encore plus que ton ex ?! Mais ouvre les yeux ! T'es un putain d'aveugle Eijiro !
-Mais toi ouvre les yeux !! lui hurla à son tour Kirishima. Mais putain, t'as pas remarqué qu'Ochako allait mal !!? Que c'était de ma faute si elle était comme ça !? Que j'ai voulu arrêter avec Mina ?! Mais t'es complètement con Denki ! Ochako sera toujours la première, qu'est-ce que tu veux que je te dise ?! Je DOIS la protéger !! C'est MON DEVOIR ! Et s'il faut que j'abandonne tout ce qui m'est important pour ça, à commencer par Mina, alors je le ferais ! »
Oui, il ne comprenait pas. Rien. Il ne comprenait rien. Car il n'avait pas toutes les pièces du puzzle, comme la jeune Ashido. Alors il ne pouvait rien faire à part être spectateur. Il savait, avait compris, que son ami s'en voulait terriblement par rapport à l'Uraraka. Mais pourquoi ? Il ne savait pas. Alors il ne pouvait qu'observer, en espérant que son ami ouvre les yeux sur ce qu'il avait, aujourd'hui, perdu.
Et ils reprirent leur marche, en changeant de sujet de conversation.
~Kira, Kira~
Hellow ! Et voilà la suite !
Bon, bah à demain ! (j'ai de moins en moins de chose à dire...)
Motaku.
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