[19] Tooru Hagakure
Elles n'étaient pas dans le même lycée. Si Ochako et elle étaient restés ensemble, Mina, elle, avait suivi son amie d'enfance dans un lycée un peu plus éloigné. Mais elles continuaient à se voir toutes les trois de temps en temps, lorsque le temps le leur accordait. Ce jour-là, elles s'étaient réunis chez elle pour discuter.
« Alors, comment ça se passe avec Grey ?
-Ça se passe bien ! Grey est vraiment gentil avec moi, et il est vraiment mignon quand il est gêné !
-Faudra que tu me le présentes un jour pour que je vois la tête de celui qui a fait tomber la grande Tooru ! »
Elles rirent ensemble face à cette remarque. Tooru Hagakure était une jeune fille pétillante du haut de ses seize ans. Toujours le sourire aux lèvres, la jeune fille était d'une bonne humeur contagieuse et aspirait immédiatement la sympathie. Douce, gentille, généreuse, Tooru était très rapidement devenue la petite étoile de son lycée. Elle était aimée de tous.
Ochako était sa meilleure amie. Elle était ce qui la collait jour et nuit, ce qui ne semblait pas trop déranger la jeune fille. La brune adorait son amie. Plus que tout. Elle avait toujours été là au moindre problème ; à la mort de son père par exemple. Elles ne s'étaient jamais quittées ou même éloignées.
Mina était une amie de confiance. Elle n'était pas aussi proche d'elles qu'elles ne l'étaient toutes les deux, mais elle avait réussi à se faire une place bien marqué entre les deux meilleures amies.
Les trois filles se donnaient régulièrement rendez-vous chez l'une ou chez l'autre pour pouvoir parler entre elles et en toute tranquillité de leur vie respective. Elles ne se cachaient rien.
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« Elle est douée au lit alors ?
-Et comment ! Une vraie tigresse, je vous jure les gars ! »
Elle se souvenait parfaitement de ce jour-là. Elles se baladaient toutes les deux dans les couloirs du lycée. Tooru avait voulu aller saluer son copain, dingue de lui. Il y avait de quoi : jolie garçon, gentil, attentionné et qui ne pensait pas qu'au sexe. Il avait toutes les qualités pour qu'elle en tombe amoureuse. Du moins, jusqu'à ce jour.
« Tooru Hagakure, première dans la liste des bons plans culs !
-Eh bah, elle doit vraiment en valoir le coup si tu la met aussi haut !
-Tu peux même pas imaginé la pipe qu'elle m'a faite ! »
Elles avaient entendu des rires et bien d'autres piques salaces durant cette conversation qui n'avait pas lieu d'être. L'Uraraka avait voulu intervenir plus d'une fois durant cette discussion, mais elle fut toujours retenue par la petite Hagakure qui avait baissé la tête. C'est seulement cinq minutes avant la sonnerie qu'elle décida de réagir, criant le prénom de son copain, un sourire radieux collé aux lèvres. La bande de garçons semblaient hilares alors que son petit-ami avait viré au blanc. L'air pâle du jeune homme avait fait rire Ochako intérieurement alors que Tooru avançait vers lui, un sac en main. Une fois à sa hauteur, elle le regarda en souriant.
« Bonjour Grey !
-Tooru... Qu'est-ce que tu fais-là ? demanda-t-il dérouté.
-Je suis venue t'apporter des gâteaux que j'ai fait la veille ! Je sais que tu aimes les amandes, alors hier soir j'en ai fais en forme de cupcake ! J'ai pensé qu"e ça te ferait plaisir...
-Ça me fait plaisir, merci...
-Je suis contente ! Tu manges avec moi ce midi ?
-Si tu veux...
-Super ! On mangera sur le toit alors ! Je t'attendrai là-bas. »
Sans attendre une quelconque autre réponse, la jeune femme s'en alla sous les rires des amis de Grey. Ochakoo n'en revenait pas, pourquoi ne lui avait-elle pas hurler dessus ? Pourquoi ne s'était-elle pas énervée ? Elle ne l'avait pas comprise. Mais elle n'avait rien dit. Puis, alors qu'elles étaient parties aux toilettes, elle avait éclaté en sanglots dans ses bras.
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Elle l'avait attendu sur le toit, seule, comme elle lui avait dit. Il est arrivé quelques minutes après, la mine lugubre. Il s'était assis près d'elle et ils avaient commencé à manger leur repas.
En le finissant, ils ne dirent rien. Ils restèrent longuement silencieux. Ça en devenait pesant.
« Tooru-
-On devrait arrêter. »
L'expression coupable qu'il afficha fit rater un battement au cœur de la jeune adolescente.
« Tu n'es pas obligé de dire à tes amis que c'est moi qui t'ais quitté, ça je m'en fiche... Mais si tu pouvais juste arrêter de mentir sur le fait qu'on ait couché ensemble... »
Grey ne savait plus quoi dire. il n'avait rien à dire, il était en tord.
« Sinon, merci... Pour m'avoir fait croire que tu m'aimais. Parce que même si c'était un mensonge... Tu as vraiment été un amour lorsqu'on était ensemble. »
Et elle s'en alla, le laissant là, coupable. Pourtant, ils s'étaient réellement aimés. Dommage que ce mensonge ait prit une telle ampleur et qu'il soit si lâche pour la laisser partir.
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Elle soupira. Lasse et fatiguée. Elle en avait déjà marre de tout ça. Pourtant, ce n'était que le commencement. Tooru lui avait immédiatement raconté ce qu'il s'était passé sur le toit. Sur le moment, elle l'avait insulté de tous les noms pour avoir traité sa meilleure amie ainsi. Mais en le voyant le lendemain matin, désespéré et au bord du gouffre, sa colère s'était tout à coup transformé en pitié pour lui. De toute façon, ce Grey n'en valait pas plus la peine...
Pour elle, il était mort et enterré.
Ochako avançait prudemment dans les couloirs, ne voulant pas le croiser. Même si dans son esprit il l'était, ce n'était pas le cas dans la réalité. Alors elle avançait dans ces couloirs interminables jusqu'à son casier.
« Tu as entendu ? Tooru Hagakure aurait couché avec Grey Fullbuster !
-Mais c'est son copain, non ? Je trouve ça normal, moi !
-Moi aussi ! Mais apparemment, Grey était le copain d'une certaine Juvia Lobster, qui vient d'une autre école.
-Et ?
-Ça veut dire qu'il jouait double carte sur table ! »
Oh l'enfoiré ! Elle ne s'y attendait pas. Mais elle ne pouvait pas y croire sans preuve et le blâmer soudainement comme ça. Il fallait qu'elle en sache plus, et pour ça il fallait qu'elle parle à la meilleur amie du brun : Lucy Heartfillia. Elle n'attendit pas longtemps pour la retrouver, comme toutes les filles les plus populaires ici, elle se retrouvait à observer l'entraînement de l'équipe de basket dans les gradins. Elle s'assura de l'entraîner quelque part, dans un endroit isolé où personne ne penserait les chercher.
Lucy Heartfillia était une des personnes populaires de ce bahut : riche, gentille, généreuse, belle, intelligente. Elle avait tout pour elle. Elle était une de ces personnes qu'on ne pouvait s'empêcher d'aimer et d'admirer au premier coup d'œil. Ce genre de personne pénible qui mène une vie tranquille. Frustrante.
« Tu voulais me parler ? lui demanda-t-elle en souriant gentiment.
-Oui, je voulais savoir quelque chose à propos de ton ami Grey...
-Oui ?
-Est-ce qu'il a une copine ? »
Elle vit la blonde rire puis soupirer d'exaspération.
« Franchement, ce Grey ! Il pourrait apprendre à arrêter de draguer !
-Je ne demande pas ça pour moi ! rougit-elle de colère. C'est pour une amie.
-Oh, je vois. Eh bien, tu pourras lui dire qu'il est déjà prit !
-Comment s'appelle-t-elle ?
-Juvia Lobster, elle est dans le lycée de l'autre côté de la ville. Ça fait bientôt trois mois ! »
Trois mois... Deux mois qu'il se foutait de leur gueule... C'était un véritable connard !
Uraraka s'en alla, sans demander son reste, sous le regard perdu de la blondinette.
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Deux mois... Les rumeurs se sont accentuées, déformées. Plus le temps passe et plus sa meilleure amie passait pour une pute... Elle voyait petit à petit la réputation de son amie voler en éclat. Elle n'était pas aveugle. Tout en même temps que sa réputation, c'était son amie qui s'éteignait petit à petit.
Elle ne comprenait pas pourquoi. Sa réputation était-elle si importante que ça ?
Mais ce que ne voyait pas la brunette était ce qui se passait lorsqu'elle n'était pas là. Les regards qu'ils lui lançaient, les murmures dans son dos, les gestes déplacés... Elle ne voyait pas tout ça.
Bien heureusement, son amie avait reprit des couleurs depuis quelques temps maintenant. Un certain Ojiro Mashirao s'était déclaré à elle et ils sortaient ensemble depuis quelques semaines maintenant. Ils vivaient le parfait amour. Ochako avait eut le temps de faire sa connaissance et il ressemblait à un garçon sincère. Alors elle lui avait confié, bien qu'un peu méfiante, sa petite Tooru... Il lui avait fait bonne impression après tout. Et elle était heureuse que la jeune fille ait trouvé un homme de confiance. Enfin, c'était vite dit...
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Et voilà. La revoilà morose. Elle ne comprenait pas. Que lui arrivait-il ? Elle voulait tant savoir et l'aider. Mais Ochako restait impuissante. Comme depuis le début. Et comme une mauvaise nouvelle arrivait après une autre, sa mère s'était remariée. Ça allait, Hiro Fukuoka semblait être un homme bon mais elle refusait de changer son nom pour un homme qui lui était jusqu'à peu inconnu.
Enfin bon, leur routine continuait.
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« Chut... Ça va aller... »
Violée. Elle s'était faite violée.
Elle ne comprenait pas comment ça avait pu arriver. Elle était rentrée chez elle, comme chaque soir. Sa mère n'était pas encore revenue de son travail, contrairement à son beau-père qui l'attendait, impatient. Elle était montée dans sa chambre sans oublier de lui lancer un "bonsoir", comme à son habitude. Puis là, il... il... !
Elle sentait encore ses mains sur son corps, sa langue, ses sons rauques de plaisir ! Ça la dégoûtait ! C'était une sensation horrible ! Elle ne cessait de se gratter les membres, ayant l'impression qu'une tonne de crasse recouvrait son corps déjà bafoué. Elle ressentait encore cette douleur atroce lorsqu'il l'avait pénétré ! Elle avait l'impression que son cœur ne battait plus, qu'elle était déjà morte. C'en était terrifiant. Elle voulait disparaître. Disparaître de ce monde dégueulasse qu'elle avait commencé à détester.
Ses yeux étaient rouges et gonflés à force de pleurer. Elle n'avait autant pleuré de toute sa vie.
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« Qu'est-ce que tu fais !? »
Mutilation. C'était le premier mot qui traversa son esprit en la voyant. Ochako fixait les gouttes de sang rouler le long de ses bras avec stupéfaction et horreur. Elle se rua ensuite vers sa meilleure amie qui la regardait seulement indifféremment. Pas une seule once de douleur ne se reflétait dans ses yeux, comme si elle y était habituée.
La brunette prit un torchon posé par-là et le plaça sur le bras ensanglanté de son amie. Elle se releva et chercha des bandage au-dessus, dans un placard accroché au plafond. Elle prit aussi du désinfectant et se dépêcha de désinfecter les blessures de l'Hagakure qui ne reflétait toujours aucune émotion. Ochako avait les larmes aux yeux. Elle avait déjà perdu son père, elle ne voulait pas perdre sa meilleure amie aussi. Après tout, elles étaient aussi proche que deux jumelles.
« Qu'est-ce que tu fais ?! Mais t'es malade ou quoi ?!
-Ne me demande pas de raison... Toi-même tu ne me dis pas tout Ochako... »
Sur le moment, elle n'avait rien trouvé à redire. Elle disait la vérité, la brune ne lui racontait pas tout comme le fait que son beau-père continuait ses activités. Mais elle avait cette bonne raison. C'était suffisant pour garder le silence, comparée à elle, n'est-ce pas... ?
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Elle en avait parlé à son copain, à Mina, mais ils ne l'avaient pas cru. Était-ce étonnant de leur part ? Ils ne la voyaient comme elle. Eux, ils la voyaient souriante et pleine de vie à chaque fois qu'ils la retrouvaient. Ils ne voyaient pas ses larmes ni ses mutineries. Alors que devait-elle faire ? Comment se sauver et la sauver en même temps. Elles étaient simplement en train de se détruire petit à petit, et l'une des deux allaient subitement succomber un jour... un jour qui allait rapidement arrivé, malheureusement...
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Elle était restée à ses côtés. Constamment. Faisant attention à tout ce qu'elle faisait. Mais ça n'avait pas suffit. Elle avait tout avouer à la police... Tout ce qu'elle lui avait raconté, tout ce qu'elle ne devait pas dire elle l'avait fait... Et aux pires personnes qui soit : la police. Pourtant, elle ne pouvait pas à lui en vouloir. Elle n'y arrivait pas... Elle était partie... Elle s'en était allée et l'avait laissé toute seule...
Ochako Uraraka se retrouvait à présent toute seule, avec ses larmes comme témoins. Elle fixait cette lettre à son nom.
« Ochako,
Je suis heureuse de t'avoir rencontré. Je suis désolée de te laisser toute seule ici. Je sais que je ne suis pas la mieux placé pour te faire ce conseil, mais je ne veux pas que tu en arrive au même point que moi alors... si tu as des problèmes : parle. J'aimerais te revoir là-bas, mais pas aussi rapidement. je veux que tu vives heureuse Ochako. Parce que je t'adore, ma petite Ocha'.
Tooru Hagakure, ta défunte meilleure amie. »
Et le dernier mot qu'elle eut en tête pour décrire sa meilleure amie, fut : idiote.
~Kira, Kira~
Il fait chaud vous trouvez pas ? Il fait quel temps chez vous ?
Motaku.
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